Dans trois semaines aura lieu l’élection présidentielle ! Mais après ? Quel gouvernement sera à même de prendre les mesures d’urgence de sauvegarde du peuple travailleur et de la démocratie ?
À trois semaines de l’élection présidentielle, le sentiment grandit de jour en jour dans la population que ce gouvernement et ce président qui n'ont d'autres fonctions que appliquer la politique de destruction des acquis sociaux dictée par la troïka (FMI, Union européenne, Banque centrale européenne) pourraient bien être contraints à quitter le pouvoir.
Mais après ?
Si des millions de travailleurs, se prononcent inconditionnellement pour chasser ce gouvernement afin de mettre un terme à cette politique de massacre social, on ne saurait pourtant se contenter de remplacer un président par un autre qui, pour rassurer les marchés financiers, continuerait à payer la dette aux banques, à imposer la réduction des déficits publics et à respecter toutes les exigences de la troïka qui veut démanteler les conquêtes sociales et démocratiques arrachées par la lutte de classe.
Ce que le peuple veut, c’est ne pas suivre la voie empruntée en Grèce, au Portugal, en Espagne, en Italie où des gouvernements de toutes couleurs ou de « salut national »mettent en œuvre des politiques de destruction au service du capitalisme contre les besoins de la population.
Quelle réponse ouvrière à la hauteur de l’offensive contre nos droits et nos acquis sociaux déclenchée par le capital financier à travers ses agences de notation ?
L’immense majorité des travailleurs, des jeunes, des retraités, des chômeurs ont été littéralement saisis en apprenant que l’abaissement de la notation de la France par Standard and Poor’s était justifié par cette officine de la classe capitaliste des Etats-Unis au nom des « trop grandes rigidités du marché du travail et de la nécessité d’assurer l’équilibre des finances publiques » en France.
Autrement dit : les droits, les garanties, le Code du travail, la Sécurité sociale, les conventions collectives et les statuts arrachés par la classe ouvrière et la démocratie.
L’angoisse grandit de jour en jour.
Angoisse provoquée par la remise en cause de l’emploi, des garanties sociales, du logement, de tous les droits arrachés par les travailleurs depuis des décennies. Chacun comprend que les « marchés », qui ont déjà mis à genoux la Grèce, saigné l’Italie, l’Espagne, le Portugal, veulent faire basculer à son tour notre pays dans l’abîme. Face à cela, peut-on considérer que les dispositions annoncées par les directions des « partis de gauche » sont à la hauteur de l’enjeu ? Leur refus de manifester la moindre volonté de rompre avec le cadre imposé par le capital financier, celui de « l’obligation du paiement de la dette », conduit les travailleurs – en nombre de plus en plus grand, et quelle que soit l’attitude qu’ils adopteront à l’élection présidentielle – à s’interroger : comment faire front, sinon en s’attelant au rassemblement des travailleurs et de la population laborieuse des villes et des campagnes, dans l’unité, autour de leurs organisations, sur le terrain de la lutte de classe ? Existe-t-il un autre moyen d’ouvrir une issue politique conforme aux exigences fondamentales de la démocratie politique ?
Faut-il rembourser la dette ?
La réforme du financement de la Sécurité sociale, comme les privatisations, les suppressions d’emplois dans les services publics, les mesures de restructuration dans l’industrie, toutes les attaques contre les droits ouvriers et démocratiques, sont prises, prétendument, au nom de la dette et des déficits publics.
Mais est-ce la réalité ? A qui appartient la dette publique française ?
Elle est entre les mains de grandes sociétés d’assurance et de banques, de groupes financiers français et étrangers.
Et on ose exiger des travailleurs et des jeunes qu’ils sacrifient tout ce qui a été conquis par la lutte de classe au nom de la dette, des déficits publics, alors qu’il s’agit exclusivement d’engraisser
les banquiers et les spéculateurs !
Depuis 2008, des milliers de milliards d’euros ont été mis à disposition des banquiers,des capitalistes et des spéculateurs qui les utilisent dans le seul but d’accroître leur profit. Pendant ce temps, le chômage dépasse les 10%. Le gouvernement s’attaque aux retraites, aux salaires.
900 usines ont été fermées en trois ans et 150 000 emplois supprimés dans la fonction publique. En trente ans, 1 800 000 emplois ont disparu dans l’industrie de notre pays.
Il y a aujourd’hui près de cinq millions de chômeurs.N’est-ce pas cette spirale qu’il faut briser ? N’est-ce pas avec cette politique qu’il est urgent de rompre ? Comment avancer dans cette voie ?
Est-il possible d’accepter de discuter dans le cadre de la réduction du « coût du travail » ?
