Des chefs, des patrons et de la gauche
Mon billet d’hier a connu un succès mitigé de la part de mes amis de gauche et je peux le comprendre aisément. En effet le parti socialiste, depuis 1905, pour ne pas dire depuis plus récemment connait schisme après schisme. Le récent épisode marqué de cette lutte interne était le de "nonisme " qui avait opposé les dirigeants du parti socialiste au vote des Français sur le front toujours ouvert entre une gauche radicale et une gauche plus modérée mais européenne. Cette brèche est toujours ouverte depuis plus d’un siècle et je ne prétend pas y apporter une quelconque solution. Le problème est connu, la solution reste à inventer
Cet égarement interne est très certainement le fruit de cette guerre non consommée depuis fort longtemps, nous pouvons sans aucun doute attribuer la perte de l’élection présidentielle de 2007 aux séquelles de cet archaïsme primitif.
Le parti socialiste depuis cette période vit à l’heure du Kramer contre Kramer pour le plus grand bonheur de ses adversaire qui n’ont pas à déployer un talent particulier pour gagner.
Le constat est sévère, mais il me semble important à rappeler.
Ma gauche est multiple
Je viens d’une famille de la gauche de la gauche, j’en ai naturellement les biais depuis que je suis gamin. Je possède également l’arsenal idéologique de cette caste. Naturellement soixante-huitard dans l’âme, j’ai la haine du "patron" enracinée en moi depuis que je suis en âge de réfléchir, avec les exemples familiaux à portée de main justifiant ma croyance initiale. Je croyais donc aux mythes d’une société progressiste qui tendrait vers quelque chose de meilleur sous la double conjonction de la culture et de l’éducation.
Las, mes différentes expériences sociales : dans un collège classé ZEP durant mon service civil, comme bizuth et bizuteur (usineur et usiné pour les connaisseurs) aux arts et métiers, comme employé manipulé durant mes premières années de boulot ont transformé le tableau initial que l’on m’avait inculqué malgré moi. Mes activités professionnelle d’encadrement m’ont également beaucoup apprit sur les ressorts humains, du plus noble au moins reluisant. La problématique d’entreprise s’est également dévoilée à moi avec à chaque fois l’impression d’en apprendre un peu plus plus sous un autre angle d’attaque.
Je suis donc passé par toutes les strates que la gauche puisse compter sans en accepter aucunes d’entre elles tout en étant traversé par toutes ces différentes forces. je les possède toutes, comme elles me tiennent à cœur. Une chose est certaine : je suis à gauche, sans trop savoir si c’est celle du centre ou une autre plus excentrée.
La gauche est pour moi quelque chose d’extrêmement simple : c’est le constat, via une sensation physique, d’une inégalité quelle qu’elle soit. Avec le sentiment qui vient inévitablement après, mais qui n’est pas de la culpabilité : Que puis-je faire pour améliorer cet état de fait maintenant ? cela se rapproche indubitablement de la jurisprudence chère à Deleuze.
J’ai quarante balais, et le privé, tant honnis par nombre de mes camarades m’a beaucoup appris. Si je pouvais en retirer quelque chose, se serait très certainement cela : comment à chaque instant et à chaque situation, via une analyse hors affect, juger dans son intégralité une situation pour pour en tirer le meilleur suivant les objectifs que l’on s’est fixé.
Mon objectif : un président de gauche (EE,PS,PdG) à l’Elysée en Mai 2012
Avec comme corollaire : peu importe qui, peu importe comment et peu importe le mandat de son parti. La situation actuelle est trop dégradée pour faire la fine bouche. C’est donc au moindre mal auquel je m’expose. Tous le reste n’est que d’une importance secondaire pour moi.
Rien n’est dit, rien n’est fixé jusqu’à fin avril 2012, cependant il faut tenir compte de la lourdeur nous caractérisant pour construire un rétro-planning basé sur ce timing là. Les éléments pouvant nous éloigner de cet objectif sont nombreux, et ils se situent tous au parti socialiste, pour les raisons que j’ai exposé plus haut. Le constat est le suivant actuellement au PS : la rude élection qui a opposée M. Aubry à S.Royal l’hiver dernier n’est que le dernier avatar de la lutte finale initiale. Cet affrontement a laissé les traces dans lesquelles tous les villages gaulois, dont sont fait ce parti, s’engouffrent avec volupté. Gagner ne devient qu’un objectif de second ordre tellement les forces déployées pour se vaincre en interne sont importantes. A ce rythme là, Nicolas Sarkozy peut encore brûler la chandelle par les deux bouts longtemps, chers camarades.
Désolé pour cette longue entrée en matière qui n’est là que pour amener la suite. Désolé également de mettre en avant ma personne mais c’est la seule expérience de gauche que je connaisse un tant soit peu.
Guérir le PS, c’est lui donner une patronne
N’en déplaise à mon penchant naturel, commun à nombre de mes camarades : un groupe d’homme et de femme d’une poignée de personne ne dirige un parti, une boite, une équipe de football etc...qu’avec certaines conditions qui nous dépasse. En effet nous sommes une horde dont le cerveau primaire fait sortir naturellement les moins nobles émotions. la psychosociologie nous éclaire un peu sur le "comment faire au parti socialiste".
