Départementales : je ne voterai ni PS ni UMP... à cause d’une retraite qui s’éloigne
Voici pourquoi je ne voterai ni PS ni UMP aux élections départementales : pour une histoire de retraite qui est repoussée sous prétexte de trimestres non validés.
Quel rapport entre la retraite et les départementales ? Comme ni eux ni nous ne connaissons les compétences des futurs élus, ils ne savent pas pourquoi ils veulent être élus, ils sauront au moins pourquoi ils ne le sont pas.
Il y a longtemps, longtemps, j'étais jeune à l'époque - c'est dire - je suis entré dans la vie active avec un diplôme qui m'a donné droit à pointer au chômage ou à exercer des petits boulots. Quand j'ai vu une offre de stage en informatique, je me suis dépêché de postuler, et, avec une lenteur toute administrative, j'ai reçu une invitation pour des tests de sélection puis l'accès à près d'un an de formation, stage en entreprise compris.
Comme j'avais travaillé auparavant, j'avais droit à des indemnités.
Bien plus tard, quand j'ai consulté mon relevé de carrière de la CNAV (Caisse Nationale d'Assurance Vieillesse), j'ai constaté qu'un seul trimestre avait été validé pour cette année. Je pensais qu'une régulation corrigerait cette incongruité.
L'heure de la retraite semblant approcher, j'ai réclamé les trois trimestres manquants, mais ce n'était qu'un faux-semblant, l'heure était encore loin.
L'Assurance-retraite m'a demandé des informations que je me suis procurées chez l'organisme de formation.
Après un délai administratif habituel, un courrier m'a donné les éléments réclamés que je me suis empressé de transmettre :
- diplôme
- durée de la formation
- sommes perçues, qui étaient légèrement supérieures au smic et qui m'encourageaient à penser à la valorisation des trimestres,
- etc.
Dès qu'elle a eu toutes les pièces en main, la dame de l'Assurance-Retraite m'a fait alors un bras d'honneur épistolaire en prétextant que de toute façon, quelque sommes que j'ai pu recevoir et quelque informations qu'elle m'ait demandées, le stage offrait une indemnité suffisante pour les soins médicaux de l'époque mais était affublé d'une cotisation si ridicule vis à vis de la retraite qu'il n'ouvrait le droit qu'à un trimestre maxi par an, et encore.
Sans trop d'illusion, j'ai trouvé sur internet le site d'un syndicat. Contacté, il a pavoisé en claironnant qu'il venait de signer un accord avec le gouvernement, mais que cet accord ne serait valable qu'à partir des stages suivis cette année. ... Les connaissant (syndicats et gouvernements), je m'attends à ce que cet accord soit dénoncé quand les stagiaires actuels partiront en retraite. J'ai posé une question supplémentaire, mais j'attends toujours la réponse. Ou plutôt, je ne l'attends plus, persuadé de ne jamais la recevoir.
J'avais envoyé une lettre à l'assurance retraite avec les arguments suivants, en me référant :
- à la Diffusion des instructions ministérielles 2014-2 du 27 mars 2014 de la Caisse nationale d'assurance vieillesse, qui s'appuie sur la lettre ministérielle n° D3564/2013 du 21 mai 2013 relative à la constitution des droits à retraite des bénéficiaires de la rémunération de fin de formation ; la note technique de la direction juridique et réglementation nationale.
- et sur son analyse :
« . [...]. Cette formation doit permettre d’acquérir une qualification reconnue au sens de l’article L. 6314-1 du code du travail en vue d’accéder à un emploi pour lequel sont identifiées des difficultés de recrutement. [...] La RFF donne lieu au report de salaires forfaitaires et à validation de trimestres en application de l’article L. 6342-3 du code du travail. »
Voici par ailleurs ce que j'ai trouvé sur un forum.
Question de Gérard.
Je cherche à savoir comment les revenus perçus au titre de la formation professionnelle sont pris en compte par la CNAV pour calculer le salaire annuel de l’année concernée ? Où trouver la valeur des forfaits horaires appliqués ? Aucune instance de la Cram (Carsat) n’a pu m’apporter cette réponse pour l’instant.
Réponse.
Dans le cas des stagiaires de formation permanente ce ne sont pas les rémunérations réelles reçues par les stagiaires qui sont prises en compte mais un salaire forfaitaire. En effet, pour faire des économies, l’État a décidé de cotiser pour eux sur la base d’un forfait.
