De NAPOLEON III à FRANCOIS HOLLANDE
Pardonnez-moi mais je suis un citoyen irrespectueux. En effet, j’étais très très distrait hier soir devant notre Président présentant ses vœux dans le salon Napoléon III de l’Elysée.
L’EMPEREUR
Pour ne rien vous cacher, je rêvassais à Napoléon III. Ce n’est d’ailleurs pas la première fois que Louis-Napoléon Bonaparte capture ma pensée. Il y a quelques années, une amie péruvienne m’avait invité à sa cérémonie de naturalisation. Cela se passait à la préfecture de la Roche sur Yon, dans le salon Napoléon III. L’émotion aurait pu m’emporter sur les vagues de l’Histoire. J’aurais ainsi pensé à Francisco Pizarro, le conquistador de l’empire inca qui devint ensuite le gouverneur du pays de mon amie. Mais il n’en fut rien car je ne pouvais détacher mes yeux d’un grand portrait en pied de l’empereur. De plus, les milliers d’abeilles qui faisaient le motif de la tapisserie du salon me fascinaient car elles me rappelaient le fameux poème (1) où Victor Hugo invite les abeilles du manteau impérial à se ruer sur l’empereur :
... O soeurs de corolles vermeilles,
Filles de la lumière, abeilles,
Envolez-vous de ce manteau !
.................................................
Ruez vous sur l’homme, guerrières !
.........................................................
Tourbillonnez sur cet infâme !
Dites-lui : « Pour qui nous prends-tu ?
CANONS
Cependant, François Hollande sut m’arracher à ma torpeur lorsqu’il déclara " ...peu de pays ont par leur défense, c'est-à-dire leur armée et la politique étrangère, la capacité de décider souverainement. Nous l'avons. Et nous devons tout faire pour préserver cette liberté stratégique parce que la France a un rang et un message à défendre..."
J’ai immédiatement fait le rapprochement avec une déclaration d’Edouard Balladur à Valeurs Actuelles, en avril 2003 : " ... j’ajoute que si l’on excepte la France et la Grande-Bretagne, les budgets militaires sont tout à fait insuffisants pour permettre à l’Union Européenne de peser de façon décisive sur les affaires du monde ... ".
Ainsi donc, l’humanité n’a nullement progressé depuis l’homme de Néandertal et l’Homo Sapiens : chacun reste jaloux de sa souveraineté et, si on le cherche, on le trouve, tudieu ! Charbonnier est maître chez lui ! Bien entendu, dans ce monde de loups les plus madrés surent se munir d’armes nucléaires au bon moment et, comme chacun le sait ou devrait le savoir, il serait infiniment plus sympa de mourir sous une bombe atomique française que sous une infâme et grossière bombe chimique syrienne telle que celles dénoncées hier par notre Président dans son discours.
Un autre point mérite d’être relevé. François Hollande attribue une même fonction à l’armée et à la politique étrangère. Par là, il fait sienne, et c’est honneur à sa sagesse, la pensée de Clausewitz : " La guerre est la continuation de la politique par d’autres moyens ".
ACCIDENTS ET AUTRES CONTINGENCES
Loin de moi l’idée de me joindre à la détestation de Napoléon III comme le fit Victor Hugo. Chaque grand homme doit se débattre au milieu de conjonctures. Louis-Napoléon Bonaparte, comme François Hollande et les autres, ne put que choisir entre des faisceaux de possibles corsetés par les contingences de son époque. Il commit l’expédition du Mexique dont Maximilien et bien d’autres ne revinrent jamais. Il ne résista pas à la tentation de conquérir la Cochinchine. Au fait, comment lui qui se disait Empereur des Français et des Arabes et qui libéra Abd el-Kader en 1852 eût-il réagi, cents ans plus tard, lorsque commença la guerre d’Algérie ?
Mais revenons au président de la République actuel. Hier soir, il semblait quelque peu abasourdi par cinq années de présidence. Ce n’est pas très étonnant lorsqu’on lit ce que Victor Hugo écrivit, après le premier dîner donné par le président de la deuxième République (Donc, le futur Napoléon III ) : "Je songeais à cet emménagement brusque, à cette étiquette essayée, à ce mélange de bourgeois, de républicain et d’impérial, à cette surface d’une chose profonde qu’on appelle aujourd’hui président de la République, à l’entourage, à la personne, à tout l’accident ".(2).
GUEULE DE BOIS
Si vous aimez le vin, vous connaissez sans doute ce sage conseil censé vous éviter une gueule de bois carabinée : " Blanc sur rouge, rien ne bouge, rouge sur blanc tout fout le camp ". Peut-on s’amuser à faire un constat de forme similaire dans le domaine politique ? Tenez, en Russie, par exemple : lorsque le rouge, en octobre 1917, est venu après le blanc ( tsar ) beaucoup de choses fichèrent effectivement le camp. Cependant, lorsque les nouveaux blancs (Poutine) vinrent après les rougs, il y eut, apparemment, beaucoup moins de chambard. La France, quant à elle, a coupé les cartes de la monarchie, de l’empire, de la république et de l’état français. Voyez ce qui a vraiment changé. Les ors des lambris restent là, immuables. Ils attirent les énarques et quelques autres, de toutes les couleurs, comme les fleurs attirent les abeilles.
Pour que quelque chose change vraiment, il faudra attendre l’entrée dans l’arène du transhumanisme ou, pire, du post-humanisme. Alors, ce sera la fin de la récré, le plus souvent sanglante, qui dure depuis l’époque de Néandertal.
(1) Le manteau impérial dans Les Châtiments.
(2) Choses vues. Celui qui allait devenir empereur par coup d'état organisa son premier dîner de président, le samedi 23 décembre 1848 à l’’Elyséé-Ntional. Victor Hugo en était. J’ai souligné.
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