De l’honneur russe à la misère française
Dans ce billet et un autre à venir, nous allons tenter de comprendre en quoi une guerre mondiale est désormais inévitable. Nous nous pencherons sur les causes structurelles qui nous condamnent à ce triste sort mais pour le moment, nous allons n’aborder qu’une des conséquences de ces causes : la haine viscérale des élites occidentales contre les peuples slaves. Cela nous permettra de nous pencher sur notre propre misère, nous Français, au regard de la fierté dont fait preuve la nation russe.
Il faut vraiment être de mauvaise foi pour ne pas voir que depuis 2014, l’Occident Collectif mène une tentative d’élimination des Slaves de Russie (voir ces affreux laboratoires chimiques que l’occident a répandu en Ukraine et qu’ont découvert les russes : plus d’infos ici, ou encore là et ou bien là et enfin ici encore). En réalité, l’obsession anti-russe des élites occidentales est bien plus ancienne que cela mais nous n’avons pas la place ici pour développer ce sujet. Ceux qui, aujourd’hui, condamnent l’intervention russe en Ukraine sont aveugles de ce fait. En cela, ils sont des expressions abouties de l’effondrement de la pensée en Occident. D’ailleurs, ce camp-là a tôt fait d’expliquer l’intervention russe à partir de la psychologie de Vladimir Poutine, ce qui est lamentable et rend invisible les phénomènes structurels qui sont à l’œuvre. La stratégie de l’oligarchie occidentale est d’ailleurs de tenter d’éclater la cohésion des russes en désignant leur « régime », et donc surtout Poutine, comme seul responsable de la guerre, à l’image d’un Thierry Breton qui se livre à l’exercice avec toute la hargne de cette caste de psychopathes qui sent qu’elle se faire taper sur les doigts alors qu’elle se croyait intouchable.
Avoir recours à la psychologie pour expliquer une politique dissimule les vraies causes, les faits sociaux et les événements historiques qui en sont à l’origine. Avec la psychologie arrive l’émotion, quand il aurait fallu ne lui donner corps qu’une fois le raisonnement terminé. Avec la psychologie, impossible de voir le jeu des appareils, l’agencement des structures. Un individu tel que Vladimir Poutine est la pointe émergée d’une multitude de réseaux, au centre d’une somme de forces énormes. Qui peut dire la réelle latitude dont il dispose pour prendre des décisions ? Qui prétend connaître à ce point les rouages de l’appareil étatique russe ? Croit-on pouvoir résumer une structure bureaucratique de la taille de l’État russe, la façon dont elle prend une décision, à la psychologie d’une personne ? Quelle naïveté ! Donc, ceux qui expliquent un événement aussi massif que la guerre en Ukraine par la psychologie d’un individu – Poutine – participent du brouillard de la guerre en rendant incompréhensible la situation actuelle. Les mêmes qui se désolent de l’intervention russe, sont pourtant, soyons-en certain, les premiers à fustiger l’incurie des « démocraties occidentales » qui ont signé les accords de Munich en 1938. Mais pour envisager que les russes puissent avoir quelques raisons de se lancer dans une telle aventure militaire et géopolitique, il faudrait que ces bien-pensants parviennent à entrevoir la possibilité que les régimes occidentaux sont aujourd’hui dans le rôle des nazis hier. Comment cela serait-il possible puisque nous sommes des « démocraties » ? Il y a dans cette posture la marque profonde de l’effondrement, le symptôme d’une adhésion à tout prix à l’ordre qui règne dans nos pays, l’effacement de toutes les conséquences affreuses de ce système dans tous les domaines. C’est à un véritable exercice de double-pensée orwellienne auquel nous assistons. Et cela arrive dans notre pays. Et ce sont les mêmes qui vont s’étonner ingénument de l’adhésion du peuple allemand au nazisme dans les années 30… Regardez-vous !
Observons à cette lumière la haine des élites occidentale, en particulier anglo-saxonne, contre la Russie. Les exemples ne manquent pas : ici par exemple avons-nous un Mike Pompeo qui se lâche littéralement sur Vladimir Poutine et la Russie. En remontant un peu l’histoire de cette haine et de ce mépris, comment ne pas être subjugué par la bonne idée qui a consisté à intégrer dans l’OTAN des pays issus de l’ancienne URSS alors que promesse avait été faite aux Russes de ne pas s’étendre vers l’Est ! Quelle bonne idée que de bombarder la Serbie en 1999 en vu de terminer d’éclater la Yougoslavie et son modèle ! Ne fallait-il pas s’attendre à ce que tôt ou tard l’ours russe se réveille ? Le Russe a de l’honneur. Il est prêt à se battre pour sa terre parce qu’il est enraciné. Cela ne nous renvoie-t-il pas à notre propre incurie, nous, Français ? À quoi serions-nous prêts pour défendre notre liberté, notre honneur (que nous avons perdu depuis un certain temps…) ? Nous n’avons plus aucun courage physique. N’est-ce pas cette lâcheté de l’individu déraciné que le pouvoir central ne cesse de vouloir reproduire dans notre société ? Regardons un BHL présenter le beau « patriotisme éthéré » dont il se réclame et qui est, soyons-en sûr, l’avenir que nos maîtres imaginent pour nous.
