De Victor Jara à Guantanamo : la même CIA (31)
Les opérations de la CIA en Irak, notamment, ont suivi les aléas de la politique bushienne. Après les attentats à la voiture neuve ou récemment volées purement américaines, les mercenaires pris en flagrant délit de tirer sur les troupes US ou de ne pas surveiller comme il se devrait les dépôts de munition, voici venir le temps de la désinformation contre l’Iran. On le sait, l’Iran soutien ouvertement dans le pays la partie chiite. Selon les américains, un soutien qui ne serait pas que verbal : des munitions iraniennes seraient transmises aux insurgés en Afghanistan, mais aussi en Irak via la Syrie, qui serait la grande pourvoyeuse d’IEDs, ces terribles pièges à véhicules bricolés à partir d’anciennes munitions, notamment des anciens obus. Très certainement, en effet, l’Iran y participe : mais le problème, c’est qu’à ce jour les preuves découvertes se sont avérées fort minces, révélant que soit l’Iran se débrouille parfaitement pour ne pas se faire pincer dans un trafic qui ruinerait un peu plus sa diplomatie, soit les troupes américaines ne sont pas assez douées pour en trouver.... à partir de la deuxième constatation a inéluctablement germé dans certains esprits de la CIA l’idée d’en trouver, des preuves, quitte à les fabriquer si besoin était (chez d’autres aussi, mais de cela on en reparlera plus longuement bientôt). Retour sur l’étrange circuit des obus de 107 mm, une grande spécialité iranienne, chinoise, et... finalement aussi américaine, et sur les multiples tentatives avortées d’impliquer l’Iran dans la fourniture d’armes à la résistance irakienne. Une manipulation avortée qui sonne étrangement à lire l’actualité récente.
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Manque de chance pour les militaires, la presse ne suivra pas cette voie un peu trop dictée à son goût. A part Fox News, personne en effet ne relaie l’info : les autres médias ont-ils senti le "fake", le montage complet d’une opération de contre information menée par la CIA ? Très certainement : les journalistes possèdent en effet des archives... et dedans des choses assez précises pour mettre sérieusement en doute ce que voudrait à tout prix lui faire avaler le Pentagone et la CIA. Une campagne de désinformation voulant à tout prix impliquer l’Iran a bien été tentée, mais des journalistes l’ont vue venir de loin : dès février 2007, Milan Ra en avait fait un bilan accablant. Et citait la BBC, qui dès le 10 janvier 2006 avait elle aussi déjà flairé l’intox. En janvier 2007 on en était en effet au paroxysme de cette manipulation : tous les médias US criaient alors ensemble à la "subversion" iranienne. Mais cette fois, personne n’avait envie d’embrayer de la sorte. En fait, l’administration Bush se cherchait un prétexte à un intervention armée, et il lui fallait à tout prix trouver des excuses à défaut de trouver des raisons véritables de lancer l’offensive (voilà qui n’est pas sans rappeler les circonstances de la saisie récente d’un cargo par Israël) !
Quitte à les fabriquer, les preuves, une vieille tradition américaine depuis l’affaire de l’attaque du Golfe du Tonkin, restée dans les annales militaires. Une basse provocation orchestrée par Lyndon Johnson en personne, le 4 août 1964. Un mensonge évident, comme quoi le mensonge est une arme traditionnelle en politique extérieure aux USA, et G.W.Bush ne faillit pas à la tradition. L’épisode des "vedettes iraniennes" en janvier 2008, puis celle du crash d’un B-2 le 22 février suivant allait démontrer qu’on en était tout prêt en effet. Et que la CIA orchestrait le bal des médias en montant le plus possible la sauce anti-iranienne dans le public américain !
