Diatribe dystopique
Pour m'intéresser par périodes successives à la politique, je me suis assez vite rendu compte que le populisme au niveau des gros partis est l'apanage du FN. Ils surfent sur l'opinion, soufflent sur les braises des terreurs des gens pour faire tourner leur petite entreprise familiale, sans jamais trop se préoccuper de ce qu'ils feraient s'ils étaient au pouvoir vu que ce n'est fondamentalement pas prévu. Un parti fondé par des poujadistes et des anciens de l'OAS ne pouvait pas devenir autre chose. Et les médias leur donnent une visibilité proportionnelle à leur non-dangerosité, vu qu'ils seront toujours trop caricaturaux pour gagner une élection.
La démocratie parfaite n'existant pas, son fantôme a malheureusement besoin d'un soupçon de comportements dictatoriaux pour garder quelques miettes d'autorité tangible, je le concède. Le populisme du FN se manifeste dans son discours sur l'abolition de la proportionnelle aux élections législatives, qui ne serait au final qu'une régression ramenant aux chambres ingouvernables de la IV république vu qu'on ne pourrait durablement extraire une majorité. Techniquement, c'est ce qui se rapporte le plus de l'idéal démocratique vu que chaque vote concède de nouvelles alliances selon les intérêts objectifs des partis, mais dans la pratique, on se retrouve juste avec des opportunistes qui se sabotent mutuellement sans soucis du bien commun pour accéder aux postes prestigieux. Sur ce point-là, l'idée mélenchonienne de la VIème république est risible, parce que c'est dans les textes une IVème ++. Le problème, ce ne sont pas les institutions, ce sont les hommes et les femmes qui sont aux responsabilités. Le soucis de l'exécutif fort ne se pose que dans le cas où ce dernier est mal intentionné, autrement, ça permet de contourner les chambres, qui ont de tout temps été des repères à bourgeois, soucieux de leurs intérêts avant tout.
Asselineau. Le vrai. Le mythe. Le seul. Le non d'extrême-droite, pour une raison fondamentale : Il part du principe qu'au vu des traités européens, les 3/4 des sujets sensibles abordés lors des campagnes électorales sont bidons vu que la France y a délégué sa souveraineté à Bruxelles, et qu'il est donc nécessaire avant de présenter un programme de recouvrer le pouvoir politique de l'appliquer, ce qui me semble être du bon sens. Ses idées sont d'inspiration gaullienne, ce qui ne le classe certes pas à gauche, mais dans une droite relativement classique, et pour le coup pas spécialement mal intentionnée.
Il suffit de consulter la liste des GOPE pour s'apercevoir que Macron et ses deux prédécesseurs se sont contentés d’appliquer avec zèles les doléances de la commission européenne, en agitant de temps à autre des sujets sociétaux clivant pour détourner l'attention. En cela, je ne les considère pas comme des présidents de la république française, mais comme des gouverneurs de l'Etat de France au sein des USE ; ce qui ne serait au passage aucunement dramatique si l'UE n'était pas ce repère à lobbys d'inspiration ultralibérale.
Bien entendu, dès lors qu'on ne peut attaquer quelqu'un sur ses idées, on lui colle une étiquette de pestiféré : Asselineau est marginalisé sur la simple base qu'un jour, un fin analyste politique a décidé de le classer à l'extrême-droite. Et vu que beaucoup de gens ne vont pas au-delà de l'étiquette, le gars ne peut plus dorénavant s'exprimer sans qu'on lui fasse des procès d'intention, guettant le moindre signe qui pourrait tendre à confirmer la marque des bannis médiatiques. Personnellement, j'ai pris le temps de l'écouter sans passer par la case télévision, et j'ai découvert un homme honnête dans sa démarche, en fait. Tout simplement. Qui aurait pu finir une carrière de diplomate dans les ors de la république, mais qui a préféré se mettre au ban de l'IGF, position oh combien confortable, pour occuper un terrain politique non-défriché. Et pour le coup, à mon sens, son plus gros défaut, c'est de dire la vérité.
Il n'y a plus de droite ou de gauche : Il y a les progressistes libéraux dévergondés et les conservateurs relatifs, certains d'inspiration socialiste. Dans la veine du "si vous n'êtes pas avec moi, vous êtes contre moi", quiconque n'est pas pour une sortie claire de l'UE fait directement ou indirectement parti des progressistes, Mélénchon y compris. Les discours du genre "changer l'UE" sont des écrans de fumée, vu que pour "changer l'UE", il faut que tous les états membres soient d'accord. Il suffit qu'un seul état pose son veto pour que ça capote, alors Mélenchon et ses rêves d'Europe socialiste...L'Europe, on l'accepte telle qu'elle est, où on la quitte, vu que ce n'est pas techniquement possible de la modifier.
