Des petits trous, des petits trous... et l’étrange disparition de la machine (15)

"Pour quelle raison ai-je entrepris de chercher des réponses à des questions que personne ne s’était encore posées ? Tout a commencé à Washington, un jour de 1993, au musée américain de l’Holocauste. Dans la toute première salle trônait en bonne place une trieuse IBM, un modèle Hollerith D-11 - truffé de circuits, de fentes et de fils électriques. Une plaque d’identification IBM rutilante était apposée sur le panneau antérieur (...) Le commentaire du musée indiquait qu’IBM avait organisé le recensement de 1933 qui avait identifié les Juifs pour la première fois. C’était tout. II faut dire qu’IBM avait gardé un silence absolu sur ses liens avec l’Allemagne nazie. Quinze millions de personnes, dont la plupart des grands spécialistes de l’Holocauste, avaient vu cette exposition, mais, malgré tous les efforts d’éminents historiens du musée, tout ce que l’on savait de cet étrange objet se limitait à la brève notice du conservateur et à de rares pages de recherches secondaires". Huit années après, Black savait comment les nazis avaient eu les noms de ses parents, répertoriés sur des registres Hollerith.
A la sortie, le livre relatant l’histoire de Dehomag, la filiale allemande d’IBM devenue propriété complète d’IBM dès 1934 ayant fourni le Reich avait provoqué un beau scandale. Et de violentes réactions d’IBM, qui avait lancé ses avocats et arrosé les médias de communiqués vengeurs : selon elle, Black n’étayait ses dires sur aucune preuve tangible. Des historiens, jaloux du succès phénomène de librairie, avaient été très sévères avec Black : son livre, destiné au grand public, n’aurait pas eu la rigueur nécessaire, paraît-il. La découverte en 2002 de cartons entiers de cartes perforées sur la gestion des camps et ceux sur la gestion des trains, grâce à des chercheurs polonais remettait les pendules à l’heure, et Black pouvait ajouter des compléments à son ouvrage, remanié en 2002. Personnellement, je suis tombé par hasard en avril dernier sur la première édition : un choc, j’ai lu l’ouvrage en trois jours, sans arriver à décoller de ses pages. Je vous recommande de vous y plonger, l’ouvrage étant disponible un peu partout .
Evidemment, Edwin Black m’intéresse aussitôt davantage encore : Le 5 mars dernier était sorti aux Etats-Unis "Nazi Nexus" signé par lui, un livre magistral encore une fois de cet auteur. Deux coups de fil chez Brentano’s, à Paris, et on vous envoie l’ouvrage. "Brentano’s est une libraireparisienne, située dans le 2e arrondissement, au 37, avenue de l’Opéra. Fondée en 1895, elle est la plus ancienne libraire anglophone de Paris" peut-on apprendre, mais Brentano a aussi une histoire liée à la période : en 1940, la librairie parisienne sera réquisitionnée par la Wehrmacht, pour y établir ses services photographiques. Evidemment, il n’y a plus un seul livre sur place. Aussi quand le fils du fondateur, Arthur Brentano Jr, revient sur place après la guerre, il est tout heureux d’apprendre que le concierge de la librairie avait mis à l’abri près d’un bon tiers des bouquins avant que le les Allemands ne les volent. Vous allez me dire comment ai-je connu Brentano ? Fort simple : je vous ai dit que l’informatique est mon métier. Mon mentor en la matière habite à deux pas, l’homme a été un des pionniers en France des ordinateurs rapides et des cartes SCSI évoluées, et chez Brentano on a toujours trouvé ensemble les revues US qui me plaisaient : à la fin des années 80, Brentano’s était par exemple la seule librairie parisienne où on pouvait trouver, Dr. Dobb’s Journal, et Byte, par exemple, et c’est là également que pour Jazz-Hot je suis allé acheter en 1987 mes deux exemplaires d’Aeroplane Monthly qui relatait le cas Glenn Miller. C’est de ce second livre là que j’ai tiré les liens vers Ford et GM, mais aussi sur les eugénistes comme Madison Grant. Là aussi j’en recommande la lecture.