Et ceci pour les roquettes comme pour les IEDs : des journalistes anglais vont ainsi découvrir que les IEDs décrites sont d’un modèle qu’ils connaissent hélas très bien : c’est le même "design" que celles de l’IRA. A déclenchement par infra-rouge et non par téléphone. Une technologie de l’IRA partagée, explique The Independant, entre les Farcs, les basques et le Hezbollah... pour arriver en 2006 en Irak. Rien encore d’iranien, mais au contraire des vieilles recettes... irlandaises. Les "nouvelles bombes" n’ont donc rien de neuf. Vieilles bombes et... vieilles recettes également question désinformation : car les journaux ont tous reçu au même moment des explications sur les armes portant la mention "source inconnue", et accusant.... l’Iran. La répartition unilatérale et aux mêmes dates à pratiquement tous les médias sentait la désinformation : deux ou trois coups de fils entre eux plus tard, ces mêmes médias en avaient acquis la certitude. On avait bien tenté de leur fourguer une fable rédigée de la même façon. Toutes les rédactions avaient reçu le même texte (même chose pour le Francop des israéliens) ! Très vite, également, la source principale de renseignement avait été décelée : il s’agissait du Major General William Caldwell, l’homme qui avait appelé un par un tous les journaux qui avaient reçu le même message en "parlant sous le sceau de l’anonymat". Caldwell n’étant autre que porte-parole des forces coalisées sur place... le scandale de la tentative de propagande de Caldwell éclate dès février 2007. Il y a bel et bien eu tentative d’intoxication de la presse par l’armée américaine !
Un fin observateur de l’Irak et un mercenaire lui-même, Feral Jundi, notait aussi que les dernières "nouveautés" en Irak, en juillet 2008, question bombes, étaient des IRAMs (pour "Improvised Rocket Assisted Mortars"), à savoir des mortiers faits de bouteilles de propane remplies d’explosif propulsées par des rockets de 107 mm, qui ne faisaient que reprendre les mortiers Mark-10 de l’IRA de 1994 tirant leurs "barracks busters". Encore une fois, un matériel improvisé et non industrialisé (et donc sans rapport avec l’Iran). Utilisant le phénoménal stock d’obus de 107 acheté par Saddam à à peu près tout le monde... y compris aux américains, via... la CIA. Le LongWarJournal en produisant un cliché de ces "flying IEDs" : un camion incendié, dont le plateau contenait 14 lanceurs, retrouvé à une centaine de mètres de l’objectif atteint par le tir dévastateur... qui avait fait 16 morts et 29 blessés le 4 juin 2008 à al-Shaabi, une faubourg de Bagdhad. L’objectif visé, la base du "Combat Outpost Callahan" étant resté hors de portée de l’engin qui semblait avoir explosé prématurément. Evidemment, pour le LongWarJournal, les obus de 107 mm étaient "iraniens".... portant les numéros de lot 328, produits en 2005 cette fois. Des indications plutôt d’origine... chinoises, portées par des obus couleur vert olive.
Mais l’armée américaine est têtue, et son gouvernement davantage encore. En septembre 2007, une fois de plus, on recommence la même opération : cette fois elle semble être une initiative personnelle : celle du général Bergner (*3), le commandant de Camp Victory qui venait d’être bombardé en annonçant un perte en vie humaine et onze blessés, qui affirmait sa certitude qu’ll" allait montrer dès le lendemain les fragments d’un des obus de 240 mm" reçu, "avec les marques iraniennes visibles." La presse attendra cette confirmation jusqu’à une nouvelle attaque, le 12 octobre, où le général Bergner effectuera promptement machine arrière, annonçant qu’il n’y avait pas de traces visibles sur les derniers tombés, sans plus évoquer les précédents... et ne même plus citer de 240 mm, mais simplement des 107 mm, l’engin plus "traditionnel" (le 240 mm doit être manipulé à deux hommes, il se fait donc plus rare chez les "insurgés") dans la région (*4).
La politique d’agressivité envers l’Iran avait-elle changé entre temps pour faire revenir ainsi en arrière Bergner ? Même pas : c’était plutôt l’inverse : ce sont les journaux qui en avaient eu assez de se faire régulièrement mener en bateau. Les revirements et les atermoiements américains pour trouver des preuves "irréfutables" avaient tellemenent échaudé le monde médiatique, que l’information ne passait plus du tout, fin 2007, au grand dam de la CIA, qui voyait tous ses efforts de fausses vidéos et de peintures d’obus tomber à l’eau. Toujours est-il que plus personne n’osait titrer désormais sur la découverte de "preuves" de l’implication iranienne : après plusieurs tentatives gouvernementales de propagande, les médias n’écoutaient plus les sirènes Bushiennes, tout simplement. A force de mentir, on devient peu crédible, c’est bien connu. Là, ça avait duré une bonne année au total !