Les réactions, après l’annonce par les marchés financiers qu’ils passaient à l’offensive contre la France, ont de quoi interpeller les travailleurs et la jeunesse. D’un côté – c’est dans l’ordre des choses– Sarkozy a ouvert son sommet social sous l’égide de la nécessaire réduction du « coût du travail ». Au nom de quoi, il a annoncé des mesures énergiques pour réformer le financement de la Sécurité sociale. Reprenant les exigences du Medef, il prétend donc introduire la TVA sociale, c’est-à-dire transférer à l’impôt le plus injuste les milliards de cotisations dues par les patrons. Mais, il faut bien le constater, de manière stupéfiante,Hollande et à sa suite tous ceux qui s’élèvent contre la proposition de TVA sociale proposent en guise d’alternative, au nom de la baisse du « coût du travail », une augmentation de la CSG, c'est-à-dire, là-aussi, le transfert à un impôt qui, à près de 90%, est payé par les salariés. Or CSG et TVA sociale répondent à une même logique : la remise
en cause du financement de la Sécurité sociale par les cotisations, salariales comme patronales, qui sont dues par les patrons et qui constituent le salaire différé. Il y a donc bien l’amorce d’un consensus qui aboutirait à transférer le financement de la Sécurité sociale vers un impôt, qui, lui, sous le contrôle de l’Etat, deviendrait un instrument visant à étrangler purement et simplement la Sécurité sociale de 1945.
Est-il possible d’accepter de réformer le financement de la Sécurité sociale ?
Cela fait maintenant vingt ans, depuis la création de la CSG, que les exonérations de cotisations patronales ne cessent d’augmenter, atteignant 30 milliards d’euros pour la seule année 2010. Elles ont été justifiées depuis vingt ans au nom de la croissance et de l’emploi. Or, dans le même temps, le chômage n’a cessé de grimper. Force est de le constater : tous les candidats, y compris ceux qui se réclament de la défense des intérêts ouvriers et populaires, restent prisonniers du cadre imposé par le FMI, l’Union européenne, la Banque centrale européenne.
Il n’y a pas de déficit de la Sécurité sociale.
Que les exonérations accordées aux patrons (316 milliards en dix-neuf ans) soient restituées à la Sécu, et le problème serait réglé. La Sécurité sociale est une conquête de la classe ouvrière.
Elle est financée par le salaire différé. Elle appartient aux travailleurs. Quiconque se réclame des intérêts ouvriers ne devrait il pas dire clairement : « Retour à la Sécurité sociale de 1945 fondée
sur la solidarité ouvrière,abrogation des exonérations patronales, la Sécu doit rester la propriété des travailleurs ! » Certes, à la sortie du sommet social, les représentants des organisations qui participaient ont clairement dit leur refus de la TVA sociale. Mais, il faut bien constater que tous sont invités à la mise en place du Haut Conseil sur le financement de la Sécurité sociale. Tous sont invités à venir y faire leurs propositions.
On ne le répètera jamais assez, rien ne justifie la moindre réforme du financement de la Sécurité sociale.
Une seule mesure : l’annulation des exonérations, le retour de l’argent de la Sécurité sociale entre les mains de la classe ouvrière, posant donc toute la question de l’indépendance du mouvement ouvrier.
Pour les capitalistes, les banquiers, les spéculateurs, les agences de notation, cette élection présidentielle présente l’immense avantage de se limiter à désigner celui qui sera le plus efficace
pour appliquer les plans de l’Union européenne, de la Banque centrale européenne, du Fond monétaire international grâce aux pouvoirs que lui confèrent les institutions antidémocratiques
de la Ve République.
Le suffrage universel perd, dans ces conditions, sa signification d’expression de la volonté démocratique. Le débat est biaisé, la communication prend le pas sur le fond et les idées.
Le citoyen est bafoué, la souveraineté du peuple piétinée, au nom, précisément, du suffrage universel.
Ne faut-il pas rejeter ces institutions antidémocratiques, de rompre avec l’Union européenne et de jeter les bases d’une authentique démocratie.
Au-delà, le débat porte sur : qu’est-il possible de faire pour sortir de cette situation ?
N'est-on pas en droit d'estimer que la rupture nécessaire avec la politique de destruction généralisée passera par la mobilisation du peuple et de la jeunesse : la mobilisation de la classe ouvrière sur son propre terrain de lutte de classe, la mobilisation contre les plans d’austérité, quelle que soit
la couleur politique du gouvernement qui les impose.
Cette question n’est pas seulement française, elle est européenne.