En assurance maladie cela n’a pas eu d’incidence car le forfait était suffisant pour garantir l’ouverture des droits. Mais en assurance retraite le principe est que les salaires portés au compte sont inscrits sur la base des cotisations reçues. C’est donc le forfait qui est inscrit comme salaire.
Au moment du passage à la retraite cela provoque pour les anciens stagiaires une double pénalité :
si une année de ce type entre dans le calcul du salaire moyen cela le diminue,
mais il a pire car un an complet de stage n’inscrit pas des sommes suffisantes pour l’attribution de 4 trimestres, car il faudrait que cela corresponde au moins à 800 heures de SMIC.
Par exemple en 1988, la cotisation forfaitaire était sur la base de 5,01 F de l’heure. Une année complète de 12 mois à 169 heures donne un salaire porté au compte de 10 160 F. Le SMIC au 1/01/1988 valait 27,84 F de l’heure.
Le salaire porté au compte pour le stagiaire correspond donc à 365 heures, ce qui ne donne qu’un trimestre d’assurance retraite.
Nous dénonçons depuis longtemps cet état de fait et nous avons multiplié les interpellations du Gouvernement. Nous n’avons pas encore obtenu gain de cause. Que les personnes dans cette situation fassent pression par tous moyens auprès des élus pour que les choses avancent !
Un militant a réalisé un tableau complet avec le salaire horaire pris en compte, le SMIC et le nombre de trimestres correspondant à 1 an de cotisation. Nous le mettons à votre disposition en téléchargement ci-dessous. http://www.cfdt-retraités.fr/IMG/pdf/2013-04-02_salaire_forfaitaire_stagiaires.pdf
Mis à jour en avril 2013 http://www.cfdt-retraités.fr/Formation-professionnelle-et-retraite-de-base
Combien de stagiaires ont suivi une formation et sont concernés par cette formule de calcul des trimestres ?
Combien croient encore aux politiques et aux journalistes qui répètent sans esprit critique les promesses électorales ?
- la retraite en déficit chronique ? alors qu'elle est financée uniquement par les cotisations de ceux qui travaillent et que l'automatisation et la délocalisation ont accru la productivité et provoqué un chômage endémique et croissant. Tant que la retraite restera financée par les salaires, les pensions diminueront.
- François Hollande et ses contorsions sur le départ en retraite à 60 ans ?
- « mon ennemi n'a pas de nom … c'est la finance » ? Mais non, c'était juste un effet de manche en 2012 pour éviter que le candidat Mélanchon grimpe trop haut et ne lui en laisse pas assez de voix pour dépasser le candidat sortant.
- pour les amnésiques, les distraits et ceux qui n'ont pas lu le livre de Michel et Monique Poinçon-Charlot, (re)lisez le et vous trouverez que si la finance est son ennemi, les financiers sont biens ses amis et que la classe moyenne est sans importance pour lui une fois sortie des isoloirs.
Ce qui compte pour les élus des élections départementales, régionales ou nationales, ce sont les années passés sous les dorures des palais de la république, pas les électeurs désargentés en manque de trimestres.
PS (Post-Scriptum, seul PS que j'autorise à me fréquenter) :
Les élus ne côtoient pas le même monde que nous, et ne s'intéressent pas à nous :
Source : La violence des riches de Michel et Monique Pinçon Charlot (éd. Zones)
« [les propos suivants sont précédés d'une liste nominative de proches de Fançois Hollande]
Cette liste de la finance sans nom et sans visage n’est pas exhaustive et il faudrait y ajouter André Martinez, qui a rencontré François Hollande en 1973 à HEC. Il fut responsable mondial du secteur hôtellerie de la banque américaine Morgan Stanley et c’est lui qui a représenté le candidat Hollande au forum de Davos en janvier 2012.
Il y a encore Marc Ladreit de Lacharrière, actionnaire de la troisième agence de notation mondiale, Fitch Ratings, qui a été l’un des fondateurs de la Fondation Agir contre l’exclusion (FACE), créée par Martine Aubry, alors ministre du Travail, en 1993.
C’est ainsi qu’une finance sans nom ni visage se serait libéralisée toute seule. C’est l’histoire que François Hollande aimerait bien faire croire au peuple de France. Mais pourquoi choisit-il un inspecteur des finances, Nicolas Dufourcq, comme directeur de la Banque publique d’investissement (BPI), censée aider au financement d’entreprises en difficulté, alors qu’il a participé à la privatisation d’une filiale de France Télécom, Wanadoo, et qu’il a été directeur financier de Cap Gemini ?
