Des islamistes dans la nature : tout ça, ça ne vous rappelle rien ?
Nouveau pataquès des services secrets français et de la Police ? Le matin, le ministère de l'intérieur de Bernard Cazeneuve annonçait triomphalement l'arrestation à leur descente d'avion de trois apprentis-terroristes renvoyés par la Turquie. Le soir même, les trois étaient dans la nature, annonçait le même ministère : leur avion prévu ne les avait pas emportés (son commandant de bord aurait refusé de les acheminer) et ils étaient rentrés sur une ligne régionale, ni vus ni repérés... sans être aucunement inquiétés par les services des douanes, même pas mis au courant de leurs noms et du changement de vol (fait par la Turquie sans prévenir les policiers français, parait-il) ! Or parmi les trois, il y avait le mari de Souad Merah, la sœur de l'assassin de Toulouse, recherché depuis qu'il a pris la poudre d'escampette, avec femme et enfants en bas âge, direction... la Syrie (*). Au delà de l'opération ratée, de ce qui semble être un bévue colossale, cette fois, des questions reviennent... neuf ans après. Car tout a commencé en 2005... au temps d'un célèbre Ministre de l'Intérieur, qui est revenu lui aussi sur la scène, et en se faisant déjà davantage remarquer que nos trois prétendants au jihad.
C'est la presse du jour qui nous le dit, donc (pour donner quelques heures plus tard une autre version un peu plus inquiétante). Outre le mari de Souad Merah, la sœur de l'autre, "un des autres hommes serait Imad Djebali, un ami d'enfance de Merah, qui aurait grandi dans le même quartier toulousain que le tueur au scooter. Il avait déjà été condamné en 2008 à quatre ans de prison pour son appartenance à la filière dite « d'Artigat », nom d'un village ariégeois où résidait le chef présumé d'une filière de recrutement djihadiste en Irak" nous dit hier le Figaro. Or, comme je vous l'ai dit ici, la filière d'Artigat contenait déjà touts les acteurs d'un extrémiste violent se rendant en Irak pour combattre en passant par la Syrie le passage obligé de la filière, son mentor étant... syrien. Les voici donc de retour ? Mais comment font-ils, pour traverser aussi facilement les frontières depuis.... plus de neuf ans ? Car cela remonte en effet à 2005, leurs premiers exploits (nous verrons un peu plus loin lesquels) !
Deux ans plus tard, ils de faisaient remarquer davantage, car j'avais pu vous l'expliquer ici-même : "En 2007 en prime, c'était déjà une répétition, car"ce n'est pas la première fois que de jeunes extrémistes se revendiquant d'Al Qaïda font parler d'eux à Toulouse" écrivait alors la Dépêche. "Preuve de l'enracinement d'un phénomène inquiétant dans les cités, comme du travail de fond de la mouvance salafiste. Fin 2006, en Syrie, non loin de la frontière avec l'Irak, deux jeunes hommes sont arrêtés. L'un est un Albigeois de 28 ans, Thomas Barnouin, l'autre un Toulousain de 22 ans, Sabri Essid. « Des frappés qui étaient prêts à se faire sauter en Irak », lâche alors une source proche de l'enquête. Expulsés en France, les deux jeunes sont cueillis à Roissy par la police qui les attend." Des jeunes, en 2006, provenant des mêmes quartiers : "Issus des quartiers de la Reynerie, de Papus, des Izards, Stéphane Lelièvre, Imad Djebali, Mohamed Megherbi et Sabri Essid, ainsi que l'Albigeois Thomas Barnouin, partageaient leur vie entre petits boulots et prières à la mosquée. Ils s'étaient mis en tête de résister aux Américains présents en Irak". Regroupés par ce que la Dépêche résume ainsi sans hésiter : "c'était le bureau de recrutement pour le djihad islamique". "Le salafisme toulousain, c'est donc comme le cassoulet du même coin ; aujourd'hui, c'est la version réchauffée qui est celle la plus prisée", avais-je alors conclu.
