De victor Jara à Guantanamo : la même CIA (38)
Et puis la CIA ne s’est pas seulement occupée de l’Amérique du Sud (sa priorité de toujours, tant les USA ont peur de la contagion « communiste » à leur porte), elle s’est aussi penchée sur l’Europe. Avec de grands moyens, dont le débauchage de personnalités, dont les plus notoires ici même ont été... un ministre de la défense française, à savoir Charles Hernu (qui avait une double casquette) ou François de Grossouvre (qui se « suicidera » en 1994, après avoir été un des fameux « Stay Behind »). De Grossouvre, entre autres, sera le premier en France à obtenir la licence pour fabriquer du Coca-Cola (jusqu’où va donc se nicher la CIA !). A ses obsèques, tout le monde remarquera la présence d’Amine Gemayel... on retombe sur notre épisode Carnaby... Grossouvre et bien d’autres. En Italie et en Belgique, la CIA a nettement penché vers le camp de l’extrême droite. Beaucoup ont vu dans le Gladio ou les Tueurs du Brabant la main de la CIA, et ce n’est pas à tort, l’histoire l’a démontré (et l’actualité en reparle). Le sujet continue à passionner. Tous utilisaient le fameux émetteur Harpoon, codé, pour communiquer avec la CIA . Mais aujourd’hui, c’est en Europe du Nord que je vous invite, dans un ex-satellite russe, la Lituanie. Ce qu’on vient tout juste d’y découvrir est tout simplement fort évocateur de ce que je vous raconte ici depuis quelques semaines. Peut-être bien aussi qu’avec ce seul bâtiment, on va retomber sur le soupçon que j’évoquais à propos de notre allumé notoire Jack Idema : à 40 km à peine de la capitale, Vilnius, et à quelques kilomètres à peine d’une base russe, on vient de découvrir en effet un centre de torture assez original, ma foi. Dans un pays qui a signé les conventions contre l’usage de la torture, ce qui devient encore plus intéressant. Mieux encore : la République de Lituanie est membre de l’Union européenne depuis le 1er mai 2004 : voilà qui conduit directement G.W. Bush comme responsable de tortures sur le sol de l’Union... ce qui n’est pas non plus sans intérêt : les tortures y ont eu lieu essentiellement en 2005. C’est peut-être bien de la Lituanie que viendra le déclic européen contre l’administration Bush, fort mise à mal en ce moment en Angleterre avec l’enquête Chilcot (*1). Blair a autant menti que Bush, et le MI6 autant torturé que la CIA. Et les deux ont tenté de faire disparaître les preuves de leurs exactions. Le cas de Binyam Mohamed est exemplaire en ce sens.
Bizarrement, ce qui a permis de découvrir que cette ferme fort discrète se présentant extérieurement comme un banal centre équestre, ce n’est pas que les chevaux y étaient plutôt rares et les palefreniers inexistants. Non, ce sont la présence d’imposants véhicules 4x4 noirs, qui arrivaient toujours de nuit, qui ont éveillé les soupçons, la présence de chauffeurs noirs (en Lituanie c’est plutôt une rareté ! (*2) ), mais aussi et surtout équipement fort particulier, dénoncé par un électricien d’entretien, fort surpris par ce qu’il a découvert lors d’une intervention de routine : dans cette ferme, en effet, tout fonctionnait au 110 volts, alors que le pays entier est sous 220/230 comme en Europe (il n’y a que le Maghreb à être en 110, et Cuba, ou le Mexique (127 volts !) le Brésil en partie aussi encore, comme l’Arabie Saoudite- le détail est ici-). Or, ça, il n’y a que les américains pour le souhaiter. A croire que la gégène, chez eux, tourne sous ce voltage ! Ça, et l’incroyable construction proprement dite, avec une "maison dans une maison" comme l’ont constaté avec effarement les observateurs. Extérieurement, une ferme de briques, qui ne dépareille pas le paysage local, à l’intérieur, sous un mur double, une prison de béton, équipée de geôles étroites (*3) . Une façade véritable, un camouflage parfait, et la dernière des huit prisons européennes découvertes, après des années de suspicion. Les travaux importants et le ballet des bétonneuses qui avait précédé l’édification du centre avaient bien inquiété les riverains (*4) il y a quelques années, tant ils semblaient démesurés par rapport à l’édifice final. Mais le phénomène le plus bizarre est bien l’absence totale de plan cadastral : ce bâtiment, administrativement... n’existe pas (*5).
