Dans quelle mesure l’Union européenne peut-elle être comparée à un projet nazi ?
Pour la plupart des gens, la notion de « nazisme » rime avec dictature et racisme. Nous allons voir dans quelle mesure le projet européen peut être jugé dictatorial et racialiste.
L'Union européenne a-t-elle des aspects dictatoriaux ?
Oui, très clairement. (voir ici)
Le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, a prononcé à ce sujet une phrase symboliquement très forte : « Il ne peut pas y avoir de choix démocratique contre les traités européens. »
Bien sûr, nous avons encore en France quelques degrés de liberté, des secteurs qui ne sont pas concernés par les lois européennes. Par exemple, nous avons pu décider de donner plus de droits aux couples homosexuels en légalisant le mariage pour tous, tandis que d'autres pays européens l'ont refusé. La Pologne interdit même tout type d'union légale pour les couples homosexuels. Cela prouve bien que la convergence des lois en Europe reste pour le moment partielle.
Mais pour tout ce qui concerne les grandes lois qui permettent de piloter l'économie d'un pays, nous en avons désormais perdu le contrôle et devons obéir aux lois inscrites dans les traités.
Pour donner un exemple de « loi économique » présente dans les traités européens, on peut citer par exemple le fameux article 63 des traités européens qui interdit aux Etats membres de l'Union européenne d'empêcher les délocalisations. Autrement dit, l'article 63 impose ce qu'on appelle la « liberté des mouvements de capitaux », donc la possibilité pour les entreprises d'aller installer leurs usines dans les pays qu'elles veulent, sans que les états ne puissent s'y opposer.
Nous pouvons voter à gauche, à droite, au centre, où cela nous chante, les orientations économiques de l'Union européenne ne changeront pas et nous devrons rester dans le système actuel, celui d'un libéralisme économique destructeur de notre niveau de vie et des protections sociales (voir ici).
La démocratie est donc en partie morte puisque les électeurs n'ont plus aucune influence dans certains domaines.
Il ne faut avoir aucune illusion : les parlementaires européens que nous élisons n'ont que très peu de pouvoir (source). En effet, ils ne peuvent pas proposer eux-mêmes des lois. Plus exactement, ils peuvent en proposer, mais c'est la Commission européenne qui donnera le feu vert pour que ces lois puissent passer au vote dans l'assemblée. Si la Commission européenne n'accepte pas le projet de loi, celui-ci n'ira pas plus loin. Le pouvoir législateur du Parlement européen est donc très faible, et jamais ils ne pourront modifier le système économique actuel.
Pour cela, il faudrait que les traités européens soient modifiés, et les parlementaires n'ont pas ce pouvoir.
Pour que les traités européens soient modifiés, il faut que les 27 états de l'Union européenne soient d'accord. L'unanimité est requise. Si un seul état s'oppose aux modifications proposées, alors celles-ci sont rejetées.
Il faut bien se rendre compte que cette règle de l'unanimité est un verrou très puissant qui s'oppose à toute évolution en profondeur de l'Union européenne.
Pour faire basculer l'Union européenne d'un projet de libéralisme économique à un projet de solidarité et d'harmonie sociale, il faudrait que 27 états soient d'accord pour le faire. Il faudrait donc que, au même instant, les 27 gouvernements européens soient par exemple de type « France insoumise ». Quelle est la probabilité pour que dans 27 pays, au même moment, la gauche, la vraie, soit au pouvoir ? La probabilité est quasi nulle.
Alain Madelin, un libéral, ne disait-il pas en 1992, que l'Union européenne était une « assurance vie contre le socialisme » ? (cf)
Pourquoi le travail de Walter Hallstein, juriste pendant l'Allemagne nazie, puis premier président de la Commission européenne, est-il symbolique d'un projet dictatorial ?
En 1938, Walter Hallstein se rend avec un collectif de juristes allemands en Italie pour travailler sur la convergence du droit allemand et du droit italien (écoutez le Penseur sauvage).
Certains partisans de l'Union européenne dénient toute relation entre ce travail et le projet de « Nouvelle Europe » des nazis, ainsi que toute relation entre le projet nazi de « Nouvelle Europe » et l'Union européenne actuelle.
Or l'Union européenne n'est-elle pas une convergence des lois au niveau européen en matière économique ?