Car dès 2007, on savait tout de la filière, comme quoi les "entraînements" armés n'avaient pas lieu au Pakistan mais... en Egypte : 'La filière toulousaine, elle, fonctionnait depuis plusieurs mois, et aurait recruté une dizaine d'apprentis djihadistes, dont certains auraient rallié la Syrie en bus. « Il y avait une première phase d'endoctrinement, explique un enquêteur. Puis, les jeunes étaient envoyés en Égypte, pour des séjours de plus en plus longs. » Une phase de préparation, plus dure, était ensuite organisée : stages sportifs, conditionnement à base de vidéos de combats de djihad. Les candidats djihadistes devaient Les candidats djihadistes devaient compléter leur « formation » en Égypte, dans une école du Caire, avant d'atteindre l'Irak, via la Syrie." avais-je écrit ici-même le 24 mars 2012. Imad Djebali, y était donc déjà cité... et c'est lui qu'on retrouve à nouveau, expulsé hier par la Turquie pour activités terroristes !!!
Comment-a-t-on pu être aussi aveugle en 2007 (ici l'arrestation des présumés terroristes) ? Ou comment donc Bernard Squarcini ou les juges se sont-ils débrouillés pour effectuer l'année suivante (la DCRI n'est officiellement créée que le 1er juillet 2008 par décret du Président de la République) un "tri sélectif" entre ceux qui seront envoyés en prison, dont Sabri Essid... que Mohamed Merah ira voir régulièrement, et le frère de ce dernier, taxé fort étrangement par la DCRI de simple "sympathisant" et qui avair ainsi échappé à l'enfermement. Un frère et une sœur diantrement islamisés façon salafisme violent, la sœur tenant des propos très nettement antisémites en caméra cachée quelque années plus tard, comme on a pu l'entendre. Car, toujours aussi étrange, Abdelkader Merah "soupçonné mais pas inquiété" avait écrit a Dépêche n'ira jamais en prison, pas plus que l'imam d'Artigat qui était pourtant l'instigateur du réseau comme responsable de la "communauté" d'Artigat démarrée dans les années 1990 déjà : pourquoi, seule la DGSE serait capable de l'expliquer, ou d'expliquer surtout sa non-communication du dossier à ses collègues ou aux juges. Quand dans un groupe de malfaiteurs l'un d'entre eux, autant soupçonné que les autres échappent à la condamnation, on soupçonne vite quelqu'arrangement, celui dont bénéficient les... indicateurs. Car ça devient totalement incompréhensible, à ce stade : les deux jugent qui dirigent l’enquête sur Artigat n'étaient autres que le Juge Bruguière, et le juge Trévidic ... qui ne peut enquêter, bizarreté de l'administration judiciaire, sur l'affaire Merah (faut-il y voir une adroite promotion octroyée par le système sarkoziste pour l'empêcher de s'attacher à ces faits ?). Car depuis 2007, on aurait pu tomber sur le nid de frelons : c'est ce que note Frédéric Helbert, qui écrit "qu'en 2008, dans le cadre de l’enquête, le nom d’Abdelkader Merah apparait. Mais l’homme est habile.« Un vrai salafiste, champion de la dissimulation » se souvient un enquêteur de la DST..." L'imam Olivier Corel (Abdulilah Qorel, devenu Olivier Corel en 1983), et Abdelkader demeurent en effet les deux personnes a avoir traversé plusieurs enquêtes et évité toutes les arrestations. Pourquoi donc et comment donc, la question reste en suspens. Corel, présenté pourtant comme "fiché" depuis longtemps par la DST !
