Dans la fourmilière, c’est l’Ultra-Moderne Solitude...
La solitude du monde moderne n'est-elle pas effrayante ? Alors que les moyens de communication se multiplient et se développent à l'extrême, alors que des gens sont connectés sur leur ordinateur, leur portable en permanence, la modernité conduit à la plus grande solitude, ce qu'Alain Souchon nomme l'Ultra-Moderne Solitude...
L'auteur nous fait, d'abord, percevoir un décor urbain : "Ça s'passe boul'vard Haussman à cinq heures".
Le regard se porte, alors, sur un personnage isolé et anonyme, comme le montre l'emploi du pronom de la troisième personne, au singulier "elle"...
Le thème de la tristesse transparaît, à travers une larme irrépressible, une larme aussitôt effacée, pour affronter le quotidien, une larme qui semble inexplicable et qui survient brutalement, du fond du coeur...
"Elle sent venir une larme de son cœur
D'un revers de la main elle efface
Des fois on sait pas bien c'qui s'passe."
L'auteur s'interroge sur ces "rivières... qui coulent", belle image hyperbolique traduisant un désarroi profond, souligné par l'emploi du pluriel.
Le terme "fourmilière" restitue bien l'agitation incessante de l'univers dans lequel nous vivons, un monde de fourmis, en perpétuels mouvements, qui ne se rencontrent pas et ne se voient même pas...
Et l'explication de ces larmes est, soudain, donnée dans cette phrase : "C'est l'Ultra Moderne Solitude..."
Les majuscules semblent magnifier cette modernité, alors qu'elle conduit au pire : c'est, là, tout le danger et tout le piège de nos sociétés plongées dans l'excès et la demesure, sans cesse valorisés...
Le couplet suivant nous conduit vers un autre quartier, une autre ville, un autre continent : "Ça s'passe à Manhattan dans un cœur".
Et l'on retrouve cette même solitude, avec à nouveau l'emploi du singulier "il", un personnage masculin, cette fois, qui éprouve un vague à l'âme et pourtant, il affirme "avoir" tout ce qu'il faut pour être heureux, "amis, soleil, amour, travail..."
"Il sent monter une vague des profondeurs
Pourtant j'ai des amis sans bye-bye
Du soleil un amour du travail..."
L'auteur met ainsi en évidence l'universalité de ce phénomène :"Ça s'passe partout dans l'monde chaque seconde..."
Le pluriel vient, alors, se substituer au singulier, pour montrer que la solitude envahit de plus en plus nos sociétés : "Des visages tout d'un coup s'inondent
Un revers de la main efface
Des fois on sait pas bien c'qui s'passe."
Le verbe "avoir" répété suggère bien l'importance grandissante de l'argent, des possessions dans cet univers : "On a les panoplies, les hangars /Les tempos, les harmonies, les guitares..."
Et l'image qui suit nous fait percevoir un manque de bonheur, un désespoir dans un monde qui a perdu du sens, où la solitude l'emporte, malgré tout : " la musique est, ainsi, mouillée", mouillée de larmes et de tristesse...
Et l'auteur s'interroge, à nouveau, sur ce mystère,
"Pourquoi ce mystère
Malgré la chaleur des foules
Dans les yeux divers..."
C'est Laurent Voulzy qui a signé la musique de cette chanson, une mélodie tendre, douce et triste qui restitue un univers lisse et désespéré, à la fois...
Le texte met bien en évidence tout le paradoxe de nos sociétés, à travers les questions qui sont posées : une immense solitude, dans la foule, un immense désarroi, au milieu de tant de richesses...
Le blog :
http://rosemar.over-blog.com/2015/11/elle-sent-venir-une-larme-de-son-coeur.html
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