Départ des Verts du gouvernement, c’est pour quand ?
Les deux ministres EELV vendront chèrement leur peau.
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Après les contorsions sémantique de Cécile Duflot au 20 heures de France 2, on se demande quelle sera la position finale des Verts sur le traité... Mardi 25, ou au plus tard mardi 2 octobre, le groupe des députés EELV doit se décider, selon son chef de file, François de Rugy.
Comment en est-on arrivé là ?
Le 15 novembre 2011, le PS et EELV nouaient un accord électoral incroyablement favorable aux écologistes. Ce "contrat de mandature", assez hardi sur le nucléaire, assurait entre autres, sur le plan électoral, une soixantaine de circonscriptions protégées (c’est à dire sans candidat socialiste) pour les écologistes aux législatives.
Finalement grâce à cet engagement pour le moins hâtif - si l’on songe aux scores électoraux réels de EELV obtenus par la suite - le parti des Verts a obtenu 17 députés (qu’ils n’auraient jamais eu sans l’accord électoral) et deux ministres : la secrétaire nationale d'EELV, Cécile Duflot et le député européen Pascal Canfin.
Mais ça se gâte très vite : trois semaines après sa nomination, Mme Duflot suscite une première polémique. S'exprimant le 5 juin en tant que secrétaire nationale d'EELV, la nouvelle ministre défend la légalisation du cannabis, alors que le candidat Hollande s'était déclaré opposé à sa dépénalisation pendant la campagne. "Je sais que ce n'est pas la position du gouvernement, mais là, je suis la secrétaire nationale d'EELV, et je dis quelle est notre position", précise Mme Duflot.
Le 20 juin, le ministre chargé des relations avec le Parlement, Alain Vidalies, suscite la colère de responsables et de militants d'Europe Ecologie-Les Verts en déclarant qu'étant associés au gouvernement, les députés écologistes auraient à l'Assemblée "la liberté d'expression, mais pas la liberté de vote".
Les 8 et 9 août, plusieurs évacuations de campements roms font monter au créneau EELV. Le parti dénonce des initiatives qui "contredisent brutalement une des promesses" du président Hollande. Pour la députée européenne écologiste Hélène Flautre, les expulsions de Lille rappellent "de sinistres souvenirs".
Le feuilleton estival ne s’arrête pas là. Le ministre du redressement productif suscite de nouveau la colère des écologistes en déclarant le 26 août qu'il ne faut pas "abandonner le nucléaire", qui "est une filière d'avenir". Noël Mamère dénonce "une provocation", et réclame un démenti de M. Hollande. Embarrassée, Mme Duflot préfère éviter la riposte directe, et souligne que "l'essentiel, ce sont les actes",
Et François Hollande dans tout ça ? Après la polémique autour du nucléaire, le chef de l'Etat a donné des gages aux écologistes en annonçant lors de la conférence environnementale, le 14 septembre, la fermeture de la centrale de Fessenheim pour 2016 et le rejet de sept permis d'exploration de gaz de schiste. Concernant le nucléaire, le président de la République a rappelé sa volonté de réduire la part de l'atome dans la production d'électricité de 75 % à 50 % d'ici à 2025. Il semble donc que pour l’instant l’affrontement soit évité. Mais des questions béantes de fond restent à résoudre, et il parait peu probable que tout ceci continue longtemps. Voici pourquoi.
A / Le traité qualifié jadis de “Merkel Sarkozy” et condamné comme tel par un certain Hollande François, par le PS, par EELV, par la gauche Mélanchonienne, etc. est strictement celui que va signer sous peu le Président Hollande, à une vague nuance cosmétique près (un vague appel à la croissance, totalement incantatoire et périphérique). Ce traité oblige tous les états signataires à pratiquer la rigueur, abborhée par l'aile gauche du PS et EELV.
B / Réduire le nucléaire - fer de lance de l’industrie Française - contraindrait à immoler une des seules filières industrielles performantes de notre pays. Les dégâts seraient incalculables, et évidemment que cela ne sera pas mise en œuvre tel qu’énoncé pendant la campagne électorale.
C / La structure même des Verts ( parti minuscule, traversé par des guerres internes incessantes) et sa disproportion de représentation en élus - par la bonne volonté du PS - fait que même s’il ne représente pas grand chose en terme d’électeurs, sa capacité de nuisance aujourd’hui est très grande : fragilisé par des sondages inquiétants, l’exécutif ne peut se permettre, en réalité d’élever la voix pour le moment. Mais à terme c'est une position intenable.
Il y a fort à parier qu’un divorce est en vue. Toute la question sera dorénavant pour les deux parties de le négocier par avance, avec le maximum de profits.
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