#DigitalHumanRights : pour une déclaration des droits fondamentaux numériques, 4ème génération de droits de l’homme
Pouvons-nous tirer profit des opportunités qu’offre le monde numérique tout en préservant les acquis des trois premières générations de droits et libertés fondamentaux qui se sont succédées depuis plus de deux siècles ?
De notre point de vue, la réponse à ces questions passe par l’élaboration d’un cadre éthique et juridique accessible aussi bien aux êtres humains que possiblement appréhendé par la machine.
Pour y parvenir, il faut repenser un droit compréhensible par les humains, sous la forme de droits fondamentaux, et un droit compréhensible par les machines, qui prendra la forme de standards.
Il s’agit donc de mettre le droit au service de l’innovation pour mettre le progrès au service de l’Homme. C'est tout l'esprit de #DigitalHumanRights et de l'appel à contribution que nous initions le 22 octobre. LawIsCode !
En trente ans, Internet a révolutionné nos vies. L’humain a amorcé sa nouvelle mutation. Les technologies sont bien sûr sources d’immenses opportunités pour ce futur ‘’homo-numéricus’’. Mais elles représentent également des défis considérables, qu’il faut relever à l’échelle mondiale et dès à présent.
Le progrès, bien réel, doit bénéficier à tous. Pour cela il faut inventer un cadre éthique et juridique dédié au monde numérique. Un cadre éthique et juridique compréhensible pour les humains et appréhensible par l’intelligence artificielle.
Les questions liées à la gouvernance des données ne sont pas un sujet technique : elles sont un sujet politique et en véritable enjeu démocratique.
Après la Déclaration des Droits de l’homme et du citoyen, qui confère les droits physiques et intellectuels de première génération, le préambule de la Constitution de 1946 a élaboré les droits économiques et sociaux de deuxième génération, qui ont été suivis des droits de solidarité de troisième génération.
Aujourd’hui, le défi auquel nous sommes soumis est grand : nous devons penser des droits fondamentaux de quatrième génération, particulièrement nécessaires à notre temps.
Il nous semble incontournable désormais de protéger les citoyens et leur offrir un cadre éthique efficace, opposable aux Etats-plateformes et aux machines.
Si d’immenses progrès ont été faits sur la régulation de l’IA et des plateformes, qu’avons-nous entrepris pour les droits humains de la société numérique ?
A l’horizon 2020, nous devons réinventer l’application du droit dans ce nouveau paradigme et imaginer de nouveaux droits destinés à protéger les individus face à l’IA, et contre les violations commises pas les Etats-plateformes que sont devenus les grandes multinationales du numérique.
Il faut repenser un droit qui soit compréhensible par les humains, sous la forme de droits fondamentaux de l’homo-numéricus, et un droit compréhensible par les machines, qui prendra la forme de standards.
L’enjeu est donc double : initier une démarche de co-construction des droits fondamentaux numériques, à vocation universelle, opposable aux Etats signataires et à leurs entreprises, puis, créer des standards technologiques pour décliner ces droits directement dans le code informatique.
Dans la lignée du RGPD, d’initiative européenne, les GAFA ont déjà engagé des travaux sur les standards de gouvernance des données. Nous pensons que les pays européens peuvent proposer une alternative à cette vision de l’Internet mondial.
Le RGPD n’est pas suffisant en soi et les enjeux juridiques et éthiques de l’homo-numéricus dépassent le seul droit fondamental de la protection de ses données personnelles.
Au delà des Etats et des GAFA, la société civile doit pouvoir proposer ses propres règles pour la gouvernance des données et repenser le contrat social à la base de notre civilisation.
Un nouveau mode de gouvernance des données et d’élaboration de la norme, associant gouvernants, individus et acteurs économiques est donc à imaginer.
Ces sujets sont sensibles et à la base du contrat social. Les acteurs économiques et politiques convergent vers une co-régulation des données :
- C’est tout l’objet du livre blanc pour une ‘’nouvelle gouvernance des données’’ que nous avons remis à la députée Paula Forteza à l’Assemblée Nationale le 11 avril 2019 et du consortium européen en cours de constitution A NEW GOVERNANCE , initié depuis , pour traduire concrètement le droit en standard compréhensible par les machines.
- C'est également l'objectif de l'appel à contribution de la société civile pour définir ces #DigitalHumanRights'' et des droits fondamentaux numériques compréhensibles par les humains que nous lançons officiellement le 22 octobre prochain dans plusieurs universités et qui aboutira à un sommet à l’automne 2020 à Paris : https://drsummit.org/
Cette déclaration ‘’DigitalHumanRights’’ et ses standards associés doivent permettre d’élaborer un contrat social des données, comme nous y invitait Me Adrien Basdevant dans l’Empire des données.
Nous avons souhaité et obtenu que la première édition de ce sommet se tienne en France. Héritière des Lumières, de la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen et de l’œuvre de René CASSIN, nous pensons que la République française a toute légitimité pour initier ceete Déclaration des Droits fondamentaux numériques.
En 1789, l’objectif était de consacrer la liberté individuelle.
En 2019, notre objectif doit être de repenser des droits destinés à protéger les individus face à l’IA et contre les violations commises par les Etats-plateformes et à repenser globalement le droit dans ce nouveau paradigme.
Thomas Saint-Aubin
Président de l'association PrivacyTech, chercheur associé IRJS Paris 1 Panthéon-Sorbonne, co-fondateur OpenLaw le Droit Ouvert, CEO Seraphin.legal
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