Dieudo Coulibaly ou l’art de gérer un bon coup

Dieudonné était donc une nouvelle fois convoqué au tribunal, cette fois suite à un tweet au moment des attentats où il affirmait se sentir "Charlie Coulibaly"... il fallait certes oser. Et cela a choqué les bataillons de ligues de vertus habituels qui l'ont poursuivi pour apologie de terrorisme. Le premier ministre lui-même en a rajouté une couche, en attendant un communiqué de la Maison-Blanche qui tombera au moment de la condamnation du maitre de la "haine". Il ne fallait pas faire d'esprit après le carnage des adeptes d'Al Qaida, l'émotionnel devait primer sur la réflexion, concept honni de la caste politico-médiatique française. Chacun était sommé de participer aux processions contre "la violence", mais il ne s'agissait pas de mettre en perspective et surtout de comprendre ce qui venait de se passer.

Rassurez-vous, loin de moi l'idée de défendre le saltimbanque de la main d'or. Il s'agit juste de remettre les choses à leur place. Dieudonné n'est ni un militant ni un philosophe. C'est un habile homme de spectacle, qui a bien calculé son coup. Car que signifie "Charlie Coulibaly" ? Au palais de justice il a déconcerté l'auditoire par de vagues justifications, où il compatissait au sort de toutes les victimes (donc les terroristes inclus), en s'affirmant lui-même traité comme un terroriste, un paria. Il a rappelé au passage sa collaboration avec Tignous pour un bouquin anti-FN, oubliant de préciser que cela remonte à une quinzaine d'années. Bref, un baratin foireux pour essayer de limiter le montant de l'impôt détourné - l'amende - qu'il aura à payer. Le prix pour un énième coup de pub orchestré par des associations "humanistes" subventionnées et tout aussi antipathiques que lui.

Alors pourquoi ce tweet ? C'est très simple à comprendre. Le noyau dur du public de Dieudonné vient justement des banlieues pauvres, il y a beaucoup de jeunes islamistes dans son public attirés par les diatribes "antisionistes" du lascar. Il s'agissait d'un clin d'oeil à destination de ce public culturellement défavorisé qui tient notre bonhomme pour un éveilleur de peuple. Un public qui s'est senti plus "Kouachi" que "Charlie" et qui l'a fait comprendre sur twitter, s'attirant les foudres (légitimes) du gouvernement lui-même.

Mais le sieur M'Bala visait aussi l'autre composante de son auditoire, les "complotistes". Les illuminés pour qui CIA, Mossad et services secrets en tous genres sont derrière tous les mauvais coups. Les disciples de Meyssan et les fossiles de l'hebdomadaire antisémite Rivarol. Ainsi bien entendu que les fans de l'infatigable Alain Soral, qui tombe de plus en bas de son côté (sa dernière vidéo sur youtube est nullissime et grotesque). 

Or tout cela n'est que du business. Dieudonné va rendre 30000 euros d'amende au fisc ? Cela correspond à un mois de ses revenus mensuels, ce qui n'est pas la mer à boire vues les recettes qu'il va engendrer, en compensation pour cette sortie de quelques mots placés au bon moment.

Tout cela pour dire qu'il faut arrêter de voir en Dieudonné un politicien alternatif ou un philosophe. Il n'est que ce qu'il a toujours été, un homme d'affaires, qui sait gérer habilement ses revenus. La presse People inclut dans ses bilans financiers les dommages et intérêts pour les photos d'actrices seins nus au bord de la plage, sachant que les recettes dépassent largement les désagréments judiciaires. Dieudo fait la même chose de son côté... il n'y a rien d'idéologique là-dedans.

Pour conclure en faisant un peu d'esprit à notre tour, si une bonne partie des français s'est sentie Charlie, il y a un bon paquets de Charlots qui seraient mieux inspirés d'aller s'occuper de la misère culturelle chez les jeunes, plutôt que d'espionner les tweets des escrocs et de passer le temps à faire leur promotion médiatique.