Pendant ce temps, on en trouvait encore des roquettes, pourtant, un peu partout en Irak. Le 22 mars 2008, quatre engins étaient découvertes à Hillah. Toujours du lot 340, décidément, et deux du lot 346 : on continue sur le même stock de 2007. Le 13 Avril 2008, sept autres obus chinois avaient été découverts à Abu Thayla, toujours par la fameuse 3rd Brigade Combat Team, de la 3rd Infantry Division. Le 17 avril, près de la Base Falcon (surnommée Camp Kalsu), à West Rashid, 18 roquettes de 107 et 20 supports en cornière seront découverts. Certaines roquettes étaient encore empaquetées : or elles étaient chinoises et non iraniennes, et leur façon de se présenter n’était pas sans nous étonner. L’empaquetage beige ressemblait comme deux gouttes d’eau à la peinture de celles saisies à Thayla ou à celles montrées à la presse. Trop neuves pour être honnêtes ? Leur emballage papier était beige, et reprenait exactement le décorum des obus présentés comme iraniens… Les emballages papier auraient-ils constitué des modèles parfaits à peindre ou à recopier ? On note un numéro de lot, le 346, et la date de 2006, dessus. En 2007, on avait déjà présenté ces roquettes de 107 beiges mélangées à des vertes comme étant déjà des iraniennes…. (ici en lot 328 datant de 2005 !). Au total, une différence existe : les roquettes chinoises de l’Irak sont plutôt récentes, en général, à l’inverse de celles de l’Afghanistan, où les roquettes de 107 chinoises ne manquent vraiment pas. Des vertes, les anglais en ont trouvé aussi dès 2001, près de Bagram, empaquetées ou disposées en IEDs, ou encore dans leurs caisses.
A une époque, en effet, celle des russes, là-bas, les stocks se vendaient à ciel ouvert…. Les chefs tribaux venaient s’approvisionner comme au marché du coin ! Les 107 mm étaient également fort répandus chez Massoud... plusieurs de ses anciens collègues étant désormais passés dans le camp des Talibans avec leur stock abondant d’armes : celui offert par les USA lors de la guerre contre les russes ! Dans un papier du TimesOnLine, on distingue parfaitement dans la vidéo jointe les tirs de 107 mm à 1’29 du début, avec dans la foulée un Stinger "des armes offertes par l’Ouest" (comprenez les USA !) indique le commentateur : or ce sont bien les mêmes obus qu’aujourd’hui, tirés à l’époque par les soldats de Massoud ! Bref, tout le pays regorge d’obus de toutes sortes, mais celui de 107 autopropulsé (c’est une roquette donc) est bien le plus répandu, car facile d’emploi (sur les vidéos on le lance sans affût, posé sur deux pierres !) et il a bien été acheté en masse... par la CIA pour être offert aux troupes de Ben Laden, alors allié contre les russes... Les israéliens ayant acheté les leurs aux... iraniens, lors de l’affaire des "contras" ; et envoyés à Somoza (ils lui enverront 9 Cessna armés et 2 hélicoptères !). Le tout envoyé par... container, sur les bateaux de l’EATSCO Shipping Lines.
Des obus de ce type, ce n’est vraiment pas ce qui manque en effet dans la région. Les stocks de Saddam Hussein en Irak s’ajoutaient à ceux de Ben Laden en Afghanistan, fournis par les Etats-Unis, achetés par la CIA selon les lois du marché : à savoir parfois à... l’Iran, qui revendait les obus chinois après les avoir simplement repeints : en résumé, les stocks assez conséquents découverts ici et pouvaient très bien être ceux qu’avaient acheté les USA pour Ben Laden, fraîchement repeints ! Le 13 janvier, la 1st Brigade Special Troops Battalion, 82nd Airborne Division avait découvert 21 autres roquettes prêtes à partir à Suq Ash Shuyuk. Des roquettes visiblement toutes chinoises d’origine, parait-il, de type 63. Mais le plus beau lot découvert fut celui saisi près de Kandahar, où des roquettes, chinoises, toujours, peut-être acheminées via l’Iran ou revendues par l’Iran, furent découvertes dans un endroit inattendu. Entassées au fond d’une piscine, au beau milieu de l’ancien camp d’entraînement de Ben Laden…. Et donc achetées à l’époque par la CIA, ou sur les fonds d’Arabie Saoudite, au profit d’Al Quaida.