Comment avait-on pu passer à côté d'Olivier Corel, décrit en détail ici par Christophe Boltanski, et Olivier Toscer, du Nouvel Observateur, qui présentent dans leur enquête un autre personnage que l'on a un peu oublié depuis et qui pourrait expliquer bien des choses : "Parfois, ces « islamistes invisibles » décident d’agir en solo . « Une personne isolée peut faire aujourd’hui presque autant de dégâts qu’une organisation », prévient le commissaire Chaboud. Exemple : le mois dernier, à Nancy, un homme de 34 ans s’est autoproclamé kamikaze sur internet. L’affaire paraît incroyable. Sur la vidéo, filmée avec sa webcam, Kamel Bouchentouf se montre à visage découvert et offre ses services à Ben Laden. Il se dit prêt à poser des bombes dans sa région. Ses cibles : la préfecture de Meurthe-et-Moselle, des McDo, le consulat américain au Luxembourg et le 13 e régiment de dragons parachutistes à Dieuze, Moselle. Il offre de tester leur vulnérabilité, de prouver qu’il peut y entrer, avec un sac à dos, sans être fouillé. « Je veux vous montrer que je suis digne de votre confiance » , proclame-t-il. Cette « lettre de motivation » vidéo est destinée aux Algériens d’Al-Qaida, au Maghreb islamique ( AQMI ). Un de ses correspondants sur internet l’a mis en contact avec l’un des pontes du mouvement. La DST qui le surveille n’en croit pas ses yeux et interpelle Bouchentouf le 2 mai. Sur son balcon, les policiers récupèrent un extincteur vide, deux bonbonnes de gaz, et le mode d’emploi téléchargé sur internet pour confectionner un engin explosif. En garde à vue, il reconnaît vouloir commettre des attentats, puis, devant le juge Philippe Coirre, revient sur ses aveux. Etrange parcours que celui de Kamel Bouchentouf, né dans les friches industrielles de Lorraine. Autodidacte, d’origine kabyle, il hait Bush et Voltaire, l’ennemi des Sarrasins. Chauffeur-livreur le jour, internaute le soir, il passe des heures devant son ordinateur. Il utilise un système, « anonymous surfing », qui lui permet de naviguer incognito. La DST le remarque une première fois en 2001 quand il fait un don de 1 500 dollars à l’Autorité palestinienne, puis quand il signe des textes sur un site radical, fermé depuis pour « apologie de crime terroriste » . Il est alors interrogé et sermonné. Sans plus. Coup de théâtre : Bouchentouf affirme aujourd’hui avoir surfé sur la Toile islamiste à la demande des policiers français. S’il a séjourné un an en Angleterre, puis au Liban ou en Algérie, ce serait encore une fois sur leur ordre. « Pendant six ans, la DST s’est servie de lui pour infiltrer des groupes islamistes » , déclare M e Frédéric Berna, l’un de ses avocats. Une version fermement démentie par les services antiterroristes"... avouez que ça questionne aussi, ce genre de propos, même si sur les sites salafistes, on encourage ce genre de diversion, si on se fait prendre ! Lors de son procèsn raconte Libération, la présidente avait essayé de passer au plus vite sur cela : "dans le répertoire de son téléphone portable, on a retrouvé, enregistré sous le diminutif « Alex », le numéro d’un agent de la DST de Metz. Sa relation étroite avec ces services ne peut pas être contestée. La facture détaillée de ses communications montre, pour la période allant du 29 juin 2006 au 30 avril 2007, l’existence de 26 coups de fils échangés avec deux lignes fixes des services locaux de la DST". Visiblement, Bouchentouf, n'avait pas menti !
Un frangin qui a une emprise notable sur son petit frère, une emprise religieuse que les policiers connaissent là encore très bien : "son voyage en Irak aurait été facilité par son frère Abdelkader connu des services de police français pour avoir participé à l'organisation d'une filière islamiste basée dans la région toulousaine en direction de ce pays. Ce frère et sa sœur, considérés comme les "religieux de la famille Merah", selon un policier de la Direction centrale du renseignement intérieur (DCRI), auraient séjourné au Caire dans une école coranique où la proximité avec les réseaux salafistes régionaux ont permis de mettre sur pied cette filière." En 2007, on SAVAIT donc la dangerosité de toute la famille Merah, et qui en étaient les meneurs chez elle : Abdelkader, Souad, le duo infernal, et... Mohamed, jugé trop jeune peut-être encore à l'époque pour ne pas autant dériver... le tour protégé par une mère impliquée dans le réseau (elle répondra au printemps dernier n'importe quoi aux policiers venus s'inquiéter de la disparition de sa fille... et de ses petits enfants, en disant sur France Info, que "sa fille était partie en vacances en Tunisie".. Aujourd'hui, la confirmation de la dangerosité de toute la famille apparaît (enfin) au grand jour. Toute la famille, à l'exception de l'aîné (Abdelghani Merah), et le petit dernier qui deviendra le pire de tous. « Mohamed Merah est membre d’une fratrie d’islamo-délinquants », soulignait pourtant une note de la DCRI du 15 novembre 2010 sur la mouvance salafiste toulousaine" avait-on pu lire en 2012 dans Libération. Une "fratrie" dont on avait fait fort peu ce cas, depuis 2007..... Squarcini pouvait-il lire cette note, et en même temps faire surveiller attentivement Mohamed Merah en le faisant filmer nuit et jour... et ... ignorer au même moment tout ce beau monde ?
