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Accueil du site > Tribune Libre > De la Légion Condor à l’Opération Licorne…

De la Légion Condor à l’Opération Licorne…

Pendant quarante ans l’on nous a emmerdés avec le bombardement du Palais de la Moneda en flammes le 11 septembre 1973, frappé par l’aviation du général Pinochet qui certes n’y était pas allé de main morte… un golpe à la chilienne et tombé de rideau sur l’éviction ad patres du sociolâtre Allende. L’on nous repasse maintenant le même plat, mais à rebours en criant cette fois « victoire » après que les hélicos de la force Licorne eurent matraqué une nuit durant, du 10 au 11 avril et à coups de missiles, la résidence de l’Ivoirien Gbagbo… las, ceci n’est pas un coup d’État en rien comparable à celui de Santiago du Chili !

Dans le premier cas, ce fut le deuil de la démocratie frappée en plein cœur, dans l’autre, avec la fière exhibition devant les caméras d’une poignée de prisonniers qui n’avaient pas été automatiquement massacrés, son triomphe ! Comprenne qui pourra ?

Le plus hallucinant de l’affaire, c’est bien le silence tonitruant de la presse et des grandes conscientes humanitariennes si promptes habituellement à s’enflammer à la moindre entorse protocolaire. Personnellement ma stupéfaction reste toujours aussi vive devant l’étalage de telles distorsions comportementales, mais sans doute est-ce ma cervelle qui est tordue et non celles des kyrielles de Lévy, Glucksmann & consorts qui monopolisent antennes et scènes médiatiques, grands pacifistes devant l’Éternel mais appelant imperturbablement à faire la guerre… Comprenne qui pourra !

Quant à la Libye et les tirs conjugués anglo-français sous appellation contrôlée Otan, à soixante-quatorze ans de distance (et de terrorisme intellectuel) comment ne pas penser au sauvage bombardement de Guernica le 26 avril 1937 par quatre aéronefs de la Légion Condor ? Mme Aubry, ci-devante Secrétaire générale du Ps, n’a-t-elle pas dit qu’en Libye « c’est la guerre d’Espagne recommencée »  ? Comment alors ne pas songer au chef d’œuvre du juif communiste catalan Picasso censé dénoncer cet horrifique crime ? Il s’agit d’une œuvre de commande passée par le gouvernement républicain espagnol à l’escogriffe pictural en exil à Paris, très loin des étripages de masse de sa terre natale… Commande en date du 1er mai 37 pour l’Exposition universelle de Paris, laquelle ouvrait ses portes un mois et demi plus tard, le 25 juin ! Œuvre monumentale et magistrale et coup de pub propagandiste, Guernica allait largement contribuer à l’internationalisation, et partant à l’exaspération de la guerre civile espagnole…

S’il faut ici reconnaître un certain génie à la clique des émules des Tchakotine et autres Bernays*, c’est bien d’être de prodigieux manipulateurs du subconscient humain, des maîtres du maniement des émotions collectives, peur, haine, colère, vindicte populaire et irrépressibles engouements, et aussi, surtout, de formidables mythographes, de maniaques graphomanes attelés à réécrire sempiternellement, en images et en mots, l’histoire des hommes pour les besoins de la bonne cause, fondamentalement messianique et essentiellement la Leur ! Ainsi Guernica ne fut pas l’apocalypse que relate l’histoire officielle : le Times, chambre d’écho du belliciste lord Chancelier Churchill, grossit alors délibérément le nombre de victimes qui n’aurait été que de 200 et non de 3000 comme l’a gravé dans le marbre l’historiographie politiquement correcte… ceci afin de convaincre l’Opinion de la nécessité de déclarer toutes affaires cessantes la guerre au IIIe Reich. Ce ne fut que partie remise ! 

L’œuvre chaotique de Picasso (une copie plus vraie que nature) sert de toile de fond depuis 1985 - telle la figure du Commandeur au Festin de pierre – aux délibérations du Conseil de Sécurité des Nations Unies*. Elle relève en fait d’une double arnaque quant à sa représentation du drame de Guernica (un parmi tant d’autres au cours de la grande tuerie ibérique) et quant à sa création proprement dite.

À l’origine il s’agissait en effet non pas de désespoir politique, ni d’un muet et fulgurant appel à témoin au secours de la civilisation agonisante sous les coups de la barbarie en marche, mais d’une toile déjantée sur laquelle le peintre avait banalement étalé ses phantasmes secrets de viol, de mort et de sang. Car il s’agit, ni plus ni moins que de l’astucieuse et opportuniste récupération d’une toile achevant la période morbide de la Minotauromachie commencée en 1930. Série assez obscène où le peintre donne libre cours à sa névropathie entremêlant bestialement Éros et Thanatos à la mode freudienne. Guernica représente ainsi un taureau à corps d’homme jouissant béatement du viol d'une jument, laquelle, a posteriori, aurait incarné symboliquement le martyr du peuple espagnol. Jument qui n’est, pour la petite histoire qu’une reprise du Cheval éventré de 1917...