Le Jerusalem Post l’a fort justement chroniqué, cet autre ouvrage signé Black, en rappelant que les Protocoles des Sages de Sion, ce faux archi-prouvé, y ont été offerts à la lecture en épisodes par Henry Ford pendant 91 semaines d’affilée : "To purvey this new brand of Jew hatred to the world, Ford purchased a failed newspaper, the Dearborn Independent, which serialized the Protocols for 91 weeks. His company then published the series as a book, The International Jew. Using the techniques of mass production, Ford was able to escalate the Protocols from a negligible, randomly circulated irritant to a national sensation of 500,000 copies. Devoting the national sales force and the assets of the Ford Motor Company to the task made Henry Ford the first to organize political anti-Semitism in America. Indeed, he was the hero of anti-Semites the world over." Ford avait vendu le 1/3 des voitures mondiales en 1930, il avait aussi largement participé au mouvement antisémite d’avant guerre qui sévissait sur la planète, désireux de se trouver un bouc émissaire idéal. En ce moment, ça recommence, les islamophobes ayant remplacé les antisémites. Quoique : on trouve aussi à nouveau des ouvrages anti-franc-maçons et antisémites !
Un Jerusalem Post qui va bien confirmer ce qu’on a exposé ici sur les origines des théories eugénistes hitlériennes : "Who gave Hitler the pseudoscientific medical rationales to justify a war to achieve a blond, blue-eyed master race with the duty to obliterate all other races deemed inferior ? It was the Carnegie Institution, the philanthropic incarnation of America’s greatest steel fortune, that propagated the deadly American race science of eugenics. Beginning in 1911, Carnegie Institution scientists argued successfully that millions worldwide who did not conform to a blond, blue-eyed Nordic stereotype were unworthy of existence." L’Institution Carnegie, l’une des plus grandes sociétés pourvoyeuses d’argent (avec Kellog’s, Procter & Gamble, Henry Harriman, John Davison Rockefeller, et... Henry Ford) pour répandre ses thèses eugénistes de la supériorité raciale et de l’élimination de ceux qui ne correspondent pas aux bons critères. Les premiers à ficher les individus racialement ne sont pas les allemands, mais bien les eugénistes américains : "In 1904, the Carnegie Institution established a laboratory complex at Cold Spring Harbor on Long Island that stockpiled millions of index cards on ordinary Americans, as researchers carefully plotted the removal of families, bloodlines and whole peoples." Evidemment, pour ficher... il fallait des cartes perforées, qu’emploiera en pionnière l’Institut Carnegie. Question propagande, la religion sera mise à contribution.... au seuil de la guerre, ça fonctionne à plein aux USA...
La fondation Rockefeller, elle, finançant les travaux d’Otmar Freiherr von Verschuer, membre éminent de l’ American Eugenics Society, fondée dès 1922. Une association créée par Madison Grant, Harry H. Laughlin, Irving Fisher, Henry Fairfield Osborn, et Henry Crampton. Si Grant est bien connu (voir épisodes précédents), l’un d’entre eux est davantage à retenir : Harry H. Laughlin, le véritable forcené de la stérilisation. Les Etats-Unis stériliseront plus 70 000 personnes, et ce jusqu’en 1974... en ayant commencé en 1907 dans l’Indiana. Laughlin sera le premier à insister auprès du Congrès US pour obtenir une loi d’immigration stricte et raciale, au prétexte qu’il y a davantage de fous chez les immigrés "dégénérés" : la première loi raciale édictée est bien américaine et non allemande. "’The Reichstag of Nazi Germany passed the Law for the Prevention of Hereditarily Diseased Offspring in 1933, loosely based on Laughlin’s model. Between 35,000 and 80,000 persons were sterilized in the first full year alone. (It is now known that over 350,000 persons were sterilized). Laughlin was awarded an honorary degree by the University of Heidelberg in 1936 for his work behalf of the “science of racial cleansing.” "Nettoyage ethnique, le mot est lancé. Pour la petite histoire, sachez que Laughlin recommandait la stérilisation pour les épileptiques, jusqu’à ce qu’on le découvre lui-même épileptique.....Freiherr von Verschuer, lui, payé par l’institution Carnegie, deviendra plus tard l’un des médecins d’Auschwitz, obsédé par les cas de jumeaux, comme les eugénistes US (comme ici lors la convention eugéniste de 1932 ! ). Il avait un assistant qui s’appelait Mengele, dont on cherche toujours les traces de la fuite en Amérique du Sud, surtout dans les endroits qui semblent sortis du cauchemar de von Verschuer. Un homme qui finira sa vie détenteur d’une chaire à Mûnster, sans jamais avoir été inquiété : la rançon de ses liens de l’entre deux guerres sans nul doute. Mengele sera activement recherché sans succès, von Verschuer est resté lui, toute sa vie, protégé.
