"Ceux qui ont mis mon nom sur cette liste termineront sur des crocs de boucher. NS."
Je ne sais pas vous, mais moi je l’ai particulièrement mauvaise sur l’une des premières décisions de notre président. Exit sa bonne prestation au sommet du G8, exit sa réussite européenne, exit son gouvernement d’ouverture habilement concocté, qui achève pour de bon ses adversaires politiques (qui le méritaient bien, faut le dire), exit aussi la modernité, la jeunesse, la proximité, la méthode américaine (pour moi une référence de bonne santé démocratique)... Non, non, non. Moi, je m’arrête sur un point : M. Sarkozy a refusé d’amnistier mes PV de stationnement, comme la tradition le suggérait... Pas sympa, vraiment. Le genre de truc qui me donne envie de rouler moi aussi dans des voitures officielles toute ma vie, escorté par une poignée de gendarmes, loin de toutes contraintes du Code de la route. Comme ça, à mon tour, j’oublierais la vie ingrate de l’automobiliste de base, digne de nos jours d’un suicide collectif.
Mais y a pire...
Le 14 juillet arrive à grands pas... Son défilé militaire, sa garden party, la grandeur de notre République étalée sous nos yeux ébahis... et l’espoir pour beaucoup de sortir de prison. Car comme l’amnistie des PV, la Grâce présidentielle du 14 juillet, qui vise les moins méchants de nos prisonniers, est une coutume, une habitude, presque un acquis. Mais cette tradition-là aussi est en danger. Pour le moment, notre président refuse catégoriquement de libérer le moindre délinquant, 14 juillet ou pas... D’un certain point de vue, il y a de la cohérence. Les délinquants en question ont été en grande partie jetés en prison par les services qu’il dirigeait il y a peu. J’avoue pour ma part être partagé sur ce sujet, si ce n’est le sentiment qu’il va falloir construire un max de pénitenciers le plus vite possible, car les cinq, dix, ou même quinze ans à venir vont être chargés.
Mais y a peut-être encore pire...
Il y a environ trois ans, une bande de barbouzes du dimanche auraient, semble-t-il, décidé de monter le coup du siècle. Objectif supposé, réduire en miettes deux adversaires, l’un dans les affaires, l’autre dans la politique. Autant j’avoue ne pas trop savoir ce qu’est devenu la cible "business", autant j’ai entendu dire que la cible "politique" du coup monté est aujourd’hui le locataire de l’Elysée, et accessoirement l’homme le plus puissant du pays... Aïe, ça sent pas très bon pour nos barbouzes. Un agent pas très secret, un homme d’affaires qui n’en a déja plus, un écrivain poête qui a eu de grosses responsabilités ces dernières années et un humaniste maladroit qui aurait, toujours selon les rumeurs, dirigé une grande démocratie... Car la non-amnistie de mes PV, la non-libération de certains prisonniers, tout ça n’est pas grand-chose par rapport à ce qu’attendent de voir tomber sur leur tête nos sympathiques barbouzes, parti comme c’est.
Il y a toujours eu une autre tradition dans notre pays, pour les gens très haut placés qui ont fait des bêtises. La tradition de les laisser tranquilles... Mais je doute que cette tradition-là ne soit pas plus respectée que les autres par notre président. En tout cas, en ce qui concerne l’affaire Clearstream.
Ah... la vengeance... la seule tradition républicaine qui n’est pas prête de disparaître.