Démographie, numérique et dette, le triptyque absent des débats présidentiels !
Qu’il s’agisse des candidat(e)s aux primaires « ouvertes » ou « fermées », de même pour celles et ceux qui ne passent pas par des primaires, on ne peut pas dire qu’au cours de leurs débats de pré-campagne électorale, ces candidat(e)s évoquent le triptyque « démographie, numérique, dette », alors que ce triptyque va affecter profondément nos sociétés.
« En politique, ce qu’il y a souvent à apprécier et à comprendre c’est ce qui se passe sous nos yeux de plus difficile » Alexis de Tocqueville
La problématique démographique
Avec une population qui a augmenté d’un milliard d’habitants au cours de la décennie 2009-2019, passant de 6,7 milliards en 2009 à 7,7 milliards en 2019 et une perte de terres arables estimée à environ 100 000 kms² par an, cela pèse considérablement sur les ressources naturelles. Par exemple, la demande en eau douce a augmenté de plus de 64 milliards de mètres cubes par an pendant cette période. Il est physiquement impossible de poursuivre dans cette voie. Faute d’aborder la question démographique et de prendre des mesures préventives adaptées, nous filons vers l’abîme… Les pandémies, aussi nombreuses et violentes soient-elles, n’ont et ne devraient avoir pratiquement aucun impact sur l’évolution démographique, car l’homme échappant aux lois de la sélection naturelle, par sa capacité de découvertes en médecine, réussi toujours à enrayer ces pandémies.
Exclue totalement des pensées des candidat(e)s, alors qu’avec près de 68 millions d'habitants la France (deuxième pays le plus peuplé de l’Union européenne, derrière l’Allemagne 83 millions) n’échappe pas à la problématique population - territoire. C’est plus de douze millions d’habitants qu’en 1981, et plus de vingt deux millions de plus qu’en 1960, avec une perte annuelle de près de 66 000 hectares de terres agricoles depuis 1980, soit 660 km² ( plus que le territoire de Belfort 609 km²). Ne pas oublier que la France vit exclusivement de ses importations de pétrole, de gaz, uranium et minerais divers... Nos capacités d’autonomie énergétique sont quasi-inexistantes alors que nos besoins sont démesurés. A ce rythme de croissance démographique, pourra-t-on encore longtemps dépendre du pillage du reste du monde pour sauvegarder notre niveau de vie ? Que se passera-t-il lorsqu’on ne pourra plus drainer des ressources d’autres régions de la planète ? Voir l’association « Démographie Responsable (DR) », dont le travail de recherche et de vulgarisation est très enrichissant concernant la question démographique : https://www.demographie-responsable.org/qui-sommes-nous.html également les écrits de l’auteur Michel Sourouille dans sa revue « Biosphère » : https://biosphere.ouvaton.org/blog/author/biosphere/
Par son nombre, l’homme affecte de très nombreux événements météorologiques et climatiques
Il y a désormais une certitude, l’Homme par son nombre affecte de très nombreux événements météorologiques et climatiques extrêmes (vagues de chaleur, pluies torrentielles, sécheresses, cyclones tropicaux…), rendus plus fréquents, plus intenses et qui ne peuvent que s’amplifier. Sans compter la 6e extinction des espèces, dont l’homme, contrairement aux cinq précédentes, est le seul responsable.
Faut-il rappeler que le rapport du GIEC estime, par exemple, que les pluies extrêmes vont grimper de 7% à chaque degré supplémentaire. Pour Alok Sharma le président de la COP26 qui se déroulera à Glasgow en Novembre 2021, ce rapport est « l’avertissement le plus sévère » jamais lancé sur le fait que le comportement humain accélère de manière alarmante le réchauffement climatique ».
Nul doute que le dérèglement climatique aidant et l’épuisement ressources fossiles qui vont devenir de plus en plus chères, on peut s’attendre à une prolifération de conflits régionaux et des vagues migratoires vers l’Europe très importantes. Des mesures préventives d’urgence doivent être prises, mais encore faudrait-il que nos candidat(e)s à la fonction suprême dans notre pays s’en préoccupent...
On peut dès lors regretter que cette problématique n’effleure la moindre pensée de nos candidat(e)s présidentiel(les), y compris chez EELV qui se réclame de l’écologie, dont ils en sont d’ailleurs éloignés.