A côté, une ancienne base russe de bombardement, celle de Rūdininkai, à 22 k peine de Vilnius et à 16 seulement de la Biélorussie. Pas éloignée de l’aéroport de Vilnius où ont été vus à plusieurs reprises des avions bien connus des lecteurs d’Agoravox : le célèbre N8213G (vu ici aux Açores), ce bon vieux C-130 de Richmor Aviation (Prescott Support), venu le plus souvent de... Pologne, autre pays de torture, ou bien le non moins connu Gulfstream N379P, aperçu sur l’aéroport de Vilnius, comme sur le minuscule aéroport de Szymany, en Pologne, avec ces plaques de béton carrées comme piste, sur le modèle russe. Là, ou un dénommé Khalid Sheikh Mohammed semble être passé. Lors de son interrogatoire, je vous l’avais déjà dit, il avait entrevu une bouteille de Vodka auprès de ses tortionnaires, avec une étiquette marquée .PL comme adresse web (pour "Poland"). Rappelons qu’il avait subi jusqu’à huit fois par jour le supplice du waterboarding, ce qui en fait le recordman toutes catégories de ce genre de sport. Sheik Mohammed semble de robuste constitution, mais quand même. Pour construire la fausse ferme, les avions C-130 avaient acheminé d’Allemagne des éléments préfabriqués : on retombe sur le rôle de Kyle Foggo (voir épisode précédent ici), l’homme chargé d’édifier des prisons en Europe. En Europe, c’est la huitième et dernière révélée aujourd’hui, en août dernier seulement, celle qui manquait jusqu’ici.
Parmi les pays cités, on note la Roumanie, la Pologne, le Maroc, l’Afghanistan et la... Thaïlande. Où végète toujours depuis le 6 mars 2008 Viktor Bout... ancien transporteur zélé des américains. Un pays capable de construire une prison pour torturer au profit des américains a bien dû lui aussi lui montrer allégeance en succombant à sa demande fortuite d’arrestation. On saura peut être un jour ce que fichaient exactement ses avions de la British Gulf ou les Ilyushin 18 d’Air Bas en Irak : ils ont à coup sûr eux aussi transporté des prisonniers... vers la Thaïlande ! Bout en sait beaucoup trop sur les transferts d’armes de la CIA. Le 11 août dernier, la Thaïlande refusait de l’extrader vers les USA : lui évitant un procès trop embarrassant pour l’équipe de G.W.Bush, qui s’en est abondamment servi. L’homme en sait bien trop. Le retournement de l’associé de Bout, Andrew Smulian, citoyen anglais, par la CIA est la seule charge qui plane sur lui aujourd’hui. Elle demeure floue : ce serait pour avoir tenté d’armer les Farcs. L’homme a été arrêté à New-York le 12 mars 2008 : bizarrement, après l’arrestation de son associé : pour donner le change, très certainement ! Bout a surtout un ami encombrant : Issayas Afeworki, le président de l’Erythrée. Un Kim Jong II bis. Un homme qui vilipende la CIA de façon bien trop visible, dirons-nous. Son anti-américanisme est de façade, et ses poignées de main avec Rumsfeld en 2002 encore trop visibles. Viktor Bout sait tout cela... et c’est aussi pour ça qu’il reste en prison.