Repeintes à neuf, siglées en américain et non en farsi.. elles auraient pu faire les roquettes idéales montrées à la presse comme étant "iraniennes" (justement cette fois, comme on l’a indiqué un peu plus haut) ! Une fort belle saisie que cette piscine pleine, à vrai dire : 11,4 tonnes d’armement en tout, pour 1 801 obus de 107 mm, 36 mortiers de 120mm et 85 640 balles de petit calibre (moins de 30). Des obus, il y en avait de deux apparence sur place : les plus récentes peintes en vert olive, les plus anciennes en gris clair ou en vert foncé. Un reportage sur les Green Berets démineurs du National Geographic " Inside the Green Berets" avait montré de près un de ses obus enterrés (à partir de la 28eme minute du reportage), qui proposait visiblement deux couches au moins de peinture, grise et vert cette fois. Tous ces obus-roquettes ont visiblement eu plusieurs vies, et sont passées entre plusieurs mains ou plusieurs pays, au point que la date qui figure dessus devient anecdotique. A l’époque, l’expert des armées venu sur place, le Major Marty Weber confirmait que tout le lot était bien chinois, et que l’Iran en avait acheté lui aussi, et "les avait simplement repeints pour les mettre ensuite sur le marché des ventes parallèles." Bel aveu ! Et incroyable bourde (*5) : l’un des généraux révélait que les obus dits "iraniens" étaient chinois, et revendus par la bande à tout le monde, y compris aux USA lors de l’affaire des contras ! Le pays, donc, où s’était approvisionné la CIA, pour éviter les collusions trop visibles entre un Etat et un terroriste entretenu par cet Etat. Weber ajoutait aussi que les Talibans, eux aussi, avaient acheté en "open market" des munitions d’origine Chinoise, Yougoslave et Pakistanaise.... pour déminer au plus vite la possible bourde qu’il venait de commettre. Celle annonçant que les obus de la piscine de la Tarnak Farm auraient très bien pu être... iraniens, et achetés jadis par les américains, via la CIA... Encore un qui aurait dû se taire... ou aurait mieux fait de le faire. N’est pas Lyndon Johnson, menteur en chef, qui veut...
Mais il y a mieux encore : pour former leurs soldats à la reconnaître les munitions étrangères qu’il rencontrent, et savoir par exemple comment faire attention aux IEDs, l’armée américaine a recours à une société qui lui fabrique des munitions factices, imitant parfaitement les originales. Cette société a pignon sur rue, et possède également un site internet où l’on peut voir l’entièreté de sa production. En y fouillant un peu, je suis tombé assez rapidement dans le chapitre "Training Ordonance" sur tout d’abord un obus de 107 "normal" et un obus de 107 mm "chinois", de couleur vert wagon, des modèles en uréthane durci (avec sa mousse on fait les tampons scotch-brite !), mais aussi une très belle reproduction d’un "improvised rocket launcher" vendu la modique somme de 899 dollars.... Chez Inert Products, en effet, on ne lésine pas sur la qualité : l’obus est siglé lot 311, datant de 2006. Saisissant de... réalisme. Le chevalet improvisé sur lequel il a été placé semble aussi fort ressemblant. Tellement, que si l’on appose à côté l’un des fameux obus saisis à Operating Base Hammer, le 15 juin 2007. Une base qui sert de dépôt à une quantité de matériel invraisemblable ! Côte à côte (comme ici sur la photo montage fournie avec ce texte, en bas), ça devient... troublant : à part le numéro indiqué à la craie, on a bien le même... et surtout la même embase "improvisée", faite à base de cornières. Qui a donc copié l’autre ???
