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Discriminations intra-syndicales : la CGT ne doit pas se comporter comme l’IGPN

Pour avoir dénoncé les positions confédérales sur la Palestine après le 7 octobre, un syndicaliste racisé a été diffamé, menacé et exclu de la CGT Educ'action 63. Il a fait appel auprès de l'UNSEN, en vain, son exclusion ayant été confirmée après une mascarade de procès. Un recours auprès de la Confédération est en cours. Plus de 11 000 personnes ont signé une pétition demandant sa réintégration.

Plaidoirie de Salah pour contester son exclusion du syndicat

Audience d’appel auprès de l'Union Nationale des Syndicats CGT de l'Education Nationale, présidée par Isabelle VUILLET et Michaël MARCILLOUX, co-Secrétaires généraux de l'UNSEN, et en présence des membres de la Commission Exécutive

Siège de la CGT, Montreuil, 21 juin 2024

  • I. Un timing contraint et non négociable
  • II. Un procès politique
  • III. Le caractère central de la Palestine dans le processus d'éviction
  • IV. Appel à faire la lumière sur les accusations calomnieuses
  • V. Conclusion

Note : La pétition pour la réintégration de Salah souligne les violations de ses droits à la défense par la CGT Educ'action 63 et l’UNSEN-CGT. Lors des audiences du 12 avril et du 21 juin, tout débat contradictoire a été interdit, au profit d'une succession de monologues. Ce processus expéditif visait à dissimuler les véritables raisons de son exclusion et les irrégularités de la procédure. Ainsi, il n’a pas été possible d'éclaircir les motifs réels de sa mise à l’écart, ni d'aborder les calomnies et menaces auxquelles il a fait face pour le pousser à démissionner. Mis en danger personnellement et professionnellement, Salah s'est protégé par des enregistrements clandestins qu'on lui a reproché d'avoir réalisés, tout en refusant d'examiner ce qu'ils révélaient. Aucune question n'a été posée par les membres de la CGT pour clarifier ces points, le but étant de protéger les « camarades » concernés. Un article détaillera prochainement le déroulement de l'audience à l'UNSEN et les répercussions de cette décision d'exclusion pour la CGT.

Je ne sais pas si je dois m’adresser à vous en disant « Mesdames et Messieurs », ou « Camarades », car les rares messages que j’ai reçus de l’UNSEN ne semblent plus me considérer comme l’un des vôtres, et usent d’un langage qui me paraîtrait plus correspondre aux courriers de la hiérarchie qu’à ceux de collègues. Quoi qu’il en soit, je me tiens devant vous aujourd’hui pour contester mon exclusion de la CGT Educ’action du Puy-de-Dôme pour délit d’opinion, une décision contraire aux principes fondamentaux de la démocratie syndicale. Je pense l’avoir suffisamment démontré dans les pièces constitutives du volumineux dossier en votre possession, mais je vais vous exposer à nouveau les raisons pour lesquelles cette exclusion est contraire aux Statuts locaux, nationaux et Confédéraux de la CGT, et qu’elle bafoue les valeurs que notre syndicat prétend défendre.

I. Un timing contraint et non négociable

Il me parait nécessaire de commencer par souligner le caractère contraignant du calendrier choisi pour cette procédure d’appel, qui se tient à une date immuable qui m’a été communiquée avec moins d’un mois de préavis. Dès le début du mois de mai, il paraissait évident dans mon esprit que cette audience ne pourrait pas avoir lieu avant la rentrée prochaine, et que j’aurais tout l’été pour la préparer. Il est de notoriété publique que la période de la fin de l’année scolaire et universitaire est la plus chargée pour tout enseignant, entre les devoirs et partiels à corriger, les bulletins à compléter, etc. Ce calendrier m’a privé du temps nécessaire pour préparer une argumentation solide (j’ai bouclé celle-ci hier soir à 2h du matin) et pour rassembler de nouveaux documents, comme la compilation de la totalité de mes emails à l’UNSEN ou la transcription d’enregistrements publiés et non publiés qui ne font que confirmer le caractère politique et absolument sordide de cette triste affaire. J’ai d’abord envisagé de demander un report de l’audience, puis j’ai renoncé pour ne pas m’exposer à un énième silence, car les nombreux appels que j’ai adressés à l’UNSEN depuis novembre 2023 sont restés lettre morte. Je me trouve donc devant vous après avoir passé l’année la plus éprouvante de ma vie malgré les autres tempêtes que j’ai traversées en Egypte en 2010 et à Tremblay-en-France en 2016 (qui m’ont elles aussi mis en miettes, mais je n’avais pas deux enfants en bas âge dans l’équation). J’espère que les choses s’arrêteront là et qu’il ne me faudra pas saisir la Confédération ou même la justice pour obtenir gain de cause, mais je pense qu’il est clair pour tout le monde maintenant que j’irai jusqu’au bout, quoi que ça me coûte, même si ce combat doit durer des années.