Après, Macron, on ne peut pas lui reprocher d'avancer masqué. On ne peut pas lui reprocher de ne pas être tiré par le bas par la médiocrité des médias à l’affût des "petites phrases croustillantes". Mais au-delà de sa personne survalorisée (sur la base de laquelle il s'est fait élire), il n'est pas la nouveauté attendue. "Je suis jeune et dynamique, j'ai un projet", ça simple assez risible comme marque de fabrique vu d'ici ; surtout six mois après, quand on s'aperçoit qu'il a certes fait bouger les lignes, mais les mauvaises.
Dans sa veine de faire des économies (prétexte pour détruire le service public), il supprime donc à tour de bras moult subventions d'état, dont les fameux contrats aidés. Directement, ça met des gens au chômage, qui ne vont pas le rester longtemps d'ailleurs vu qu'on les radiera assez vite s'ils n'acceptent pas le poste en usine de nuit à 80km de chez eux. Indirectement, ça met dans l'embarras les petites collectivités locales, qui comptaient sur ces contrats spécifiques pour employer des personnes en soutien de leur activité (dans les collège, les crèches, les mairies...). Résultat : Soit les collectivités locales rabattent le travail sur les employés en CDD/CDI, ce qui va créer une surcharge notable, et donc une baisse de la qualité du service ; soient ils embauchent, et ça coûtera donc plus cher au contribuable. ; soient ils font des économies alternatives sur le matériel, les investissements...
Je ne dirais pas "à cause de Macron", dans la mesure où il n'a pas l'originalité de se démarquer de son prédécesseur et du paradigme libéral qu'il relayait ; disons donc "sous la présidence Macron et sans qu'il ne fasse rien", les refuges pour animaux n'ayant plus les moyens d'assurer correctement leur mission suite aux coupes budgétaires et à la suppression des contrats aidés, on y euthanasie donc en masse. Pour faire des économies. C'est joli, comme vision du monde. On sent l'évolution de l'humanité vantée par le "progressisme" contemporain, qui est encore un mot dont on a détourné la signification : Pour que les divins investisseurs reviennent en France, on assassine des animaux, parce qu'ils coûtent trop cher. Et le pire, c'est que ce n'est pas comme si on avait pas l'argent où les moyens, c'est juste qu'on ne veut pas les investir là-dedans. On, préfère payer les intérêts des intérêts de la dette impossible à rembourser, histoire de rassurer le capital.
Je passerais sur "Hulot, l'écologiste qui tue les abeilles". Mais sur la libre-concurrence : Il y a quelques années, la ville de Nantes a voulu sous traiter la gestion de son réseau d'eau à une boîte privée, pour une contrat d'exploitation de 5 ans, renouvelable. La boîte en question est donc arrivée, n'a pas touché aux tarifs, mais s'est largement engraissée en faisant le minimum d'investissement possible sur le réseau. Résultat, au bout de 5 ans, la mairie demande à la boîte s'il elle veut renouveler le contrat, la boîte dit bien entendu "non". Et aucune autre ne veut reprendre le flambeau, c'est donc à nouveau la ville qui récupère la gestion du réseau, dans un état déplorable vu qu'il n'a pratiquement pas été entretenu pendant la durée du contrat. Elle est donc obligée de faire des investissements, et donc d'augmenter les tarifs...Et tu sais ce que les gens vont dire ? "Ah, c'était mieux quand c'était pas la ville qui gérait, c'était moins cher".
En fait, dans absolument TOUS les secteurs de l'économie, la partie "publique" fait des investissements à perte pour maintenir les infrastructures en état et passe pour la grande méchante trop chère qui pratique des tarifs honteux, et la boîte privée arrive, casse les prix (facile vu qu'elle n'a pas pour vocation de rendre un service mais de faire du profit, et tout est bon pour faire du profit), et passe pour la gentille qui fait jouer la libre concurrence.