Le journal israélien précisant bien que les théories fumeuses des généticiens américains aboutissant à une élimination d’une partie de la population se perpétueraient en effet en Allemagne bien après la première guerre mondiale et ont donc bien contaminé la société allemande : "The Carnegie Institution and its sponsored movement spent millions to propagate American eugenic theories in post-World War I Germany, financing race science programs in universities and official institutions. These included the idea that Jews must be eliminated." Hitler lui-même a avoué clairement l’emprise des eugénistes américains sur ses conceptions : "I have studied with great interest the laws of several American states concerning prevention of reproduction by people whose progeny would, in all probability, be of no value or be injurious to the racial stock." Et Hitler s’est également empressé de remercier l’homme à l’origine des thèses eugénistes américaines, Madison Grant, parlant de son ouvrage comme de sa Bible : "Hitler was so steeped in American race science that he even wrote a fan letter to American eugenic leader Madison Grant, calling his writing "my bible." Les nazis n’ont donc fait qu’appliquer les programmes eugénistes élaborés avant la guerre 1914-1918 et dans l’entre deux guerres, aux USA. " The Third Reich implemented all American eugenic principles with great ferocity and velocity backed up by a conquering army. "While we were pussyfooting around," fawned Leon Whitney, executive secretary of the American Eugenics Society, "the Germans were calling a spade a spade." As Hitler’s deputy Rudolf Hess insisted, "National Socialism is nothing but applied biology." Les américains avaient fait plus qu’inspirer les nazis sur les questions d’eugénisme : ils avaient aussi financé leurs recherches !
De la "biologie appliquée", voilà ce qu’était donc le nazisme ! Des journalistes américains ne s’y tromperont pas : Black reliait bien le nazisme dans un précédent ouvrage déjà à une poignée de biologistes fous américains et non allemands : "Edwin Black is a dangerous man. He tells us things we don’t want to hear, like : "The scientific rationales that drove killer doctors at Auschwitz were first concocted on Long Island." His groundbreaking work, War Against the Weak is scary and necessary" dira Adrienne Miller dans Esquire Magazine. Une thèse confirmée par Max Wallace : "Edwin Black connects the dots masterfully in "Nazi Nexus" to remind us that Hitler’s horrors were as deeply rooted in American board rooms as they were in German war rooms. It’s impossible to observe current world events without seeing Nazi Nexus as a chilling cautionary tale". Les liaisons dangereuses entre les eugénistes américains et les pseudo-biologistes nazis sont un fait indéniable désormais : comme les nazis l’avoueront eux-même lors de leurs interrogatoires de Nuremberg, toutes leurs thèses provenaient de théoriciens américains, désireux d’améliorer l’espèce humaine, quitte à se débarrasser pour ça de quelques-uns de ses membres. Ce n’est pas le premier livre à évoquer la question, mais cela plus l’implication directe dans l’effort de guerre allemand de deux personnalités américaines de premier plan, Ford et Watson, provoque un séisme véritable aux Etats-Unis.