Mes « camarades » de la CGT Educ’action 63 avaient tout fait pour m’empêcher de me défendre correctement, que ce soit par leurs élections de Bureau improvisées en moins d’une semaine pour m’en évincer, ou par leur réponse à ma saisine adressée au dernier moment avant l’audience de conciliation, et ce n’était pas fortuit, mais plutôt révélateur d’une volonté de me broyer (je ne compte plus les nuits blanches et partielles qu’ils m’ont coûté). Je rappelle les propos éloquents tenus par David A., ex co-secrétaire et actuel Trésorier de la CGT Educ’ 63, clairement audibles dans le second enregistrement que j’ai publié : « Tu ne tiendras pas ». Il disait cela le 17 novembre, jour de la calomnie collective portée à mon encontre et doublée d’une menace de poursuites judiciaires, à savoir que j’aurais traité un camarade – et collègue exerçant dans mon établissement – de « mécréant », point sur lequel je reviendrai. Malgré tous ces procédés grossiers, le Bureau de la CGT Educ’action 63 s’était concerté avec moi pour la date du CSD (Conseil syndical départemental), me permettant d’en proposer plusieurs, notamment pour permettre à mon défenseur d’être présent, et je regrette qu’il n’en ait pas été ainsi avec l’UNSEN, de la part de qui je m’attendais à davantage d’impartialité et d’équité, et surtout de sens des responsabilités.

Même si j’ai été quelque peu échaudé par le silence face à mes appels au secours à l’UNSEN l’informant de la situation qui s’envenimait, et qui dégénérait en un véritable harcèlement moral m’exposant aux dangers personnels, professionnels et judiciaires les plus graves (mes emails étaient doublés de coups de téléphone pour m’assurer que mes sollicitations étaient bien transmises), et par la présence d’Isabelle VUILLET, co-secrétaire de l’UNSEN, en personne à mon procès politique le 12 avril, qui semblait lui apporter la caution qu’avait explicitement requis notre CE (Commission Exécutive), des camarades plus expérimentés m’ont informé que ce n’était pas forcément un signe de partialité à mon encontre. Par contre, personne n’a trouvé d’explication satisfaisante à l’inconcevable mépris que j’ai subi lors du CSD du 12 avril [voir Plaidoirie en défense d’un syndicaliste menacé d’exclusion], lorsqu’Isabelle VUILLET n’a pas même daigné ouvrir la bouche pour répondre à ma demande quant au sens de sa présence, m’ignorant complètement alors qu’elle était juste en face de moi. J’espère que ce point, comme d’autres, sera éclairci à la satisfaction de tout le monde. Quoi qu’il en soit, j’ai tenu, dans mes écrits et publications qui commençaient à dénoncer publiquement cette affaire, précaution indispensable à ma sécurité, à faire endosser la responsabilité de cette situation à la seule CGT Educ’action 63, dans le souci de limiter les dégâts. J’espère que mon scepticisme sera détrompé par une audience et un verdict équitables.

