Diesel, ma belle...
Je crois que je vais me mettre au Diesel. Pas pour le seul plaisir de déplaire aux khmers verts de l’écologiquement correct (quoique…), en ces temps de COP21 troublés par des cumulus et des stratus venus de Belgique et du Maghreb et qui nous font de légères variations saisonnières. « C’était un temps déraisonable, on avait mis les morts à tables, on prenait les loups pour des chiens, c’était de n’y comprendre rien », disait Aragon dans « est-ce ainsi que les hommes vivent ? ». Oui, tout change de pôle et d’épaule, les loups solitaires et les « chiens d’infidèles », comme ils disent chez ceux qui n’aiment pas le saucisson.
Ni les chiens.
Diesel, c’était une des quatre chiennes du RAID et qui est partie, ce 18 novembre vers 5 heures, à Saint-Denis. Pas dans un concours de beauté. Non, au taff, au tapin. En « faisant le job », comme on dit. « Ce fut en avril à 5 heures, au petit jour que dans ton cœur, un dragon plongea son couteau », disait Aragon. Mais là, ce fut en novembre à 5 heures qu’un enculé t’a partagé par la longueur à la 12 mn Brenneke. Alors, oui, je vais me mettre au Diesel. Pour toi, ma belle.
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Diesel, ma belle. Tu as bondi à l’horizontale, pour suivre ce satané pointeur-laser rouge qui te sert de support à l’entrainement. Tu l’as fait pour faire plaisir à ton maitre, comme d’habitude. Pour qu’il te caresse après, et que tu repartes jouer et courir avec lui dans les forêts de Bièvres ou d’ailleurs. Pour mettre ta truffe sous le gazon débusquer les taupes, les vraies, pas celles qui se terrent dans le « neuf-trois », à Schaerbeek et à Molenbeek, et qu’on a laissé pousser comme une jungle chez les politicards et les politichiens parce que ça rapportait des voix. Ils t’ont crucifié (rien que le terme, ça leur donne des boutons, alors je le dis et je le redis, tu parles…) au 12, figée dans la trajectoire de ta course. Une plaie transfixiante, qu’on dit chez les médecins légistes.
Je sais qu’ils t’ont mis après dans cette petite bâche plastique (les grandes, c’est pour les humains), celle qui est prévue pour toi et tes trois autres « collègues » du RAID, au cas où ça tourne mal.
Je ne connais pas ton maitre, mais j’ai connu celui d’un de tes collègues à 4 pattes, il y a quelques années, dans cette même « boutique ». Je devine qu’il est à moitié sourd par six heures de fureur et de bruits, désespéré de ne pas avoir eu le droit de te suivre, de l’étonnement de Diesel de se voir seule face aux malades mentaux, à ces petites crevures nourries au Captagon. Je devine le temps qu’il a dû attendre pour récupérer ta dépouille.
Les phrases qu’il t’a dite avant l’assaut qui tournent dans sa tête, ces mots pour que tu partes faire le job, « vas-y ma belle, vas-y ».Va chercher, va chercher les monstres que le sommeil de notre raison a engendré. Nourris aux « padamalgam » qui ont bercé 30 ans de plateaux-télé politiquement corrects.
Diesel, ma belle, ton paradis, c’est pas 66 vierges ( pt’ét plus, peut-être moins, j’sais plus compter), ni 40 bergers allemands bien membrés pour « t’honorer ». J’espère que tu y es, à présent, au paradis des chiens, pour avoir enfin ta récompense.
Des jarrets de porc aux lentilles, des andouilles de Gémenée, du jambon à l’os, des chipolatas bien grasses. Tout ce que tu n’as pas pu manger au Raid parce qu’il fallait que tu gardes la ligne, toi qui était si fine.
T’inquiète, Diesel, on va leur donner un os à ronger, à ce chiens (non pas toi, les vrais chiens.)
Pas « les chiens de garde » de Paul Nizan , non les nouveaux chiens de l’anti- République. Pas de l’Atlantique à l ‘Oural, mais plutôt d’Aubervilliers à Molenbeek (eh oui, chers amis les idéologues, les temps changent : « the times they are changing », comme chantait ce vieux Bob Dylan à l’époque où votre logiciel des « méchants » était branché sur les blancs qui faisaient le Vietnam, pas sur ceux qui allaient faire la Charria au Bataclan…)
Question de perspective.
Puisque le locataire du 55 Faubourg St Honoré nous a dit que c’était la guerre, eh bien on va la faire, Diesel, crois-moi.
