Démocratie en berne
La démocratie vivra et prospérera. Relevons le défi plus que jamais. Si les mots démocratie et république ont un sens, un liseré noir devrait ceinturer nos drapeaux là où ils sont censés rappeler notre identité politique collective afin de marquer cette période. Une comédie macabre continue de déployer ses métastases politico-médiatiques. Nous soignerons et guérirons la démocratie.
Une forfaiture.
Après le référendum de 2005 bafoué (Barnier fut un contempteur résolu du résultat et un des rédacteurs zélés du traité de Lisbonne), un coup de force, un degré supplémentaire dans la forfaiture vient de nous être infligé dans un mélange de culot, de bluff, d’opportunisme et de cynisme sur fond de désertion civique et de complicité passive de toute une partie des responsables politiques et des chefferies médiatiques. Les perdants de l’élection viennent tranquillement et cyniquement d’imposer au pays la persévération de la défense des intérêts auxquels ils ont lié les leurs sur arrière-fond de préservation des priorités et lignes rouges d’une oligarchie de plus en plus critiquée en raison de la nuisance de son poids économique, politique, sociale et médiatique. Qui a bien sûr pris depuis un moment la précaution de se rendre maîtresse de l’essentiel des médias et instituts d’opinion. Des professionnels rémunérés à cet effet pour l’essentiel nous ont déjà préparé, chacun dans son domaine d’expertise, quelques idées afin de formater en urgence aux nouvelles normes l’opinion politique. Ne soyons pas dupes de ce scénario en train de se dérouler qui contient bien sûr sa part d’improvisation. Sinon, nous serons toujours les derniers informés qui plus est par ceux dont le métier est de nous cacher, au service de ceux qui les paient, les meilleurs éléments de sa compréhension.
Le dévoilement d’une triade.
Cette triade, avec en coulisse tout ce que l’oligarchie compte de conseillers et spécialistes de manipulation de l’opinion d’ici et d’ailleurs, cette triade, Macron, Le Pen, Barnier, par sa violence à froid ne manquera pas de dénoncer le moment venu (nous savons pouvoir compter sur eux) et exploiter politiquement et judiciairement les violences à court, moyen ou long terme auxquelles ils s’attendent en en ayant ainsi provoqué les motifs que sont l’impuissance et la rage d’être ainsi confronté au paradoxe de la légalité formelle mise en impasse devant l’ étranglement de la démocratie.
Tout cela n’aurait pas été possible sans l’attentisme nourri de calculs personnels dérisoires dans leur myopie de toute une partie de la classe politique qui a nourri à sa manière l’hybridation politique que constituent des pseudo-adversaires rivalisant sur des thématiques et éléments de langage partagés. Construits et entretenus à des fins de confusion et division et de rentes électoralistes en vue de concourir à qui aura la meilleure place au service de cette oligarchie ainsi courtisée et érigée en arbitre. N’oublions pas qu’un Bolloré a soutenu un Sarkozy, puis un Macron, élève d’un Hollande, en finissant par une Le Pen. Lui réservant toute l’expérience acquise et la puissance de ses moyens d’influence et de fabrication de l’opinion. Finissant par réaliser les vœux même pas cachés « plutôt Le Pen que Mélenchon » portés depuis longtemps par des influenceurs d’un nouveau genre comme des philosophes de salons médiatiques et ministres éphémères, des Enthoven et Luc Ferry entre autres.
Une volonté intacte.
Cachant en réalité ce qu’ils redoutent comme la peste dont témoignent si bien leur arrogance et autoritarisme. Il s’agit avant tout de leur domination matérielle et culturelle de plus en plus discutée quand l’heure est à une nouvelle république fondée sur une authentique démocratie efficace et responsable. Fondée sur un citoyen éclairé et respecté, ayant les moyens de se faire entendre et respecter. Une démocratie citoyenne. Bien loin des moyens que les dominants ont trouvé de tous temps pour maintenir leur domination et régler les problèmes économiques et sociaux comme la fuite en avant vers des régimes de moins en moins démocratiques et de plus en plus autoritaires sans oublier les moyens ultimes que sont les guerres. Il ne faudrait quand même pas oublier que le cœur idéologique des droites, oligarchiques ou non, ce sont des inégalités de principe imposées par la force à qui refuse la soumission. Ni oublier l’évolution des sociétés américaines et anglaises sur ces points et bien d’autres qui sont l’horizon de ces gens où beaucoup se sont formés. Nous voulons et nous obtiendrons la justice sociale et la solidarité, une responsabilité écologique partagée et équitable et la paix par-dessus tout. Cette volonté traverse toutes les générations et ce n’est pas ce genre de triade et ses intrigues qui la briseront.