II. Un procès politique

Je ne vais pas m’étendre sur les motifs superficiels avancés pour justifier mon exclusion. Mon défenseur Laurent vient de les rappeler [par la lecture de sa Lettre ouverte], et le fait qu’il ne s’agisse que de prétextes me parait transparent. J’y ai répondu de manière détaillée dans la section 5 de mon Mémoire en défense, mais n’hésitez pas à revenir dessus si ça vous intéresse.

Le proverbe « Qui veut noyer son chien l’accuse de la rage » est bien connu. Pour rappel, il signifie qu’on trouve aisément un prétexte quand on veut se débarrasser de quelqu’un, et qu’on invente des torts imaginaires à ceux qu’on veut sanctionner, comme le malheureux Taha Bouhafs ignoblement évincé de LFI après des accusations d’agressions sexuelles qui n’ont jamais été précisées et ont ensuite été rétractées. Je vais donc m’efforcer de démontrer que derrière les chefs d’accusation grotesques invoqués contre moi, c’est bien un procès politique qui m’est intenté, avec évidemment la Palestine en « point saillant », pour reprendre le mot de Frédéric C., Secrétaire académique de la CGT Educ’action 63, ou élément « le plus grave  », pour citer David A. Je vais être long, mais c’est parce que tous ces documents dont le Bureau voudrait nier l’existence ou l’importance sont nombreux, multiples et sans appel. Dans la hiérarchie des griefs que le Bureau porte contre moi, le poids des questions des écoles confessionnelles et des thématiques sociétales IVG/LGBT est secondaire par rapport à la Palestine, et a été amplifié dans la réponse du Bureau à ma Saisine dans un effort de mystification, mais quoi qu’il en soit, il relève tout de même du procès politique et d’une violation de la liberté de conscience et d'expression garantie par les Statuts confédéraux de la CGT. Si mes vues « hérétiques » sur cette question des écoles confessionnelles exprimées le 9 juin 2023 ont dans un premier temps justifié ma mise à l’écart (mes vues sur les questions IVG/LGBT avaient été annoncées en mai, dès qu’on m’a invité à être élu au Bureau, pour être sûr que ça ne poserait pas de problème, et on m’a garanti qu’il n’y avait pas de « police politique » à la CGT), c’est bien mes vues et ma démarche annoncée sur la Palestine le 4 novembre qui a amené à m’exclure purement et simplement pour neutraliser l’élément indésirable que j’étais.

Je vais citer le Préambule des Statuts confédéraux de la CGT :

« La CGT est ouverte à tous les salariés, femmes et hommes, actifs, privés d’emploi et retraités, quels que soient leur statut social et professionnel, leur nationalité, leurs opinions politiques, philosophiques et religieuses.

Elle agit pour une société démocratique, libérée de l’exploitation capitaliste et des autres formes d’exploitation et de domination, contre les discriminations de toutes sortes, le racisme, la xénophobie et toutes les exclusions. »

« La liberté syndicale assure à chaque salarié la garantie qu’il peut, à l’intérieur du syndicat, défendre librement son point de vue sur toutes les questions intéressant la vie et le développement de l’organisation. »

Les Statuts de la CGT Educ’action 63 (Articles 8 et 9) précisent :

« La CGT se fonde sur un fonctionnement démocratique. Les syndiqué·es y sont égaux/égales, libres et responsables. Ils et elles

sont assuré·es de pouvoir :

- s’exprimer en toute liberté, être informé·es et se former ;

- participer à l’ensemble des décisions concernant l’orientation syndicale selon les modalités prévues par les présents Statuts ;

- participer à l’exercice des responsabilités syndicales.

Ils et elles ont la responsabilité de se conformer aux principes de la démocratie, de l’indépendance, du respect, du pluralisme d’opinion et de la solidarité tels que définis dans le Préambule des Statuts de la CGT. »

Le Bureau de la CGT Educ’ 63 ne se contente pas de violer de manière ouverte ce principe de liberté d’expression intra-syndicale, il s’en est vanté par écrit et a prévu mon exclusion sur la base de mes divergences d’opinion. Pour rappel, dans la Section 9 de la réponse du Bureau à ma Saisine du 6 décembre, intitulée « Les valeurs », il était écrit :

