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Accueil du site > Tribune Libre > Dis, papet. C’est quoi la GUERRE ?
#19 des Tendances

Dis, papet. C’est quoi la GUERRE ?

La guerre, elle nous cerne, en Ukraine, au Moyen-Orient. Va-t-elle nous rattraper ? C’est possible. Et pendant ce temps, ceux censés nous gouverner se tirent les cheveux comme dans une cour d’école… Dommage que le ridicule ne tue pas.

Décadi 10 Frimaire An CCXXXIII

 

Dis, papet. C’est quoi la GUERRE ?

 

La guerre, ce n’est pas une mission humanitaire. Demandez aux Ukrainiens ou à tous les Moyenorianiens.

Ce n’est pas le défilé pimpant, presque gai derrière les musiques martiales de ces beaux jeunes gens solides, virils et disciplinés.

La guerre, ça pue le sang, la merde, la peur, la mort...

La guerre, c'est l'ombre omniprésente de la mort. De celle qu'on donne comme de celle qu'on redoute.

La guerre, ça sent la poudre qui excite, mais ça sent surtout la sueur aigre de la trouille, la merde du camarade qui se chie dessus, l'odeur doucereuse et écœurante du cadavre qui gonfle au soleil puis dont le ventre éclate, libérant la tripaille putride où grouillent les vers.

La guerre, c'est le fracas des explosions, le cliquetis rageur des tirs, le sifflement menaçant des balles qui vous cherchent, qui ricochent autour de vous, ou qui vous hachent en morceaux de viande palpitante.

La guerre, l'embuscade, c'est le corps qui s'efforce de se rétrécir au-delà du possible, qui voudrait s'infiltrer dans le plus petit interstice, qui voudrait se fondre dans la boue de la tranchée, la caillasse du djebel ou la vase de la rizière.

La guerre, ce sont les ongles qui se crispent sur la terre à chaque rafale qui vous cherche, qui va vous trouver.

La guerre, c'est la haine de l'autre, de celui qui a tué votre camarade, qui veut votre peau comme vous voulez la sienne. C'est le doigt qui ne relâche plus la détente de votre fusil dérisoire.

La guerre, ce sont les cris de douleur du camarade touché, les hurlements et les sanglots, les aboiements, somme toute rassurants de la vieille bête d'adjudant qui hurle ses ordres.

La guerre, c'est le désespoir du camarade touché et qui attend des secours qui ne peuvent venir.

La guerre, c'est l'égoïsme salvateur, primordial qui vous fait penser - lorsque votre voisin d'attaque tombe à côté de vous, haché par une rafale ou la tête explosée par une roquette – qui vous fait crier dans votre pauvre tronche : « ouf, c'est lui, c'est pas moi ! »

La guerre, c'est de la merde.

Pendant la grande boucherie 14-18, les profiteurs et fauteurs de guerre se la faisaient belle. Les grands boulevards de Paris affichaient une vie trépidante ; les théâtres, les brasseries, les cafés concerts, les boites de nuits regorgeaient de fêtards…

Pendant que les Français Schneider, De Wendel et autres faisaient discrètement la bringue avec leurs homologues, rivaux et…amis allemands Krupp, Thyssen et autres fabricants de choses en aciers bien pointues, bien aiguisées, qui entrent dans les viandes, qui labourent les chairs, qui brisent les os, qui éclatent les cranes, qui arrachent les yeux, qui explosent en beaux feux d’artifices de mort, la France d’en-bas s’étripait avec l’Allemagne d’en-bas. Pour le plus grand profit des précédents.

La droite la plus bornée, la plus avide, la plus lâche se lâchait, se goinfrait, s’engraissait, se tapissait la tripe de sauces chaudes et onctueuses pendant que les « pauv’cons » se faisaient trouer la viande. C’est cette même droite que l’on retrouvera parmi les vichystes, les patrons et les collabos en 40 pendant que les cocos, au coude à coude avec la droite républicaine gaulliste, se battaient. C’est cette même droite sans vergogne, cupide, inculte, avide, pleine de morgue, la droite - du Fouquet’s comme celle des « copains et des coquins » de la promotion Voltaire ou maintenant des larbins de la finance - qui gouverne et tient le haut du pavé derrière ses marionnettes Ubu-Sarko et Ubu-François hier, Ubu-Macron aujourd’hui.

