Derrière l’outrage, la diffamation et le barbouillage de la propagande
Râfraichisement de mémoire sur un quinquenat de cauchemar. Si le pouvoir est redonné aux chiens oubliés par Pétain, demain ils transmettront la rage.
« Voilà Vichy qui revient : Pétain avait donc oublié ses chiens ! » R.D. La phrase est pertinente quand on pense aux Papon, Le Pen, Pasqua et à tous les collabos ou fachos, barbouzes et traficants, à leurs descendants et à leurs complices, qui ont trouvé leurs niches dans de les pénombres de la démocratie.
Si l’on met en regard les raffles d’une autre époque et celles d’aujourd’hui, les arrestations d’enfants, avec ou sans-papiers, les expulsions pour raison de misère, la xénophobie ambiante, l’arbitraire policier, le fichage généralisé, l’institutionnalisation de la délation, les privilèges de la cour autour d’un roi tout puissant, la justice soumise, la propagande verrouillée, la peur de l’autre, la toute puissance répressive, la crise économique, le contrôle des médias et le comportement de la population (nous), on est en droit de se demander si l’histoire n’est pas en train de nous jouer un mauvais flash-back ?
Nous sommes dans un régime qu’il ne faut pas comparer à celui de Vichy sous peine de diffamation, mais qui se comporte bien comme l’autre se comportait. En pire même dans le sens où il est plus au point, plus insidieux, plus fourbe, comme un Reich perfectionné déguisé en démocratie, comme un pyromane déguisé de pompier, comme un insulteur-insulté. Dans ce système ce qui est grave, ce n’est pas de mentir, ce n’est pas de voler, c’est de crier, de s’élever en contre, de résister, de laisser tes mots dépasser ta révolte pour crier l’injustice, vouloir la dénoncer, et t’acharner à la démontrer.
Mais il ne faut pas contester, par exemple, la mise en garde à vue d’un instituteur qui s’était opposé à l’expulsion d’un parent d’élève, comme l’a fait Romain Dunand en envoyant un mail de colère à notre très sensible président. Celui-ci s’est “senti insulté “. Oui, le fait que notre président “se sente insulté” suffit à qualifier l’outrage. C’est comme ça. Et Romain Dunand de se retrouver au Tribunal pour en répondre. Condamné : 800€ de dommages.
Faut pas dire non plus trop fort ” Je nique Sarko, le fils de pute” comme l’a fait un jeune de 19 ans au passage du président lors d’un déplacement à Aubagne. Verdict : Quatre mois ferme.
Faut pas se prendre pour des artistes et réaliser un clip sur des émeutes, dans lequel des noms d’oiseaux, que dis-je ?, des insultes de “racaille” sont dirigées contre le même Sarkozy. 6 jeunes l’on fait à Élancourt (Yvelines) : condamnés à des peines de détention allant de trois mois avec sursis à six mois fermes. Et on ne sait pas ce que sont devenus ces étudiants interpellés à la Rochelle pour avoir collé une affiche montrant Sarkozy faisant un doigt d’honneur ...
Si l’on s’occupe de recenser toutes ces affaires d’insultes, d’outrage, de diffamation, à notre très sensible et très poli président, à notre République, ses symboles et ses représentants, on va en trouver des tas d’autres c’est clair. Par exemple, celle de Hervé Eon, un militant associatif, 56 ans … Lui à eu l’idée d’une petite pancarte de bienvenue, un morceau de carton sur lequel il avait écrit “Casse-toi pov’ con !”, et qu’il tenait à bout de bras lors du passage de Sarkozy à Laval (Mayenne). Vu les conditions on ne sait même pas si celui-ci à vu la pancarte. Peu importe, il suffit que le Procureur (Perin … Alex Perin) “pense que l’on voit clairement à qui est destinée la phrase”, et boum, Hervé Eon en correctionnelle, et 1.000€ d’amende requis.
Vous avez certainement remarqué que toutes ces affaires ne bénéficient pas de la même médiatisation que le fameux, le vrai, l’original “Casse-toi, alors, pauvre con !” (1). Quand tu es président, d’abord, t’as le droit d’insulter et t’as même le 20 heures en guise de porte-voix. Si t’es pêcheur, agriculteur, ouvrier, étudiant, tu peux toujours te “sentir insulté”, tu peux même l’être vraiment, mais y’a pas d’outrage puisque c’est ton président qui t’insulte. C’est un honneur qu’il t’ai adressé la parole. Bordel t’as rien compris. Donc attention, ne rien dire, ne pas informer, ne rien exprimer qui ne puisse faire se “sentir insulté” le roi, ses sbires et son système. Sinon t’es bon pour l’outrage et la diffamation. Si tu vas à la Préfecture ne pête surtout pas dans l’ascenceur. Bon, si t’es pas abattu par la justice de première instance, si t’as le courage, les bons conseils (avocats), de la solidarité et du soutien autour de toi, et les tunes, tu te dis ok je vais aller en Appel. Attention !!! Ta première peine à de fortes probabilité d’être aggravée, lourdement en ces temps. Suffit de demander ce qu’ils en pensent aux 2 membres du collectif des “Déboulonneurs”, qui avaient été dispensés de peine en 1ère instance et qui viennent de prendre en Appel, 200€d’amende assortis d’une peine de sursis. Touche pas à la pub, touche pas à la propagande de ceux qui nous gouvernent.
“On peut dire la vérité et être condamné pour diffamation” disait Denis Robert un peu dépité en sortant de la Cour d’Appel de Paris. Relaxé ou condamné à des peines minimales en première instance, il ressort de l’Appel condamné à des peines lourdes, de sens et de frais, des “peines écrasantes”. Entendez des peines faites pour écraser. Vous n’êtes rien et n’avez rien à dire. N’essayez pas de nous attaquer, ni avec des mots, ni avec des enquêtes. Restez chez-vous, regardez la télé, buvez, fumez, branlez-vous le cas échéant sur la photo de ma femme nue mais surtout, fermez votre gueule. Et pas de soucis, la prochaine fois ce sont des machines qui voteront pour nous, pourraient-ils, cyniquement, rajouter.
Ben non, ô Majestés ! Le courage n’est pas une demi-mesure. Il faut l’avoir jusqu’au-bout, et rester debout. On le sait. Faut pas mollir. Après l’Appel viendra la Cassation et puis la Cour Européenne de Justice (procédures longues et coûteuses). Il faudra aller au bout de la justice, il y va de notre liberté. Ou de ce qui en reste.
(…) La cartographie de l’oppression est pourtant élémentaire, puisque l’on en est à vendre notre cerveau pour vérrouiller le monopole tyranique de la marchandise autoritaire. Ils nous veulent morts. Ils ne veulent plus d’histoire que la leur. Mais, malheureusement pour eux, notre histoire n’est pas finie, il faudrait, pour cela, que nous ayions donné notre accord. La servitude domine certes, mais qu’il y ait des esclaves « heureux » ne justifie pas l’esclavage : un seul homme libre suffit à prouver que la liberté n’est pas morte.(…) (2)
Adjibi
(1)Tout le monde se souvient bien sûr de la visite au Salon de l’Agriculture du même Sarkozy devenu Président, et de son échange avec un agriculteur :
- “Ah non, touche-moi pas ! Tu me salis”.
- “Casse-toi, alors, pauvre con !”
(2) Charlie de Nose / Extrait de l’intervention de la “Coordination des sans-cravates” à la Faculté de Jussieu. 2004
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