« [Salah] a défendu les écoles confessionnelles et dit qu’il ne voyait pas de problème à ce qu’elles enseignent le créationnisme… notre syndicat défend la position fondamentale d’une seule école : publique, laïque et gratuite. Qu’une personne, en toute connaissance de cause, décide d’adhérer à la CGT malgré son désaccord avec ces valeurs fondamentales, c’est une chose. Mais qu’ensuite elle demande à être élue dans les instances dirigeantes, en revendiquant son droit à défendre d’autres valeurs, c’en est une autre. De surcroît quand cette personne insinue que nombre de camarades attaché.es à la valeur de laïcité ne le feraient que par islamophobie. Et nous, élu.es de la CE [Commission Exécutive] et du Bureau, sommes en droit de nous inquiéter du reniement de nos valeurs fondamentales par un membre des instances dirigeantes et avons le devoir de les porter à la connaissance de nos camarades. »

Je le répète, les Statuts de la CGT assurent à tout syndiqué « la garantie qu’il peut, à l’intérieur du syndicat, défendre librement son point de vue sur toutes les questions intéressant la vie et le développement de l’organisation ». Et le Bureau de la CGT Educ’ 63 m’a évincé, a suspendu mes droits à la formation et à l’information (refusant de me communiquer le nombre d’heures de décharge alloué à notre section alors même que j’étais encore élu au Bureau : même en posant la question en AG, je n’ai eu qu’une réponse partielle, ce qui est un comble de la part de syndicalistes toujours prompts à demander des comptes à la hiérarchie…) et a planifié mon exclusion pure et simple parce que j’ai « revendiqué mon droit à défendre d’autres valeurs », c’est-à-dire mon droit à ne pas être d’accord. Le Bureau est allé jusqu’à annoncer mon exclusion au prétexte que je n’avais pas pris part au vote d’une motion sur les questions IVG/LGBT :

« le second [sujet d’inquiétude] concerne le vote de Salah (Ne Prends Pas Part au Vote), à la réunion de la CE du 17 novembre, sur la motion contre les violences faites aux femmes, la revendication de la constitutionnalisation du droit à l’avortement, et la lutte contre la LGBT-phobie. Puis de son refus d’expliquer ce choix, lorsqu’un camarade, qui n’est pas membre du Bureau, le lui a demandé. Ne pas prendre part au vote, comme l’a fait lui-même remarquer Salah au début de la réunion, c’est pour signifier que l’on ne considère pas l’objet d’un vote comme légitime. Nous posons donc la question : qu’est ce qui n’est pas légitime dans la lutte contre les violences faites aux femmes, la lutte pour le droit à l’avortement et la lutte contre la LGBTphobie ? Nous poserons ces questions dans une prochaine réunion de CE et les mettrons en débat. Nous aviserons de la suite en fonction du retour qui nous en sera fait. »

Soumettre une motion, quelle qu’elle soit, à un vote, et envisager l’exclusion d’un élu parce qu’il se serait abstenu, est tout simplement ahurissant. Le Bureau a dû se rendre compte de cette bourde monumentale, car il a écarté ces griefs par la suite, démontrant sa mauvaise foi : il ne cherchait que le prétexte le plus « acceptable » et « politiquement correct » pour m’exclure. Quoi qu’il en soit, la contradiction entre nos Statuts et les agissements du Bureau est flagrante, surtout lorsqu’on voit le sens très vaste qui est donné au mot « valeurs ». Lors de la réunion du Bureau du 10 novembre, Frédéric C., Secrétaire académique, a assumé et justifié ma mise à l’écart du Bureau en ces termes :

« Quand tu m’as dit là-haut ‘Fred, pourquoi est-ce que je suis mis à l’écart du Bureau’, je t’ai dit ‘Il y a trop d’écart de valeurs’. D’accord ? C’est ça que je t’ai dit. On a un conflit de valeurs entre ce que tu portes, et ce que nous on porte. Et ça, je vais te le démontrer. Tu vois, sur la Palestine... »

Il entreprend ensuite de dénoncer comme inadmissible ma critique d’Amnesty International, disant même qu’il ne sait pas s’il peut m’appeler « camarade » pour la simple raison que j’ai affirmé que leurs rapports ne sont pas parole d’Evangile et qu’ils ne sont pas imperméables aux pressions de la superpuissance américaine et de son parti pris pro-israélien.