Car cette histoire d’obus qui reviennent à leur acheteur a un beau précédent. Pendant la guerre du Viet-Nam (*6), déjà, on avait fait de même à "La Ferme" autrement dit à Camp Peary, en Virginie. En 2005, lors d’un débat sur un forum du Washington Post, un témoignage troublant était apparu. Celui d’un ancien de la CIA qui affirmait qu’à cette époque déjà il s’amusait à repeindre des obus... avec des marquages chinois, de manière à accuser la Chine communiste d’alimenter les nord-vietnamiens : ce n’était donc pas la première fois qu’on utilisait le procédé. Deux pots de peinture, un pinceau et un pochoir au lettrage "iranien" et voilà un bel incident diplomatique, nettement moins coûteux qu’une opération Golfe du Tonkin !
On croit l’intoxication de la presse terminée, mais non : au pays de la désinformation, tous les coups sont permis. Surtout, si cette fois les iraniens se font réellement pincer la main dans le sac, et les obus dans les containers... ou presque. Car il y avait encore un autre endroit qu’une piscine pour dégotter des obus : en pleine mer ! Selon un scénario digne d’un livre d’espionnage. Le 29 janvier 2009, au large de Limassol, un bateau s’arrête en pleine mer, contraint et forcé. C’est le Monchegorsk, un... vraquier brise-glace russe. Oui, un brise-glace en Méditerranée, mais depuis l’Artic Sea, qui en est un aussi, plus rien nous étonne. Nous conterons son histoire en détail ailleurs, si vous le voulez bien. Un brise-glace en Méditerranée, c’est plus fréquent qu’on ne pense en effet. Le bateau vient d’Egypte, de Port Saïd, où l’a forcé à accoster un navire de guerre américain, sous la menace de ses canons. A son bord, des containers, une centaine, sur le pont, de couleur bleue, dont une douzaine qui révèlent un chargement de poudre pour obus, 1980 boîtes de bois renfermant la poudre pour du 130 mm, et 1320 boîtes de poudre pour du 125 mm, plus 60 barrils remplis de poudre pour obus de 39 mm, 810 boîtes de poudre pour des obus de mortier de 120 mm et enfin huit boîtes de mortiers de composants de 120 mm. Mais pas d’ Haseb, les fameux obus de 107 mm iraniens, la copie des S-63 chinois. Ceux qui avaient été découverts en 2002 sur le Karine A. Les américains ont intercepté le Monchegorsk alors qu’il remontait tranquillement vers le Canal de Suez, direction... la Syrie. Un convoi affrété par "l’Islamic Republic of Iran Shipping Lines" (IRISL), parti de Bandar Abbas (devenu depuis la "Shahid Rajaee Special Economic Zone") , et destiné visiblement au Hezbollah. De la poudre d’obus iranienne, mais pas d’obus, ce qui paraît étonnant. Les américains, à Port Saïd sont montés à bord et ont "inspecté" le navire. C’est tout ce qu’on a pu apprendre. En-ont-ils profité pour effectuer quelques "prélèvements", d’obus dûment estampillés d’origine iranienne ? On ne le sait pas. Y avait-t-il à bord quelques Haseb, au moins ? On ne le sait pas plus. S’il y en avait, en tout cas, il feront de parfaits obus saisis opportunément près d’un camp afghan ou irakien. Cette fois, sans avoir à les peindre. Et en constatant la grande habilité des Iraniens pour contourner les exportations d’armes, en séparant les obus de leur contenu. Un précédent qui rend ridicule les assertions récentes des israéliens, car les iraniens semblent plus doués qu’ils ne le laissent entendre avec leur bateau "transbordeur" et leurs containers siglés "Iran". Les américains n’avaient pu invoquer la vente d’armes véritables, avec le Monchegorsk, puisqu’il n’y avait que des composants, en l’occurrence de la poudre. Imaginez la saisie d’obus vides : peuvent-ils être considérés comme armes de guerre, ou comme simples blocs d’acier ?
