Démographie : l’orpheline de la convention nationale citoyenne pour le climat
La convention nationale citoyenne pour le climat avait pour objectif de définir des mesures qui seront soumises soit au référendum, soit vote du parlement, soit appliquées par voie réglementaire. Composée de 150 membres tirés au sort, l’objectif est de parvenir à une réduction des gaz à effet de serre d’au moins 40 % d’ici 2030.
Rappel des Thèmes et objectifs de cette convention citoyenne nationale pour le climat
Les thèmes soumis aux 150 participants portaient sur :
- les modifications de la Constitutions et des institutions
- Se loger
- Se nourrir
- Consommer
- Se déplacer
- produire et travailler
Pour organiser ses travaux, la convention pouvait compter sur le soutien d’un comité de gouvernance, d’experts techniques et juridiques et de professionnels de la participation et de la délibération collective. Certain(e)s se sont d’ailleurs inquiété(e)s de la présence au comité de gouvernance d’une lobbyiste du secteur minier (gros émetteur de CO2) qui est également une représentante du Medef et membre du CESE ( https://reporterre.net/Une-lobbyiste-de-la-pollution-au-coeur-de-la-convention-pour-le-climat?fbclid=IwAR1Zydas1MQ7Eenp0K3Z9Kr2kCXNjmw2vQLM6z-VUrI5mEWrFvV19-FaZdU )
Les propositions pour les différents thèmes qui sont faites s’inscrivent dans un objectif de réduction d’au moins 40 % des émissions de gaz à effet de serre d’ici à 2030 par rapport à 1990, dans une logique de justice sociale. A lire également : les 150 propositions de la convention citoyenne pour le climat)
Les émissions de gaz à effet de serre étant aussi le produit des émissions individuelle dues au nombre d’individus qui ne cesse d’augmenter, il est surprenant que le thème de la démographie fut absent
Il nous a fallu plus de 200 000 ans pour atteindre 1 milliard d’humains (1800 ans de notre ère). Puis à peine plus de 200 ans seulement pour arriver à 7,7 milliards. Elle se situait autour de 3 milliards en 1960, elle a grimpé rapidement dans les trois décennies suivantes, pour franchir la barre des 5 milliards dès 1987...En 2009 nous étions 6,7 milliards d’habitants, en 2019 (10 ans plus loin) nous sommes 7,7 milliards et sauf grave pandémie, accident nucléaire majeur ou télescopage avec un astéroïde, les 8 milliards seront probablement atteints en fin 2020, début 2021, soit une augmentation d’un milliard d’habitants en une décennies. Si ce rythme se poursuivait ainsi, en 2050 il y aurait 11 milliards d’habitants… Et 16 milliards en 2100 soit une augmentation de 10 milliards en un siècle. (6 milliards en 2000).. Si on y ajoute la perte annuelle moyenne de 100 000 km² de terres arables, qui correspond à l’étude de B. SUNDQUIST de l’institut du Minesota, étude un peu ancienne, mais toujours d’actualité et nullement contestée par les experts du climat. C’est, par exemple, la superficie totale de la France qui disparaît tous les 5 ans… Et en 40 ans, c’est presque la totalité de la superficie des 27 pays actuels de l’UE, plus la Grande Bretagne qui en sort… Si l’on ne rectifie pas en urgence la trajectoire, mais n’est-il pas déjà trop tard, nous subirons inévitablement les situations d’effondrement évoqués par les collapsologues ( https://www.linfodurable.fr/environnement/collapsologie-pour-pablo-servigne-il-est-primordial-dapprendre-de-nos-erreurs-17387 )
En France, la population augmente en moyenne d’un peu plus de 200 000 habitants par an (l’équivalent de la ville de Montpellier), avec un rythme moyen annuel de perte des surfaces agricoles de 60 000 hectares (ou 600 km²) ; Sachant que selon le gouvernement, l’ADEME et le Ministère de la transition écologique, ces institutions ont estimé que le bilan carbone d’un Français était de 12 tonnes d’équivalent CO2 par an. Soit un rejet en progression annuelle lié à l’augmentation de la population de 2,4 millions de tonnes. Pour rappel, en théorie on ne devrait pas dépasser de 1,2 à 2 tonnes de CO2
définition de la tonnes d'équivalent CO2 par habitant
Selon Eurostat, cet indicateur mesure le total national d’émissions de gaz à effet de serre contenus dans le « panier de Kyoto », incluant le dioxyde de carbone (CO2), le méthane (CH4), l'oxyde nitreux (N2O) et les gaz dits fluorés (hydrofluorocarbures, perfluorocarbures, trifluorure d'azote (NF3) et hexafluorure de soufre (SF6)). Utilisant le potentiel de réchauffement planétaire (PRP) de chaque gaz, ils sont regroupés en un seul indicateur exprimé en unités équivalent CO2. Les données d’émissions sont fournies annuellement par les Etats membres de l’UE dans le cadre du rapport sous la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (CCNUCC).