Le problème du Bureau de la CGT Educ’ 63 est simple : je pense différemment, je le fais de manière articulée et convaincante, et je parviens à gagner des camarades à mes vues, non seulement au sein de notre section (j’ai été élu contre leur volonté, car ils ont rétracté leur invitation après que j'aie défendu le droit à l'existence des écoles privées confessionnelles, je ne suis pas le seul signataire de la pétition que j’ai initiée pour dénoncer les positions confédérales sur la Palestine, etc.). Cela leur parait inacceptable. C’est pour cela qu’ils m’ont proposé d’éviter l’exclusion en me mettant en retrait du syndicat, comme le dit le compte rendu de la CE du 13 février 2024 qui a voté la procédure d’exclusion. Je cite :

« Proposition est faite à Salah de se mettre en retrait du syndicat pour arrêter la procédure. » Et plus loin, encore une fois, « On lui propose une nouvelle fois de se mettre en retrait du syndicat pour clore cette situation et arrêter la procédure en cours.  »

Une telle démarche interroge. Si j’ai fait des choses graves, on ne voit pas bien en quoi me mettre en retrait serait une forme de sanction suffisante. De même, être syndiqué mais en retrait n’a pas grand-sens, surtout quand on est aussi investi que moi : le Bureau dénigre souvent mon engagement syndical, mais ce faisant, il se dénigre lui-même, car si je ne suis pas impliqué et efficace, on se demande pourquoi il m’a invité à être élu au Bureau et à la CE dès que je suis arrivé à la CGT. La réponse est que j’avais fait mes preuves, tant dans l’académie de Créteil (Sophie B., co-secrétaire, m’a qualifié de « warrior ») que celle de Clermont-Ferrand (Frédéric C. m’a dit « A la CGT, on veut des bulldozers, comme toi. »). Il est clair que ce sont mes idées « dissidentes », mon expression de celles-ci et ma capacité de persuasion qui dérangent : c’est la seule chose qui puisse être efficacement neutralisée par une mise en retrait. 

Je vais donc établir que ce sont bien des points d’ordre politique et idéologique qu’on me reproche, en particulier le point « le plus grave », pour reprendre le mot de David A., à savoir la Palestine. 

III. Le caractère central de la Palestine dans le processus d'éviction

Lors du CSD du 12 avril, j’avais développé une argumentation démontrant que la question palestinienne, et d’autres considérations relevant du délit d’opinion, étaient au cœur de mon éviction, malgré les dénégations de la partie adverse. Aujourd’hui, je ne vais pas seulement lire les extraits des documents qui le démontrent, je vais diffuser à l’audio les passages correspondants de mes enregistrements [l’UNSEN a refusé que je diffuse les extraits des enregistrements, alors qu’ils faisaient partie des pièces du dossier, et j’ai dû me contenter de les lire ou de les résumer ; pour les écouter, cliquer sur le lien hypertexte en début de chaque extrait]. Je rappelle, pour ceux qui s’offusqueraient de tels enregistrements entre camarades, que j’ai été formé à bonne école, puisque ce sont mes « camarades » de la CGT Educ’action 63 qui prônaient de telles méthodes face à l’Union Départementale CGT du Puy-de-Dôme, avec qui ils sont en mauvais termes. Pour rappel, je relis ce message envoyé sur le groupe Whatsapp du Bureau de la CGT Educ’63 le 28 juin 2023 (il fait partie des Annexes du dossier), dans lequel François-Xavier D., celui qui m’a calomnié en disant que je l’avais traité de mécréant, dit en prévision d’une réunion avec les « connards » (je reprends le mot de David A., qui figure clairement sur l’Annexe en question) de l’UD :

« je me demande si on ne devrait pas enregistrer, à leur insu, ce qui va être dit, pour avoir des preuves en cas de problème »

Illustration 2

Ce message n’a pas suscité la moindre réprobation. Affirmer par la suite que cette préconisation d'enregistrement clandestin des « camarades » de l'UD n’a jamais été mise à exécution est gratuit (comment le démontrer ?) et ne change rien à l’affaire.

