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Accueil du site > Tribune Libre > De la nature du désir amoureux et la métaphore de la goutte (...)

De la nature du désir amoureux et la métaphore de la goutte d’eau

"Les femmes aiment qu'on leur parle le langage de l'amour, même si ce n'est qu'avec la voix du désir."
Henri de Régnier - 1928.

Chez l'être humain, l'amour de par sa présence ou son absence joue un rôle fondamental dans la vie de chaque individu ; certes il semble ne pas exister en assez grande quantité dans le monde d'après certains mais il parait impossible que personne n'ait jamais ressenti au moins une fois dans sa vie ce sentiment si puissant et ait par la suite agi en conséquence : soit un besoin de renouveler cette expérience soit de la fuir. La question que je me pose et qui, au final, est systématique de la pensée humaine est : comment nait ce sentiment et comment, au final, n'est-il que l'expression d'un moi profond ?

L'amour est surtout ressenti comme un manque, on a physiquement et psychologiquement besoin de l'autre personne, de la sentir proche de soi et de ressentir également son amour pour vous. Ces diverses propriétés définissant l'amour d'une personne pour une autre définissent de la même manière un autre concept hautement philosophique : le désir. En effet, comment nier que le besoin d'amour pour une autre personne naisse d'une autre manière que par le désir. Je rencontre un jour une personne alors que je suis dans un certain état psychologique propice ce jour là à la rencontre et là se produit un déclic, je tombe amoureux. A partir de cet événement, le désir de l'autre se concentre et l'on pense à l'autre toute la journée, le désir tourne à l’obsession quand en plus on essaie de restreindre son désir etc.

La concentration du désir est la clé de la compréhension de l'amour. En effet, une bonne comparaison de ce phénomène est la formation d'une goutte d'eau. Les météorologues vous diront que pour que se forme une goutte d'eau, il faut de l'humidité dans l'air (c'est-à-dire de l'eau sous forme de gaz en quantité suffisante), des conditions de pression et de température adéquates mais pas seulement ! Il faut également la présence d'aérosols, c'est-à-dire des petites particules de poussière ou autre microscopiques pour que la goutte se forme autour de cette particule, la plus belle œuvre de la nature dans ce domaine est le flocon de neige qui suit le même processus mais avec des conditions de pression et de température différentes. Donc sans aérosol, pas de goutte, pas de nuage etc, ce phénomène peut s'observer les jours de grand beau temps où les avions en rejetant les gaz de combustions tracent de grandes trainées nuageuses dans le ciel alors qu'il n'y a à part cela aucun nuage. Pour en revenir au désir, nous voyons bien en quoi la goutte d'eau aide la compréhension de la naissance de l'amour : les conditions sont réunies pour que je devienne amoureux et une magnifique personne se présente devant moi, déclenchant le déclic. Or le désir est à l'amour ce que l'eau est à la goutte : la matlère première.

En effet, avant la rencontre, le désir est présent en moi, seulement il est diffus et ne repose sur rien de concret et donc il n'a pas d'emprise sur moi, mais lorsque je rencontre l'autre personne, à ce moment là mon désir se concentre sur un objet (dans le sens logique du terme, ne croyez pas que je parle de femme objet ou homme objet) et à ce moment je le ressens au plus profond de moi. Mais alors se pose une question : si le désir existe bel et bien avant le déclic, suis je donc vraiment amoureux de l'autre personne ? En effet ce n'est pas parce qu'avant je ne sentais pas mon désir et que maintenant je le ressens qu'il a profondément changé de nature : la molécule d'eau est H²O quel que soit l'état dans lequel se trouve l'eau. Donc suis je réellement amoureux de l'autre personne ou alors suis je amoureux de l'idée d'être avec cette personne ?

Vous me direz que c'est très proche et que cela ne vaut pas la peine de se soucier de cela ; est-ce si proche que cela ? il y a pourtant une nuance importante entre les deux propositions : la présence du moi dans la seconde. En effet si je suis véritablement amoureux de l'autre personne, je l'aime sans conditions sans pensée ou arrière-pensée, mais si j'aime l'idée d'être avec cette personne alors dans ce cas, j'aime l'influence que l'autre personne a sur mon égo et dans ce cas je vais vouloir que la réalité colle à l'image que ma pensée a créée de l'autre personne et de celle du couple que nous pourrions être. Dans ce cas, le désir personnel se base sur quelque chose de très profond en moi et qui me définit, ce qui peut être des tonnes de choses différentes et propres à chaque individu : la peur d'être seul, de ne pas appartenir à un groupe, des problèmes dans l'enfance...

Tout cela est une des raisons qui fait que le désir est un concept philosophique fondamental et qu'il doit être étudié très profondément, non pas par des experts mais par chacun de nous car nous avons tous en réalité un désir différent : même si le moteur est sans doute le même pour tous, nous ne fonctionnons pas à partir de la même essence.

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2 réactions à cet article    


  • Taverne Taverne 9 décembre 2012 12:04

    Tout être vivant aspire à croître et à s’étendre. C’est pour permettre cela qu’il y a le désir. Qui ne sent pas cela n’est qu’une pierre. Hélas, il y a en face du désir un frein puissant : la peur !

    C’est pas du Henri de Régnier, ce n’est que du Taverne. Mais bon, on a le droit d’avoir son opinion, non ?

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