Nicolas Sarkozy (ici à la Courneuve en 2005) qui avait promis et clamé "d'éradiquer le jihadisme" en 2005 déjà en France avait-il pu ignorer par exemple, en tant que Ministre de l'Intérieur, ce qui se tramait à Artigat ? Pouvait-il en ignorer les noms puisqu'en avril 2005, Sabri Essid avait déjà interpellé par ses propres services : un courrier anonyme venait alors de le dénoncer, qui l'accusait de préparer un attentat contre le consulat des Etats-Unis à Lyon et un supermarché toulousain ! Du lourd, déjà, impliquant des objectifs américains si chers à notre président du moment !!! Du lourd, car le billet anonyme avait été balancé loin de là, à travers les grilles de l'ambassade de France à Tunis !!! Quelqu'un avait manifestement fait le trajet de Toulouse pour l'y déposer, ou avait trouvé quelqu'un pour brouiller les pistes et ne pas se faire repérer !!! L'ambassadeur d'alors était déjà Serge Degallaix, conseiller diplomatique et pour les affaires stratégiques du Premier ministre, M. Jean-Pierre Raffarin... il trouvait Ben Ali sympa, comme le trouvait Sarkozy, tout le contraire de son prédécesseur Yves Aubin de La Messuzière (lisez bien sa biographie jusque la dernière ligne...) : difficile de croire que le ministre de l'intérieur n'ait pas été au courant. En avril 2005 encore, la Direction nationale antiterroriste avaient interpellé à Toulouse un homme de 52 ans et son fils de 21 ans. Ils avaient été relâchés. En juin, c'était au tour d'un islamiste radical, un marocain âgé de 35 ans, interpellé à Montpellier. Lui avait été mis examen dans l'enquête sur les « filières irakiennes » qui étaient donc déjà connues à l'époque. Après les attentats de Londres, l'heure était au serrage de vis : la cellule de Montpellier contenait Hamid Bach, 38 ans, Youssef Bousag, 23 ans, Reda Barazzouk, 26 ans, et Amine Liassine, 35 ans, jugés en 2008 (**).
"(...) Au vu du profil et de l'âge des kamikazes supposés de Londres, « des terroristes extrêmement jeunes », et de « l'hyperradicalisation de jeunes jihadistes aujourd'hui » tels les candidats pour l'Irak du XIXe arrondissement de Paris, le ministre de l'Intérieur se fixe un objectif : s'attaquer « aux directeurs de conscience » qui les endoctrinent avec des « prêches radicaux ». « Où sont-ils recrutés si ce n'est dans certaines de nos mosquées et de nos prisons ? » (on notera ici la référence, car Essi jeté en prison deviendra celui qui va influencer Merah !). Il entend accentuer « la surveillance des lieux de prière » musulmans, qui sont déjà suivis par les Renseignements généraux, mais aussi celle « des établissements pénitentiaires », sans « ignorer la liberté des cultes et les droits de l'homme ». Il n'hésite pas à prôner « l'intolérance vis-à-vis d'imams radicaux qui influent sur des esprits faibles... Les imams et prédicateurs qui tiennent des propos outranciers et contraires aux lois seront expulsés car ces prêches peuvent avoir des conséquences sur de jeunes écervelés », a-t-il prévenu". "Le ministre de l'Intérieur va donc dégainer plus souvent son arme administrative qui lui permet d'expulser les fondamentalistes qui font du prosélytisme pour « actes de provocation explicite et délibérée à la haine et à la violence ». Le tribunal administratif de Lyon lui a donné raison mercredi sur les arrêtés d'expulsion qu'il avait pris le 8 janvier et le 26 février 2004 contre deux imams de Vénissieux (Rhône), Chellali Benchellali et Abdelkader Bouziane. Onze islamistes radicaux dont un imam ont été ainsi renvoyés depuis le 1er janvier 2005, « une cinquantaine » en trois ans, soit sur la base d'une telle procédure administrative, soit à la suite d'une décision judiciaire « d'interdiction du territoire français » Une promesse dans le vide, à voir ce qui a été fait à Artigat !!! Pourtant, Sarkozy devait avoir entendu ce qui s'y disait, via les lignes téléphoniques dont la surveillance sera proposée à son "ami" Squarcini : "avec ses homologues britannique, suédois et irlandais, le ministre de l'Intérieur français fait pression pour que les 25 pays d'Europe décident en octobre de conserver durant une année entière, à l'instar de l'Hexagone, les données téléphoniques et Internet, via leurs opérateurs. Il ne s'agit pas d'écouter les communications mais de garder les « facdet » (facturations détaillées) « pour savoir qui téléphone à qui, quand et où ». Il souligne en aparté que « la téléphonie a permis d'élucider l'assassinat du préfet Erignac en Corse en 1998 et de démanteler des équipes d'islamistes extrémistes, de repérer ceux qui appellent en Afghanistan ou en Irak, par exemple ». Comment en ce cas Abdelkader Merah avait-il pu passer pour un simple "sympathisant" ? Et la police passer à côté de lui comme des émeutiers à la gare du Nord, juste avant l'élection de Nicolas Sarkozy (en photo un émeutier de la Gare du Nord bien entouré) ???