L’autre point capital de cette enquête est le cas douloureux d’Arolsen : visiblement, on a cherché durant toute son existence à cacher des choses : les allemands, car ça impliquait leurs cadres administratifs, les américains, car on y citait l’implication directe des firmes du pays au service du nazisme, et ce, surtout après 1941. Les biens des sympathisants américains au nazisme tel que Prescott Bush ont été saisis, mais pas ceux d’Henry Ford, présenté comme une sorte de "père la victoire" avec son usine de Liberators, comme nous l’avons évoqué. Quelque chose cloche dans la démarche. Ford, le plus violent antisémite américain, échappera aux poursuites d’après guerre : sa mort en 1947 lui évitera d’être mis en cause. A Arolsen, le CICR a joué un fort mauvais jeu également : on avait reproché l’attitude de la Croix-Rouge pendant la guerre, qui avait visité des camps préparés pour l’occasion sans y distinguer ce qui s’y passait. C’est oublier qui était Ernst-Robert Grawitz : le directeur de la Croix-Rouge allemande... depuis 1937, à côté du bien falot Charles-Édouard de Saxe-Cobourg et Gotha.
Gawitz est un nazi, ayant adhéré au NDSAP dès 1932 devenu chef du service de santé de la SS en 1935 puis Reichsarzt de la SS. L’homme aura un rôle considérable dans le Reich : "En août 1941, le docteur Grawitz conseille à Heinrich Himmler la technique de l’extermination de masse par les chambres à gaz. En juin 1943, il préconise l’expérimentation humaine du virus du typhus sur des détenus du camp de concentration de Sachsenhausen. Enfin, il a personnellement supervisé les expériences d’exposition prolongée au froid et à l’eau glacée menées sur des détenus de Dachau en 1944." On comprend beaucoup mieux, je pense, pourquoi confier le dossier des camps à la Croix-Rouge bavaroise était une totale hérésie !
Car le hic, c’est quand il va falloir mettre en place la recherche des victimes en 1947, il faudra s’appuyer sur le matériel existant : Arolsen va donc toucher des Dehomag/IBM D-11 en provenance des camps pour tenter de ficher les victimes ! C’est la Croix-Rouge Bavaroise qui a été la première à utiliser les cartes perforées après guerre : or c’est cette même Croix-Rouge qui est devenue l’ITS... "Ironically, IBM was instrumental in establishing the ITS archive. Because IBM designed and executed the Nazi people tracking systems used throughout Europe, the company was uniquely positioned to provide the tracing information on millions of victims. The company donated sets of Hollerith tabulators to the Red Cross and, as early as 1947, developed special punch cards to trace victims. The first German punch card was used by the Bavarian Red Cross in 1947 and then modified and extended by the evolving postwar entities that became the ITS."
Arolsen avait donc tout ce qu’ll fallait pour trier.. et retrouver les personnes à indemniser : "The implications for Holocaust and Nazi-era research are staggering. Among the many by-products of the archives’ revelations is vast additional proof of IBM’s minute-to-minute involvement in the 12-year Holocaust, new insights into the corporate beneficiaries of Germany’s slave and forced labor programs, an explosion of evidence that insurance companies participated in and benefited from the decimation of the Jews, and the dark details of persecution suffered by millions of individuals who would have otherwise disappeared into the bleak vastness of Hitler’s war against humanity". écrit le San Francisco Chronicle. On comprend mieux pourquoi rien n’en sortira pendant des années : les familles de juifs exterminés se seront fait spolier deux fois de suite !
La digitalisation pour IBM était donc à la fois un bienfait et à la fois quelque chose qui pouvait lui nuire : "For IBM, progress at the ITS is both a blessing and curse. When the documents are completely digitized, the historical information shall emerge more clearly ; but without the originals, IBM’s revealing printed processing data forms and ever-present Hollerith stamps shall be less obvious. That said, as the larger picture comes into focus, including labor and insurance information, the extent of IBM’s involvement will become more detailed." C’est pourquoi on comprend aussi pourquoi on a mis autant de temps à la mettre en place : lors du transfert de support, on pouvait ou non omettre des données, comme les logos compromettants ! Oh certes sans les Dehomag D-11, les nazis seraient aussi arrivés à leurs fins. Mais l’implantation incroyable de ces machines, le fait que l’Allemagne en 1939 est le pays au monde le plus équipé en machines de ce type est symptomatique de ce à quoi elles ont servi. Comme le dit justement Jean-Marc ROHRBASSER "Presque tous les camps de concentration possèdent un service de mécanographie, la Hollerith Abteilung. E. Black insiste sur ce point : il ne s’agit absolument pas de prouver que l’Holocauste n’aurait pas eu lieu sans IBM, mais de montrer que, sans l’équipement IBM, sans l’entretien des machines, sans les différents services fournis et sans l’approvisionnement en cartes perforées, jamais les camps de concentration n’auraient pu gérer des effectifs de détenus aussi considérables. Les Juifs sont suivis à la trace par des cartes de détenus, des listes de transfert Hollerith, des cartes perforées et des trieuses à l’infini."