Toujours est-il que l’épisode du brise-glaces révélait que l’Iran est très certainement impliqué dans des trafics d’armes... comme le sont les Etats-Unis lorsqu’ils utilisent l’étiquette USAID (*7) pour faire parvenir des armes à des factions qu’ils soutiennent, comme ils le font au Soudan pour le SPLA (*8). Ou comme Israël quand il fournit discrètement des fusils à une guérilla aux Philippines... Car Israël en vend, des armes, ou en revend en les achetant à l’Inde, notamment ! (*9) ! La CIA est la grande spécialiste, de ces livraisons déguisées, logique qu’elle ait tenté à plusieurs reprises de vouloir mouiller l’Iran sans y être pour l’instant arrivé. Il n’y a pas qu’en diplomatie que visiblement l’Iran se moque ouvertement des USA et d’Israël, qui n’ont toujours pas réussi à prouver les fameuses livraisons d’armes, sauf depuis l’affaire du Karine A. La CIA, visiblement, dans le cas de l’Iran, est tombée sur plus forte qu’elle. Et même encore dans le camp récent du Francop, ou tout porte à croire qu’il y a bien eu fabrication, comme on j’ai pu l’expliquer ailleurs : cette fois c’est le Mossad qui a tenté de leurrer les gens. Mais trop de détails ostensibles ruinent ses efforts pour convaincre (nous y reviendrons).
L’affaire du Francop est une fabrication alimentée par tout un organisme de désinformation, nommé "The intelligence and Terrorism Information Center", un organisme purement israélien, formé à partir de l’Intelligence Heritage&Commemoration Center (IICC) et d’une association représentant les anciens agents du Mossad décédés, qui a arrosé toute la presse mondiale avec un dossier précisant photos à l’appui que les armes saisies étaient bien iraniennes. Et en prenant comme référence de comparaison... les photos des obus "iraniens" saisis par les américains en Irak, clichés dont n’a pas voulu la presse les jugeant fabriqués une nouvelle fois ! La presse américaine avait senti le fake venir en 2007 et avait refusé de tomber dans le panneau : ça n’a aucunement empêché les services secrets israéliens de bâtir le leur, avec les mêmes clichés de base... Derrière la tentative de désinformation, un homme se cache : le docteur Reuven Erlich (*10), avec ces trente années passées à diriger... l’ IDF Intelligence Corps : autrement dit le Haman (ou Heil HaModi’in). Dirigé aujourd’hui par le Brigadier-Général Ariel Karo remplaçant Yadlin (*11), qui avait défini lui aussi la "guerre au terrorisme" : c’était l’ancien attaché à.. Washington !!!. De 1983-1985 son directeur était le Major General Ehud Barak... le monde est bien petit parfois au royaume de la désinformation et du mensonge.
Erlich, un individu qui hante tous les plateaux TV dès que l’on y parle parle Hezbollah ou Hamas. Une entreprise de propagande à lui tout seul. Un homme à qui le Congrès Juif américain avait commandé un rapport sur l’attitude du Hezbollah au Sud-Liban... un rapport (*12) dans lequel on retrouve toutes les accusations portées sur le Hezbollah pendant l’offensive de Gaza, ayant comme conclusion l’absolution complète des actes de Tsahal : "tout au long du conflit l’armée israélienne s’est demandée comment combattre un ennemi qui se terre derrière des civils". Reuven est un faucon désinformateur, rien d’autre, et ses conclusions avaient en France été abondamment relayées par le CRIF. La désinformation récente orchestrée par les services du Dr Erich rappellent étrangement ses propres conclusions de 2006 comme quoi "les libanais allaient payer un lourd prix pour nous avoir harcelés"... Israël, cette fois embrayait de la même façon que la CIA avait déjà tenté de le faire avec l’Iran. Visiblement, en fabricant de fausses preuves, comme au bon temps du Viet-Nam chez les américains : un pot de peinture, une caisse en bois avec une étiquette photocopiée et "photoshopée", et voilà des obus de 107 bien présentables : rien de nouveau sous le soleil... d’Ashdod, cette fois.
(2) "The IRAM is . . . in essence . . . a flying IED. It consists of a canister — either a propane tank or cylinder — packed with explosives attached to a rocket tube (body) and powered by a 107mm rocket motor. Each IRAM carries more than 100 pounds of high explosive. In contrast, a conventional 107mm rocket carries only 3 pounds. The device is placed on rocket rails, which can be angled for distance, and fired at its target by a timing device, military officers said".
(3) "After a rocket fired at Camp Victory on September 11, 2007, killed one and wounded 11 others, US officials told the news media that the command spokesman, General Bergner, would display fragments of a 240mm rocket - complete with Iranian markings - at his next press briefing to "show the link between the Iranian weapons and the damage they are doing".