On va faire des largages héliportés de jambon Fleury-Michon à Fleury-Mérogis, dans la cour de promenade. Ils n’auront plus rien à bouffer d’autre, et quand ils auront bien les crocs, ils en mangeront du porc, Diesel, ma belle. Ils en mangeront et ils verront que c’est bon, et que c’est pas bien de tuer des chiens qui font juste leur boulot.
La Mecque, toi et moi, on ne sait pas où c’est et on s’en moque. Le tapis et le sens du tapis itou.
Toi, ton truc, c’étaient les tapis en bouclette pour t’allonger devant le feu de cheminée qui crépite.
Non, je te souhaite juste de longues courses au ralenti dans les champs, comme dans ces putains de pubs à la Télé, des tas de baballes à aller chercher, et non plus des baballes de 7.62 NATO full metal jacket, semi chemisées.
Dans ce paradis des braves, tu y retrouveras sans doute d’autres gens, des gentils, des vrais gentils habillés jadis en noir par le même couturier de Bièvres : Fernand Seither, René Canto, Jo Thalmann.
Diesel, ton départ m’a fait penser à cette superbe « chanson » ( plus parlée que chantée) de Léo Ferré, qui se nomme « y’a plus rien ». Dans ce délire fulgurant de 13 minutes, il y a ceci :
« Misère…
Misère, c’était le nom de ma chienne, qui n’avait que trois pattes.
L’autre, le destin le lui avait mise de côté pour les Olympiades de la bouffe
Et des culs semestriels qu’elle accrochait dans les buissons pour y aller de sa progéniture.
Elle est partie, Misère .
Quelque part.
Dans la nuit de chiens. »
Je ne sais pas dans quelle nuit tu es, mon chien. Ni nous avec.
« Les chiens et les infidèles », qu’ils disent dans leurs revendications où ils justifient les morts innocents « au nom d’Allah le clément et le miséricordieux », (sans même en voir la contradiction dans les termes, tellement ils sont incultes et répètent par cœur ce qu’ils ne comprennent pas…).
Eh bien moi, je suis fidèle aux chiens. Je te serai fidèle, Diesel. Je leur garderai un chien de ma chienne.
Parce que je sais qu’ils n’ont pas voulu que tu aies des petits. Ça te manque sans doute, aujourd’hui, des petits.
Oui, je vais me mettre au Diesel.
En hommage (étymologiquement, pour les incultes, ça veut dire « je suis votre homme ») à cette petite chienne mince, vive, pleine de malice et de vie qui s’appelait Diesel.
Je suis ton homme, Diesel.
Je ne vais pas faire des hommages à la con le dimanche après-midi avec les bobos du 12 eme, place de la République avec des banderoles siglées « même pas peur », tout ça pour détaler au moindre pétard mouillé comme dimanche dernier. Ils ont dû bien rire nos « amis », à Fleury-Mérogis ou sur Al Jezira …De voir nos amis de « Terra nova » courir au milieu des poussettes pour bébés, comme si c’était une promenade du dimanche pour bobos désœuvrés que nos amis islamistes nous proposent…
Du reste, je vais peut-être bientôt te rejoindre bientôt, Diesel.
J’habite Paris, et à présent, on ne scrute plus comme avant nos voisines de RER, de métro ou de Galerie Lafayette pour deviner si elles ont un soutien-gorge sous leur chemisier en soie, mais pour voir si elles ont ou non un gilet explosif.
La seule certitude que j’ai, Diesel, c’est que la faucheuse, cette salope, c’est bien la seule qui vient même (et surtout) quand on ne l’appelle pas. Et donc « pour tous elle aura un regard », comme écrivait le splendide Cesare Pavese dans « la mort viendra et elle aura tes yeux ».
Et donc on te rejoindra, maintenant ou plus tard, et on ira aux champignons, on jouera dans les bois, Diesel, ma belle.
Je suis sûr que je pourrais tenir cette promesse, puisque on va tous y passer.
Jean-Michel Fauvergue, bien sûr, il te remplacera. Parce que c’est son job. Sans pour autant t’oublier, évidemment.
Je suis presque sûr qu’il refusera le chien de Poutine.
Il en prendra un autre, un Malinois, comme toi.
Il l’appellera pas Diesel, mais « sans plomb 95 », parce qu’il y en a marre des balles, du plomb et des années plombées.
Salut, Diesel, ma belle.
Ceux qui vont mourir n’ont même pas eu le temps de te saluer.
César, ces derniers temps, il a plutôt tendance à être remplacé par le Prophète.
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PS : J’aime les chiens (les chiennes aussi…). Mais les plus malins d’entre vous auront compris que je ne rends ici pas seulement hommage à un chien, mais aussi à 140 âmes, hommes et femmes, parties quelque part sans qu’on leur demande leur avis. Qu’ils reposent en paix.
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