Tout avait commencé au musée de l’holocauste à Washington, hérigé grâce à des donations et non grâce à des fonds publics (l’état paye 40% de son fonctionnement quand même). Or, à peine l’ouvrage de Black sorti, étrangement, la machine Hollerith a disparu, remplacée par une simple trieuse où le logo était devenu un simple décalcomanie qui ne résistera pas longtemps au passage des visiteurs. L’explication donnée par les responsables et que "la machine prenait trop de place à l’entrée"... il ne reste plus aujourd’hui que les deux blocs de marbre sur laquelle on l’avait posée... sur le site internet du musée, la photo de l’installation originelle avait été en en premier temps retouchée et pixellisée, comme à la télévision quand on souhaite proposer l’anonymat. "When IBM and the Holocaust was published in 2001, the Museum said they would allow a community discussion but only for a fee of $5000. Later, the infamous IBM machine emblazoned with a prominent IBM logo, situated at the starting point of the Museum exhibit, was quietly removed. It was replaced with another smaller machine where the logo is an indistinct decal on the side. The Museum claimed too many people were looking at the original machine causing a traffic jam. Two marble-plugged holes can be seen in the floor where the original larger exhibit case was secured. Then the IBM logo was pixilated over on the machine pictured on its website. After complaints and an internal investigation, the original unpixilated picture was restored."
Les juifs survivants de l’holocauste l’ayant fait vivement remarquer, les responsables ont dû remettre le logo pleinement visible. Ils soupçonnent bien sûr IBM d’être l’un des généreux donateurs... afin de contrôler son image de marque au sein du musée. D’où les tribulations de machines et de logos. Ford, aussi, très logiquement, ainsi que la Fondation Carnegie n’apparaissent pas "bizarrement" dans la recherche internet du site ni dans le musée : "Ford Motor Company is nowhere mentioned in the display and until last year was kept out of the museum’s website ; even now the web mention is buried in a search about The Protocols of Zion. General Motors, which made it possible for Hitler’s horse-drawn army to motorize, and launch the Blitzkrieg with the General Motors Blitz truck is mentioned nowhere. The Rockefeller-funded research program that led to Mengele’s horrific research at Auschwitz is mentioned nowhere. The Carnegie Institution’s involvement in creating Nazi eugenics and the formulas for the Nuremberg Laws is mentioned nowhere." Bref, on continue à masquer, on continue à effacer, on continue à tromper, donnant du grain à moudre aux négationnistes qui auront avec une telle attitude toujours un levier à soulever pour laisser repartir leurs délires ineptes. Car l’actualité n’est guère reluisante...
L’Amérique n’en a pas fini vraiment, en effet, avec ses idées pro-nazies de l’entre deux guerres promues par des gens comme Ford ou Watson : pour un rien, on ressort les croix gammées aux Etats-Unis : ce week-end, lors du débat houleux sur le régime de santé, des provocateurs sont allés tagguer une swastika sur le panneau de la permanence d’un député noir. Ford et Watson ont toujours leurs émules, et Barack Obama bien du mal avec un si lourd passé de l’entre-deux-guerres toujours pas digéré.
Et en Allemagne également : ce week-end toujours, un ancien nazi Josef Scheungraber a été condamné à la prison à vie à.... 90 ans, pour des meurtres commis en 1944 en Italie, à Folzano di Cortona . L’homme avait vécu tranquille durant tout ce temps, en qualité de gérant d’une menuiserie et de conseiller municipal. Et avait surtout été photographié à plusieurs reprises lors de réunions où se mêlaient policiers et militaires allemands. On attend celui d’ Ivan "John" Demjaniuk, l’ancien Kapo du camp de Sobibor.... et ceux qui n’auront jamais lieu, hélas, faute d’avoir retrouvé en Bolivie, au Chili, en Argentine ou en Egypte ceux qui ont bénéficié des rats lines organisées par le Vatican et la CIA pour avoir une fin de vie tranquille, celle qu’ils avaient interdite à leurs victimes.
