Des collégiens en lien avec la terre
A Gradignan en Gironde le collège Fontaines de Monjous démontre qu'il est possible de mettre les élèves au contact de la nature. Une belle histoire comme on voudrait en connaitre beaucoup.
« La majorité d’entres-eux n’ont pas accès à la terre » dit Caroline qui fait l’animation jardin au collège. Nous sommes sans doute entrain de prendre conscience collectivement de la gravité de cela. « On a coupé les enfants de la nature » c’était le titre d’un article du Monde paru en mai.
Ce qui nous constitue
Comment les humains auraient conscience d’appartenir à la Terre s’ils en sont coupés dès leur enfance ? Nous sommes coupés de la nature dans ce moment de l’enfance où justement dans nos vies les liens fondamentaux se créent, moment où se fondent nos attachements, où nous nous constituons au contact de ce qui nous entoure, autant en terme de personnes, de comportements, de langages, de nourritures, de choses, de bêtes, de plantes... Si les enfants n’ont pas accès à la terre, parce que c’est ainsi aujourd’hui dans les familles, alors ce sont aux établissements scolaires et aux collectivités de leur offrir cette possibilité. C’est ce qui arrive pas très loin de Bordeaux dans un collège.
Plus de 2 millions de vues !
La vidéo est à plus de 2 millions de vues sur facebook. Elle à été ajoutée par France 3 Nouvelle Aquitaine le 16 mai 2018 avec la mention « Le collège Fontaines de Monjous, à Gradignan, en Gironde, a dit stop au gaspillage alimentaire ! Désormais, les poules, le composteur et le potager font partie intégrante de la vie du collège et de ses élèves ». Autant de vues en si peu de temps cela révèle un véritable phénomène de société. Elle intéresse un monde fou cette action. Il faut dire que c’est insupportable d’apprendre que dans ce collège ils en étaient à « 150 kilogrammes de nourriture jetée chaque jour » après le repas, pour 650 élèves.
« Pourquoi tu ne mettrais pas des poules ? »
L’histoire mérite d’être racontée. Au début il y a Caroline Fredj assistante d’éducation, (ça veut dire surveillante) qui était « écœurée » de voir la quantité de nourriture jetée au self. Cela ne pouvait pas rester comme ça, il fallait absolument faire une action. Sa mère lui a dit : « Pourquoi tu ne mettrais pas des poules au collège ? ». C’est ce qu’elle faisait chez elle Caroline, compost, poules, permaculture… Le prof de techno Monsieur Boineau est vite parti dans l’aventure et un poulailler fait en matériel de récup à été réalisé avec les élèves dans le cadre des programmes scolaires avec toutes les classes de 3ème du collège. Il faut dire que Caroline avait fourni un cahier des charges des plus convainquant.
Permaculture
Le projet « poules » s’est donc concrétisé, maintenant elles pondent. Mais ce n’est pas fini. Un des responsables du collège madame Carlin CPE a repéré que sur le CV de Caroline, du coté loisirs, il y avait écrit : « Permaculture ». Comme le club permaculture, ne décollait pas vraiment malgré l’intérêt des élèves, il a été confié à Caroline. Super idée ! Le collège est aujourd’hui doté d’un jardin de 200 mètres carrés et on récolte. Il faut entendre Caroline : « Les élèves étaient tellement contents. Ils étaient hyper enthousiastes pour faire du jardinage ». En écoutant le son de sa voix quand elle raconte son action on pense tout de suite que oui c’est certain, l’enthousiasme ça se transmet. Ils sont en bonnes mains ces élèves.
Tout le territoire participe
Au départ la terre n’était pas très fertile, alors ils ont récupéré des cartons, ils ont fait des andins en lasagnes avec des couches, ils ont trouvé du crottin de cheval dans le horse club d’à coté, la mairie à donné sept tonnes de déchets verts, les élagueurs du coin ont fourni le BRF… C’est tout le territoire qui participe : « les élèves ont adoré » Ils ont rajouté les feuilles de chêne et de châtaigner ramassées sur les terrains du collège. La clôture à été financée par le foyer socio éducatif et posée par l’oncle de Caroline venu de Corrèze.
La cohérence y est
Pour les semences c’est à biau germe qu’ils se sont approvisionnés et à Kokopelli aussi. En plus des légumes, « on y cultive maïs, blé et orge cela servira à équilibrer l’alimentation des poules ». De nouveaux projets sont entrain de naitre : mare écologique, lombricomposteur avec toujours cette même volonté de travailler en amont pour limiter le gaspillage, toujours présente.
Travail d’équipe et liberté d’action
« La mare écologique sera conçue de A à Z par les élèves membres du club Permaculture, accompagnés par une association de protection des milieux aquatiques, et subventionnée à 80% normalement par le Département si notre projet est éligible... » dit Caroline. « Les professeurs de SVT s'associent au projet avec leurs classes de 6ème pour étudier le sol vivant et la vie dans l'écosystème "mare". Ils réaliseront des panneaux explicatifs à l'intérieur et à l'extérieur du collège. » Ses collègues de la Vie Scolaire, autres surveillants et la nouvelle CPE, Mme Gomes sont pour beaucoup dans la possibilité de réalisation de ce projet, car ce sont eux qui libèrent des créneaux à Caroline en reprenant certains de ses postes sur son emploi du temps afin de la rendre disponible pour la permaculture. Le technicien sécurité M.Machi, intervient lui aussi dès qu'une modification est nécessaire. « C'est cette collaboration, la confiance et la bienveillance de mes supérieurs hiérarchiques dont la principale Mme Chambon qui m'ont donné cette liberté d'action. »
De fil en aiguille
Nous avons là un exemple très parlant qui démontre une nouvelle fois que les actions d’éducation à l’environnement dans les établissements viennent d’une ou quelques personnes motivées quelles qu’elles soient. Actions faites par des personnes qui y trouvent du sens. L’éducation à l’environnement dans notre pays se développe selon un mouvement ascendant et la meilleure façon dans ce domaine c’est d’encourager ces personnes à agir. Les personnes motivées que ce soient des professeurs, des surveillants, des CPE, des principaux, des agents techniques, des parents, des élus des élèves… sont la clé. On a le sentiment d’un établissement vivant qui a pris les choses en main collectivement pour éviter le gaspillage alimentaire ; un établissement où les actions se font de fil en aiguille, naturellement, humainement, ils ont de la chance les enfants. Et nous aussi on a de la chance, parce qu’il y a fort à parier que ces enfants là feront toute leur vie plus attention à notre planète, il y a des expériences qu’on n’oublie pas.
A suivre
RG
Les photos ont été fournies par Caroline.
17 réactions à cet article
Ajouter une réaction
Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page
Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.
FAIRE UN DON