De l’amnésie du peuple
J'ai eu, il y a peu, cet échange avec un proche :
Moi – Es-tu disponible pour que je t’appelle sur Facebook ? À moins que tu n’aies déjà supprimé ton compte, comme tu en avais décidé suite aux agissements de censeur partial de ce Facebook...
Lui – Non, pas encore supprimé. Alors profitons vite de ces ultimes instants !
Moi – Dac. Mais tu devrais le conserver jusqu’à la mise en place du système choisi pour son remplacement...
Lui – C’est que je suis pressé de le punir !
Moi – En quelque sorte, "encore quelques semaines, Monsieur le Bourreau…" Quelques semaines ! Mais d'ici là, es-tu bien sûr que tu n'auras pas oublié, si ce n'est pardonné ? De tout, il en est ainsi. Des mensonges les plus gros, et des ignominies les plus infâmes... Les menteurs invétérés seront toujours crus, et leurs derniers mensonges, souvent pires que les premiers dans la falsification des faits, deviendront vérités gravées dans le marbre. Et lors des futures présidentielles, il en sera de même pour les mesures liberticides dites anticovid ; pétitions glisseront comme pets sur toile cirée ; les quelques squelettiques et rares manifestations... oubliées aussi ! N'en fut-il pas déjà ainsi pour celles des gilets jaunes qui pourtant n'étaient ni squelettiques, ni rares... Voila ce qu'ils en disent, voici ce qu'ils en font, ceux qui le pouvoir détiennent :
– Vous n'ignorez pas, mon cher, la faible mémoire de ces bougres que l'on appelle le peuple. Bons bougres en fait, c'est pour cela d'ailleurs qu'ils sont le peuple et le restent, incapables de se payer une Rolex ou un dentier ! (rire)... Un peu soupe au lait, certes, mais les calmes, on le sait, quand ça s'énerve, ça s'énerve bien... Et nous, si peu habitués, oui, puisque nous sommes entre nous disons-le franchement : ils nous font peur... ils constituent une telle foule ! Heureusement, ces gueux ne sont pas tout. Certes, ils le sont presque, tout... mais si peu nombreux que nous soyons, nous aussi nous sommes bien là ! Et leur masse énorme, nous nous employons à l'éclairer (rire sonore). Dans cette tâche, nos nombreux idiots utiles nous aident bien... Et faites-moi confiance, mon cher, ces autres imbéciles qui nous servent connaîtront leur tour... ils ne payent rien pour attendre (rire sarcastique) !
– Vous me faites un plaisir immense, mon cher...
– Oui, je le sais bien... Mais écoutez bien la suite. Pour servir notre grand dessein, il faut faire durer, saupoudrer la répression : violents jets d'eau, moult gaz, grenades sans trop compter, encerclement, blocage dans mainte impasse, qu'ils connaissent pourtant, et, dans ces nasses, re-gaz. Et puis par accident, pour les récalcitrants, pour les meneurs spontanés, flash-ball bien ajustés pour les défigurer, leur abîmer les pieds, les mains aussi, pour les rééduquer... et parfois, si ça ne suffit pas, en tuer, sans le vouloir bien sûr, par quelque balle perdue, en les jetant par terre, s'ils sont assez vieux... Cela doit rester rare, avoir valeur d'exemple des risques insensés qu'ils prennent en manifestant.
– Oui, mais la sympathie des autres, qui n'agissent pas mais observent avec bienveillance ceux d'entre eux qui osent nous défier ?
– Oh ! Rien de plus simple que de faire alors donner tous nos chevaux-légers.
– Chevaux-légers ?
– Ah ! J'oubliai vos ignorances. Vous le savez bien, ces gens de noir vêtus, casqués, encagoulés, armés de gourdins, qui veulent tout casser, qui se croient révolutionnaires, les pauvres ignares, et que nous laissons faire, sans en prendre un seul. Notre Presse dénoncera, non pas ceux-ci, mais ceux-là, ces manifestants si pacifiques qu'ils cassent tout ! dévalisent les boutiques ! brûlent les voitures ! vandalisent nos plus beaux monuments montrant pourtant si bien notre gloire passée qu'ils chérissent tant. Et, immanquablement, les moins malins du soutien populaire, et, vous le savez bien, ils sont pléthore, et très nombreux jusque chez les plus instruits (rires gras) ! Ceux-là croiront à ces fadaises chaque jour répétées, et jusqu'à satiété dans les journaux télé. Plus de soutien ou si peu, plus de manifestants, en tout cas de moins en moins. Il ne nous restera plus qu'à en appeler au silence. Le feu couve-t-il ici où là dans les territoires (Hi ! hi ! hi !), réprimons avec plus de rigueur, et surtout que les médias le taisent. Plus de mots, plus de faits, et que l'affaire soit close ! Qu'ici l'on ignore ce qui se passe là ! Que ce peuple turbulent ignore que ça turbule encore ! Et puis tout se calme, enfin cela cesse ; le vent de la révolte tombe, il fait silence, et l'oubli recouvre tout d'un voile de plus en plus épais...
– Mais sur le Net il arrive que cela jase encore, ce qui entretient la mémoire. Ce feu qui couve peut trouver là le vent qui pourra l'attiser...
– Un peu de patience ! Avec nos Maîtres, euh, nos alliés nous allons y remédier, et sous peu ! Cela a d'ailleurs commencé. Mais il faut poursuivre et faire enfin taire totalement et bien vite la partie de ce Net si importune ! Ainsi, enfin, le peuple sera définitivement informé convenablement.
– Alors là, chapeau bas ! et merci...
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