De quoi le retrait de Benjamin Griveaux est le nom ?
Après la diffusion publique d'images à caractère sexuel le compremettant, Benjamin Griveaux, jusqu'alors candidat à la mairie de Paris, a décidé de se retirer de la campagne électorale.
Cet incident est à la fois navrant et intéressant parce que révélateur d'un certain nombre de faits de société. La vie politique est devenue un combat de personnes, alors qu'elle était – et devait être - un débat d'idées. Les arguments d'hier (le marxisme, le libéralisme, etc.) ont laissé la place aux insultes personnelles, car les individus n'adhèrent plus à aucune idéologie. Il y a bien une vague bouillie de progressisme affiché dans les médias, mais il s'agit plus d'un bric-à-brac d'idées reçues que d'une idéologie bien constituée à part entière. Faute de pouvoir combattre des idées, on attaque donc des personnes. Hier, c'est Benjamin Griveaux qui en a fait les frais. Qui sera le prochain demain ?
Les moyens de communication moderne facilitent cette dérive. Les téléphones portables ont transformé le premier venu en journaliste d'investigation potentiel ou en paparazzo. Les individus ne sont pas moins moraux aujourd'hui qu'hier. Relisez La Bruyère et vous verrez que, jadis et naguère, déjà, l'égoïsme règnait en roi sur les individus. Mais nous vivons aujourd'hui dans une maison de verre, où la transparence est totale. Tous les faits et gestes de tout un chacun peuvent être enregistrés, diffusés et relayés par les réseaux sociaux. Du coup, il devient de plus en plus facile de s'en prendre aux personnes. Au premier faux pas, vous êtes épinglé et les preuves digitales de vos méfaits peuvent être utilisées par vos ennemis.
Cette dérive est d'autant plus inquiétante qu'elle risque de décourager les hommes politiques prometteurs d'embrasser une carrière publique. On se retrouverait alors dans un cercle vicieux où l'affadissement du débat public encouragerait les attaques personnelles qui, elles-mêmes, décourageraient les hommes porteurs d'idées novatrices et mobilisantes de faire de la politique, affaiblissant ainsi encore plus le niveau du combat politique. Il est temps de réagir contre ces évolutions en favorisant l'émergence d'une classe d'hommes politiques nouvelles et en réglementant plus sévèrement l'utilisation des médias modernes. On pourrait par exemple augmenter la rémunération des élus, pour inciter les meilleurs cerveaux à rejoindre la fonction publique au lieu de partir faire fortune dans le privé.
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