Ce n’est pas le seul point sur lequel mes « camarades » me reprocheront de les imiter, puisqu’ils considéreront comme un manque de camaraderie inadmissible le fait que je les accuse de tout ce dont ils accusent l’UD CGT 63 dans la motion qu’ils ont votée contre elle le 29 juin 2023 (je cite, « une mise à l’écart de nos représentant·es », « une ambiance au travail toxique », une violation des Statuts, une absence de débat et de transparence, une confiscation de la décision…), et qui leur a valu d’être évincés de la CE de l'UD lors du dernier Congrès fin novembre 2023 (ils n'ont pas été exclus de la CGT, du moins pour le moment).

Je commence par lire la pièce numéro 1, les échanges Whatsapp du 4 novembre 2023 dans lesquels j’annonçais ma volonté d’écrire un courrier à la Confédération pour dénoncer leurs positions sur la Palestine. Il s’agit de la seule pièce distribuée par le Bureau à la CE du 17 novembre pour justifier la tenue de nouvelles élections et m’en évincer.

« Je viens de lire le dossier Gaza de la revue nationale de la CGT, et je suis vraiment consterné.

L’histoire se souviendra de tous ces ‘amis’ de la Palestine qui rivalisent de zèle pour répandre la propagande de l’armée israélienne sur les massacres du Hamas qui ont tué des centaines de femmes et d’enfants, alors même que les données disponibles le réfutent, et lui servent de couverture dans son génocide bien réel, tout en répandant insidieusement le cliché raciste selon lequel les Palestiniens, comme tous les Arabes, sont juste des assassins et des violeurs. Après les couveuses du Koweït, les armes de destruction massive de Saddam et le viagra de Kaddhafi, il y en a encore pour tomber massivement dans le panneau.

Le 7 octobre n’était pas un massacre mais une opération militaire qui a anéanti l’équivalent d’un bataillon de la Brigade de Gaza voire davantage, comme le montrent les seuls chiffres existants publiés à ce jour (par le journal israélien Haaretz), qui indiquent bien qu’au moins la moitié des tués Israéliens étaient des soldats (dont de nombreuses femmes, qui servent obligatoirement dans l’armée, et moins de 20 enfants).

De courageux Israéliens dénoncent les mensonges de l’armée israélienne qui font un amalgame délibéré entre militaires, colons/miliciens surarmés et civils, et accusent Tsahal d’avoir délibérément sacrifié ses civils en masse plutôt que de les laisser tomber vivants entre les mains du Hamas (doctrine Hannibal, officielle et bien connue). En voici un exemple parmi tant d’autres.

Je compte écrire un courrier à la CGT nationale pour dénoncer leur position honteuse. […]

Quant à ce que je fais ou ne fais pas pour la Palestine, c’est en cohérence avec mes principes. J’ai assisté à la première manif et entendu la plupart des intervenants rivaliser de zèle dans leur condamnation des ‘atrocités du Hamas’ comme si tout avait commencé de là, on ne m’y reprendra pas. »

Cette pièce est tellement centrale qu’elle sera citée dans le réquisitoire du Bureau lu lors du CSD du 12 avril, dans lequel il est affirmé que je mens en disant que je suis exclu à cause de la Palestine, mais dans lequel deux extraits-clés de ces échanges [en gras ci-dessus] sont tout de même cités (de même que mes positions sur les écoles confessionnelles et les questions sociétales IVG/LGBT). Ce genre de contradiction flagrante est inévitable quand on est de mauvaise foi.