La fabrication de l’opinion publique a des limites.
Les médias, aux arguments déjà fins prêts nous vendaient dès ce matin du 6 septembre du Barnier. En reprochant à la gauche d’avoir été trop radicale de vouloir, arrivée en tête de l’élection, appliquer le programme ( il n’y a que la gauche qui a un programme construit qu’elle est capable d’afficher et de défendre quand les autres nous entretiennent dans un flou en évolution au fur et à mesure de notre compréhension des impostures affichées) sur lequel elle avait fait campagne dans les 3 semaines généreusement accordées par le prince de la triade décidément conciliant. Obtenant ainsi son investiture en renversant la fiction des sondages trop bien entretenue. Une gauche qui aurait eu le tort de vouloir mettre devant leurs responsabilités et le regard des électeurs, proposition après proposition, les élus plutôt que de renoncer à priori à ce qui dérange ceux qui avaient perdu. Sinon, pourquoi voter ? Pourquoi un parlement qui plus est avec un exécutif armé de toute une série déjà de contournements du vote ? En théorisant ainsi le fait que désigner la finance comme ennemi pour lui offrir ensuite une loi El Khomeri ou une réforme des retraites sur mesure sans vote en réalité serait le fin du fin de la politique et de la démocratie et de sa légitimité.
Des médias qui ont escamoté méthodiquement des éléments fondamentaux de la réalité du vote qui remettent à leur place les intentions et la réelle volonté des électeurs et l’état des forces dans le pays. Il est primordial de montrer ce qui est pourtant déterminant dans nos votes et les conséquences qui s’en suivent. À savoir que depuis un moment et de manière conséquente mais très peu médiatisée, ce sont les transferts de voix qui se font avec beaucoup de constance au bénéfice du RN quand celui-ci est en difficulté devant un candidat de gauche. Une part de l’électorat LREM et LR n’a comme boussole et priorité rien d’autre que ses privilèges fiscaux et rentes et s’affiche pour un front républicain en sachant parfaitement qu’ils voteront RN dans un duel avec la gauche quand les électeurs de celle-ci eux respecteront pour l’essentiel un engagement républicain. Et donc pendant ce temps là les électeurs du NFP ont eux sacrifié des voix et des mandats pour bloquer le RN. Et, cerise sur le gâteau, les médias vont répétant, comme une insulte permanente à notre intelligence collective, que le RN est le parti qui a le plus grand nombre de députés quand le vote de gauche ayant porté sur la bannière NFP en respectant l’engagement pris devrait alors être rappelé dans sa vérité. Mieux tout cela sera connu, mieux tout cela sera répété et expliqué, mieux la démocratie se portera et mieux elle sera défendue. Le NFP représente 180 sièges et le RN 126 auxquels s’ajoutent les 17 du groupe RN/LR. LR a 39 sièges inclus dans un bloc de droite en rassemblant 66.Dans les circonstances qui viennent d'être rappelées.
Le pourrissement de la démocratie parlementaire.
Ces gens ont appliqué le cordon sanitaire anti-RN à 40% quand le NFP l’a fait à 90%. Cette tromperie était vitale pour eux mais tout cela a aussi un prix que le RN compte, comme à chaque fois, leur faire bien payer. Il compte bien occuper toutes places enviables dans le dispositif de soutien et sauvetage de l’oligarchie, ce qu’ont déjà bien compris les élus LR et macronistes en voie de fillonisation. Comment sauver les postes et les apparences qui peuvent l’être tout en dépendant d’un concurrent qui les guignent aussi et dont on dépend dans les situations électorales difficiles parce qu’il faut bien lui sauver la mise pour sauver le bateau ? Sans surprise, certains devraient vite apprendre la langue du RN voire en revêtir la tunique. Nous venons de voir la première facture en cours de règlement de l’hypothèque où c’est le bénéficiaire qui tire la barbichette du financeur. Les électeurs du RN qui n’ont rien à voir avec l’oligarchie, vont-ils se reconnaître dans ces magouilles ? Faudra-t-il en urgence les chauffer avec un bon référendum démagogique ? C’est vrai que Barnier peut être l’homme de la situation dans ce domaine si on s'intéresse à son pedigree. Mais ces électeurs seront-ils dupes ? Jusqu’où devra aller l’insistance des sondeurs et des médias ?
Le renouveau.