Si la présidente actuelle de la Lituanie, Dalia Grybauskaite, semble avoir été surprise par la découverte de cette prison dans son propre pays, il ne semble pas en être de même de son prédécesseur. Pour une raison simple : l’ancien président Lituanien, Valdas Adamkus (élu de justesse en 1998 avec 50.4% des voix et réélu par surprise en 2004), a vécu la plus grande partie de sa vie aux Etats-Unis, à Chicago, où le président Nixon l’avait nommé à la tête de l’Environmental Protection Agency, un des nouveaux fleurons de la CIA destiné à surveiller les américains eux-mêmes. En 2003 c’est cet organisme qui avait fait pression pour qu’on ne mesure surtout pas la qualité de l’air autour des vestiges du WTC : allez donc savoir pourquoi, personnellement j’ai bien ma petite idée (déjà que Guliani avait interdit les compteurs Geiger !). Elle s’était aussi emparée du dossier de l’Anthrax. Adamkus, américain davantage que Lituanien, n’a donc pas dû hésiter longtemps quand G.W. Bush lui a proposé de créer une prison sur son territoire, en échange de l’incorporation facilitée dans l’Otan. Cet échange de mauvais procédés ne fait aucun doute aujourd’hui (*6). La Lituanie, dans le passé avait déjà montré un comportement à part, il est vrai, de ses voisins : à peine trois mois après l’invasion allemande de juin 1941, 95% des juifs lituaniens avaient déjà été exterminés. Et pas par les allemands, qui n’en attendaient pas tant comme allégeance à un pouvoir fort qui semble depuis toujours séduire les Lituaniens. Un antisémitisme rampant réside toujours dans le pays. Ce qui n’avait pas eu l’air d’ennuyer Donald Rumsfeld, venu visiter le pays en 2005... au plus fort des interrogatoires.. mais la décision avait dû être prise bien avant, lors de la visite de G.W.Bush du 22 novembre 2002 (*7).
En Pologne, c’est sur l’ancienne base aérienne polonaise du temps des soviétiques que la prison se tenait. A Stare Kiejkuty, déjà utilisé pendant la guerre par les allemands pour y héberger leurs services secrets. A 12 miles d’un aéroport devenu civil en 1996 sous le nom de Mazury-Szczytno. Selon certains, dont Mariola Przewlocka, le responsable de l’aéroport, les vols provenaient d’Afghanistan, du Maroc, d’Uzbekistan et de Guantanamo Bay (*8) selon des plans aujourd’hui connus. (via Baneasa en Roumanie souvent, pour un arrêt essence). Les prisonniers étaient embarqués dans de grosses limousines noirs direction Stare Kiejkuty, où des polonais ou des... anglais du MI-6 questionnaient les arrivants. Comme appareils, on cite des Gulstream (Gulfstream N379P, le fameux "Guantanamo Bay Express" de chez Premier Executive Transport Services ou PETS) mais aussi le 737 bien connu, l’autre fameux N313P (*9). A ce stade aussi, l’Europe a donc fermé les yeux. Et c’est bien ça qui pose aussi question.
Le magazine télévisé US ABC News avait fait une très bonne enquête sur les détenus interrogés en Europe, notamment les douze principaux responsables répartis à Guantanamo ou dans les huit prisons (*10) européennes ou du Maghreb : la majeure partie avait transité par la Pologne en fait, et tous avaient subi des tortures, à l’étranger. Un en est mort, en Libye :
-Abu Zubaydah : détenu en Thailande puis en Pologne. Il a été torturé, par John Kiriakou, qui a beaucoup servi à la CIA pour tenter de légitimer médiatiquement le waterboarding.
- Ibn Al-Shaykh al-Libi : Détenu en Pologne, en provenance du Pakistan et de l’Afghanistan. Renvoyé en Libye,il y a été torturé à mort.
-Abdul Rahim al-Sharqawi : (Riyadh the Facilitator) détenu en Pologne. Aurait été emmené ensuite à Ichemmimène, près du désert du Sahara en Mauritanie. Un autre épisode peu connu des "renditions".
-Abd al-Rahim al-Nashiri : détenu en Pologne, ramené à Guantanamo pour y être waterboardé.
-Ramzi Binalshibh (Ramzi Omar) : détenu en Pologne, arrêté à Karachi en 2002. Il s’était rendu chez Huffman Aviation pour y être pilote, mais n’avait pas pris de cours.