La population moyenne pour l’année de référence (calculée comme la moyenne arithmétique de la population au 1er Janvier de deux années consécutives) est utilisée comme dénominateur (par habitant).
L'indicateur ne comprend pas les émissions et les absorptions liées à l'utilisation des terres, au changement d'affectation des terres et à la foresterie (UTCATF) ; il ne comprend pas non plus les émissions reportées comme « pour mémoire » selon les directives de la CCNUCC mais comprend bien les émissions de l'aviation internationale ainsi que les émissions indirectes de CO2.
Vu l’impact démographique sur le climat, ne pas avoir intégré ce thème peut paraître un non sens qui soulève une réaction justifiée de l’association « Démographie Principale » DR.
Par un communiqué qu’elle doit adresser, notamment à Mme. Borne, Ministre de la Transition Écologique et Solidaire, l’association Démographie Responsable regrette que la question démographique n’ait pas fait l’objet d’un thème dans les travaux de la Convention. Ainsi, son porte-parole Mr. Didier Barthès (http://institutmichelserres.ens-lyon.fr/spip.php?article483 ) écrit :
« L’association Démographie Responsable déplore que la Convention Citoyenne pour le Climat ait totalement ignoré la démographie dans l’ensemble de ses préconisations.
- Alors que les émissions globales de CO2 sont le produit des émissions individuelles par le nombre des hommes et que donc la démographie constitue un facteur déterminant pour la préservation du climat, tout autant que les éléments liés au mode de vie.
- Alors qu’une étude publiée en 2017 dans l’Environmental Research Letters et relayée en France par l’AFP montrait que parmi toutes les mesures destinées à limiter le réchauffement climatique, le fait d’avoir un enfant de moins était, de très loin, la plus efficace.
- Alors que, parce que l’évolution démographique présente une grande inertie, il est d’autant plus nécessaire d’agir au plus tôt.
- Alors que la France gagne environ 200 000 habitants par an et que de nombreuses personnes, conscientes de l’enjeu, avaient soumis à la Convention plusieurs préconisations suggérant la prise en compte de la démographie.
La Convention Citoyenne pour le Climat n’a pourtant consacré aucune de ses 149 mesures à la stabilisation nécessaire de la population.
Le sujet reste tabou et nous nous privons ainsi d’un levier essentiel pour agir contre le réchauffement climatique et préserver la vie des générations futures ainsi que la nature déjà grandement impactée. »
Une croissance démographique exponentielle, par ailleurs, très inégalement répartie
Cette association spécialiste des questions démographiques ne cesse d’interpeller sur l’impact écologique et climatique d’une croissance exponentielle de la démographie, même si elle présente cependant d’importantes variations régionales.
Avec une population qui a été quasiment multipliée par cinq, pour passer de 227 millions d’habitants en 1960 à plus d’un milliard en 2018, l’Afrique subsaharienne est la région qui a enregistré la plus forte croissance. Elle est suivie de la région Moyen-Orient et Afrique du Nord, dont la population a quadruplé, passant de 105 à 449 millions d’habitants.
Sans une décroissance choisie et équitable, selon les projections, la population mondiale va continuer de croître et avoisiner les 10 / 11 milliards d’habitants en 2050. Tandis que l’accroissement de la population marquera nettement le pas dans le reste du monde, le nombre d’habitants en Afrique subsaharienne devrait plus que doubler d’ici à 2050, pour atteindre et dépasser les 2,2 milliards d’habitants (soit dix fois plus qu’en 1960).
La part du continent Africain dans la population mondiale devrait donc augmenter, pour s’établir selon les projections à 23 / 25 % de la population mondiale en 2050, contre 7 % seulement en 1960 et 14 % en 2018. Près d’un habitant sur quatre vivra en Afrique subsaharienne en 2050, alors que cette proportion était de un sur 13 en 1960.
Il convient toutefois de souligner que les pays les plus impactant sur le plan écologique et climatique que sont l’Europe (UE + Russie et autres pays) et les USA aient eu une progression démographique sensible, bien qu’ils représentent 14,6 % de la population mondiale en 2019 (4,8 % pour les USA, 9,8 % pour l’Europe), quand en 1960, les USA représentaient 6,8 % et l’Europe 20 % de la population mondiale ( soit un total de 26,8%). Imaginons si cela avait été l’inverse. Sauf que la population Mondiale était de 3 milliards d’habitants en 1960 et 7,8 milliards en 2019. Ce qui signifie par exemple que pour l’ensemble de l’Europe cela faisait 20 % de la population mondiale de 3 milliards soit 600 millions d’habitants, quand en 2017 avec 9,8 % de 7,4 milliards cela représentait 725 millions, soit quand même une progression de 125 millions d’habitants.
Pour conclure
Sans être catastrophiste, il est toutefois regrettable et très dommageable que la question démographique n’ait pas retenue l’attention des organisateurs de la convention nationale citoyenne pour le climat, alors que cette question, sous ses différents aspects, présente un enjeu sociétal majeur et aujourd’hui un péril réel pour la planète.
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