Démarchage : protégeons nos seniors !
Les seniors sont sans cesse la proie de commerciaux sans scrupules…
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Tout est bon pour faire de l’argent. Et certaines personnes ou entreprises n’hésitent pas à reléguer l’éthique au rang de valeur inutile lorsqu’elles souhaitent à tout prix vendre un produit ou un service. Leurs cibles privilégiées ? Les personnes âgées, avec une préférence pour celles dont le portefeuille est rempli. La méthode est simple : leur faire croire, en les embobinant, qu’elles ont besoin de ce ravalement de façade ou de cet abonnement Internet, pour le leur faire payer au tarif maximal par la suite. Imparable, chirurgical... mais absolument immoral.
La population ayant tendance à vieillir, en France, il est urgent, disent certains, de prévenir ces pratiques commerciales abusives. Qui touchent les « seniors » en particulier. Cela passe notamment par l’encadrement du démarchage à domicile. Une méthode qui, contrairement à ce que l’on pourrait croire, n’est pas employée uniquement par les petites structures, qui, pour subsister, pourraient être tentées d’y avoir massivement recours. Les multinationales européennes mettent également leur moral de côté lorsqu’il s’agit de gagner toujours un peu plus d’argent. Dans l’énergie notamment.
L’an dernier, le Médiateur de l’énergie notait d’ailleurs une « recrudescence des mauvaises pratiques commerciales », dans son rapport annuel, publié le 29 mai. « Dans un contexte de concurrence accrue, les opérateurs ont redoublé d’imagination afin d’agrandir leur portefeuille de clients, certains recourant à des pratiques commerciales trompeuses ou déloyales », peut-on lire dans le texte. Qui cite les exemples d’Engie (ex-GDF-Suez) et de l’italien ENI, en tête des fournisseurs dénoncés pour leurs manœuvres douteuses, concernant les facturations ou le démarchage.
Le monde de l’énergie n’est pas le seul à faire le lit des pratiques commerciales abusives. Celui des assurances, par exemple, regorge de méthodes crapuleuses, ouvertement dirigées contre les seniors, comme l’ont révélé l’Autorité des marchés financiers (AMF) et l’Autorité de contrôle prudentiel et de résolution (ACPR), dans un rapport rendu en décembre dernier. « Les clients âgés peuvent faire l’objet d’actions de démarchage inappropriées, voire agressives. […] Des progrès restent à faire concernant l’information du client âgé lors de la vente de produits et services financiers », estiment ainsi les deux entités.
Certains établissements estiment qu’au-delà de 75 ans, la personne questionnée doit bénéficier d’une information claire et précise, tandis que d’autres évitent de démarcher les seniors de plus de 85 ans. Encore faut-il, cependant, que tous les conseillers appliquent à la lettre les règles fixées. Ce qui n’est pas le cas, dénonce le rapport de l’AMF et de l’ACPR. Les deux autorités, devant le flou qui entoure certaines situations — comme celle concernant les personnes non placées sous tutelle ou curatelle, mais souffrant de troubles cognitifs —, ont d’ailleurs lancé une consultation publique sur le démarchage des seniors jusqu’en février 2019.
Ce faisant, les deux organismes veulent s’assurer qu’à l’avenir, toute personne âgée soit en mesure de consentir de manière éclairée à la souscription de telle ou telle offre. De leur côté, de nombreuses mairies mettent en place tout un tas de rencontres, conférences et réunions, pour alerter les seniors sur ces pratiques commerciales abusives. Comme à Guingamp où le « phénomène qui, depuis plusieurs années, s’intensifie sur le département, […] s’inscrit dans un fonctionnement de réseau, plus difficile à combattre », précise un capitaine de gendarmerie participant à ces rencontres municipales.
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