-Mohammed Omar Abdel-Rahman (Asadullah) : détenu en Pologne : un égyptien, qui aurait commandé le camp d’entraînement de Darunta (Tora Bora). En 1993, il aurait été du premier attentat contre le WTC. Il a été arrêté en 2003.
-Khalid Sheikh Mohammed : détenu en Pologne (voir article ici). Qui se souvenait parfaitement d’avoir vu de la neige sur les routes le conduisant à son centre de tortures (*11). Il serait arrivé en Pologne via la Roumanie (*12).
-Waleed Mohammed bin Attash : détenu en Pologne, responsable de l’attaque en 2000 de l’USS Cole.
-Hambali (mouvance indonésienne) ou Encep Nurjaman, aussi connu sous le nom de Riduan Isamuddin, détenu aux Etats-Unis après l’avoir été en Jordanie.
-Hassan Ghul : détenu en Pologne quelque temps, mais son cas reste une énigme. C’est un des "fantômes" détenus on ne sait où.
-Ahmed Khalfan Ghailani : détenu en Pologne, responsable des attentats contre les ambassades US .
-Abu Faraj al-Libbi (Dr. Tawfiq,) : le lybien détenu en Pologne après son arrestation en 2004 à Lahore, où i la été torturé par l’ISI, et ramené ensuite à Guantanamo.
Au total, on le voit, il ne reste que peu de responsables des attentats contre le WTC, à part l’incroyable Sheikh Mohammed, et son score de waterboarding. Mais aussi la révélation d’un partage des compétences entre la CIA et les autres services secrets, notamment le MI5 anglais, fort sur la sellette aujourd’hui avec l’enquête en cours et le cas de Binyam Mohamed, qui avait eu la présence d’esprit de noter les numéros des avions qui l’embarquaient. Et là encore, l’administration anglaise a réagi : en cherchant avant tout à supprimer les documents compromettants. Un remarquable document filmé fait le tour des prisonniers détenus à Guantanamo, torturés un peu partout dans le monde, il permet de se faire une idée du décalage de ce qu’ils sont, de ce qu’ils faisaient et des conditions de leur détention. Tous libérés sans aucune condamnation... et sans aucune compensation financière pour erreur de la personne. Le compte rendu de Moazzam Begg un anglais originaire de Birmingham, est un des plus représentatifs.
C’est le cas également de Lakhdar Boumediene, détenu huit ans comme membre groupe des dit des "six Algériens de Bosnie". Incarcéré de force, sans preuve aucune. Le récit de ses tortures est assez sidérant. Lui, ce qui l’avait sidéré est de n’avoir jamais été interrogé sur ce pourquoi il avait été emmené à Guantanamo (*13) ! A Guantanamo, il était devenu... un simple numéro. Le matricule 10 005. Il n’était pas le seul dans ce cas. Un documentaire étonnant de l’ACLU, "Voices From Guantanamo" fait le point sur la question de façon fort explicite en interrogeant plusieurs accusés libérés sans aucune charge contre eux : sept années éloignés de leur famille, avec des enfants qui ne les reconnaissent pas. Comment a-t-on pu en arriver là ? Et à enfermer autant de personnes sans charges sérieuses à part pour une poignée ? A la liste des pays aux tortionnaires, il faut ajouter outre la Roumanie (*14) , et l’Ouzbékistan, où l’on torturait allègrement également : "les chargements de prisonniers atterrissaient sur l’aéroport international de Tachkent, pas à la base militaire Us, proche de l’aéroport. Les détenus provenant d’escales européennes étaient remis aux agents des services secrets ouzbeks qui les transportaient ensuite dans leur quartier général pour être soumis aux interrogatoires et torturés". Ce pays, l’un des pire question traitement des détenus, et qui affiche ailleurs une toute autre image, et l’Italie donc, qui a servi à autre chose sur laquelle nous reviendrons : "Je suis certain que le gouvernement Berlusconi était au courant. Abou Omar a été enlevé par des agents de la CIA à Milan pour être transféré en Egypte. En tant que diplomate je sais comment fonctionnent ces liaisons dangereuses (en français dans le texte, ndt) entre gouvernements"