Le numérique, autre problématique délaissée voire totalement ignorée par les candidat(e)s
Il est évident que la nouvelle révolution numérique offre des avantages concernant, notamment, la réduction des mobilités domicile- travail avec le travail à distance (télétravail) qui permet de réduire l’usage de la voiture. A cet effet, il faudrait encourager la mise en place d’espaces « coworkings » en toujours plus grand nombre pour une pratique plus aisée et plus importante du télétravail, car ces espaces individuels au plus près du domicile dans un un ensemble collectif offrent les avantages de sociabilité au travail qui existent en entreprise et supprime les inconvénients du télétravail à domicile. Se retrouver autour d’une machine à café ou autour d’un casse-croûte est un temps de convivialité que l'on ne peut retrouver au au domicile.
On peut comprendre aussi que cette nouvelle « révolution numérique » des mégas données suscite des craintes justifiées, tant sur le plan économique et sociétal, voire culturel, ainsi que sur le plan environnemental et énergétique. N’oublions pas que les terres rares (qui ne le sont pas toutes) dont sont issus les métaux rares indispensables aux « intelligences artificielles », mais aussi à l’éolien et au photovoltaïque, ou à la voiture électrique, dont la production de la majorité de ces véhicules relève d’une aberration, sans compter l’usage quotidien des ordinateurs, smarphone, télévision, appareils ménagers etc. sont une ressource fossile qui n’est pas inépuisable. Quand on sait que la Chine détient plus de 90 % de la production mondiale et se trouve en bonne position pour exploiter celle de l’Afghanistan des Talibans, on peut imaginer les difficultés qui nous attendent...
A terme des entreprises robotisées fonctionneront sans intervention humaine
Avec le changement de statut des robots par internet et l’interconnexion entre eux, aujourd’hui on peut faire fonctionner des entreprises (dites entreprises 4.0) sans peu d’intervention humaine, ce qui va s’amplifier demain avec la 5 G et l’informatique quantique.
A terme, par les robots avec leur interconnexion et internet, les entreprises seront totalement dispensées d’intervention humaine. Les nouvelles habitudes d’achat et des nouveaux moyens de livraisons (notamment par drones) vont inévitablement y contribuer.
Les effets en perspective de cette nouvelle révolution numérique
Faut-il rappeler qu’aujourd’hui on est en mesure de confier des taches sélectives de décision, notamment, pour la justice, la médecine, l’enseignement, mais aussi faire déplacer des véhicules sans chauffeur ou des drones-taxis sans pilote, y compris faire fonctionner des usines sans aucune intervention humaine grâce aux interconnexions de l’intelligence numérique entre les machines, avec toutes les conséquences d’éthique que cela suppose. Par exemple, s’agissant de la justice on peut rappeler que pour désengorger les tribunaux, lorsque cela ne relève pas de décisions concernant des jugements dans des situations complexes, où elles doivent être prises en « son âme et conscience », les robots peuvent très bien suppléer les magistrats pour prononcer des sanctions en fonction de critères très précis.
Dans tous les domaines : entreprises, services, santé, hôpitaux, enseignement, transports, militaires etc. désormais « l’Intelligence artificielle « s’installe partout avec des applications de substitution totale de l’intervention humaine aux robots par phases successives. Il est évident que l’intelligence artificielle va susciter des espoirs, parfois surréalistes, mais aussi des craintes apocalyptiques, dont certaines peuvent être justifiées, compte tenu de notre culture actuelle et du recours trop réactif à la violence.
Une évolution maîtrisée serait beaucoup plus efficace si elle est effectuée par étapes
Avoir une vision à plus long terme suppose aussi des mesures préventives par paliers. C’est indispensable si l’on veut éviter une fracture sociétale brutale et gagner du temps, car nul doute que de nouvelles activités, aujourd’hui insoupçonnables, apparaîtrons et plus compatible avec l’évolution de cette nouvelle révolution numérique qui va s’imposer. Au début des années 1990 nous ne pouvions imaginer l’existence des plateformes numériques et leur impact sur notre vie quotidienne actuelle, bien qu’elles puissent soulever d’autres problématiques, notamment sur le plan social.
