Desproges, reviens !
Or donc, résumons un peu la situation. Un violent barbouze casqué qui rêvait d'être enfouraillé tabasse un manifestant déjà maîtrisé par les forces de l'ordre pour le plaisir de manifester sa toute-puissance grandissante. Puis il s'enfuit piteusement à la vue des caméras. Nous sommes le 1er mai, nous sommes dans ce qui subsiste de ce grand pays que fût naguère la France.
On aurait pu en rester là. Mais le faciès de ce "chargé de mission" présidentiel (sic) n'a pas échappé à certains et l'affaire devient officiellement un problème gastrique majeur pour l'Elysée jupitérienne. Qu'à cela ne tienne, on suspendra ce lieutenant-colonel de pacotille pour deux semaines, et le petit peuple, encore dans son vertige footballistique, n'y verra que du feu. Bien. Notez que s'il n'avait pas été reconnu, lui et ses bons amis auraient pu tranquillement continuer à exhiber leurs brassards de police et leurs pétards illégaux pour aller s'amuser un peu aux frais des gueux. Chargé de mission, ma brave dame, c'est un boulot extrêmement bien rémunéré, mais qui nécessite périodiquement d'aller relâcher la pression. Soit. Mais à l'heure d'internet, l'on se rend rapidement compte que cet individu est absolument partout. Derrière, devant, à côté du président. Tout le temps. Et pourtant, nous avons un ministre de l'intérieur qui ne le connaît pas. Ni lui, ni ses fonctions. Jawad, sors de ce corps, alors ! Le même Jawad qui incidemment jouait aux jeux vidéos avec Makao, le garde du corps du roi engagé par le même chargé de mission. On atteint là un niveau de compétition, non ? Vous suivez toujours ? Nous voici donc avec une commission d'enquête parlementaire qui nous donne du c'est pas moi c'est l'autre, je ne savais pas et je ne peux pas vous le dire. On nous dit même que l'on s'est trompé à l'insu de son plein gré dans les dates de l'éventuelle suspension factice dans un exercice ambigu de rétropédalage sous pression. On avance à reculons. À ce jeu des chaises musicales sur planches savonnées, il est décidé que c'est le directeur de cabinet du président teufeur qui va sauter. Il est proche de la retraite, ça fera très bien l'affaire. Et tant pis pour la carrière de ce haut fonctionnaire, qui sent le piège se refermer en direct à mesure qu'il patine dans les sables mouvants. "Les copinages malsains évoqués hier par le préfet de police ne font pas une affaire d'État". Quelle étrange déclaration de la part d'un premier ministre... Puis, enfin, le monarque, que l'on disait "serein" en bonne communication inversée qui se respecte, sort enfin de son silence pour annoncer devant ses troupes en faux off que le responsable... c'est lui ! Et lui seul ! Car c'est lui le chef ! Et qu'on vienne le chercher un peu pour voir ! (Desproges, reviens, vraiment ! C'est trop poilant !). Et l'on apprend que le dit employé ne gagnait pas des sommes ahurissantes, qu'il n'était pas logé comme un pharaon, qu'il n'avait pas les codes nucléaires et que non... ce n'était pas l'amant du président. La Cour pouffe devant la classe royale de leur humoristique suzerain new age. Une semaine de brainstorming de crise pour accoucher de ça. Chapeau bas. Puis les frivolités cessent, et le ton change pour le coup de grâce dramatique : ce qui s'est passé le 1er mai, soudain, ce 24 juillet, devient une trahison. Tiens, ça rime avec jambon. Manu, tu nous prends vraiment pour des c**s. Ton porteur de bagage secret défense, qui avait les clés de l'assemblée et celles de chez mémé, fait surgir tellement de questions que l'acte déclencheur en soi n'a plus vraiment son importance initiale, tant il est noyé par le scandale honteux des avantages faramineux accordés à cette crapouille maquillée en collaborateur présidentiel à géométrie variable qui se permettait, je cite, "d'emmerder le préfet" et de passer régulièrement en force et avec arrogance au dessus des dirigeants des forces de l'ordre et de quiconque se mettant en travers de son chemin. Pour quelqu'un de si jeune, sortant littéralement de nulle part et qui n'avait comme fait d'armes qu'une tentative de délit de fuite pour laquelle il s'était fait virer au bout d'une semaine, c'est un peu fort de café. On est passé de peu à côté d'un sous préfet sévèrement gratiné. La république bananière de monsieur Jupiter. Même les alliances corses du grand Charles avaient meilleure allure. Hey, Manu, tu descends ? Non, sérieusement, il faut redescendre maintenant. Tu inquiètes maman. Ton seul accomplissement aura été de torpiller ta présidence en un an seulement, et je sens subrepticement que tes sponsors ne t'apprécient que moyennement. Le dernier souffle de ce grand pays a eu lieu en 2003. Puis il s'est éteint. C'était à l'ONU avec Monsieur de Villepin. Ce ne sont ni tes singeries américaines ni ta pathétique prestation russe qui nous ramèneront vers ce niveau de respect et de crédibilité internationale. Je te tutoie, car si j'ai le plus grand respect pour la présidence et les institutions de mon pays, pour les hauts fonctionnaires que tu fais tourner en bourrique et pour les forces de l'ordre qui n'avaient certainement pas besoin de ton gorille au melon hypertrophié, je n'en ai aucun pour toi. Je subodore que du fond de ta divine suffisance, de ta déconnexion totale et de ton mépris absolu du peuple français dans son ensemble, un petit attentat serait finalement bien arrangeant pour masquer tout ça et te repositionner commodément en sauveur de la nation, non ? Ou une petite guerre, peut-être ? Car il y a une persistante odeur de brûlé. Maintenant que tu as lâché aux chiens ton fidèle homme à tout faire, je ne doute pas qu'il en aura bientôt des vertes et des pas mûres à nous raconter. Finalement, énième revirement, Son Altesse Manu 1er fait aujourd'hui annoncer qu'elle ne viendra pas s'expliquer devant la commission, et qu'elle ira se planquer jusqu'à la rentrée, afin de méditer. L'incompétence crasse et l'inculture politique totale de cette présidence ridicule ne connaissent visiblement pas de bornes, y compris dans l'arrogance et le mépris de toute une nation. "C'est même à ça qu'on les reconnaît", disait le maître dialoguiste. Ces quelques jours ne sont que le début du feuilleton Macron. Et ça ne sent définitivement pas très bon.
36 réactions à cet article
Ajouter une réaction
Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page
Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.
FAIRE UN DON