Des tournois dans la Forêt de Bondy
Il y a tout de même des lecteurs vigilants ! Hier matin, vendredi 25 mars 2016, la censure de l’Obs.com, ayant jugé injurieux mon billet du jour l’a mis à la poubelle. L'explication est toute simple son titre était « la conjuration des imbéciles : l’UE et le PNR », l'existence de ce grand roman américain n'étant pas connue du robot de service ni du « superviseur », l'apparition du seul mot « imbécile », sans doute recensé dans la liste des injures, a suffi à déclencher l’ostracisme éditorial. Je l'ai d'ailleurs republié en mettant des guillemets cette fois, ce qui a permis sa publication. De ce fait, j’ai publié ce billet rejeté par l’Obs dans Agoravox, hébergeur d’ailleurs bien préférable à tous points de vue et que je fréquente parfois ; un lecteur (Si ! Si ! J'en ai, je vous l’assure) l'a noté et me l’a fait remarquer !
Pour ne pas décourager les bonnes volontés par des propos si futiles, je vais expliquer et justifier ce titre étrange « Des tournois dans la Forêt de Bondy », car ce lieu, repaire historique des pires brigands , ne passe pas pour avoir été très fréquenté par les preux chevaliers ! Je commencerai donc par la première partie de cet intitulé, plus étrange et fâcheuse mais moins intéressante que la seconde.
La fréquentation de plusieurs hébergeurs différents (Mediapart, L'Obs et Agoravox) m’a conduit à constater que les mœurs des lecteurs et des commentateurs éventuels n'y sont pas les mêmes. Le seul trait commun aux trois tient au goût manifeste de certains commentateurs (ou du moins de quelques-uns d'entre eux, car d’autres sont en revanche et heureusement, plus attentifs et plus pertinents) pour les affrontements interpersonnels, les blogs eux-mêmes et leurs sujets n’ayant pour but et pour principale justification que des joutes interpersonnelles avec d’autres commentateurs ; elles confinent parfois à l'injure, sans que le sujet lui-même ait beaucoup d'importance en la circonstance. Les blogs ne sont, pour de tels commentateurs, que l'occasion de rompre des lances en de véritables tournois verbaux dans lesquels certains semblent se spécialiser de façon quasi exclusive.
L'allusion à la Forêt de Bondy est plus curieuse et moins pénétrable. Elle tient essentiellement à ce que le réseau électronique (le « net » si vous préférez quoique j’abomine ce terme), mode de communication au départ élitiste, est devenu, contre toute attente, un lieu que fréquentent, de plus en plus et en nombre sans cesse croissant, des margoulins, des imposteurs et des escrocs d'espèces et de motivations très diverses. Cela va de simples faux blogueurs dont les billets ne sont que des messages publicitaires à peine déguisés pour la promotion de tel ou tel produit ou procédé (des crèmes rajeunissantes à la chirurgie esthétique et au tourisme en passant par des œuvres romanesques ou poétiques manifestement et unanimement refusées par les éditeurs). On peut voir là un juste retour des choses car la plupart de ces hébergeurs vivent eux-mêmes de la publicité !
Cette espèce est la plus innocente ; elle est en tout cas moins nombreuse et dangereuse que celles des multiples escrocs patentés de diverses farines, qui peuplent désormais les colonnes des blogs et encombrent les courriels pour tenter d'escroquer leurs lecteurs sous les formes les plus diverses.
Les escrocs les plus naïfs se trouvent apparemment dans le Sud (en Afrique francophone en particulier) ; leur spécialité est l'offre généreuse de vous faire parvenir quelques centaines de milliers de dollars ou d'euros dont ils ont hérité par je ne sais quelle voie, dont ils ne savent que faire et dont ils aimeraient faire don à une bonne personne comme vous. L’un des indices les plus sûrs de ce genre d'attrape-nigaud est l'orthographe très incertaine de ces messages car leurs auteurs sont aussi embarrassés par cette fortune que par l’orthographe des messages par lesquels ils espèrent « enfirouaper » quelque gogo, comme disent si joliment nos cousins de la Belle Province.
« L’hameçonnage » (« fishing ») s’opère par l'utilisation de fichiers piratés ou par le biais d'ordinateurs volés ou de quelque autre procédé qui donne accès à votre adresse électronique, mais surtout à des coordonnées de vos relations dont l’escroc se sert alors. L’un des stratagèmes favoris de ces malfaiteurs consiste, sous votre nom, à donner l’apparence d’une situation difficile mais urgente qui exigerait de votre part l’envoi de quelques centaines d'euros. Ce procédé est le plus courant mais aussi le plus trompeur car souvent l'accès aux données personnelles de la personne dont le voleur usurpe l'identité, permet de donner quelques fondements et de la vraisemblance à une telle demande.
Pour conclure sur le sujet qui pourrait s'intituler : « Des usages pervers de l'informatique », et sans parler des virus, répandus partout par les fabricants d’antivirus eux-mêmes, ni des diverses escroqueries des producteurs de hardware comme de software ni des inventeurs de réseaux sociaux, je dirai que désormais au moins un message sur cinq parmi les milliards émis chaque jour, doit relever à peu près de ces catégories de truandage plus ou moins patent. Mais après tout, comme le bon Esope l’a démontré il y a bien longtemps à son maître par sa cuisqine, l'électronique et l'ordinateur, comme la langue, sont les pires et les meilleures des choses.
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