Il n'y a pas que Squarcini d'embarqué dans la sombre affaire. Un autre homme, que Nicolas Sarkozy avait croisé lors de l'affaire Human Bomb de Neuilly, c'est Frédéric Péchenard est aussi de la fête. C'était lui le patron de la police nationale, au moment où notamment Merah faisait des aller-rerours en Espagne en go-fast au nez et à la barbe des policiers, ce dont ce dernier se vantera pendant sa survveillance. Lors de l'affaire Merah, lorsque Claude Guéant est venu en direct faire à la fois jouer au journaliste, le policier et le représentant présidentiel, il était à ses côtés pour le show (dénoncé ici). Un Guéant qui donnera deux versions de la mort de Merah en 10 minutes. Un Péchenard tâclé récemment par Rachida Dati sur les "secrets" dérangeants qu'il détiendrait : parlait-elle alors de l'affaire Merah ? Le Sénat n'était pas arrivé à auditionner privée de sa véritable substance, à savoir l’audition par les sénateurs de Erard Corbin de Mangoux, directeur général de la DGSE, et de Bernard Squarcini, directeur de la DCRI, en mars 2012. Or Mangoux est lui aussi un proche de Sarkozy : "le choix d'Erard Corbin de Mangoux, dont la nomination devait être entérinée au conseil des ministres de mardi, est d'abord celui d'un fidèle de Nicolas Sarkozy. Agé de 55 ans, ce préfet a fait une partie de sa carrière dans les Hauts-de-Seine, département dont le conseil général a été présidé par M. Sarkozy. "Le président le connaît depuis longtemps, déclare M. Guéant. Il suivait les questions de renseignement à l'Elysée avant l'arrivée de M. Bajolet, il est aguerri, a montré des talents de négociateur. Et il a une bonne expérience du monde policier." Une demi-douzaine de noms circulaient pour succéder à M. Brochand, notamment ceux de plusieurs généraux, mais le chef de l'Etat ne souhaitait pas confier ce poste à un militaire. Ce choix correspond à la volonté de M. Sarkozy de réorienter le renseignement vers la sécurité intérieure et de s'entourer de proches. "Il est normal que le président s'entoure de gens compétents, qu'il a eu l'occasion d'apprécier", relève M. Guéant". Police Nationale et DGSE étaient sous la houlette de Nicolas Sarkozy, qui avait ajouté Squarcini pour faire une triplette (corse ?) à sa main. Difficile d'imaginer en ce sens que l'ancien chef d'Etat ait pu être éloigné de l'affaire, ou pas tenu au courant... surtout si on ajoute à la triplette de pétanque un "pointeur" célèbre, Amaury de Hautecloque ainsi décrit par la presse à son départ : "ce sont pourtant ses amitiés politiques qui ont eu raison de lui. Oui, mais elles lui ont permis de faire carrière, persiflent les ennemis. Son grand frère, Wallerand, est un proche de Frédéric Péchenard, ami d’enfance de Nicolas Sarkozy et ex-directeur de la police nationale. C’est Péchenard qui donnera envie à Amaury de devenir policier. C’est encore lui qui lui proposera l’« antiterro », puis le nommera à la tête du Raid". Les cinq personnes, avec l'omniprésent Claude Guéant qui ont traité l'affaire Merah jusqu'à son aboutissement final étaient toutes des proches de Nicolas Sarkozy, choisies par lui. Rachida Dati en sait peut-être plus qu'elle ne veut le dire sur la sacré bande de potes de son ancien patron ! Craindrait-elle que l'on découvre quelque chose pouvant jeter l'opprobe sur la campagne de son champion déclaré ?