L’œuvre mythique a été consacrée comme emblème définitif de la révolte politique du bien (républicain) contre le mal absolu (fasciste)… elle n’en continue pas moins, de la caverne où elle trône et préside aux destinées du monde, dans le sein des seins de l’obscur Palais de verre de New York, à poser la question de savoir si, finalement, la Licorne poussée par l’Harmattan* a fait mieux aujourd’hui, ou pire que naguère le vilain petit Condor ? 

Pour tirer a minima les enseignements des vingt dernières années, notons que l’édifice juridique international (Lois et Traités), péniblement et patiemment édifié ces deux deniers siècles, lequel assurait aux nations du monde un semblant d’équilibre, est à présent réduit à l’état de décombres… La déclaration de guerre, pourtant un acte légal et obligé en vertu des lois et coutumes de guerre, a cessé d’exister, au moins depuis février 1991 et la guerre américano-irakienne du Golfe. En 2001, en Afghanistan, les Conventions de Genève relatives aux prisonniers de guerre ne s’appliquent plus à l’ethnie pachtoune collectivement désignée comme terroriste sous le vocable de « Taliban »… engeance ennemie de la libre Amérique à l’égard de laquelle le Secrétaire à la Défense Rumsfeld nous explique qu’il ne saurait y avoir de quartier : « Nous n’avons pas les moyens de faire des prisonniers du champ de bataille »  !

Enfin depuis 1945 nous savons que les vaincus ayant nécessairement tort, à tout coup la corde ou la mort ignominieuse en détention leur est promise selon une loi d’airain, celle des vainqueurs. Maurice Bardèche auquel jamais l’idée ne serait venue de contester les horreurs concentrationnaires, fit néanmoins en 1950 une année de geôle pour avoir dans « Nuremberg ou la Terre promise » (1948), stigmatisé ce retour à « la case nègre ». Autrement dit ce retour à la féroce loi primitive qui de toute évidence reste toujours en vigueur sur le Continent noir. Après tout, les ouattaristes vainqueurs ne réglaient-ils pas leurs comptes, dès avant la chute de la Résidence Gbagbo, par le massacre de quelques petits milliers de mauvais perdants traités d’importance au sabre d’abattis et soigneusement rôtis à vif ?

En fin de comptes, le mensonge ne triomphe-t-il pas sur toute la ligne, étant devenu avec la guerre et le chaos sociétal, le mode ordinaire de gestion des peuples, du berceau à l’abattoir périodiquement programmé ?

 

* Serges Tchakotine, juif franco-soviétique, théoricien de la propagande de guerre "Le Viol des foules par la propagande politique" Paris 1939. Edward Bernays, juif américain, neveu de Sigmund Freud, théoricien de la manipulation mentale des masses « Propaganda » 1928. 

* Molière « Dom Juan ou le Festin de pierre  ». Pour l’anecdote, lorsqu’en février 2003 le Secrétaire d’État Colin Powell débita des mensonges dignes du Moloch-Minotaure américain relatifs aux supposées armes de destruction massive du régime baasiste irakien, « Guernica » avait été pudiquement recouverte d’une tenture bleue !

* Harmattan, vent du Sud et désignation de l’Opération française en Libye.


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6 réactions à cet article    


  • Sauvage Sauvage 4 mai 2011 15:00

    Article pertinent.

    Mais vous dites que « de prodigieux manipulateurs du subconscient humain » on réussit à instrumentaliser les foules, en appuyant sur leurs réflexes primitifs…

    Trop facile…

    A ce que je sache, les républiques bananières et les dictatures, dans lesquelles les foules n’ont pas le choix et plient sous l’oppression ou la censure, ça se passe dans le Sud, non ?

    Le Nord est lui civilisé, n’est-ce pas ? Le Nord est démocratique et les occidentaux –libres, non ?

    Vous voyez, les occidentaux sont pris au piège de la démocratie et de leurs petites natures corrompues.

    Donnez à la plèbe son Smic, son crédit à la consommation avec sa carte d’électeur, servez leurs 2/3 documentaires sur ces sauvages africains, primitifs arabes ou mafieux latinos, et ils auront l’illusion que, eux, sont civilisés et libres !

    Sauf qu’à bien y regarder, n’est tenu en laisse que celui qui le veut bien. Personne ne force les occidentaux en général et les français en particulier à s’abrutir devant des consols, télérealités, acheter de nouveaux vêtements, bagnoles ou objets que l’on possède déjà !

