Récemment, il y avait l’affaire Frédéric Mitterrand. Traîné quelques jours dans la boue pour avoir confessé un penchant pour le tourisme sexuel dans un de ses romans, il en sortait encore vivant, indemne peut-être, absout certainement.
Les Etats-Unis ont une approche beaucoup plus dure pour les affaires sexuelles de leurs hommes politiques et une carrière peut s’éteindre pour moins que cela.
En France il semblerait que les dérives sexuelles soient une tare excusable.
Il y a une voie médiane. Frédéric Mitterrand n’est certainement pas un homme à abattre pour avoir écrit un roman dans lequel il se livre (avec ce que certains appelleront du courage, d’autres de la complaisance) à une confession certes douteuse mais réelle pour un certain nombre de personnes.
D’un autre coté, ce n’est pas la majorité des gens qui pratiquent le tourisme sexuel, et même si celui-ci ne s’assimile pas obligatoirement à de la pédophilie, il reste tout de même une incursion dangereuse dans l’alimentation des réseaux mafieux qui sont les mêmes qui pratiquent la traite des femmes, l’esclavagisme sexuel et le trafic d’enfants.
Alors en faire une apologie, même involontaire, même poétique, sans le condamner nettement et sans hésitation est une erreur pour un homme politique dont les responsabilités sous-entendent intégrité et défense de valeurs d’honnêteté et de droits humains.
Si dans les pays anglo-saxons, les frasques sexuelles peuvent pousser un homme politique à la démission et au retrait, la France et l’Italie sont bien plus tolérants.
D’ailleurs ce n’est pas la vie personnelle et sexuelle des hommes et femmes politiques qui est en cause dans ce genre d’affaires, et sur ce point notre pays est moins friand de scandales sexuels, ou moins perméable à la surmédiatisation des scandales sexuels que nos amis les anglo-saxons.
Mais c’est lorsque la prise de position sur ce genre d’histoires conduit à faire douter du juste choix d’un membre du gouvernement pour diriger une partie de la politique du pays que nous sommes en face d’un problème.
Que Monsieur Dupont du parti « x » ait une vie sexuelle débridée importe peu s’il ne soutient pas l’esclavagisme sexuel et ne prend pas position pour le droit à la pédophilie (fort heureusement, ce dernier point n’a pas été atteint à ce jour, à ma connaissance).
Mais lorsqu’un homme politique ne prend pas position contre les pratiques maffieuses de la prostitution, ou de la pornographie enfantine, il dérape.
Il y a d’ailleurs des cas de contradictions qui font réfléchir. Quand l’homme politique Georges Fenech (UMP) parle des pédophiles, prône la tolérance zéro et la castration chimique, on est en droit de s’attendre à une droiture d’exception. Mais même lui fait des erreurs. Il fait chanter dans ses conventions son ami Jean-Luc Lahaye, mais celui-ci se fait
condamner pour attouchements sexuels en réunion sur une mineur de moins de 15 ans en 2007. Il fréquente et travaille avec son ami le juge Voirain, chez lequel on découvrira en 2003 des images d’adolescentes nues téléchargées d’internet et qui sera
soupçonné de pédophilie (suite à une plainte de sa belle-fille mineure). Dans sa lutte contre la scientologie, il prendra position en 2009 pour un groupe de hackers d’internet, les Anonymous (19 juin 2009 sur nouvelobs.com). Malheureusement, tout n’est pas bon à prendre. Si ceux-ci ont en commun son aversion pour les scientologues, ils seront début 2010 aussi à l’origine d’une
attaque pornographique contre youtube, consistant à cacher des images pornographiques dans des vidéos pour enfants.
On est ici dans un cas de « faites ce que je dis, faites pas ce que je fais ! »
Et pourtant dans ce même gouvernement (à quelques ministres près),
Nadine Morano soutenait depuis 2008 le gouvernement espagnol dans sa lutte contre la pedo-pornographie, à grands cris et avec force médias.
Le CSA a renforcé les mesures de protection de l’enfance en matière de contenu pornographique.
Alors que demander de nos élus ? Une vie sexuelle irréprochable ? Peut-être pas. Mais une prise de position claire et tranchée sur la criminalité sexuelle, doublée d’une cohérence entre les actes et les discours, afin que la « tolérance zéro » s’applique d’abord à celui qui s’en réclame.