 La guerre est « l’art » de faire s’entretuer des gens pauvres, qui ne se connaissent pas, au profit de gens riches qui, eux, se connaissent… Cette maxime à la véracité sans cesse renouvelée à travers les époques a été superbement illustrée par cette chanson qui marque le désespoir, la résignation mais aussi la révolte de ceux qu’on envoyait à l’abattoir pour rien, sinon transcender la connerie humaine, seule approche que l’on puisse avoir de l’infini…

Mondo cane...

Victor Ayoli

 

La chanson de Craonne

 

Quand au bout d'huit jours le r'pos terminé

On va reprendre les tranchées,

Notre place est si utile

Que sans nous on prend la pile

Mais c'est bien fini, on en a assez

Personne ne veut plus marcher

Et le cœur bien gros, comm' dans un sanglot

On dit adieu aux civ'lots

Même sans tambours, même sans trompettes

On s'en va là-haut en baissant la tête

 

- Refrain :

Adieu la vie, adieu l'amour,

Adieu toutes les femmes

C'est bien fini, c'est pour toujours

De cette guerre infâme

C'est à Craonne sur le plateau

Qu'on doit laisser sa peau

Car nous sommes tous condamnés

C'est nous les sacrifiés

 

Huit jours de tranchée, huit jours de souffrance

Pourtant on a l'espérance

Que ce soir viendra la r'lève

Que nous attendons sans trêve

Soudain dans la nuit et le silence

On voit quelqu'un qui s'avance

C'est un officier de chasseurs à pied

Qui vient pour nous remplacer

Doucement dans l'ombre sous la pluie qui tombe

Les petits chasseurs vont chercher leurs tombes

 

- Refrain -

 

C'est malheureux d'voir sur les grands boulevards

Tous ces gros qui font la foire

Si pour eux la vie est rose

Pour nous c'est pas la même chose

Au lieu d'se cacher tous ces embusqués

Feraient mieux d'monter aux tranchées

Pour défendre leur bien, car nous n'avons rien

Nous autres les pauv' purotins

Tous les camarades sont enterrés là

Pour défendr' les biens de ces messieurs-là

 

- Refrain :

Ceux qu'ont le pognon, ceux-là reviendront

Car c'est pour eux qu'on crève

Mais c'est fini, car les trouffions

Vont tous se mettre en grève

Ce s'ra votre tour messieurs les gros

De monter sur l'plateau

Car si vous voulez faire la guerre

Payez-la de votre peau


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3 réactions à cet article    


  • amiaplacidus amiaplacidus 3 décembre 03:33

    À propos de guerre et de réfugiés :

    Selon le site du HCR : https://data.unhcr.org/en/situations/ukraine#_ga=2.109891397.1386126798.1654604382-2036912627.1583167973

    Depuis février 2022, il y a eu 6.785,900 réfugiés ukrainiens en dehors d’Ukraine. Sur ce nombre, 2.868.285 se sont réfugiés en Russie.

    C’est bizarre, plus de 42 % des Ukrainiens réfugiés partent en Russie, c’est sans doute des gens qui n’ont pas compris que la communauté internationale désignait la Russie comme l’oppresseur.


