Des dangers actuels sur la morale du communautarisme des riches
Bande son un : Les Sales Majestés : Sois pauvre et tais-toi
Les vrais riches, parce qu’ils le sont, sont obligés de se barricader entre eux, de vivre entre eux. Sinon ils se feraient cambrioler tout le temps. On a l’impression de les voir, de les connaitre, parce qu’on les voit à la télévision et dans les journaux, alors que c’est complètement faux. On ne voit pas les stars et les pdg dans sa rue, à la campagne où dans les quartiers, dans la « vraie France » qui galère. C’est curieux n’est-ce pas ? ce n’est pas seulement parce qu’ils sont très peu nombreux (environ 500 000 millionnaires, et 39 milliardaires), mais c’est surtout parce que vraiment ils vivent entre eux, et à un point qu’on a du mal à s’imaginer de l’extérieur, depuis le monde réel.
J’ai eu personnellement l’opportunité (on ne dira pas chance) de travailler dans les Yvelines (le département le plus riche de France) à saint Germain en Laye (la ville des vieux richards, où est né Louis 14, et où vit Bolloré et autres aristocrates) ; c’est un autre monde, un ghetto de riches, avec d’autres valeurs, une autre langue, beaucoup de frics et peu de respect. Beaucoup de peurs entre les gens dans ces endroits. [et beaucoup de trisomiques consanguins bourgeois aussi, mais c’est un autre sujet] Dans ces petites villes très riches des Yvelines vivent des gens très très riches.[allez regarder, par exemple, les annonces de vente immobilière sur le bon coin au Vésinet(78110) : des appartements de 50m² pour 300 000 euros !). Il paraitrait même que c’est entre Saint Germain en Laye et Chatou (à dix km) qu’il y aurait la plus forte proportion européenne de cadres supérieurs). C’est là-bas qu’il faut aller foutre le bordel, faire des manifs, il faut aller dans les zones très riches, c’est là où se terrent les gens de pouvoirs. On peut utiliser ce mot car c’est véritablement du communautarisme bourgeois à grande échelle qui existe dans ce coin de l’Ile de France.
Et sans qu’on s’en rende vraiment compte, cet « entre-soi » bourgeois est le moule de notre société. Le fait de savoir instinctivement que les riches vivent entre eux (car c’est ce qui se déduit du fait qu’ils vont tous aux mêmes plages et restaurants) et donc, peuvent vivre entre eux, tranquillement si j’ose dire, et bien cela montre que c’est possible, et que donc nous sommes légitimes de nous conformer à ce moule, à cette forme de société : tu finiras notaire, riche, dans un petit quartier avec d’autres bourgeois, mon fils. Mon œil !
Mais néanmoins, si on observe attentivement n’importe quel endroit de France, on verra vite, d’un point de vue accumulation patrimoniale, que tout se passe en communautés, entre gens très proches. Cela est de toute façon évidemment rationnel d’un point de vue pratique. Pour survivre, il a bien fallut ruser, et surtout il faut travailler. Notre société entière repose sur ces structures psychologiques : travailler, économiser, partager un peu avec ceux dont on a besoin (d’un point de vue très instinctif-rationnel je répète), tout en se cachant ; il ne faisait vraiment pas bon être riche dans les temps anciens, et notre psychologie collective est marquée par ça. Et cela a modelé les structures psychologiques, d’une façon importante, et qui, en se « digérant socialement » a amené, par inertie démographique, à la réalité de notre « élite » économique absurde plus puissante que 1000 rois, dû sans doute à 3000 ans de misère vécue dans la chair par 99% de nos ancêtres, et qui se trouvent ainsi peut-être vengée. Mais à quel prix. Car ce sont 5 milliards de damnés de la terre qui ont désormais la rage contre les actuels maîtres du monde. Même si on ne peut nier la réalité des nouveaux riches, bien qu’ils ne représentent que peu de la richesse mondiale. Cela nous permet en passant de trouver le point central du mythe sur les riches : on peut le devenir. Il serait compliqué de montrer que cela n’est qu’un mythe, et qu’on peut tout au plus se mettre très bien, et que c’est déjà pas mal de boulot d’entretien.
C’est ce stupide mythe (qui nous vient du grec mythos, le mensonge, la fable, le conte) qu’on peut devenir riche qui détruit notre société. Cela bien sûr combiné avec la nécessité de survivre à court-terme. Je ne jetterais certainement pas pour autant des pierres à quelqu’un qui veut et fait en sorte de se « mettre bien » ; à chacun comme il l’entend, mais les gens de chez nous ne font que rarement des trucs impossibles, genre château, palace… Aujourd’hui ce mythe est presque mort, mais il a trop modelé les consciences, il faut continuer à le débusquer.
