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De la Boétie : Le discours de la servitude volontaire / Ou comment les masses sont dominées

Il y a 500 ans, un jeune étudiant en droit publiait un petit essai qui continue à être plus que jamais d’actualité.

Il s’agit d’Étienne de La Boétie qui nous donnait une leçon extraordinairement lucide sur le pouvoir et l’aliénation. Le Discours de la servitude volontaire doit figurer dans toute bibliothèque digne de ce nom. Ce petit livre explique le cheminement de la domination exercée par les personnes qui se sont hissés au pouvoir. Cette domination n’est pas seulement le fait du contrôle des moyens de coercition et de répression ; il s’agit de l’habitude qu’ont les gens de la servitude, qui laisse le champ libre à ceux qui ont le pouvoir de l’acquérir d’abord et de le conserver ensuite.

Tous les moyens sont bons pour maintenir le peuple dans la servitude : la religion, la superstition, l’ignorance.

Dans nos sociétés actuelles, cinq cents ans après la parution de Le Discours de la servitude volontaire, nous constatons encore cette pratique au quotidien.

L’éducation a cessé de jouer son rôle d’ascenseur social, le religieux revient en force et nous ramène vers les siècles de l’obscurantisme moyenâgeux. D’autre part, la domination par une poignée d’hommes et/ou de femmes des richesses produites et le contrôle des outils et moyens d’information, liés au pouvoir dans les sociétés où domine le libéralisme effréné, empêche les gens d’avoir conscience de leur sort.

Ceux qui critiquent de La Boétie le qualifiant de précurseur de l’anarchisme ou de promoteur de la désobéissance civile sont bien évidemment ceux qui essaient de nous persuader que chacun mérite ce qu’il a, ce qu’il possède et ce qu’il est. Ce sont justement ceux qui maintiennent les gens dans l’impossibilité de comprendre la situation dans laquelle ils sont.

Pour être un peu plus actuel encore, je n’arrive toujours pas à comprendre comment un gamin qui tape dans un ballon – un footballeur (ce n’est qu’un exemple parmi des milliers d’autres) – peut « mériter » un salaire de plusieurs millions d’euros par mois et qu’un chercheur, un enseignant, un agriculteur, un ouvrier, un médecin, un infirmier… ne mérite que des miettes…

Mais, revenons à la liberté de choisir. De La Boétie disait qu'il « est bien inutile de demander si la liberté est naturelle, puisqu’on ne peut tenir aucun être en servitude sans lui faire tort : il n’y a rien au monde de plus contraire à la nature, toute raisonnable, que l’injustice. »

Voilà, le message.

Je termine ce petit papier par une autre citation. Celle d’une philosophe allemande naturalisée américaine, Hannah Arendt, qui disait « c'est dans le vide de la pensée que s’inscrit le mal ».

Je suis parfaitement d’accord avec cette phrase et j’ai tendance à dire que c’est dans l’impossibilité de comprendre où l’on est, de comprendre ce qui nous entoure que réside la servitude. Déchirer ce voile de l’ignorance est salutaire…

 


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7 réactions à cet article    


  • ASTERIX 25 janvier 2019 10:28

    quel PREDICTEUR !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!


    • Francis, agnotologue JL 25 janvier 2019 11:14

      ’’Ceux qui critiquent de La Boétie ’’

       

       Des noms !


      • MagicBuster 25 janvier 2019 11:47

        « c’est dans le vide de la pensée que s’inscrit le mal ».

        "c’est dans l’impossibilité de comprendre où l’on est, de comprendre ce qui nous entoure que réside la servitude. Déchirer ce voile de l’ignorance est salutaire…"

        Ces pensées dénoncent le communautarisme moyenageux / religieux.

        D’un autre coté comment empêcher les moyen-ageux de rester tourner vers le passé ?

        Pourquoi les avoir fait venir et pourquoi continuer les afflux migratoires incessants ?

        Qui payent pour ces pauvres venus d’ailleurs  ?

        NB : Il y a des pauvres aussi en Amérique du Sud Va-ton construire de plus gros bateaux ?


        • Feste Feste 25 janvier 2019 12:15

          Merci l’auteur.

          Cinq siècles qu’un gamin de 18 ans (quand on pense aux momes du même âge du monde moderne et au niveau d’expression général...) a explicité de telles vérités, et si bien décrit le fonctionnement de base de nos sociétés. Et que Machiavel en a si bien décrit les principes à vomir de l’autre extrémité. Il faut raser cette civilisation.

          Ils ne sont grands que parce que nous sommes à genoux.


          • PETINOS PETINOS 25 janvier 2019 12:22

            @Feste
            « Ils ne sont grands que parce que nous sommes à genoux. »

            Tout est dit dans cette phrase. Merci.


          • fcpgismo fcpgismo 25 janvier 2019 14:32

            En fait c’est très facile. L’humain s’habille toujours ou presque toujours avec le costume le plus simple à enfiler. c’est plus rassurant d’avoir un maitre qui décide de tout, que d’avoir à reformuler en permanence un choix possible.


            • nocob 25 janvier 2019 22:18

              Texte intégral

              De Rien ;)

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