De l’impact de l’aubépine sur l’effondrement du monde
L'aubépine, belle épine blanche, aubépin des troubadours, une des plantes les plus riches de notre pharmacopée végétale frappée d'interdiction !
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Comment est-ce possible ?
Ce n'est pas un problème nouveau. Il est lié à la propagation d'une bactérie américaine « Erwinia amylovora » détectée au début du 18ème siècle et diffusée par container dans le nord de l'Europe vers les années 1950.
Cette bactérie est très ubiquiste : elle atteint quasiment tous nos fruits cultivés et déclenche des symptômes connus sous le nom de feu bactérien. La plante se dessèche et, mourante, produit des chancres qui lentement laissent sourdre un liquide visqueux contaminant.
La maladie fit des ravages et rapidement, le législateur intervint pour empêcher son expansion et protéger les zones vierges de toute contamination.
Depuis des textes, décrets et lois sont appliqués pour protéger les vergers encore sains : destruction des plantes malades, mise en place de périmètre de protection, de zones tampon et d'observations actives.
Et c'est sur ce point que l'histoire dérape. Quasiment toutes les plantes de la famille des rosacées sont atteintes par la maladie : qu'elles soient ornementales, cultivées ou sauvages.
En tête notre belle épine blanche si fréquente et si commune : la sauvageonne n'ayant que trop peu de défenseurs s'est vue décerner le prix de la traîtrise, accusée d'être porteuse du vil envahisseur.
Elle fut mise au bûcher, sans autre forme de procès.
Prunelliers, cormiers, sorbiers, églantiers en furent quitte, de justesse, car plus rares. La rose fut sauvée, comme l'essentiel de ses compagnes jardinées. Les oiseaux, qui bien involontairement disséminèrent le feu furent également oubliés. Personne n'osa attaquer le vent et la pluie qui eux aussi propagent à leur façon.
Les êtres humains non plus ne furent pas inquiétés : c'est pourtant eux qui furent les plus coupables... être à la fois juge et parti, cela aide bien.
La belle aubépine avait pourtant de nombreux atours : espèce clé de nos écosystèmes, sa proximité est indispensable à de nombreux être vivants.
On observe facilement l'abondance des petits oiseaux qui profitent de sa protection et de ses fruits hivernaux. On y entend le bourdonnement des insectes au printemps et on y contemple les jeux des oisillons qui s'y dégourdissent les ailes.
Mais de façon plus subtile, aviez vous remarqué que le poirier sauvage est plus sain et plus prospère en sa compagnie. Certains nous expliqueront que quelques champignons mycorhiziens dont elle a la primeur se développent grâce à elle et favorisent relations, tempérance et résilience.
Peut-être que de nombreuses argumentations scientifiques seront nécessaires pour réhabiliter notre aubépine. Mais il est quand même étonnant que personne n'ait pensé qu'une plante aussi abondante ne puisse avoir d'effets positifs pour les autres. Que personne n'ait songé qu'elle puisse être indispensable à l'équilibre du monde.
Une seule fausse note suffit à la condamnation de l'espèce toute entière, sans même réfléchir à ce qui se passerait sans aubépine sur Terre.
Et, au fait , que ce passerait-il ? Moins d'oiseaux, moins de fertilité dans les sols, moins d'insectes, moins de pollen, moins de fruits, moins d'arbres, moins de vie, plus d'érosion, des inondations, des maladies, des canicules, de grands froids hivernaux...
C'est cela une espèce clé : elle vient à manquer et tout s'effondre...
Saint Junien, connut l'illumination sous un aubépin : stade ultime de la sagesse. Puissent nos contemporains retrouver à son contact un peu de cette lumière perdue.
Plantons des aubépines tant qu'il est encore temps.
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