Dès 2005, donc, il y avait moyen de savoir ce qui se tramait exactement à Artigat. On a laissé faire, ostensiblement (comme à la Gare du Nord serait-on tenté de dire). De nombreux témoins locaux éviquent une surveillance policière régulière des lieux. Neuf ans plus tard, ceux qu'on a laissé faire sont de retour sur le sol national, après un séjour de prison pour certains pour activités terroristes : « le profil de types comme ceux du groupe d’Artigat est inquiétant. Ce sont des fondus qui auront gagné en influence à leur retour, s’ils reviennent », commente un policier du renseignement. C’est pourquoi, depuis septembre 2013, le juge antiterroriste Marc Trévidic enquête sur ce réseau dit Artigat 2, « susceptible de commettre des attentats sur le territoire national ». En 2005, puis en 2007, on les a laissés libres de tout mouvement, en arrêtant des seconds couteaux mais en passant à côté d'Abdelkader Merah : ça a donné au final son jeune frère, Mohamed Merah. Aujourd'hui, on trouve le même groupe hyper-dangereux : et ça ne questionne pas Bernard Squarcini ? Il savait éplucher les appels téléphoniques d'un journaliste du Monde, mais n'aurait pas su déchiffrer ceux du clan Merah ???
PS : ce qui reste le plus obscur dans l'affaire Merah :
- la visite à plusieurs reprises dans son appartement d'un homme présenté comme "bien vêtu", "au teint hâlé", noté par ceux qui le surveillaient.
- sa sortie nocturne alors que les policiers cernent sa maison.
- son colt 45 portant une modification spécifique aux forces d'élites de la police française.
- l'ordinateur MacBook Air d'un de ses amis sur lequel il y avait ses fichiers, montré alors qu'il est au ski.
- le colocataire de Merah, détenteur du MacBook Air et loueur de véhicules.
- l'escamotage complet de la Clio grise, retrouvée à Saint-Papoul, localité située à 57 km de Toulouse. Elle aurait appartenu" à un locataire du même immeuble que celui de Mohammed Merah", situé rue Sergent-Vigné à Toulouse. "À l'intérieur, les enquêteurs auraient découverts un casque de motard ainsi que des éléments de carrosserie d'un Yamaha T Max" avait alors dit la presse (ruinant la thèse du loup solitaire cher à Squarcini).
- l'étrange carte d'un proche des services de protection élyséens retrouvé sur le sol de son box où il cachait armes et voiture (***).
- l'enregistrement de ses conversations avec le négociateur a sa porte, via un simple smartphone, depuis effacé.
- l'incroyable champ de tir de son salon et son balcon si encombré (300 douilles !).
(*) elle aurait embarqué à Barcelone le 9 mai sur le vol 1854 de la Turkish Airlines puis aurait pris ensuite le n° 2228 pour Gaziantep avec ses 4 enfants âgés de 9 mois, 3 ans, 10 ans et 14 ans.