    • Étirév 3 décembre 10:28

      C’est dans l’histoire de l’évolution physiologique de l’homme que nous trouvons l’origine et la cause de la guerre.
      La lutte est d’instinct masculin.
      Si l’homme aime les combats c’est parce qu’il possède des facultés motrices qui ont besoin d’emploi. C’est pour avoir le plaisir de batailler, bien plus que pour défendre telle ou telle cause, pour venger tel ou tel affront. Le motif de la bataille lui importe peu. C’est la bataille elle-même qu’il aime et qu’il cherche. Et ce qui le prouve c’est que le pugilat (et le MMA en est la version la plus moderne ») est, pour lui, un jeu amusant et distrayant.
      Et ne voyons-nous pas, à chaque instant, les jeunes garçons se livrer sous nos yeux à des combats qui ont les motifs les plus futiles ou qui n’ont même pas de motif du tout ? L’instinct qui les pousse est le même que celui qui pousse les animaux à se poursuivre et à se battre, sans que leurs combats, qui sont leurs jeux, aient aucun motif. Du reste, les jeux du cirque, les combats de taureaux, les anciens tournois, simulacres de guerre, et tous les jeux qui simulent une bataille, prouvent bien que, pour l’homme, la lutte est un plaisir, presqu’un besoin.
      Donc la guerre a eu, pour principe, la satisfaction de l’instinct masculin.
      C’est lorsque les hommes vieillissent et perdent leurs facultés motrices, si exubérantes dans la jeunesse, qu’ils changent de manière de voir. Ils reviennent alors à des idées plus pacifiques, l’expérience leur a montré les conséquences désastreuses de la guerre à l’âge où la lutte n’est plus, pour eux, un besoin physiologique. Alors, seulement, ils s’aperçoivent que les batailles n’ont jamais conclu aucun différend mais en ont, au contraire, créé de nouveaux, qui restent à l’état de menace dans les nations, attendant l’occasion qui doit faire naître de nouvelles guerres.
      Supposons deux nations, ou deux hommes, se battant pour prouver, chacun, qu’ils ont raison. Après la bataille si c’est le vaincu qui avait raison ce n’est pas parce qu’il aura été terrassé qu’il aura moins raison. La victoire ne fait qu’affirmer la Force et lui donner le pouvoir en condamnant la raison même, le droit même.
      Donc, la puissance qui se base sur la Force est toujours une autorité illégitime.
      Nous ne voulons pas dire, cependant, que l’homme n’est jamais raisonnable, mais il y a des moments dans la vie de tout homme où la raison est obscurcie. C’est la conséquence de ses conditions sexuelles, la passion le domine, l’instinct triomphe de la raison.
      NB : « Les guerres extérieures, dit Vimala Thakar, ne sont que des projections et des extensions de ces guerres intérieures » (L’énergie du silence)
      Cette « lutte » de l’homme contre les ennemis qu’il porte en lui-même, c’est-à-dire contre tous les éléments qui, en lui, sont contraires à l’ordre et à l’unité, se retrouve dans la conception islamique de la « grande guerre sainte » (El-jihâdul-akbar) qui, contrairement à la « petite guerre sainte » (El-jihâdul-açghar) d’ordre extérieur et social, est de nature purement intérieure et spirituelle.
      Notons encore que le mot « guérison » a la même racine que le mot « guerre », car la guérison peut s’entendre, d’une part, comme la lutte et la victoire sur le désordre corporel qu’est la maladie, et, d’autre part, comme la lutte et la victoire sur les tendances désordonnées et inférieures que l’homme porte en lui-même.
      LIEN


      • xana 3 décembre 13:00

        Et allez, encore un petit couplet pseudoféministe.

        Dans toutes les guerres il y a eu des femmes en armes, mais évidemment Etirev (ou son autre pseudo, j’ai déjà oublié) n’en parlera jamais.

        Les femmes font la guerre, mais pas tout à fait de la même façon que les hommes. Leur but reste le même : S’approprier les biens des vaincus. Elles ont d’autres armes que les hommes, mais c’est toujours le besoin de s’enrichir qui les mème, comme pour les hommes. Et ce n’est pas spécial à l’humanité, puisque la guerre existe aussi chez les chimpanzés ou les lions, sans même parler des abeilles ou des fourmis. Et chez toutes ces espèces, les femelles y participent ou les provoquent.

        Alors, Etirev et autres « paroles de femmes », allez vous battre : L’OTAN a besoin de vous pour s’emparer des richesses de la Russie.

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