Le pourrissement heureusement ouvre les yeux et amène le renouveau. Ces gens sont donc en réalité, tous nos adversaires qui s’évertuent à nous tromper, en jouant chacun sa partie pour ses propres gains, depuis des années. En espérant avoir des dépouilles à se départager. Sans parler des mercenaires des médias indispensables pour la mise en scène qui déplacent progressivement leurs projecteurs et mises en lumière en suivant le regard de leurs employeurs.
En fait la situation est assez simple et dépend de nous. De notre capacité à réfléchir par nous mêmes et de voir où sont nos intérêts.Sur l’axe de la démocratie, de la justice sociale et fiscale. Sur l’axe de nos besoins à disposer de services publics accessibles et efficaces et d’emplois de qualité suffisamment rémunérés avec une formation continue effective, de logements de qualité en quantité suffisante, de la volonté de mettre fin aux ghettos de pauvres et d’immigrés en nous débarassant ainsi de la pestillence du racisme et de la ségrégation comme levier électoraliste indispensable à nos adversaires. Sur l'axe d’une politique étrangère non alignée en dehors des intérêts de notre pays, au service de la paix.
La situation dépend aussi de notre capacité à avoir un regard critique sur les contenus et le rôle des médias et sondages dans notre vie et notre attention à distinguer ces manipulations et mises en condition permanente. Un baromètre a déjà mesuré que « 46% des électeurs de LFI feraient plutôt confiance à Barnier ». C’est dire ce qui nous attend. Et que cela ne devrait pas être si difficile. Simple mais demandant pour chacun un effort personnel qui doit devenir une seconde nature. Ce sera toujours le prix à payer pour espérer être un citoyen respecté quel que soit le pouvoir en place. C’est le prix pour une véritable démocratie qui ne sera jamais à l’abri de dérives ou de régression. Autant le savoir une bonne fois pour toutes.
Le bon côté des choses.
Le bon côté des choses, c’est que nous avons compris maintenant qu’il s’agit dorénavant à chaque vote de combattre en réalité un seul adversaire, une communauté d’intérêts au service de l’oligarchie que forment LREM/LR/RN au moment décisif, dans l’urne loin des regards et faux-semblants.Sans naïveté et avec détermination. Et tout le reste est baratin et propagande dont de toute façon nous avons vu partout en Europe l’issue, une coalition des droites et de l’extrême-droite en recherche de séduction et banalisation avec l’espoir d’une mise en veilleuse définitive des oppositions. Toujours soutenue par les médias de l’oligarchie. L’extrême-droite va-t-elle réussir chez nous cette supercherie ? Ce qui est sûr, c’est que les oligarques avec leurs médias et instituts d’opinion ont remis le couvert pour y arriver. La saga des sondages et l’exposition médiatique du RN est repartie.
27 sondages sur 27 avaient prévu la victoire d’un Bardella en faisant comme si une gauche authentique nourrie des profondeurs de notre vie économique et sociale et du recul aberrant de notre vie démocratique, s’appuyant sur un conséquent travail d’analyse et de propositions depuis plus de 10 ans, n’existait plus. N’en déplaise aux prestidigitateurs, même dans la société du spectacle avec à la production des oligarques, on ne dissout pas et on ne divise pas comme cela un mouvement social et politique qui traverse toutes les couches sociales de la société depuis des années. Surtout quand la collusion électorale entre adversaires se disputant les places au service de l’oligarchie est devenue aussi voyante et répétitive.
La démocratie n’est pas une option, un vœu pieux et consolatoire.Un citoyen éclairé, c’est une force et une volonté tranquille et résolue, individuelle et collective, qui fait sa trace, suit son propre chemin et que l’on n’arrête pas et qui ne s’éteint pas même le temps d’une oligarchie ou d’une dictature. C’est aussi un travail et cela s’apprend, s’adapte et se perfectionne. Chacun gagne à y réfléchir d’autant que ceux qui n’en veulent pas ont souvent une longueur d’avance et de gros intérêts à s’en préserver. Et donc nous en revenons au citoyen éclairé et la dynamique individuelle et collective qui nous porte lorsque se fait l’alliance de l’intelligence collective et de ses valeurs de justice, de solidarité et de responsabilité. C’est difficile et il n’y a pas de chemin tout tracé comme l’histoire nous le montre. Chaque génération a sa contribution à apporter et a sa part à inventer. Le prix à payer, c’est de vouloir être un citoyen ce qui ne peut être qu’un projet collectif évidemment. Ce ne sera jamais un cadeau, c’est une conquête et la récompense commence dès le début de la conquête sans jamais de certitude absolue mais souvent avec de bonnes surprises si on est persévérant et vigilant.Tout cela est à portée de nos mains.Et tant pis pour les ricaneurs.
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