(**) D'après Reuters le 6 novembre 2008 : "Il s'agissait du second procès en France d'un "filière irakienne", après celui ayant abouti le 14 mai dernier à la condamnation de six Français et d'un Algérien à des peines de prison ferme de 18 mois à sept ans. Les prévenus, qui encouraient jusqu'à dix ans de prison pour "association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste", auraient travaillé pour un personnage connu sous le seul pseudonyme de "Mohamed le Libyen", venu en France en 2003 pour recruter des "djihadistes" pour l'Irak. Hamid Bach, 38 ans, déjà détenu, a été condamné à six ans de prison, dont quatre ans de période de sûreté incompressible, et à une interdiction du territoire français de dix ans. Youssef Bousag, 23 ans, a été condamné à trois ans de prison ferme, et Reda Barazzouk, 26 ans, à quatre ans ferme. Tous deux sont également sanctionnés de cinq ans d'interdiction du territoire. Le Franco-Algérien Abd el Magid Liassine, 35 ans, est condamné à deux ans de prison ferme. Hamid Bach, qui est allé en Syrie en juin 2004, a été renvoyé ensuite à Montpellier (Hérault), dans le but, selon le parquet, de préparer des attentats en Europe. Il a nié à l'audience. Lors de son arrestation en juin 2005, ont été retrouvés chez lui des produits chimiques et des composants électroniques en grande quantité. La "filière" avait, selon le parquet, des connections au Maroc où certains membres présumés ont été condamnés par la justice, et en Algérie, où un soutien logistique au GSPC devenu Al Qaïda au Maghreb islamique aurait été apporté. L'affaire avait été mise au jour dans l'enquête sur une première filière irakienne française, démantelée en 2005 et animée par le prêcheur extrémiste Farid Benyettou. Elle recrutait des "djihadistes" dans une mosquée et un foyer du XIXe arrondissement de Paris, avant de les acheminer en Irak via des établissements religieux radicaux en Syrie et en Egypte."
(***) Pelletier et Pontaut., pages 206 et 207. Et c'est en fait une vraie bombe journalistique ! " Un autre élément, passé inaperçu jusqu'ici, aurait pu relancer la polémique. La PJ a saisi les coordonnées d'un policier dans la planque de Merah. Que faisait cette petite carte de visite, pliée en deux, sur le sol du box du boulevard de Grande-Bretagne ? Le parking souterrain où l'assassin cachait son scooter est un endroit où l'on ne s'attend pas à trouver les coordonnées d'un collègue chargé de la protection... du chef de l'État. Sur le morceau de bristol figurent pourtant une identité, un numéro direct au palais de l'Élysée, ainsi que la mention d'un service : le GSPR (Groupe de sécurité de la présidence de la République)." Voilà qui est plus que surprenant en effet". Les auteurs laissant candidement le fonctionnaire retrouvé balayer leur propos d'un revers de main : "le fonctionnaire, un quinquagénaire considéré comme un excellent pro, travaille depuis près de vingt ans au sein de l'unité : il a notamment protégé Jacques Chirac, et ensuite Nicolas Sarkozy pendant son quinquennat. Ce membre du GSPR pouvait-il être un agent traitant ? Son unité n'a aucune compétence en matière antiterroriste, et ses membres ne sont pas habilités à traiter des sources, ce qui rend l'hypothèse peu crédible. Alors pouvait-il être une cible du tueur ou l'une de ses connaissances ? L'homme répond sans détour : « Je tombe des nues. Lors de nos missions, nous distribuons nos cartes de visite à de nombreux responsables, des collègues, des gendarmes et des personnalités locales. Peut-être l'une de mes cartes a-t-elle été perdue ? À part cela, je ne vois aucune explication car je n'ai accompagné le chef de l'État ni dans son déplacement à Toulouse, ni dans celui de Montauban. Et je n'ai jamais suivi l'affaire Merah. » Le mystère demeure donc entier." Le "contact" de Merah est censé "tomber des nues"... écrivent les deux auteurs sans trop se mouiller. Nous également, mais c'est d'un plus grande altitude encore !
un peu de relecture :
http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/l-etrange-relation-entre-mohamed-113234
http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/affaire-merah-tout-sauf-un-loup-121036
http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/qui-a-detourne-l-enquete-sur-merah-131543
http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/merah-en-frankenstein-ayant-119765
http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/mohamed-merah-pris-dans-la-toile-119483
http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/affaire-merah-la-boule-de-cristal-119811
http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/affaire-merah-et-revoila-omar-149710
la série spécifique :
http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/squarcini-et-la-filiere-syrienne-1-123345
http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/squarcini-et-la-filiere-syrienne-123511
http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/squarcini-et-la-filiere-syrienne-3-123512
http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/squarcini-et-la-filiere-syrienne-4-124012
http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/squarcini-et-la-filiere-syrienne-5-124230
http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/squarcini-et-la-filiere-syrienne-6-123655
http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/squarcini-et-la-filiere-syrienne-7-123871
sur la fin de Merah :
http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/a-toulouse-un-balcon-bien-encombre-113836
http://mobile.agoravox.fr/tribune-libre/article/affaire-merah-on-a-menti-sur-les-119231
http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/affaire-merah-ce-que-nous-disent-119912
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