L'Union européenne impose à tous les peuples européens certaines lois économiques identiques. Et ces lois économiques ont été adoptées sans consulter les peuples européens, rédigées par des « experts », exactement comme Walter Hallstein était en 1938 un expert du droit des entreprises.
Walter Hallstein n'était certainement pas chargé en 1938 par le gouvernement nazi d'instaurer une liberté des mouvements de capitaux, comme celle prévue à l'article 63 des traités européens actuels. En effet, l'allemagne de cette époque était plutôt dirigiste en matière économique, avec une planification mise au point par le gouvernement. Les entreprises avaient peu de liberté : elles recevaient des directives gouvernementales notamment en matière de volume de production et devaient s'y conformer. Tout le contraire du libéralisme économique.
Mais Walter Hallstein est une personnalité qui, symboliquement, peut être perçue comme représentant un processus d'unification entre les pays européens, cette unification passant par l'adoption de lois communes, mises en place par des experts et non votées par les peuples.
L'historien Edouard Husson écrit que les pères fondateurs de l'Union européenne Walter Hallstein, Jean Monnet et Robert Schuman étaient « habités par la passion de substituer l’administration des choses au gouvernement des hommes, la technocratie européenne aux nations » (voir ici).
L'historien ajoute au sujet de l'Union européenne :
« J’ai traduit dès la fin des années 1990 le livre extraordinaire de John Laughland, The Tainted Source, qui rassemblait déjà la plupart des arguments à charge : la contribution des fascistes européens à l’idée européenne ; la volonté de tuer la politique qui animait Jean Monnet ».
L'homme politique et essayiste français Philippe de Villiers déclare lors d'une interview au sujet de son dernier essai « J'ai tiré sur le fil du mensonge et tout est venu » :
L'Union européenne « revendique elle-même la « gouvernance acéphale », c’est-à-dire le pouvoir mouvant, polycentrique, désincarné, d’un monde purgé de la vie civique au profit de la technique et de la gestion. La décision est déconnectée de la responsabilité politique et de toute traçabilité. Bruxelles est entre les mains anonymes d’une polyarchie délibérative, en proie à un processus normatif, cogéré par les lobbys et échappant ainsi toute forme de contrôle démocratique. La pyramide de l’irresponsabilité épanouit une cascade d’allégeances nouvelles : l’allégeance des élus politiques aux bureaucraties supranationales, l’allégeance des bureaucraties supranationales aux oligarchies d’intérêts privés ».
Philippe de Villiers dépeint donc une sorte de dictature par des bureaucrates européens, influencés par certains intérêts privés, ceux ayant les moyens de payer des lobbyistes.
L'Union européenne peut-elle être vue comme un projet racialiste ?
Certains amoureux de l'Union européenne admirent le discours de Victor Hugo au Congrès de la paix, qu'il préside en 1849.
Victor Hugo prophétise la fin de la guerre et l'émergence des « Etats-Unis d’Europe », une vision magnifique qu'il élargit encore en idéalisant l'amitié qui existera entre ces Etats-Unis d’Europe et les Etats-Unis d’Amérique : « ces deux groupes immenses » se tendront « la main par-dessus les mers, échangeant leurs produits, leur commerce, leur industrie, leurs arts, leurs génies, défrichant le globe, colonisant les déserts, améliorant la création sous le regard du Créateur, et combinant ensemble, pour en tirer le bien-être de tous, ces deux forces infinies, la fraternité des hommes et la puissance de Dieu ! ».
Un peu plus loin dans le discours de Victor Hugo se trouve un autre aspect de sa prophétie, celui qui consiste à « élargir sans cesse le groupe civilisé, donner le bon exemple aux peuples encore barbares ».
Le projet de Victor Hugo semble concerner uniquement les pays « blancs ». Les européens et américains sont les « civilisés », et le reste du monde est peuplé à ses yeux de « barbares ». Etant donné que son intention est de civiliser les « barbares », c'est à dire les non-blancs, on ne peut pas dire que son projet soit une mise en camps de concentration ou pire un génocide de certaines populations non blanches. Il n'empêche que, pour certaines personnes, par exemple les peuples visés, simplement se faire traiter de « barbares » peut déjà, éventuellement, être taxé de racisme.