Les bus Macron, par exemple, sont certes des initiatives louables, mais n'ont pas pour autre objectif que de casser le réseau ferroviaire français : Cela fait un manque à gagner pour la SNCF (qui pratique au passage des tarifs certes exorbitants, mais malheureusement justifiés vu qu'il faut investir dans le réseau ferré TRES fatigué), qui va être contrainte de faire des économies. Et quand la SNCF doit faire des économies, croyez-vous qu'elle augmente de 10% le prix des billets de 1ère classe ? Ben non, comme on la pousse à être d'inspiration libérale, elle supprime les petites lignes régionales dite "non rentables". C'est pas la question de la rentabilité, c'est la question du service public ! Y'a des villages qui ne vivent que parce qu'il y a le train qui passe, en fait.
Enfin bref, ça m'énerve, le mythe de la libre concurrence... Peut-être que ça marche dans un monde ultralibéral sans service public, mais dans la société actuelle, c'est juste les boîtes privées qui font n'importe quoi pour reverser le plus de dividendes possible à leurs actionnaires, et derrière le contribuable qui récupère tant bien que mal les bêtises grossières par ses impôts. Je vais me marrer quand les centrales nucléaires seront privatisées, comme les barrages hydroélectriques, et que la multinationale de l'énergie qui aura prit le relais décidera de faire des "économies sur la sécurité".
Fukushima. Tepco, société privée. Qui oublie, malgré ses obligations, de signaler des fuites d'eau radioactive (pour atténuer au mieux la chute du cours de l'action, on l'imagine) à l'autorité de sûreté nucléaire japonaise. Qui rejette dans l'océan l'eau radioactive qui a servit à refroidir les réacteurs parce qu'elle aurait coûté "trop cher" à traiter derrière. On sent le soucis du bien commun, on sent la sensibilité à la cause écologique, on sent le désir de ne pas compter les dépenses pour faire au mieux.
En fait, l'histoire, autant récente qu'ancienne, démontre que ce vers quoi nous entraîne ce que représente Macron est à terme une dystopie dangereuse. Qui ne résoudra pas les problèmes, qui au contraire les aggravera, et en créera d'autres. Je ne sais pas quel est le bon chemin, mais je sais sacrément quel est le mauvais : Celui que nous sommes contraints d'emprunter par l'idéologie, disons... Pour changer d'adjectif, passons "d’orwellienne" à "quasi-satanique" (dans le sens d'inversion des valeurs, le bien devient le mal, le mal devient le bien, l'amour devient l'indifférence, l'indifférence devient l'amour, la gentillesse de l'intérêt caché, l'intérêt caché de la gentillesse...). Je parle de sphère de pensée globale et théorique, bien entendu, pas des rapports quotidiens entre êtres-humains.
Nous ne prenons certes pas, bien malgré nous, le chemin le plus vertueux. J'en veux pour témoin cette "risigniation" qui tend à se focaliser sur le concept de famille.
Pendant les histoires de la manif' pour tous, le mariage homo, on a beaucoup parlé de la "destruction de la famille", de "l'horreur pour l'équilibre de l'enfant que pouvait induire l'homoparentalité". Sociétalement, je me disais qu'il valait mieux des parents homos que pas de parents du tout, même si mon avis a légèrement évolué depuis que j'ai lu des ouvrages de psycho sur la construction mentale de l'enfant. Bref, je ne voyais pas trop le problème de la "famille", qui est une entité assez abstraite et instinctive à mon sens.
Et puis j'ai lu Rousseau.
A son avis, lui, la famille est l'entité fondamentale de la société, vu que c'est la plus petite forme de société qui existe. C'est le noyau atomique de la collaboration inter-humaine, ce sur quoi on s'appuie, et ceux à qui ont s'identifie. C'est primordial. Or, dénigrer la famille, c'est dénigrer l'humain. Les gens se marrent maintenant quand on balance le schéma classique de "papa, maman, les enfants", on est très vite catalogué "vieux catho rétrograde d'extrême-droite conservateur", voire en plus "gros macho oppresseur des femmes" si on est un mâle blanc cisgenre. Parce que c'est vrai que ça a tendance à devenir "maman/papa, les enfants, et le copain fluctuant de maman/papa", c'est très dans l'ère du temps, si j'ose dire.
Les luttes sociétales "paravent" ont pour conséquences de détruire la famille, et non de la repenser. Logiquement, la famille se défend, c'est bien légitime. Mais je me demande, depuis que j'ai lu Rousseau... Est-ce qu'une apparente conséquence ne pourrait pas être la finalité désirée ? Un individu sans famille est tellement plus facile à manipuler...
Que les cons pensent printemps. Que les autres s'indignent !
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