Et quand donc l’Union Européenne va-t-elle déposer plainte pour ce qui s’est passé dans certains de ses états ? Selon un ancien ambassadeur britannique en Ouzbékistan de 2002 à 2004, Craig Murray, auteur des deux extraits précédents, "l’Angleterre et l’Italie, les alliés « fidèles » de Bush, sont des gouvernements européens et membres de l’Union européenne au courant, sans aucun doute, des pratiques de torture appliquées dans les prisons secrètes de la CIA, qui fait partie du programme de « extrême renditions » (enlèvement de citoyens étrangers suspectés de terrorisme et leur transfert dans des pays tiers, NDR). Les gouvernements européens, officiellement, ont promis de fournir leurs données et informations à l’enquête sur les prisons secrètes lancée par l’UE. En fait, ils sont en train de faire tout ce qu’ils peuvent pour bloquer et entraver l’enquête qui révèlerait leur complicité dans les crimes de guerre commis par l’administration Bush ». Ce que dit l’ancien diplomate anglais se vérifie dans son propre pays en effet . Il y a trois ans que le premier ministre a avoué un soir à la télévision que c’était un désastre que cette entrée en guerre, mais on l’a déjà oublié et l’homme est parti depuis se dorer la pilule ailleurs. En effaçant soigneusement avant les fichiers compromettant.
Comme le signalait si justement "La République des lettres", avec ces vols de la CIA, nous avons assisté en fait à un remake de l’Operation Condor : voilà qui nous ramène aux épisodes du début de notre saga, et qui montre une nouvelle fois qu’il y bien filiation et continuité... à la CIA. "En plein XXIe siècle, presque vingt ans après la chute du mur de Berlin et la très hypothétique fin de la Guerre Froide, il est question de vols, de plus de mille vols clandestins et fantomatiques organisés dans le ciel nocturne de l’Europe par les services secrets d’une puissance étrangère, non-européenne, avec l’accord tacite et non-divulgué aux instances élues des autorités de plusieurs Etats européens. D’un très étrange ballet aérien, orchestré en flagrante contravention de la Convention sur l’aviation civile de Chicago, non seulement à des fins policières ou de sécurité, mais de moins en moins invraisemblablement à des fins d’enlèvement, de mise à discrétion, de séquestration et de torture de prisonniers non-identifiés, de "combattants ennemis" et autres "suspects terroristes", suivant la méthode dite des extraordinary renditions".
Nous sommes bien d’accord avec ce rappel du mur de Berlin : rien n’a vraiment changé dans la conduite de la CIA, et nous conclurons par une phrase du même auteur : "mais une chose est sûre et certaine, tant que nous ne l’aurons pas attrapé en plein vol et exposé à la grande lumière du jour, le Condor passe, passera et repassera." Car s’il y avait bien un but, à cette série, c’est bien celui-là : vous informer, pour être davantage méfiant, la prochaine fois ou le Condor reprendra son envol ...
(1) "It would be so psychologically convenient if the committee declared the Iraq war to be a unique and terrible mistake, rather than one sorry, bungled chapter in a long saga involving Islamist networks, global terror, rogue states and the spread of WMD : a saga that began on September 11, 2001 and will go on for decades to come. Convenient, but a lie. There is no closure to be had. Whatever Chilcot decides, the Bad Stuff will not go away".
(2) Les riverains sont loin d’être étonnés. "Il y avait un va-et-vient incessant de camions, de personnes qui parlaient anglais, des Noirs qui travaillaient, mais aucune production visible", raconte Ruta Boreikiene, une retraitée qui habite le secteur depuis 1980.
Très peu d’Africains vivent en Lituanie et la présence de ces hommes avait attiré l’attention des riverains.
(3) -According to ABC News, a concrete wall was built inside the stable block by English-speaking contractors to create a "building within a building" and on-site generators supplied electricity at 110 volts - used in the US - rather than Lithuania’s 230-volt supply.
-According to sources who saw the facility, the riding academy originally consisted of an indoor riding area with a red metallic roof, a stable and a cafe. The CIA built a thick concrete wall inside the riding area. Behind the wall, it built what one Lithuanian source called a "building within a building."
