De quelques-unes de nos contradictions

Il faut le dire : la Syrie n'a jamais reconnu l'indépendance du Liban et ce depuis que le Liban, Etat moderne existe c'est-à-dire depuis la fin du mandat français et l'indépendance du pays en 1943. La Syrie n'a jamais accepté qu'il puisse se trouver des Chrétiens, des Musulmans qui choisissent de vivre ensemble. Depuis la fin du mandat français et jusqu'aux années 1970, avec l'arrivée au pouvoir d'Assad le père, la Syrie a connu un chapelet de régimes et de gouvernements nés d'un coup d'Etat ou d'une révolution de palais. La chasse aux sorcières a toujours été le sport national de la Syrie où chaque nouveau venu exterminait le survivant du régime précédent. Et puis, il y eut les Assad, père et fils, la stabilité mais surtout la poigne de fer, les années noires, les années 70-80 d'un Liban martyrisé par la Syrie, d'un Liban qui agonisait, d'un Liban dépecé, d'un Liban pris à la gorge aussi par l'Iran et pour lequel des parachutistes français sont morts.

 Le Liban libre et souverain, le Liban riche de tous ses peuples, le Liban multiconfessionnel, pluriculturel a d'abord et toujours été le combat contre la Syrie et l'Iran. Sous l'occupation syrienne, le Liban n'a fait que survivre. La Syrie n'a travaillé qu'à faire imploser le Liban souverain et riche de ses peuples. Par le Conseil supérieur libano-syrien jamais dissous, la Syrie désigna à Beyrouth ses « Gauleiter » du régime des Assad, les Nassi Khoury and Co.

La semaine dernière, au Liban, un sommet a été organisé à Dar el-Fatwa, ville religieuse et il a été consacré à la situation alarmante du pays et à ses conséquences sur les relations inter-musulmanes et les rapports islamo-chrétiens.

Ce sommet est le premier de cette nature à se tenir après l’élection du nouveau mufti de la République et il a réuni les principaux dignitaires religieux musulmans (sunnite, chiite, druze et alaouite). Tous les responsables musulmans se sont accordés sur la recommandation suivante  : inviter les musulmans à ne pas faire de différence entre eux. «  La religion musulmane est une, même si ses voies (charia) sont multiples. Dieu est le seul juge des différences entre les hommes  », ont-il affirmé dans le texte final de clôture. Les participants au sommet ont aussi affirmé que «  le meurtre d’un musulman par un autre musulman est frappé d'un interdit religieux par le Coran  ». Condamnant les pratiques « terroristes qui accompagnent l’extrémisme contre lequel nous a mis en garde le Prophète  », ils invitent les musulmans « à s’attacher aux fondements de foi de la doctrine musulmane et à éviter de verser dans les interprétations erronées qui font dire à l’islam ce qu'il ne dit pas ». La déclaration finale condamne enfin «  les agressions dont sont victimes pour des motifs religieux les chrétiens d’Orient, dont les foyers, villages, biens et lieux de culte ont fait les frais de cette discorde, alors que le Prophète a recommandé qu’ils soient respectés, protégés et défendus  ». Le texte est pertinent mais aussi clairvoyant : à plusieurs reprises, le texte fait ainsi allusion à « l’ennemi israélien », désigné comme responsable de la crise actuelle et au paragraphe 6, la déclaration appelle les musulmans à «  éviter de se laisser prendre au piège de la discorde que l'ennemi israélien et les forces qui l'appuient tentent de raviver ».

En conclusion, le texte renouvelle son espoir de voir le Liban réussir à élire un nouveau chef de l’État alors que depuis plus d’un an, il y a vacance du pouvoir, les différents leaders politiques du pays ne parvenant pas à s'entendre. Mardi 2 juin, le leader des Forces libanaises, Samir Geagea, et « son vieil adversaire » Michel Aoun, le chef du Courant patriotique libre, allié au Hezbollah se sont donnés une poignée de main historique marquant la réconciliation des Chrétiens du Liban alors que l'afflux des réfugiés syriens menacent le pays d'une crise humanitaire rapide dans les prochains mois. 

Illustration en tête d'article :la foi montagneuse des chrétiens maronites