Demain, tout devient possible, même le pire
La déclaration fracassante de Nicolas Sarkozy sur l’origine génétique de la pédophilie et du suicide des jeunes n’est pas une maladresse du candidat à
Cette prise de position a choqué l’ensemble des faiseurs d’opinion, depuis les intellectuels de
Cette pensée a une origine, l’eugénisme, un objectif, la justification de la classe dominante, et un instrument, la culpabilisation des enfants.
1 - Eugénisme
L’étymologie du mot « eugénisme » est grecque : eu (« bien ») et gennân (« engendrer »), ce qui signifie littéralement « bien naître ». Ce terme a été inventé par Francis Galton, savant anglais neveu de Darwin, dont les travaux furent couronnés par l’Académie des Sciences britannique.
Galton était persuadé que les facteurs héréditaires jouaient un rôle dominant dans la détermination des différences individuelles, et souhaitait voir appliquer à l’espèce humaine la théorie darwinienne de l’évolution. Pour les eugénistes, les mécanismes de la sélection naturelle seraient contrecarrés par la civilisation : en effet, un des effets de la civilisation serait d’aider les défavorisés, donc de s’opposer à la sélection naturelle qui entraînerait la disparition de faibles et des débiles. Palier au manque de sélection naturelle amène à prôner l’eugénisme, qui doit se traduire par une politique active de renforcement du corps social par le traitement ou l’élimination des individus aux gènes déficients, en vue de la disparition des comportements déviant de la norme. Les pays anglo-saxons ont, au début du XXe siècle, pratiqué une politique de stérilisation forcée, en vue d’élimination de générations futures, alors que l’Allemagne nazie poussa le modèle jusqu’à l’élimination des générations actuelles par l’extermination des fous, qui a, peu le savent aujourd’hui, précédé de plusieurs années celle des Juifs et des Tziganes.
Ces politiques extrêmes ont, par l’horreur qu’elles ont suscitée, fait disparaître pour un long temps la tentation eugéniste. Mais voilà qu’elle ressurgit aujourd’hui, sous une forme plus acceptable, dans une volonté de traiter médicalement, par l’action de substances chimiques, dites psychotropes, les comportements déviants dont l’origine serait génétique.
Pour comprendre le surgissement de cette nouvelle idéologie anti-déviationniste, il ne faut pas seulement en examiner le caractère scientifique, ou plutôt pseudo-scientifique, parce que la génétique n’a pas su démontrer par une équation le rapport entre la musique de Mozart et son ADN, mais aussi son caractère éminement politique et social.
2 - Domination de classe
La recherche d’une cause, naturelle ou pas, à l’infériorité des classes dominées, est une obsession constante des classes dominantes. Elle procède, symétriquement, du même mouvement que la recherche d’une cause à la supériorité de la classe dominante, recherche qui est peu ou prou mal vue depuis
Avec l’irruption d’un facteur inné, la race, les gènes, c’est la nature qui devient fautive, et voici notre aimable bourgeois dont la conscience s’éclairçit, dont l’horizon moral se fait aussi clair que celui d’un calviniste américain : s’ils sont pauvres, c’est de leur faute, si je suis riche c’est que je le mérite vraiment. Les gènes m’y ont prédisposé, certainement pas la chance ou l’héritage.
Et si la science médicale peut venir étayer l’idéologie de la classe dominante et, au-delà de la confortation morale, asseoir un peu plus son pouvoir, Elle doit s’en saisir et appliquer au corps social les bons remèdes qui le remettront dans le droit chemin.
3 - Les enfants coupables
Les dissidents au régime soviétique ont eu a subir de terribles traitements psychiatriques à base d’enfermement et de prescriptions de médicaments psychotropes. Ne pouvant plus, après la déstalinisation, éliminer purement et simplement ses opposants, la classe dominante voulut les faire passer pour fous. Encore s’attaquait-elle à des adultes solides et motivés.
Nicolas sarkozy a mis succesivement en exergue la prévention du comportement déviant des enfants, des jeunes suicidaires et des pédophiles. Sans entrer dans des considérations pénibles, il est incontestable que la pédophilie renvoie à la notion d’enfant. Il est d’ailleurs très choquant d’associer dans une même réflexion le traitement des enfants et celui de leurs prédateurs. Son obssession de l’enfance déviante à cause de ses gènes constitue une tentative de dédouanement des adultes de leur responsabilité dans le monde qu’ils leur préparent. Ainsi, le suicide d’un adolescent renvoie tous ceux qui ont un peu de cœur, parents ou amis, à des sentiments de culpabilité. Même s’ils savent qu’ils n’y sont pas pour grand-chose, ils se disent, mon Dieu, qu’est-ce que j’ai fait ou plutôt qu’est-ce que je n’ai pas fait pour qu’il ait fait cela. Quelle image de l’avenir lui avons-nous donné, quel monde lui avons-nous préparé ?
Ce mouvement du cœur s’apelle la compassion.
Il faut éliminer la compassion, cette infirmité du caractère, pour construire un monde d’efficacité, tel est en substance le message subliminal qu’a voulu faire passer Nicolas Sarkozy.
Il me semble que nous avons déjà entendu cette chanson quelque part.
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