Car il y a les « très très riches », les « très riches », les riches, et plein d’autres qui doivent mettre bien le réveil le matin. Et justement, les « très très riches » se « servent » des autres riches, beaucoup plus que des, disons, classes populaires. C’est-à-dire, en pratique en France, beaucoup de publicités pour des voitures chères (qui font néanmoins double usage, car elles vendent du rêves aux pauvres travailleurs), alors qu’il n’y a que 10 % de la population qui peut se les payer ; et surtout une horrible pression psychologique sur les enfants de tous ces gens-là, pour les pousser à faire de grandes études, sinon c’est la honte, et toute une morale bourgeoise renfermée sur elle-même, mais heureusement toujours dépendante de l’individu (je dis pas qu’il y a des riches sympas, mais j’en ai déjà croisé, ça existe. C’est pas pour autant qu’ils sont généreux.)
Ce qu’il faut bien se rendre compte, c’est de l’effet structurant aujourd’hui sur la société que la « société » des riches crée. Tout est écrit pour l’économie, pour la propriété et l’impôt. Les routes sont ainsi d’abord faites pour les camions, avant que pour les voitures. Tout cela fonctionne actuellement d’une façon telle que nous sommes plus que jamais au service de la grande bourgeoisie, qui comme depuis un bon moment, fait des affaires. Ce n’est pas moi qui aurait oser imaginer qu’une de celle qui recevrait le plus d’argent de la PAC serait la Reine d’Angleterre, et pourtant c’est le cas ( 533 000 euros en 2009 ainsi). Quand je dis qu’on est encore au moyen-âge… Les accumulations primitives, ou premières, ont pris une réelle ampleur. Mais nous n’en sommes pas si esclaves que ça. Nous pouvons grandement « profiter » des failles, des friches, des fissures. N’oublions jamais que les « très très riches » se font beaucoup plus d’argent sur les riches que sur les « pauvres » ; et c’est justement pour ça que le monde est dessiné selon leurs besoins à eux, et aucunement selon nos besoins réels. C’est pas évident à comprendre, parce qu’on n’a que ce qu’on a devant les yeux, et c’est justement ce monde dessiné par les riches. Pas évident à partir de ça de trouver de solutions hors-champs, puisque TOUT est déjà modelé depuis longtemps. [C’est pour ça que Guy Debord a 200 ans de retard notamment]. Il faut étudier autrement, penser autrement, croiser les sciences, parler avec tout le monde tout le temps, et, chacun pourrait témoigner à sa façon, on peut petit à petit se, osons-le, réinitialiser. [Ce qui n’implique absolument pas forcément une coupure avec la famille comme certaine morale bourgeoise le pratique(je parle même pas de ce que les gens en pensent, je parle de ce que je vois : des vieux abandonnés de leurs familles, et qui comptent les euros pour être surs de manger jusqu’au bout du mois ; et ce en 2017 je parle)]
Quelqu’un disait « il faut détruire la culture bourgeoise ». Je propose bien mieux. Continuons à détruire les fondements psychologiques de la bourgeoisie, seules conditions pour pouvoir oser vraiment les attaquer et remettre un peu de justice en ce bas monde. Si il y a cet héritage social bourgeois, il y a aussi l’héritage de nos ancêtres contrebandiers, et ce, surtout en Isère, « Fils de Mandrin » comme on dit. Et c’est sur ces origines là qu’il faut s’appuyer pour ramener un peu de clarté dans le débat : qui sont les vrais vandales ? Ceux qui laissent détruire des emplois, des vies à cause des maladies industrielles, (immense dédicasse à Saint-Gobain, LE producteur de l’amiante, aussi au mercure d’Arkema, à Vicat et son four cancérigène, aux Tredi et cie : combien de leucémies et autres maladies dûes à ces gens qui ont des châteaux dans les Yvelines ? ), qui laissent des entrepreneurs se suicider et des grandes firmes frauder les impôts ? Je ne crois pas que la morale soit du bon coté.
La morale des vrais riches est bien une horrible mascarade, cachant un usage moyen-âgeux des êtres et du monde. La lutte contre eux doit donc être un des axes primordiaux d’une possible émancipation du monde
Bande son deux : Keny Arkana : Ils ont peur de la liberté
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