Démographie et capital sur le long terme
Une analyse pour montrer sur le long terme comment la démographie et la construction du capital créent des tendances de long terme et les impications que cela a.
Simplification
Beaucoup nous ont vanté la pensée complexe. Magnifique et admirons les artisans de la pensée capable de venir à des raisonnements baroques qui sont l’ornement de l’esprit.
Mais en ces temps où les idéologies sont mortes où l’idéal nous fait défaut peut-être pourrions-nous cultiver une certaine simplicité.
L’histoire de l’humanité fut celle d’une pénible survie pour arracher à une nature indifférente une maigre pitance. Quelques individus grâce à l’organisation sociale purent échapper à ce sort, mais globalement la faim fut notre compagne.
Puis en occident apparu la modernité. Les immenses progrès des arts agricoles et mécaniques ont petit à petit libéré les humains de cette sujétion. Mieux nourrie la population allait croitre et passer d’un milliard d’habitant à 7,7 milliards aujourd’hui et l’on envisage qu’elle atteigne les 11 milliards en 2100.
Voilà le sens de l’histoire une population mondiale croissante mais vivant mieux. Nous allons dans un premier temps l’expliquer.
La croissance de la population mondiale vient d’un phénomène nommé transition démographique. La baisse de la mortalité tandis que la natalité s’ajuste très lentement produit un excédent de croissance démographique.
Au XIXème siècle ce fut le tour de l’occident. Au XXème siècle celui de l’Asie et de l’Afrique.
Au XXIIème siècle la population stabilisée autour de 11 milliards retrouvera probablement les proportions qu’elle avait avant la transition démographique. Le sens de l’histoire est donc que l’occident va retrouver une place moindre que celle dont il y a joui ces deux derniers siècles du simple fait du rééquilibrage démographique. Nous devons avoir cette évolution historique en tête.
Pourtant tout n’est pas que le nombre d’hommes. L’Asie et L’Afrique font toutes deux leur transition démographique pourtant l’Asie a connu une meilleure croissance que l’Afrique parfois décrite comme un continent à la dérive. Cela va nous conduire à mettre en évidence un second point : Comment malgré la croissance démographique les humains vivent-ils mieux ?
Normalement le pasteur Malthus nous l’a bien expliqué : Trop de croissance démographique mène á mettre en œuvre des terres de moindre qualité et donc le rapport entre travail et rendement décroit. Donc la famine guette qui ramènera la population au point de départ. Le brave pasteur avait surement imaginé avoir trouvé la martingale en terme d’idée pour vendre l’idée de l’abstinence sexuelle seul moyen de contraception acceptable á ses yeux.
Malheureusement pour lui comme tous les prophètes de malheur il avait tort. La pression démographique à pousser l’homme à améliorer l’art agraire. Pendant que Malthus consacrait son énergie à nous annoncer que nous allions tous mourir, les physiocrates eux cherchaient des solutions pour augmenter les rendements. Cette aventure s’est reproduite à de nombreuse reprise et aujourd’hui encore certains consacrent leur énergie à nous annoncer que nous allons tous mourir. Mais l’important est ailleurs, pourquoi les rendements ont-ils été améliorés. Nous ne nous lancerons pas ici dans des études agronomiques, mais nous pouvons résumer de la manière suivante : Les progrès des arts agronomiques n’ont été possible que par l’engagement des investissements et de quantités d’intrants très supérieures à l’historique.
Et tout cela il a fallu le fabriquer. Le progrès agricole va donc de pair avec le progrès mécanique et l’ensemble ne fonctionne que parce que le capital a grandi plus vite que la population ce qui a permis á la productivité de progresser. De telle sorte que la production croisse plus vite que la population.
L’Asie pour des raisons historiques : irrigation par le capital fuyant la Chine après la victoire communiste, investissements directs de l’occident pour lutter contre le communisme et de gros efforts locaux. L’Asie a réussi à assurer une croissance du capital supérieure à sa croissance démographique qui lui a permis de voir sa productivité par habitant croitre.
L’Afrique elle, a au moment de sa décolonisation vu sa transition démographique s’engager très rapidement et violement tandis que la capacité á générer une croissance du capital n’a pas suivie.
Pourtant il ne faut pas désespérer. Le taux de fécondité africain diminue ce qui montre que la transition démographique africaine est aussi en train d’entrer dans sa seconde phase. Donc petit á petit l’Afrique va mécaniquement parvenir à un stade où la croissance du capital dépassera aussi celle de la population. Evidement nous parlons là d’un phénomène qui prendra une longue durée.
Le sens de L’histoire actuelle est donc la gestion de cette transition démographique et de celle du capital.
Elle implique donc plusieurs conclusions :
-L’occident va perdre une partie de sa prééminence. Seule une politique sérieuse de génération de capital permettant à l’homme occidental d’accroitre sa productivité par tête permettra à celui-ci d’avoir une importance supérieure à celle que lui vaudrait sa participation à la population mondiale.
- La population mondiale est attendue en stabilisation et en légère réduction à partir du début du XXIIème siècles. A partir de ce moment la croissance du capital par tête pourra être continue. Le prochain siècle devrait donc être une ère de progrès humain sans précédent.
Cette analyse se fonde sur les études démographiques récentes (Notamment celle de l’ONU). Faire des prévisions à si long terme peut sembler ambitieux, mais la démographie est une science relativement fiable pour donner des tendances de prévisions de long terme.
NB Référence :
http://homepages.ulb.ac.be/ jmdecrol/Upload_enseignement/SOCAD304_Ch9PP.pdf
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