Alors que la nouvelle révolution des « intelligences artificielles » va inévitablement nécessiter des activités dans le domaine de la production robotique, de la recherche et du traitement des déchets du numérique, la France devrait y avoir un rôle stratégique en jouant un rôle dynamique au sein de l’Union Européenne…
Attention ! si on se réfère aux experts du forum économique mondial de Davos, avec la nouvelle révolution numérique, nous entrons dans une quatrième révolution industrielle, dont leur crainte, si rien n’est entrepris par le pouvoir politique, c’est qu’à terme, les entreprises qui vont de plus en plus fonctionner avec très peu, d’intervention humaine, se traduira par plus de 5 millions de chômeurs supplémentaires en Europe en 2025 …
Il est regrettable et fort dommageable que cette nouvelle révolution numérique soit occultée des débats présidentiels par les candidat(e)s, alors que son évolution va impacter durablement notre vécu sur le plan culturel, sociétal, économique, environnemental et en approvisionnement des métaux rares.
A propos de la dette, l’autre problématique délaissée également par les candidat(e)s présidentiel(le)s
Pour rappel : À la fin du premier trimestre 2021, la dette s’établit à 2 739,2 Milliards d’€uros, soit 118,2 % du PIB. Après la diminution du quatrième trimestre 2020 (−23,7 Md€), la dette a augmenté nettement au cours de ce trimestre (+89,0 Md€), en partie pour financer les mesures de soutien liées à la crise sanitaire et le plan de relance. Près de la moitié de cet endettement alimente par ailleurs la trésorerie des administrations publiques, principalement celles de l’État et de l’Acoss. De ce fait, la dette nette des administrations publiques augmente moins fortement (+ 48,3 Md€) au premier trimestre pour s’établir à 104,0 % du PIB.
Au premier trimestre 2021, la contribution de l’État à la dette publique augmente de 61,3 Md€. L’État émet principalement des titres négociables de long terme (+57,8 Md€) et dans une moindre mesure des titres de court terme (+5,0 Md€). Par ailleurs, les dépôts des correspondants au Trésor diminuent de 1,5 Milliard d’€uros.
La contribution à la dette brute des administrations de sécurité sociale (Asso) s’accroît également (+26,3 Md€). L’Acoss s’endette de 9,3 Milliards d’euros, via l’émission de titres de court terme. La dette de la Cades augmente de 16,6 Md€ principalement sous la forme de titres négociables de long terme (+18,2 Md€), tandis que son encours de titres à court terme diminue (−2,2 Md€). Lors de ce trimestre, la Cades a versé 8,7 Milliards d’euros à l’Acoss au titre des reprises de dettes de la Cnam et du FSV.
Optimisme et « roulette Russe » ?
Le ministre de l’économie, Bruno Le Maire affirmait en 2020 que la France est loin du gouffre : notre pays reste considéré comme « sûr » par les investisseurs. Les taux d’intérêt qu’ils nous réclament actuellement sont très bas, voire même négatifs dans certains cas, ce qui signifie qu’on nous paie pour nous prêter de l’argent ! nous n’avons pas de difficulté à lever de la dette ». Sauf qu’à y regarder de plus près, c’est tout de même 2% du PIB d’intérêts payés, et « la modique somme » d’environ 40 milliards d’euros qui vont chaque année dans les poches des créanciers. Avec l'annulation d'une partie de cette somme considérable, cela permettrait d'améliorer l’état des services publics qui connaissent de réels déficits de moyens pour assurer leur missions, comme l’éducation, la recherche, la santé, la culture…
Comme pour le ministre de l'économie Bruno Le Maire, même ton rassurant du côté des agences de notation, ces cabinets d’analyses privés très suivis par les marchés financiers, qui notent Etats ou entreprises en fonction de leur risque de faire faillite : elles estiment que les perspectives de la France sont stables. Mais jusqu’à quand ?
Le ministre n’omet-il pas, par ailleurs, de dire que la BCE, auprès de laquelle les Etats Européens n’ont pas le droit d’emprunter, ne tire pas ses ressources en empruntant aux banques, mais plutôt en leur prêtant. Et de rappeler que ces banques qui vont alimenter les marchés financiers, auprès desquels les Etats vont emprunter, obtiennent des prêts de long terme, leur permettant de bénéficier d'un taux proche de 0 %, voire négatif.
Le réveil ne risque-t-il pas d’être brutal quand il faudra rembourser ?
On ne pourra faire l’impasse sur le remboursement de la dette qui est abyssale et va encore progresser durablement, mais alors comment pourrait-on faire ?
- faire des coupes budgétaires (pour baisser ses dépenses) c’est à dire une forte politique l’austérité, ce qui semblerait inévitable ?