Dans un petit groupe, structuré par des règles, il faut un patron qu’il soit élu démocratiquement comme ou parti socialiste (ce qui en fait sa force et une de ses faiblesse) ou qu’il soit nommé (club de foot, entreprise etc...). il est là pour donner le cap et trancher les controverses de fond. Son rôle est éminemment symbolique, il est le chef...parce qu’il est le chef. Et en l’occurrence la coiffe au parti socialiste porte le nom de premier secrétaire. Ce parti est fort de ses statuts, ceux-ci garantissent en effet à tout un chacun l’accès à la candidature à la candidature (dans le principe). Il n’y a pas comme ailleurs un jeu de petit-chef pour dominer l’autre pour pallier à ce principe intangible démocratique.
De plus décider, c’est à dire trancher, fait nécessairement des mécontents. Il faut donc assumer ces choix pour les faire accepter (de grès ou de force). C’est d’ailleurs de cette force là que naissent les successeurs au chef, le nouveau chef pouvant briser le totem de l’ancien temps forcément obsolète (Sarkozy VS Chirac).
La spécificité de la gauche, au même titre que mon expérience première, est de refuser le chef afin de décider entre "amis". L’expérience que j’ai mené avec des enfants en ZEP montre qu’ils ont un besoin énorme de règles, principes et explications afin justement de battre ces mêmes principes en brèche. Les adultes ne sont souvent que de grands enfants.
Rien n’est plus pervers dans les faits, puisque cette stratégie là donne l’accès à la "place du chef" à tout le monde sans décision finale. C’est Koh-lanta au quotidien, avec les médias qui se délectent de ce déballage bien organisé. L’angoisse naît, de cette incapacité à trancher, à l’intérieur du groupe - les sorties intempestives du nerveux de service ou du trouillard impavide deviennent la règle.
A ce rythme là, inutile de préciser qu’en 2012, le parti socialiste aura trouvé ses nouvelles marionnettes de cette lutte sans fin.
Je ne souhaite évidemment pas cette situation, et il me semble impératif actuellement pour Martine Aubry, que tout gauchiste bien intentionné houspillera avec délectation au sujet de sa lettre à Manuel Valls, de continuer sur sa lancée. Manuel Valls n’est qu’un député, s’il ne se plie pas au chef, qu’il parte ! je ne le connais pas et cela ne me gênera absolument pas. L’objectif que nous nous fixons est d’une envergure qui ne peut se plier aux caprices d’un député parmi les autres.
Personnellement, j’ai déjà démissionné deux fois de boulots dans lesquels je ne me sentais plus bien. Si tel est le cas pour Manuel Valls, qu’il fasse de même ! Je ne peux attendre d’un député de gauche qu’un minimum de rectitude vis-à-vis de lui-même.
Martine Aubry est donc la patronne, cela aurait pu être un (e) autre mais tel n’est pas le cas. Je n’ai aucuns liens avec avec elle, mais elle a été élue démocratiquement. Dans les conditions que l’on connait - et alors ?
Elle doit s’imposer, et c’est maintenant qu’il faut le faire. Et si Manuel valls est le bouc-émissaire volontaire de cette prise de fonction, qu’il le soit - cela ne me gênera pas outre mesure.
Le PS a besoin d’un leader, Alea Jacta Est pour l’actuelle première secrétaire. Elle, comme un autre, forgera le PS de demain. Un Boss est attendu au PS, qu’elle agisse ! Son bras séculier n’est qu’un élément de notre future victoire.
Les statuts et la structure du PS
Certains, nommés plus haut, voudraient changer le nom du parti : c’est à mon goût un simple effet placebo destiné à redorer une image personnelle en mal de médias.
Soyons un peu réalistes et regardons la structure du parti socialiste , c’est l’antidote à l’amour :
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Localement :
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La section est la structure de base du Parti Socialiste
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La fédération met en œuvre la politique du parti au niveau local
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Le premier secrétaire fédéral est élu au scrutin majoritaire à deux tours par les militants lors d’une deuxième session après la tenue du congrès national
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L’union régionale regroupe les fédérations d’une même région. Elle est dirigée par un comité régional du parti qui détermine la politique du parti concernant les problèmes propres à la région et veille à son application en liaison avec les élus
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Sur le plan national :
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Les membres du conseil national sont désignés par les délégués au congrès national réunis en assemblées de motion, proportionnellement aux résultats obtenus par les différentes motions
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Le bureau national assure l’administration et la direction du parti dans le cadre des attributions que lui délègue le conseil national. Ses membres sont désignés selon les mêmes procédures que les membres du conseil national. Il comprend 54 membres sous la direction du premier secrétaire et se réunit tous les mardis en fin d’après-midi.
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Les membres du secrétariat national sont élus par le conseil national sur proposition du premier secrétaire. Ils ont la charge de la mise en œuvre des décisions prises par le conseil national et le bureau national.
Selon mon expérience, cette structure est une construction de l’esprit qui ne peut fonctionner, je ne suis pas dans les arcanes du parti socialiste mais je suis prêt à parier que cela n’a jamais marché. Certains en ont peut être eu l’illusion à un moment donné. Pour ma part cela reste une construction de l’esprit.
Il faut donc simplifier cette structure afin de l’aplatir pour donner davantage de pouvoir au conseil national et aux sections. Je ne sais pas exactement comment, ni par quels moyens, mais je suis persuadé que cela libérera une bonne partie de "l’appareil" comme le parti aime à se nommer.
Ce billet est trop long, je le sais bien, mais il me semble que j’ai eu juste le temps de développer quelques idées fortes. Jegoun ne me lira pas certainement pas jusqu’au bout, mais c’est le patron, alors je m’incline devant son expérience. Si vous avez suivi jusque là, je vous conseille le dernier billet de SuperNo qui est vraiment exceptionnel. Mon esprit analytique en aura rebuté plus d’un, ce n’est pourtant que le fruit de notre enseignement scolaire laïque et gratuit.
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