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Déconfinement : une opportunité historique pour les corps intermédiaires

Depuis plusieurs décennies les corps intermédiaires perdent de leur vigueur dans la société française. La crise du COVID-19 a brutalement stoppé leur déclin. Le gouvernement n’a eu d’autre choix que de les prendre comme interlocuteur et la population les soutient à nouveau. Seuls les partis politiques sont restés sur la touche.

Le constat est sans appel pour les syndicats. Ils ont perdu tous les combats de la décennie. En 2016, le gouvernement Hollande n’a rien cédé sur la loi travail (El Khomri) malgré la mobilisation générale. Rebelote en 2018 sur la loi ferroviaire qui supprime le statut des cheminots. Les semaines de grève perlée n’ont pas fait plier le président Macron. Plus récemment, c’est la réforme des retraites que les syndicats n’arrivent pas à arrêter. Leur impuissance est le fruit d’une lente et constante érosion de leur capacité de mobilisation. Les effectives des syndiqués sont en baisse malgré le maquillage des chiffres officiels. De moins en moins de français adhèrent à aux revendications qui apparaissent corporatistes et éloignées des préoccupations des salariés du secteur privé.

Pire encore, de nouveaux modes d’action sont apparus : ZADistes de Notre Dame Des Landes, Bonnets Rouges contre l’écotaxe en 2013 ou encore Gilets Jaunes contre la taxe sur les carburants. Ils ont à chaque fois fait reculer les gouvernements par leur mobilisation massive, leur forme nouvelle et parfois violente. Ils ont ringardisé la routine syndicale qui est apparue inefficace et dépassée.

Les syndicats semblaient sans avenir et à bout de souffle jusqu’à ce qu’arrive la crise du COVID-19. Dans l’affaire Amazon, ils se sont placés en garant de la santé des salariés. Ils ont obtenu gain de cause au tribunal conduisant à la fermeture provisoire des centres d’Amazon en France. Ils font de même à Sandouville où ils font plier Renault. Dans toutes les entreprises, le changement des conditions de travail pour l’application du protocole national de déconfinement passe par les CSE, Comité Social d’Entreprise, où siègent les syndicats représentatifs. Les mots d’ordre nationaux ont été donnés et sont appliqués partout : ne rien céder sur la santé des salariés et bloquer la reprise de l’activité s’il le faut. Les syndicats sentent qu’ils ont les salariés inquiets avec eux et ils comptent bien pousser leur avantage le plus loin possible. Le confinement a fait apparaitre les invisibles de notre société. Pour eux, les syndicats demandent des primes, des augmentations de salaires et la revalorisation du SMIC. Les mentalités sont peut-être en train de changer et la valeur du travail aussi.

D’autres corps intermédiaires ont aussi le vent en poupe. Le gouvernement a imposé le confinement mais a dû rapidement négocier son application dans les quartiers immigrés. Il a dû renoncer à faire un contrôle strict. Puis il a fallu traiter la question du ramadan qui a fait l’objet de négociations avec toutes les organisations cultuelles musulmanes. Négociations discrètes mais efficaces. Dans la même veine, l’église catholique discute avec le ministère de l’intérieur de la reprise du culte.

Dans le domaine sportif, les fédérations ont, elles aussi, été des interlocuteurs indispensables de l’état pour organiser la fin des saisons et le calendrier de la reprise des évènements à la rentrée. Les syndicats de la restauration travaillent avec l’état pour trouver des solutions pour la réouverture de leurs établissements.

Le changement vient de l’état qui se tourne à nouveau vers les corps intermédiaires pour trouver des solutions et des compris acceptables. Il y a aussi tous les individus que les corps intermédiaires veulent représenter qui changent de comportement. Parents d’élèves, commerçants, professions libérales… tous demandent conseil et assistance à leurs organisations respectives. Les corps intermédiaires retrouvent toute leur légitimité perdue ou écornée.

Seuls les partis politiques sont restés sur la touche. L’opposition au gouvernement d’Edouard Philippe a été inaudible pendant toute la séquence confinement / déconfinement. Les plateaux de télévision et de radio ont préféré les débats d’experts aux hommes politiques. Le Professeur Raoult est même devenu, un temps, le représentant de la France d’en bas contre la France d’en haut. Plus besoin de Mélenchon ou de Le Pen.

En fait, aucun parti n’a su se placer dans le nouveau clivage apparu pendant la crise. Il y a une France qui est prête à tout sacrifier pour sa sécurité et sa santé, à la fois ses libertés fondamentales mais aussi sa prospérité économique. Une autre partie de la population, plus attachée à la liberté, moins inquiète ou plus précaire, ne veut pas tout perdre ou tout mettre en danger. Bien entendu, cette deuxième France est ostracisée dans le débat publique et n’a pas encore trouvé ses représentants. Si le clivage se maintient jusqu’à la présidentielle de 2022, il viendra troubler le duel annoncé entre souverainiste et progressiste et la recomposition politique continuera son chemin inachevé.


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2 réactions à cet article    


  • ASTERIX 11 mai 2020 11:55

    Les maires élus et réélus ou non conseillers généraux « perdants boudent » et se vengent en ne s’occuppant plus des « anciens » ni DES EHPAD ne leur offrant meme pas un masque §§§§§§

    REQUINS A 29770 ESQUIBIEN NI UN MOT NI UN MAIL NI UN TELEPHONE NI UN MASQUE !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!


    • ASTERIX 11 mai 2020 11:58

      + 29770 AUDIERNE !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!

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Auteur de l'article

Legavot Patrick


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