- augmenter les impôts (pour accroître ses recettes) ?
- s’endetter auprès de créanciers disposés à lui prêter de l’argent pour rembourser une partie de la dette ? Mais là n’est-ce pas s’engager encore plus dans des processus de cavalerie, ce qui est en partie le cas aujourd’hui et dans ce cas ces milliards qui « viennent du futur », ce sont les futures générations qui vont payer la note »…
-négocier avec les créanciers pour allonger la durée des remboursements ? Mais là encore ce sont les prochaines générations qui seront mises à contribution.
- parvenir à alléger la dette en réduisant les remboursements des taux d’intérêts ou en annulant une partie de la dette ?
Face aux problématiques de ce dossier, que des candidat(e)s présidentiel(le) ne s’y attardent pas par des analyse objectives et des propositions alimentant un débat, cela relève de l’irresponsabilité.
Par ailleurs, il ne faut pas négliger la transition écologique, avec les indispensables efforts à faire. A cet effet, l’ancien vice-président senior de la Banque mondiale a évalué à environ 2% du PIB chaque année, soit près de 46 milliards d'euros par an dans le cas de la France. Ces évaluations s’appuient sur des efforts à faire bien en deçà de ce qui serait réellement nécessaire…
Parmi les recettes fiscales à envisager, les très riches doivent faire un effort de solidarité
Pour rappel : Les député(e)s, bien qu’ils soient très peu nombreux dans l’hémicycle, avaient voté le 20 Octobre 2017 la réforme de l’ISF par 77 voix pour et 19 députés contre.
La suppression de l'impôt sur la fortune (ISF), avec son assise sur le seul immobilier avait soulevé les objections que l'ont sait, et un manque à gagner de 5 milliards d’euros. le rétablissement de l'ISF fût par ailleurs une demande constante exprimée, lors du grand débat national et n’est-il pas possible de le rétablir, sous une forme différente au vu de la situation ?
Une action solidaire des plus riches est indispensable en regard de la dette
Vu la situation exceptionnelle liée à la crise sanitaire et les contraintes budgétaires à venir, s’il ne s’agit pas de rétablir l’impôt sur la fortune (ISF) sous sa forme initiale, Il serait toutefois souhaitable d'établir une contribution solidarité richesse. Pour son calcul, hors immobilier, elle réintégrerait les biens somptuaires qui ont été exclus avec le transfert de l'ISF à l'IFI (yachts, jets privés, chevaux de course, voitures de luxe, lingots d'or...) ainsi que que la suppression de la dispense des prélèvements sur les dividendes des actions.
Il faudrait toutefois relever les seuils qui étaient de 1,3 millions d'euros pour l’ISF, et le sont actuellement pour l’IFI, à 3 millions d'euros. Comme pour l’ISF, le montant de la contribution solidarité (CSR ) n’excéderait pas 75 % de l’impôt sur le revenu. Le montant des actions par mécénat divers serait déduit du montant de la fortune.
L'ISF était payé par environ 350.000 foyers pour une recette de 5 milliards d’euros, ce qui correspondait à une moyenne de 14 285 euros par foyer fiscal qui y était soumis. Sur cette base de l’ISF, Si 200 000 foyers étaient concernées, cela ferait une recette fiscale d’environ 3 milliards d’euros, ce qui n’est pas à négliger
la contribution solidarité richesse (CSR) doit être perçue comme une action solidaire de la part des très riches et non comme un impôt avec ses contraintes et limitée dans le temps. A cet effet elle ne saurait être pénalisante, afin d’éviter de rééditer la période pendant laquelle s’appliquait l’ISF où environ 10 000 contribuables soumis à l’ISF avaient quitté le territoire national, sachant également que ces 10 000 personnes, si elles n’ont pas acquitté l’ISF, elles n’ont pas acquitté également l’impôt sur le revenu, c’était un manque à gagner important pour le budget de l’Etat.
Pour conclure
Une fois de plus lors d’une élection nationale de la plus haute importance, le triptyque : démographie - révolution numérique - remboursement de la dette risque fort d’être passé sous silence, alors que cela relève des enjeux sociétaux fondamentaux de notre époque. A partir du moment où l’on met sous le tapis lors de l’élection présidentielle ces problématiques, on ne peut que s’interroger et être très pessimiste pour l’avenir.
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