-On a series of thick concrete pads, it installed what a source called "prefabricated pods" to house prisoners, each separated from the other by five or six feet. Each pod included a shower, a bed and a toilet. Separate cells were constructed for interrogations.
(4) "Vue la quantité de terre extraite et les tonnes de béton apportées, je pouvais en conclure que les travaux étaient importants. Je sais que les bétonneuses entraient sur le terrain, mais les conducteurs n ’étaient pas admis sur le site", raconte Viaceslavas, la quarantaine’.
(5) "Le cadastre ne mentionne aucune demande de permis de construire sur ce site depuis 2002, mais les riverains se souviennent de travaux d’envergure."
(6) "According to a former intelligence official involved in the program, the former Soviet Bloc country agreed to host a prison because it wanted better relations with the U.S. Asked whether the Bush administration or the CIA offered incentives in return for allowing the prison, the official said, "We didn’t have to." The official said, "They were happy to have our ear."
(7) "I recently visited your beautiful city for important discussions with President Adamkus, Prime Minister Brazauskas, and other senior Lithuanian leaders. During our talks, we discussed a variety of security issues as well as the warm relationship between the United States and your nation. Vilnius provided a fine venue for our conversations".
(8) "Jerry M., age 56 at the time, probably sat at the controls of the plane chartered by the CIA. The trained airplane and helicopter pilot had been hired by Aero Contractors, a company that transferred prisoners around the world for US intelligence agencies. According to documents from Eurocontrol, the European Organization for the Safety of Air Navigation, Jerry M. had taken off from Kabul at 8:51 a.m. that morning. Only hours after landing in Poland, at 7:16 p.m., he took off again, headed for Washington".
(9) "There is now no doubt that the Gulfstream N379P landed at least five times at Szymany between February and July, 2003. Flight routes were manipulated and falsified for this purpose and, with the knowledge of the Polish government, the European aviation safety agency Eurocontrol was deliberately deceived."
(10) "Former CIA officials tell ABC News that the prison in Lithuania was one of eight facilities the CIA set-up after 9/11 to detain and interrogate top al Qaeda operatives captured around the world. Thailand, Romania, Poland, Morocco, and Afghanistan have previously been identified as countries that housed secret prisons for the CIA".
(11) "On arrival the transfer from the airport to the next place of detention took about one hour. I was transported sitting on the floor of a vehicle. I could see at one point that there was snow on the ground. Everybody was wearing black, with masks and army boots, like Planet-X people."
(12) "The cars were seen traveling to and from the Stare Kiejkuty intelligence facility, where British and Polish intelligence officials say US agents conducted short-term interrogations before shuffling prisoners to other locations."
(13) "Lorsque j’étais en Bosnie, on m’avait accusé de fomenter un attentat contre l’ambassade américaine de Sarajevo, mais à mon arrivée à Guantanamo, on ne m’a jamais plus posé de question à ce propos. Quand je leur demandais : « Mais pourquoi vous ne me posez pas la question sur les accusations de Bosnie-Herzégovine ? », on me répondait : « Tu oublies ces questions sur l’ambassade américaine, on ne vous a pas ramenés ici pour ça ».
(14) "The drop-off in Romania could not be explained, says Mr Marty, by any need to refuel. "The most likely hypothesis is that the purpose of this flight was to transport one or several detainees from Kabul to Romania," he concludes. He adds that although he has not uncovered definitive evidence of a secret detention centre in Romania, his findings justify further investigation.Mr Marty also highlights a number of flights from Afghanistan to Poland at times when it is now known that terrorism suspects were being transferred from Kabul to unknown destinations. His suspicions were fuelled by the Polish authorities’ failure to cooperate : while EuroControl’s records detailed a series of flights into the country, including a number to the Szymany air base, north east of Warsaw, local officials claimed they had no records of the visits. Mr Marty describes that as "highly unusual", and adds : "Poland cannot be considered to be outside the rendition circuits simply because it has failed to furnish information corroborating my data from other sources."
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