Et pour ce qui est des machines héritières des cartes perforées, ces fameuses machines à voter issues des machines à recenser et à étiqueter les gens, et bien elles aussi faisaient l’actualité ce week-end également : un chercheur américain, Hovav Shacham, a trouvé le moyen d’entrer informatiquement de l’extérieur dans une machine Sequoia, encore très répandue aux USA, sans avoir de connaissance sur son système d’exploitation, et a réussi à en changer le vote, prouvant que ces engins sont les dignes descendantes de procédés fascisants, à savoir de laisser croire à la démocratie alors que les dés sont pipés à la base et qu’un pouvoir fort, à l’aide de ses machines, peut installer une dictature déguisée. Une autre procédure en novembre 2008 avait prouvé la même chose en accédant facilement à la carte-mère de l’engin.
Je travaille tous les jours avec des ordinateurs depuis 25 ans maintenant, et ma conclusion est faite depuis longtemps : pour la liberté citoyenne, c’est bien la pire chose que l’on ait inventé depuis longtemps, même si je vous écris ça dans un site qui se présente comme citoyen.... Personnellement, je n’aurais jamais imaginé tout ça en effectuant un boulot de vacances voici 41 ans maintenant... mais la vie est ainsi faite : on démarre avec un simple bout de carton avec des petits trous et on atterrit dans les heures sombres des pires dictatures ou dans l’atroce souvenir des camps de concentration, en raison d’un bouquin saisissant. Au moment où j’écrivais ces dernières pages, une vidéo en couleurs terrifiante sur l’après Hiroshima défilait un peu partout... les opérateurs racontant l’horreur vue, à en vomir et à en mourir cancérisés, en me faisant penser "plus jamais ça", en effet, plus jamais ça !!! Mais leur film sidérant enregistré sur les horreurs ne sera jamais diffusé dans les salles ou à la télévision : classé immédiatement top secret, interdit de diffusion par le Pentagone : pas le droit de montrer de telles horreurs ! Des photos tout aussi étonnantes (6 seulement) seront pourtant également "retrouvées" fin 2008, montrant des amoncellements de cadavres, à Hiroshima, jamais vus jusqu’ici : aussi terrifiant que l’ouverture des camps nazis, sinon pire encore. Je n’avais encore vu une seule de ces photos, 63 ans après les faits... Cacher, dissimuler, encore et toujours. Comme aujourd’hui encore : qu’avons-nous vu des deux massacres successifs de Falludja en Irak ? Rien : ç’eût été révéler l’usage de gaz innervants, du napalm, et du phosphore, interdits par les Conventions de Genêve. Avons-nous vu des cadavres en morceaux de soldats américains ? Non, c’est le concept de guerre propre qu’il faut à tout prix fourguer. Cacher, dissimuler, encore et encore... comme au Viet-Nam.
Ni Nazisme donc, ni camps, ni Hiroshima...ni dissimulations, ni d’autres Falludjas. Montrer et diffuser la vérité, celle de l’horreur de toute guerre et de tout aboutissement de théories racistes. Et pour que ça ne recommence pas, il faudra faire davantage attention aux plus démunis, devenus si nombreux en temps de crise, si faciles à manipuler : "C’est notre lumpenproletariat qui persécute les juifs, lynche les lycéens, brûle les jeunes filles, lapide les pompiers, chasse les médecins et incendie les écoles. Il faut souhaiter que les SA de demain ne soient pas déjà nés dans nos banlieues" précisait Pierre Jourde à propos de Thierry Jonquet, mort récemment. Espérons que Jonquet se soit trompé. A lire les réactions de certains ici, hélas, je crains qu’il faudra s’armer de davantage de vigilance encore...
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