(5) "U.S. officials say they have found smoking-gun evidence of Iranian support for terrorists in Iraq : brand-new weapons fresh from Iranian factories. According to a senior defense official, coalition forces have recently seized Iranian-made weapons and munitions that bear manufacturing dates in 2006. This suggests, say the sources, that the material is going directly from Iranian factories to Shia militias, rather than taking a roundabout path through the black market. ìThere is no way this could be done without (Iranian)"
(6) "During my time there, one of these was producing missiles with Chinese markings. These were to be deployed in South Vietnam so that the administration could claim that the ChiComs were entering the war on the side of the North Vietnamese. I don’t recall there ever having been much fuss about this and it’s possible they were never even used — but I assure you they did exist".
(10) "In 2006 in fact, the likes of Dr Reuven Erlich, head of the Intelligence and Terrorism Information Centre at the Centre for Special Studies in Tel Aviv, also recommended "searing" into the "Lebanese consciousness" the "steep price they will pay for provoking and harassing us".
(12) "L’armée israélienne a rendu publique une série de documents qui prouve qu’elle n’avait pas d’autres choix que de cibler certaines zones civiles au sud-Liban puisque des combattants du Hezbollah s’en servaient pour lancer ses missiles contre elle. Ces documents servent de base à un rapport commandé au colonel à la retraite Reuven Erlich, qui a été remis au quotidien The New York Times par le Congrès juif américain. Ces documents sont publiés par leCentre d’Information sur le terrorisme où R. Erlich, est chercheur. Reuven Erlich estime que tout au long du conflit l’armée israélienne s’est demandée comment combattre un ennemi qui se terre derrière des civils. Le rapport démontre clairement la construction d’une nouvelle infrastructure, qui a permis au Hezbollah de cacher des armes au sein de la population civile, en se servant de mosquées comme caches d’armes, d’écoles vides pour monter des embuscades et en plaçant des plateformes de lancement de missiles à proximité de résidences ou de postes de l’ONU. Pour transporter des missiles et des roquettes Qassam, le Hezbollah s’est même servi de drapeaux blancs, ce qui est contraire aux lois internationales".
Le dossier d’Erlich transmis à toutes les rédactions et reprenant les photos rejetées en 2007 par ces mêmes rédactions :
http://www.terrorism-info.org.il/malam_multimedia/English/eng_n/pdf/iran_e035.pdf
l’exemple de la "Two right pictures : Similar rockets found in Iraq in 2009. Both were exported by Iran" est symptomatique. Le fameux lot 339 date de 2006, c’est le même que le célèbre fake, de la Besmaya Range Complex, découvert et exhibés en juillet 2007 ! Ils ne datent pas de 2009, donc, et ne sont pas iraniens !
Autre particularisme du dossier de désinformation : il donne 500 tonnes au total : "About 500 tons of weapons were seized, hidden in 36 containers. The arms included thousands of 107mm and 122mm rockets, 106mm recoilless artillery shells, hand grenades and various types of light weapon ammunition." Or si on additionne les quantités citées dans ce même dossier, et qu’on donne le poids exact de chaque élément, on obtient 238 tonnes, dont 54,7 tonnes pour les balles de 7,62 seules. En containers de 20 tonnes pleins, ça en fait 12 1/2. Les containers ne l’étaient pas, pleins, mais il n’y a que la moitié en poids de ce qui a été indiqué de prime abord. Et dedans, il y a 46,7 tonnes rien que pour les roquettes de 122 mm. Elles sont toute vieilles, ça se voit, et ont des inscriptions russes ou tchèques. Elles datent d’au moins quarante ans : ce sont celles qu’utilisait Israël à outrance pendant la guerre du Kippour : celles de leurs APR-40, la version roumaine du fameux BM-21 Grad. Visibles au musée israélien de Beyt ha-Totchan, des engins dont je vous ai déjà parlé ici ! "Le musée israélien regorge en effet de modèles de lanceurs différents utilisés depuis 1973". Un musée où on trouve aussi des mortiers Soltam M-66.... lanceurs de munitions du même nom. De fabrication... israélienne. Des armes vendues à l’Estonie. Celles-là étant bien sûr "iraniennes"...
Documents joints à cet article
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