De l’importance de ses origines, lettre ouverte au président Sarkozy
Ce courrier est un "coup de gueule" d’un citoyen lambda, le mien ... Envoyé ce jour à Mr Sarkozy au palais de l’Elysée. Vous aussi, si vous souhaitez soutenir cette démarche, je vous invite à envoyer un petit mot accompagné de la photocopie d’une pièce d’identité (ou tout autre chose d’ailleurs, symbole républicain, carte d’électeur ... Bref, une chose ayant une valeur et un symbole politique) à notre président.
Twitter : http://twitter.com/unevieordinaire
Pour rappel, le courrier envoyé à l’Elysée est gratuit et n’a pas besoin d’être affranchi. L’adresse est la suivante :
Monsieur le Président de la République
Palais de l’Elysée
55, rue du faubourg Saint-Honoré
75008 Paris
Lettre ouverte à Mr Nicolas Sarkozy président des français.
Monsieur,
Je viens par cette lettre vous présenter mon vif mécontentement quant à votre politique. Je n’ai pas voté pour vous lors des élections précédentes, ayant des tendances politiques plus ancrées à gauche et plus exactement portées vers l’écologie. Le but de ce courrier n’est pas de débattre sur la couleur politique mais sur la politique actuelle que vous et votre gouvernement mettez en place depuis quelques moments déjà. J’espère que vous comprendrez que je ne souhaite pas ici attaquer l’homme, mais bien parler des idées de fond et de la situation politique actuelle.
En tant que citoyen, votant, et étant dans un pays à priori démocratique je peux donc m’exprimer je pense librement et apporter mon point de vue dans ce que nos anciens nommaient les affaires politiques. Le gouvernement étant issu d’une élection démocratique où vous représentez le peuple théoriquement qui vous a élu : le pouvoir du peuple pour le peuple, par le peuple.
Dans la réalité êtes-vous encore le représentant d’un citoyen ? Comprenez vous et écoutez vous ne serait-ce qu’un de vos humbles et modestes concitoyens ? Non. L’idée ici n’étant pas de faire la liste - qui serait de toute façon trop longue - des choses qui ne vont pas dans le pays, des malaises qui se font de plus en plus pressants et des libertés ou droits bafoués. Vous ne semblez écouter personne, comme déconnecté de la vie et de la réalité qui vous entoure, de votre peuple.
Le point principal de mon courrier concernait la question de l’immigration et de l’identité. Thème cher à votre gouvernement qui prend souvent plaisir à ressortir l’épouvantail sécuritaire et ainsi stigmatiser une partie de la population. Je sais que la question n’est pas facile et que le débat est ancré dans notre société et pourtant ...
Je suis petit fils d’immigrés moi aussi. Descendant de grands parents paternels espagnols et portugais venus trouver asile et refuge en France durant la guerre d’Espagne sous la tyrannie de Franco. Mes grands parents ont ainsi trouvé une terre de liberté qui a su les accueillir les bras ouverts, au point que ces derniers ont obtenus la nationalité française quelques années plus tard. Pour eux être français était une fierté au point d’en oublier le passé, pas de le renier, mais tenter l’intégration et tout donner à ce pays qui les avait si bien accueillis. France terre d’accueil, terre d’asile, pays des droits de l’homme ... Ce n’était pas des vains mots à l’époque. La situation a bien changé. Mes grands parents sont décédés depuis quelques temps déjà et je suis quasiment sûr qu’ils auraient eu honte de voir la France changer aussi radicalement.
Vous en savez sûrement quelque chose Mr le Président, et pour cause, vous êtes vous aussi d’origine étrangère si je ne m’abuse ? Enfant d’origine immigrée venu s’installer en France dans un territoire accueillant et ouvert aux autres. Des vagues d’immigrations successives, espagnols, portugais, italiens, hongrois, africains, maghrébins ... Notre pays a toujours été terre de contrastes et d’accueil. Dans l’esprit de tous, et reconnu comme tel mondialement, la France a une image de terre d’asile et de pays des droits de l’homme. Ces vagues d’immigration forment une partie du socle de notre culture, de notre richesse humaine, de notre histoire. Comment dès lors renier et occulter ce passé ?
Mais ces derniers temps, l’image a été sacrément écornée. Cette image idéale et idyllique à l’étranger et en France appartient désormais au passé. Quid des droits de l’homme qui sont bafoués constamment ? Encore récemment des expulsions en masse, policiers armés face à des femmes et des enfants démunis. Quid de la terre d’asile ? Même constat récent avec l’épisode des Roms qui rappelle des périodes sombres de notre histoire. Des relents racistes, xénophobes, homophobes se font jour de toute part. Une liberté de ton et de parole qui se libère et se banalise, sans possibilité de faire marche arrière. Ce sont des populations qui sont ainsi stigmatisées, montrées du doigt, rejetées. On tente ici de nous opposer les un contre les autres alors que nous devrions vivre ensembles. Cette politique de la peur rappelle dangereusement une période de la France que nous souhaiterions oublier et appartenir au passé. Nous ne voulons pas de cette France là, je ne veux pas de cette France là !
En 2002, j’ai manifesté contre Le Pen lors des élections présidentielles. Vous faites actuellement le jeu du Front National et jouez avec le feu. Ce sont ces mêmes extrêmes que vous combattiez et que vous aviez affaiblis qui actuellement doivent se frotter les mains et se jouer de votre politique. Dans une optique de destruction du FN, vous renforcez en définitive ce parti en présentant ouvertement ses idées et en les mettant en application. Vous banalisez et légitimez tous leurs discours passés en les rendant réels dans l’action : La peur de l’autre, l’insécurité, l’exclusion, la marginalisation, le racisme ... Depuis la question sur l’identité nationale, nous assistons à une montée en force et en puissance de ces relents malsains du passé. Le racisme revient en force et la politique le rend légitime ...
Non à ces stigmatisations, à ces discriminations, à ces ségrégations, à ces déportations . . .
Nous ne pouvons pas accueillir toute la misère du monde, j’en conviens, mais trouver des solutions plus humaines peuvent exister et doivent être une solution intermédiaires à cette situation. Pensez aux possibilités de développement dans les pays d’origine par exemple ou donnez des moyens réels d’intégration en France à ces populations que vous stigmatisez de l’autre côté.
Nous parlons d’êtres humains ici, ayez un peu d’humanité. Revenez ainsi aux sources afin que la maxime Liberté, Egalité et Fraternité signifie à nouveau quelque chose. Pour que la France soit à nouveau le vrai pays des droits de l’homme et que ce ne soit plus un vain mot. Pour que la France redevienne accueillante et ouverte aux autres, qu’elle ne soit plus la risée du monde entier.
Monsieur le président, merci de mettre un peu d’humanité dans votre politique et d’instaurer un véritable débat sur cette question sensible qu’est l’identité française.
J’ai honte d’être français en ce moment, en signe de mécontentement, je vous joins donc à ce courrier une copie de ma carte d’identité.
Dans l’attente d’une réponse de votre part, veuillez accepter, Monsieur le président, mes sentiments les meilleurs.
Jérôme, un citoyen du 94
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