Est-il possible de se fixer un autre objectif que d’ouvrir la voie à la reconstruction du pays, de l’économie, de la démocratie ?
Tous les travailleurs peuvent faire le calcul : les milliers de milliards d’euros déversés à guichets ouverts pour les banquiers et les spéculateurs ne pourraient-ils être mis à profit pour créer
des millions d’emplois ? Ne serait-ce que pour construire les millions de logements nécessaires, les hôpitaux ou les écoles.
Ce serait non seulement répondre à des besoins sociaux vitaux, mais porter un coup d’arrêt à la vague de chômage, de misère, de précarité, de pauvreté qui s’étend de jour en jour.
Est-ce possible ?
Qui oserait prétendre qu’il est impossible de mettre en œuvre une politique qui parte des besoins de la population et pas des besoins des spéculateurs ?
Quelles sont les premières mesures qui permettraient immédiatement de répondre aux besoins les plus urgents du peuple ?
N’importe quel travailleur peut en dessiner les contours. Il s’agirait de toute évidence d’abord d’annuler la dette et de rompre avec les traités de Maastricht, Lisbonne, Amsterdam et les institutions de l’Union européenne, du FMI et de la Banque centrale européenne.
Impossible de répondre aux besoins du peuple sans prendre les mesures visant à stopper la saignée des destructions d’emplois en décrétant l’interdiction des licenciements et des délocalisations,
l’arrêt de la révision générale des politiques publiques (RGPP), le rétablissement des centaines de milliers d’emplois supprimés dans les hôpitaux, écoles, bureaux de poste.
Impensable de répondre aux besoins du peuple sans porter un coup d’arrêt aux privatisations, sans procéder à la renationalisation des services publics et sans rétablir la Sécurité sociale sur ses bases
de 1945. Répondre aux besoins du peuple impliquerait tout autant, de manière urgente, d’abroger les contre-réformes, à commencer par celles des retraites, de faire respecter la stricte séparation
des Eglises et de l’Etat.
Mais quel gouvernement serait à même de prendre de telles mesures ?
Un gouvernement qui n’hésiterait pas à confisquer les avoirs des banques, les fusionnant en une banque unique sous le contrôle de l’Etat pour en faire un instrument au service d’une politique
de création d’emplois permettant à chacun de vivre dignement de son travail et de son salaire dans le cadre des garanties collectives.
Un tel gouvernement, qui n’hésiterait pas à briser le carcan imposé par la troïka (FMI,UE, BCE) au service des capitalistes, ne peut être porté au pouvoir que par la mobilisation de millions et de millions pour imposer une politique partant de leurs besoins.
Seule une telle mobilisation pourra imposer un gouvernement qui se donnera les moyens de balayer
les institutions antidémocratiques de la Ve République et de l’Union européenne dont la seule fonction est de perpétuer l’oppression du peuple et l’exploitation de la classe ouvrière.
Est-ce possible dans le cadre de ces institutions ?
Ne faut-il pas l’élection d’une Assemblée constituante souveraine qui redonnera toute sa signification à la démocratique.
Une telle Assemblée, composée de délégués élus et mandatés, redonnera son véritable sens à la souveraineté populaire dans la mesure où elle prendra entre ses mains, sur la base du mandat qui lui a été confié, le pouvoir d’établir les institutions libres qui briseront la dictature de la troïka et établiront une authentique démocratie.
Quel parti aidera à faire progresser la cause de la justice, de la civilisation et de la lutte contre la barbarie et la régression sociale ?
Quels seraient les propositions d'un Parti qui aurait à cœur la défense inconditionnelle des intérêts des travailleurs et du peuple ? un Parti dont la politique serait dictée par les seuls intérêts des opprimés et des exploités, et non par les exigences des banquiers. Un Parti qui aurait comme devise « Pour le socialisme, la République et la démocratie. »
Un tel parti combattrait pour la défense de l’indépendance des organisations syndicales dont le rôle n’est pas d’accompagner les plans de la troïka : mais bien au contraire, est de défendre, pied à pied,
l’ensemble des revendications ouvrières, conquêtes, acquis et de se dresser contre toute tentative de l’entraîner dans la co-gouvernance ou ce que d’autres appellent aujourd’hui la « coproduction ».
Un tel parti affirmerait :
– Non à la dictature de la troïka !
– Dehors l’Union européenne, le Fonds monétaire international, la Banque centrale européenne !
– A bas les institutions de la Ve République, Assemblée constituante, maintenant, tout de suite pour rétablir la souveraineté du peuple, établir la démocratie, ouvrir la voie à un gouvernement d’urgence
de sauvegarde du peuple travailleur et de la démocratie.
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