Tout, de l’école à l’industrie culturelle, ne cesse d’enseigner au jeune français qu’il n’a pas d’identité, ou plutôt qu’elle est « multiple », bref, qu’elle n’est rien… Le jeune français aujourd’hui ne sait pas qu’il est Français, il n’a aucun esprit communautaire, il est incapable de s’unir à d’autres pour vaincre un ennemi, que ce soit dans la rue ou sur un champ de bataille. Regardez ces vidéos de soldats tchétchènes qui se tiennent par l’épaule, qui se touchent, qui se reposent les uns sur les autres : ce sont des frères. Mettez en face les salariés de l’armée française, bouffée qu’elle est par le communautarisme, et demandez-vous qu’elle serait l’équipe qui aurait le plus de chance de l’emporter… Ainsi réduit à l’impuissance par l’isolement, nous n’avons plus aucune consistance, nous devenons des faibles sans aucune force de caractère, même les CRS reconnaissent que nous sommes moins durs que nos parents.
Dans ce cadre, comment s’étonner de voir ces Français déraisonner et ne pas comprendre le mépris que les Anglo-Saxons leur portent et chercher à s’en faire reconnaître ? Espérance toujours déçue par le narcissisme anglais. Les Anglo-Saxons n’ont aucun intérêt pour la culture française ou très peu. Il s’agit de peuples agressifs et complètement retournés sur eux-mêmes qui ne conçoivent leur relation aux autres peuples que sous la forme de l’instrumentalisation. Je m’excuse auprès des gens excellents que j’ai rencontrés dans ces pays et je ne nie pas leurs qualités, tous les peuples en ont, mais voilà la réalité de la relation qu’ils ont établi avec nous. À l’inverse, comparons avec l’intérêt des Russes pour la tradition française. Là encore les exemples ne manquent pas et ne montrent aucune condescendance, au contraire du rapport que les Anglo-Saxons entretiennent avec nous. Demandez à un Anglais s’il connaît Mireille Mathieu, Patricia Kaas ou d’autres… Il ne s’agit pas d’affirmer que nous avons là des phares de la culture française mais le fait est que ces artistes peuvent pourtant intéresser un public curieux et ouvert. Et nous Français, de qui nous sentons-nous les plus proches ? De l’incroyable profondeur de la culture russe aujourd’hui stigmatisée de partout en Europe (ici un exemple vraiment excellent : la tentative de retirer le nom de Soljenitsyne d’un collège du fait des liens de l’écrivain avec Vladimir Poutine. C’est un cas qui n’a visiblement pas abouti. Mais le moins que l’on puisse dire est que, en tant que peuple, nous ne ressortons pas grandis d’un tel débat), ce qui est une honte dont nous aurons du mal à nous laver, ou bien de l’école de superficialité qu’est la culture anglaise ou étasunienne ? On ne peut bien sûr résumer ces deux cultures au torrent de stupidités sous lequel elles nous inondent. Cependant il faut bien reconnaître que les anglo-saxons sont les maîtres de l’industrie culturelle, de cette gigantesque œuvre de marchandisation de la culture et d’abrutissement des peuples. La domination anglo-saxonne a fait de nous le peuple que nous sommes, mais un peuple qui ne sait pas identifier ses ennemis est-il encore un peuple ?
Historiquement, qu’avons-nous à reprocher aux Russes ? Ont-ils jamais mené la moindre campagne militaire agressive contre nous ? Nous ont-ils jamais méprisé ? Le bilan de ce que nous avons alors a leur reprocher est proche de zéro. À l’inverse, faut-il faire la liste de toutes les agressions que nous avons subies de la part des Anglais et autres états-uniens ? De tous les coups tordus, du French bashing permanent ? Ils nous ont vaincu militairement (et là, comment ne pas être ébahi de l’inénarrable médiocrité des classes dominantes française ?) puis humilié moralement pour finalement nous regarder de haut en permanence. Comment est-il possible de ne pas voir de quel côté nous français devons nous tourner ? Les Russes sont moins désorganisés que nous en tant que peuple donc encore capables d’identifier la source de leurs ennuis chez leurs ennemis. Aussi ont-ils promis qu’en cas de guerre, Londres serait la première ville bombardée par leurs missiles nucléaires. Le caniche français, car nous ne sommes plus que des caniches, préfère aboyer après les ennemis de son maître quitte à commettre l’injustice et subir le déshonneur. Quand l’aigle américain ordonne au toutou français d’attaquer l’ours russe, point n’est besoin d’être devin pour comprendre que l’histoire va mal se terminer pour nous. Mais cela est le destin de tous les peuples à ce point désorganisés qu’ils ne savent plus identifier leurs ennemis, étouffés par la propagande des médias, des images, par la pensée rapide. Dans l’esprit brumeux de l’individu de masse français se confondent les notions d’amis et d’ennemis, ce qui est la promesse de désastres à venir encore plus frappants que la défaite de 40. Mais un peuple en état d’amnésie n’est-il pas condamné à revivre les catastrophes de son histoire ?
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