    Si les puissances occidentales font des guerres de pétroles, c’est parce qu’il existe une demande. Si les multinationales pillent les matières premières de l’Afrique, c’est parce qu’il existe une demande.  


    • Sauvage Sauvage 4 mai 2011 15:12

      @ l’auteur : Je vous rejoins en tout cas sur le fait que nous étouffons sous une lourde propagande politico-médiatique.

      Nous avons remis les clés de nos vies et cerveaux aux décideurs politiques, mais aussi journalistes, intellectuels, professionnels de l’information et de la société. Mais en réalité, saboteurs de la réalité. De la démocratie nous avons lentement glissé vers la médiocratie voire la mafiocratie lorsqu’on analyse l’action de la France dans ses 14 ‘anciennes’ colonies.

      Reconnaitre cet état de fait serait un premier pas. Mais avant de méditer à un autre monde, reconnaissons également que c’est notre lâche apathie qui a permis beaucoup de choses !


      • Emmanuel Aguéra LeManu 4 mai 2011 17:24

        Excellent article. Je n’avais pas fait le rapprochement, mais à vous lire, il m’est sauté aux yeux, ce parallèle des faits entre l’assaut de la Moneda et celui de la villa de Cocody...

        Les actions extérieures des forces ressemblent de plus en plus à des commandos de braqueurs. Elles ne relèvent plus d’une quelconque légitimité internationale, sauf prétexte nécessaire, mais bien du plus vil droit commun.

        Nos gouvernements sont devenus des mafias au service de la préservation d’obscurs « intérêts supérieurs ». C’est à dire les intérêt des multinationales implantées là où ça rapporte le plus, ça et là sur la planête...

        Je me souviens d’un grafitti sur le mur d’une ruelle du vieux-Nice quand j’étais jeune... probablement fin-60/début-70... c’était suivi du A cerclé de l’Anarchie, peu-être en mémoire du local Blanqui ? (« l’embarrat » = l’enfermé, car ce Nissart a passé plus de temps en taule que dehors, ce qui n’empêche pas ses thèses de toujours rester d’actualité).

        En tous cas, ce tag-là m’est resté dans la mémoire, gamin que j’étais... et jamais il n’a été aussi vrai qu’aujourd’hui. Ça disait : « Ils nous pompent le fric pour pomper l’Afrique ». A 11/12 ans, j’avais trouvé ça génial... Merde, je n’ai pas beaucoup évolué depuis...


        • Laratapinhata 4 mai 2011 20:20

          Le plus lamentable est l’unanimité de toute la classe politique(voit les videos des deux assemblées parlementaires et les compte-rendus de séances )...
          Les sondages légitimeraient cette entrée en guerre : 60 % approuveraient... ben c’est qu’il y a 40 % qui sont contre.. et faudra s’en rappeler l’année prochaine.

          PS : Et pour les media toujours va-t-en-guerre, pareil... pas besoin d’être un expert pour comprendre l’étendue de leur rejet par la population, et leur audience en baisse permanente.


          • logo22 4 mai 2011 20:54

            depuis quand le révisionnisme est-il toléré sur agoravox ?
            article à gerber


            • xray 4 mai 2011 20:55


              Quel cinéma !  

              Les Américains n’ont pas eu de mal à tuer Ben Laden. Ben Laden,  il est mort depuis plus de 10 ans. Le cadavre, il est où ? 
              Le 11 septembre 2001, Ben Laden était déjà mort. 

              Le 9/11 : 
              Une imposture ordinaire dans le cadre d’un montage de guerre classique.
               
              Une version officielle digne d’un scénario de dessin animé pour enfants. 

              L’explication de la version officielle est franchement ridicule.
              En pilotage manuel, percuter le centre des tours avec des avions qui volent à une pareille vitesse est totalement impossible. Ce ne sont donc pas des pilotes encore moins des amateurs ou des débutants qui dirigeaient les avions. 

              Chacun sait aujourd’hui que la version officielle du 9/11 est totalement farfelue. 
              Seuls les journalistes, les enseignants et les curés ignorent encore la vérité. 

              Ben Laden est un mythe mythique à caractère mythique. (Un piège à cons) 
              Ben Laden n’a d’existence que dans la poubelle médiatique. 

              Le 9 11
              Une opération menée par l’armée américaine
              http://mondehypocrite501.hautetfort.com/archive/2006/10/05/un-certain-11-septembre.html 

              Le bilan du 11 septembre 2001 (Que du positif) 
              http://mondehypocrite501.hautetfort.com/archive/2010/05/18/le-bilan-du-11-septembre-2001.html 


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