Démocratie en deça du monde occidental, dictature au delà

 A travers les notes et les commentaires des lecteurs d’Agora Vox, il est facile de se faire une idée de la position que se font les gens au sujet des événements que vit actuellement la république égyptienne. La plupart des avis exprimés sont émis avec beaucoup de passion et avec une haine implacable envers les Frères Musulmans. On a l’impression que ces donneurs de notes négatives et ces commentateurs ne cherchent pas du tout à s’informar, à analyser les événements et à essayer de comprendre la réalité des choses, sans parti pris, sans rancune, et sans méchanceté.

 Des Egyptiens sont aujourd’hui opposés entre eux, pour la manière de se gouverner et de gérer les ressources de leurs pays. N’était-ce pas plus sage pour nous, en tant qu’observateurs, de rester neutres et nous abstenir de toute ingérence dans leurs affaires intérieures. Si nous avons un avis à donner, nous devons avant tout, chercher à savoir ce qui est démocratique et ce qui ne l’est pas, dans les décisions prises par les responsables du pays et les actions engagées sur le terrain. 

 La révolution égyptienne avait pour but de faire tomber le gouvernement du général Moubarak, jugé dictatorial et corrompu et d’instituer un régime démocratique issu du peuple et choisi librement par des élections ouvertes à tous et loin de toute tricherie et fraude électorale. Essayons maintenant d’analyser un peu plus les acteurs en présence et d’en dégager quelques enseignements. Qui est Moubarak ? C’est un militaire, un général, un ancien vice président du régime militaire précédent du général Sadate. Autrement dit Moubarak n’est autre que l’ex patron de l’armée égyptienne.

 Après le limogeage de ce dernier, les élections organisées ont amené la victoire des Frères Musulmans, une confrérie bien connue en Egypte et surtout bien implantée dans le pays. Personne n’a douté des conditions dans lesquelles se sont déroulées, la campagne électorale, les opérations du vote et l’annonce des résultats. Les FM ont bien obtenu plus de 52 % des suffrages. Le nouveau paysage égyptien se présentait désormais avec d’une part l’image d’une armée discréditée par le comportement de son patron condamné à perpétuité pour crimes et pour détournements de deniers publics et la nouvelle élection du Docteur Mohamed Morsi, un homme encore auréolé par ses nombreuses années de lutte contre un régime militaire corrompu.

 Qu’attendaient tous les Egyptiens de ce nouveau président ? La réponse est simple. L’ancien régime a laissé un pays en dérive où une grande partie des jeunes étaient en chômage, où le niveau de vie était au plus bas, où la corruption et le favoritisme étaient monnaie courante, sans parler des atteintes à la liberté et aux droits de l’homme les plus élémentaires. Tous les pouvoirs et toutes les ressources économiques étaient accaparés par les militaires et quelques privilégiés civils. Alors ? Que doit être la conduite du nouveau président et de son équipe ministérielle, Continuer sur la même politique, laisser les grandes entreprises de l’économie entre les mains des mêmes profiteurs et de l’étranger ? Essayer à leur tour de se remplir les poches et d’écraser le petit peuple ? 

 Eh ! bien non ! Mohamed Morsi a décidé de révolutionner les choses, ce qui, bien entendu, n’a pas plus aux militaires ni arrangé leurs complices étrangers. D’Où LE COUP D’ETAT. L’armée laisse entendre qu’elle a agi à la demande des Egyptiens, 14 millions selon eux. QUELLE FARCE ! QUELLE MYSTIFICATION ! La seule raison, la seule explication est la volonté d’empêcher les Frères Musulmans de mettre en exécution leur plan qui allait dévoiler tous les secrets, priver les miliaires de leurs privilèges et créer un risque d’équilibre des forces aux frontières d’Israël, chose que ni les USA ni l’Etat Hébreu ne peuvent tolérer. Cette dernière raison arrange énormément les affaires des militaires et leur assure la protection permanente des Américains dont les protestations actuelles contre les violences ne sont que de la comédie et un double jeu politique.

 Les observateurs expérimentés et crédibles estiment qu’il fallait laisser Morsi et ses hommes appliquer leur programme et procéder aux différentes réformes envisagées. C’est l’avenir et l’avenir seul qui doit nous montrer si les Frères Musulmans étaient ou non sur la bonne voie. Ce n’est qu’à l’issue de leur mandat électoral qu’on peut les juger mais pas avant. Les opposants de Morsi, les militaires, les agents (pour ne pas dire les sympathisants) d’Israël vont tous me prendre pour un imbécile, un homme qui ne comprend rien en politique un philosophe qui divague. Parler juste et bien selon eux, et dire des choses intelligentes c’est admettre une fois pour toutes que le monde ne veut pas des frères Musulmans. Ce sont des terroristes. Point final. Les militaires ont ruiné l’Egypte ? Ce n’est pas grave, ce pays doit rester sous développé dans l’intérêt de tous.

 Mais ...et la démocratie ? Un des commentateurs de mon précédent article a écrit que « la démocratie n’a jamais existé et n’existera jamais dans le monde musulman. » Amen.