De l’Intérêt à l’Usure

Dans un éclair de lucidité et de raisonnement, le fait de voir un individu s'enrichir sans produire, au détriment d'un autre, (le prêteur et l'emprunteur) chacun d'entre nous devrait y voir quelque chose d'anormal, voire d'immoral. D'ailleurs le prêt rémunéré ou usure, (tout est relatif) fut interdit par les religions du Livre et subsiste formellement encore dans l'Islam, le catholicisme l'ayant enterré depuis longtemps.
Le ribâ pour l'Îslam (l'interdit en la matière) est la conséquence de l’égalitarisme recherché dans la loi musulmane. Il repose sur le fait que pour le Coran, l’argent en lui même, n’est pas productif. Ne nous trompons pas les Emirs ont trouvé la parade. Et de nombreuses philosophies anciennes ont souvent remis en cause l’usure et la logique de valorisation du capital au détriment du travail. Platon et Aristote ont critiqué sévèrement l’usure en résumant leur pensée dans l’expression « un écu n’engendre pas". Par quel cheminement en est-on arrivé à admettre une telle incongruité ?
L'origine.
Après la cueillette et la chasse, les sociétés primitives ont dû échanger certaines denrées, ce fut l'ère du troc. Puis pour des moyens pratiques, ils décidèrent de créer un moyen d'échange, le gramme d'or, matériau magnifique rare et malléable au point de pouvoir en faire des bijoux. Cette pratique se développa au Moyen-Âge pour devenir universelle, les rois, les seigneurs, les riches et les gros négociants possédaient de l’or et s’en servaient. Certains ont cru bon de confier leurs économies aux professionnels de la chose, lesquels donnaient un reçu nominatif en s'empressant de leur demander un "loyer" pour les conserver et les protéger, puis prêter ces reconnaissances devenues bons au porteur monnaie scripturale à celui qui en avait besoin et exiger là aussi une redevance, ce fut la création de l'intérêt puis de l'usure.
Rien n'empêcha les orfèvres de se transformer en banquier en créant sans contrepartie réelle de la monnaie, donc du crédit. Alors que l'intérêt sur l’argent dès sa naissance est à la fois illégitime et absurde, anti-social et anti-arithmétique, le vice monétaire est donc un vice technique autant qu’un vice social.
Aujourd'hui
Cette pratique est la base même du capitalisme industriel et financier, mais plus personne ne condamne l'intérêt, le profit. A par verbalement l'usure (1). et la spéculation sous toutes ses formes, par quasiment tous les gouvernements, mais sans intervenir d'un pouce et qui se gardent bien de le faire, simples exécutants de la finance. Le gouvernement actuel, social-démocrate pur beurre, qui voudrait ou voulait déclarer la guerre à la finance, tente de réduire les inégalités. Par exemple parle de taxer la rémunération des actionnaires à hauteur de celle des salariés. Ces mesures ne concerneront certainement pas les gros actionnaires qui utilisent les combines les plus sophistiquées pour échapper au fisc, au moyen de cabinets spécialisés dans ce genre d'entourloupes.
Et si par hypothèse d'école l'on supprimait dans le monde la rémunération du capital, les fameux dividendes et autres "jetons de présence". ? Ce serait me direz-vous la fin des investissements productifs, de la bourse et ses subtiles manoeuvres , de ses traders, donc du système libéral ?. Chiche. Ainsi, cette anomalie de l'homme qui s'enrichit en dormant, (tels ces exilés fiscaux) objectivement l'un des fauteurs de troubles cycliques économiques, financiers et sociaux inhérent au système, disparaitrait du raisonnement admis actuellement par tous. (2)
Il resterait à créer un autre moyen de production et donc d'échange. Comme le capitalisme ouvrier, où la société appartient à celui qui y travaille et qui la nourrit. Et devrait mettre un terme à la transmission de fortune par héritage qui ne repose logiquement sur rien, sinon sur une accumulation de capitaux qui réclameront eux aussi des retours sur investissements.
De plus cela nous épargnerait le défilé sur nos écrans de ces économistes distingués, experts et compagnie, ou qui pondent des articles percutants dans les journaux, de savants opuscules et autres parutions. Ces professionnels, chacun avec sa théorie, ne font pas avancer le schmilblik d'un pouce.
Arrivés là nous sommes bien plus près de l'anarchisme que du communisme et de toutes parts vont, à la lecture de ce post, affluer (?) les commentaires moqueurs, alors que je ne parle que d'une hypothèse. A la lecture de ce qui suit on peut se demander depuis quand on prends les gens pour des poires
Un banquier anglais distingué, Reginald McKenna, un temps Chancelier de l’Echiquier, disait, en 1934, à une assemblée d'actionnaires : « Le peuple ignore généralement que le volume de l’argent en circulation dépend de l’action des banques. Tout prêt bancaire, direct ou par découvert augmente le flot de crédit en circulation et tout remboursement d’un prêt bancaire diminue ce flot d’un montant égal au remboursement. »
La dette publique
La dette publique est faite d’argent qui n’existe pas, qui n’a jamais été mis au monde, mais que les gouvernements se sont tout de même engagés à rembourser. L’augmentation soudaine de la dette après un certain nombre d’années s’explique par l’effet de l’intérêt composé. A la différence de l’intérêt simple, l’intérêt composé est payé à la fois sur le capital et sur l’intérêt non payé, qui s’additionne au capital. Tout cela pour démontrer que tout intérêt demandé sur de l’argent créé, même à un taux de 1%, est de l’usure, un vol,
Exemple, la dette des USA : les premières hausses significatives ont eu lieu durant les périodes de guerre : guerre civile américaine, première et deuxième guerres mondiales. De 1975 à 1986, la dette est passée de 533 milliards $ à 2073 milliards $. En septembre 2006, elle était de 8500 milliards $ et continue de croître de façon exponentielle. Pour l’année fiscale 2004, les frais d’intérêt ont été de 321 milliards.)
Sachant qu'il en est de même en Europe, nonobstant la crise qui a débuté en 2008, on est en droit de s'inquiéter, de réfléchir et se révolter autrement qu'avec de jolies banderoles et en tapant sur casseroles.
(1) Taux quantifié par la Banque de France, aujourd'hui 19,15 % pour les prêts courants, donc à la consommation, type crédit dit revolving et un peu moins pour les agios et encore... )
(2) L'épargne courant comme les Livrets d'Epargne, un dépôt énorme affecté à la construction de logements sociaux ne devrait que prémunir contre l'érosion monétaire et la thésaurisation.
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