Comment croire que les socialistes, dans leur majorité, pourraient mener une politique plus équitable à l’égard des travailleurs, alors qu’ils sont formés dans les mêmes grandes écoles que les patrons et les politiciens de droite : ENA, Sciences Po, HEC et bien entendu Harvard ? Coupés du peuple avec le cumul des mandats – sur les 297 députés du groupe socialiste de l’Assemblée nationale, on compte 207 cumulards –, nombre d’élus socialistes, dans le souci de faire progresser leur carrière en politique, ont rejoint les intérêts de la classe dominante dont ils sont devenus les alliés objectifs.
L’ensemble de la classe politique française pratique très majoritairement le cumul des mandats. Sur 577 députés, on n’en compte que 109 ne siégeant qu’à l’Assemblée nationale. Et seuls 84 sénateurs sur 348 sont aussi dans ce cas. Tous d’accord pour que, au nom de la « démocratie » et des « droits de l’homme », la vie politique française soit gérée dans un régime, en réalité censitaire, où les élites sociales qui composent l’essentiel des Chambres vont promulguer les lois les plus favorables à leurs intérêts et à ceux qu’ils représentent. Comment se fait-il que les ouvriers et les employés, qui sont 52 % de la population active, soient si peu présents, à l’Assemblée nationale et au Sénat ? Cette absence explique le désintérêt pour la politique que traduit le succès remarquable du parti des abstentionnistes. »
06/10/2013, 14:39 | Par kakadoundiaye
Certes, comme le dit un commentateur " cela fait du bien un tel bouquin" ! Mais que dit-il que nous ne savions ? Qu'ajoute-t-il à cette "violence des riches " qu'économistes, sociologues et politologues depuis longtemps et plus particulièrement dans les dix dernières années - avec Sarko -nous expliquent et martèlent, les Piketty, Lordon, Todd, Généreux, Larrouturou,..etc.. je ne peux les citer tous précisant que ceux là, dans les deux dernières années ont publié un bouquin sur ce thème. Il est pourtant un domaine encore mal exploré - ou plutôt bien oublié- qui constituait le coeur et le corps d 'un billet de blog récemment sur Médiapart, qui pose la question de savoir pourquoi nous subissons l'insubissable, acceptons l'inacceptable, bref pourquoi face à cette montée de la violence des riches nous n'opposons que des discours. C'est dans ce sens que j'aimerais que le débat s'oriente plus que sur la répétition des malheurs qui nous accable et la nécessité de nommer ceux qui nous maltraitent ( contrairement à ce que disait Hollande dans son plus célèbre discours de campagne ( "notre ennemi n'a pas de nom .."). Dans ce sens et dans celui de la dépossession ( dè-possesssion) dont nous sommes tous victimes à commencer par celle de la force (monopole d 'Etat), de l'école, du Droit et de la Justice, etc..
06/10/2013, 14:47 | Par Axel J en réponse au commentaire de kakadoundiaye le 06/10/2013 à 14:39 Oui, +1.
La prise de conscience, c'est nécessaire, mais ce n'est que le premier pas. Traquer les éléments de novlangue, c'est nécessaire, mais il faut ensuite redonner vie à un vocabulaire clair et franc. Etc. "N'a pas de nom", ah la vicieuse imposture d'un ènième successeur de celui qui avait bombardé un Bernard Tapie ministre de la république ! Bien sûr que si, notre ennemi a un nom. Le nom de notre ennemi, c'est Goldman, Sachs, Rotschild, Rockefeller (pour faire court mais la version complète ne comporterait qu'une cinquantaine de noms). -
06/10/2013, 15:11 | Par Fantie B. en réponse au commentaire de Axel J le 06/10/2013 à 14:47
Bonjour Axel. Pour moi ces 50 ou 50 000 personnes ou 5 millions ne sont pas l'ennemi. Si ce n'était pas elles c'en seraient d'autres. L'ennemi c'est l'organisation de nos sociétés et le fait que cette organisation soit vécue comme normale, ou même désirée. Et ça commence quand on se pense supérieur ou inférieur, ou qu'on désigne des tâches comme supérieures ou inférieures.
11 réactions à cet article
Ajouter une réaction
Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page
Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.
FAIRE UN DON