Aujourd'hui, il n'est pas rare d'entendre les défenseurs de l'Union européenne agiter la menace de la superpuissance chinoise et présenter l'Union européenne comme un rempart protecteur contre un "péril jaune". D'où vient cette idée étrange que nous ayons besoin de nous protéger ? La vision d'une Chine menaçante ne participe-t-elle pas de préjugés que nous pourrions tout à fait juger xénophobes ?
Par exemple, la Suisse, un tout petit pays qui ne fait pas partie de l'Union européenne, entretient d'excellents rapports avec la Chine. Le Temps écrit : « La Suisse a été l’un des premiers pays occidentaux à reconnaître la République populaire de Chine en 1950. » « La Suisse et la Chine, des relations commerciales mais aussi d’amitié ». Et selon le Département fédéral des affaires étrangères, « la Chine est le principal partenaire commercial de la Suisse en Asie depuis 2010. Les deux pays maintiennent le dialogue sur plus de trente domaines, notamment l’environnement et le développement durable ».
On peut aussi citer les remarques de François Asselineau, partisan de la sortie de l'Union européenne. Il pointe du doigt un tropisme « blanc », donc racialiste, de l'Union européenne en posant la question suivante : pourquoi vouloir se rapprocher de pays comme la Roumanie ou la Lettonie alors que, historiquement, nous avons bien plus de liens avec les pays du Magrheb et de l'Afrique noire ? Et pourquoi donner préférentiellement des aides à l'Europe de l'Est, alors que les pays africains en ont un besoin bien plus urgent ? (cf site de l'UPR).
Creuser ces deux questions peut provoquer un malaise, car elle conduit à se questionner sur une éventuelle dimension racialiste inhérente à la construction européenne.
Heureusement, les institutions de l'Union européenne ont l'air plutôt bien disposées, pour le moment, à accueillir l'immigration en provenance du sud.
Cela atténue donc les soupçons...
Conclusion
Tenter de comparer l'Union européenne à un projet nazi amène facilement à trouver des points communs.
Il y a des différences bien sûr, notamment parce que les nazis ne prônaient pas le libéralisme économique, et que l'Union européenne n'envisage de mettre ni des juifs ni des chinois dans des fours crématoires. En outre, dans l'Union européenne, les dissidents ne sont pas mis en camp de concentration : leur stigmatisation n'est plus physique, mais médiatique. Ils sont qualifés d'extrême droite, de complotistes, de populistes, d'antisémites, d'homophobes, etc.
Il est donc tout à fait naturel que la comparaison entre construction européenne et nazisme puisse être rejetée par certains. Mais cette comparaison a le mérite de rappeler la violence sociale qu'engendre la construction européenne. Les ravages de la politique économique imposée par l'Union européenne commencent à se faire sérieusement sentir, en Grèce notamment.
L'exemple grec montre d'ailleurs que l'Union européenne ne favorise en rien l'amitié entre les peuples. Selon l'Obs, « jusqu’alors, les Grecs ne haïssaient pas tant l’Allemagne » et lors des manifestations en Grèce, « il n’est pas rare, même tout à fait banal, de brûler des drapeaux allemands et de se grimer en Führer » (cf). Nicolas Dupont-Aignan, eurosceptique, déclare : « L'Allemagne veut écraser la Grèce en lui faisant accepter sous la menace d'un Grexit un plan mortel de soumission totale ! Le 4ème Reich ! » (cf).
En réaction à la violence sociale provoquée par la construction européenne, il faut aussi bien sûr citer le mouvement des Gilets jaunes, débuté en France fin 2018.
Que se passe-t-il lorsque les perdants du système se rebellent ?
Fin 2018, les forces de police françaises se mettent à tirer sur les Gilets jaunes avec des « balles de défense » qui arrachent les yeux de leurs globes occulaires. 19 manifestants sont donc mutilés à vie (source).
Médiapart décrit une scène : « À une quinzaine de mètres, des policiers d’une unité anticriminalité, positionnés en amont d’un groupe de gendarmes, et armés de flashball, sont venus faire des cartons. Ils cherchent des cibles dans la foule ».
On revient aux bonnes vieilles méthodes, celle des nazis justement : lorsque la propagande ne suffit pas, la violence physique prend le relais.
La bête immonde montre parfois son vrai visage.
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