Enregistrement n° 1 (« le plus grave »)

Réunion de Bureau exceptionnelle du 10 novembre 2023, de 20h à 22h

DAVID

Et l’idée d’un Bureau, d’une équipe d’animation c’est vraiment de construire des compromis. Et je suis désolé Salah, il y a plusieurs exemples qui le montrent, tu as eu du mal soit à accepter des compromis qui ont été décidés, je pense notamment à la CE du 17 octobre et au texte, là, sur la Palestine, avec l’idée de paix, de paix juste et durable. Ou des compromis où on doit prendre des décisions et il s’agit de trouver effectivement des positions qui puissent convenir à un maximum de personnes, c’est toujours comme ça qu’on a fonctionné. […] on évite, voilà, de mettre de l’huile sur le feu ou de boycotter ou de remettre en question des décisions qui ont été prises.

Mais je dirais que c’est pas le plus grave. Pour moi le plus grave c’est qu’à un moment donné, quand il y a des actions, notamment sur la Palestine, qui sont menées… On n’oblige pas tout le monde à aller aux manifestations, aux initiatives qu’on soutient ou qu’on organise, mais quand tu dis, et je crois que tu l’as dit, que t’y vas plus parce que toutes les positions d’après toi que tu défends ne sont pas respectées par le collectif, moi ça me pose un problème . On n’est pas là pour à chaque fois avoir 100 % de nos opinions, de nos idées qui soient respectées dans les expressions, notamment quand elles sont unitaires. Et nous à la CGT on tient vraiment à ce travail unitaire, et c’est vraiment quelque chose qui fait partie de notre ADN. (Haussant le ton). Et au-delà, je dirais, au-delà des questions de fond, pour moi, les positions que tu portes sur le 7 octobre, pour moi, c’est pas possible. Que tu dises que tout ça, le 7 octobre, ce serait une construction de l’armée israélienne pour faire croire que finalement il y a eu un massacre de civils israéliens, et tout ça ne serait qu’une construction d’Israël pour finalement justifier la guerre, les massacres qui ont commencé après, non.. »

Il est clair que ce qui est « le plus grave  », c’est ce que j’ai dit sur Whatsapp sur la Palestine, le fait que je critique la Confédération et les discours ambigus lors des manifestations, qui considèrent que l’histoire commence le 7 octobre. Il est intéressant de noter qu’il me reproche d’avoir dit ce que je n’ai pas dit, non pas que les morts massives de civils seraient fausses, mais qu’elles seraient imputables à des massacres délibérés du Hamas. Le texte de la pétition que j’ai initiée cite un article de L’Humanité qui valide ce récit, celui d’une armée israélienne dépassée qui tire sur tout ce qui bouge, à la fois par panique et parce qu’ils préfèrent tuer leurs civils que les laisser tomber vivants entre les mains du Hamas, la fameuse « directive Hannibal » bien connue [Lire à ce sujet La vérité sur le 7 octobre : Tsahal a déclenché la directive Hannibal (Haaretz)].

Enregistrement n° 2 (le « point saillant)

10 novembre 2023

FREDERIC

En fait, si tu veux, tu peux pas, quand on décide des choses collectivement, tu vois, on fait un texte sur la Palestine, on se met d’accord, il y a une motion qui est votée. Le mot « paix », il était… c’était clairement… ça a été dit pendant l’AG, si tu veux, ça a été dit par les camarades…

 SALAH

Tu peux me rappeler c’est quoi, parce que j’ai même pas le souvenir… Il a dû y avoir y une formulation qui était pas exactement ce qui avait été dit, mais le texte, fondamentalement, qui a été dit même à la fin pour moi, il y a pas de problème. J’ai juste corrigé des choses, mais…

 FREDERIC

Voilà, si tu veux, ça c’est un point qui, si tu veux, n’est pas le point saillant à mon avis,

 SALAH

C’est ce que dit David pourtant.

 FREDERIC

[Le point saillant, c’est] tout ce que t’as développé après derrière, surtout le Whatsapp et caetera, en traitant le mouvement qu’on organise sur la Palestine, en les dénigrant, ça pose problème quand même. T’es membre d’un Bureau, on organise des manifs sur la Palestine, dans un moment où y a un massacre à Gaza, et toi tu nous dénigres pas seulement entre…

 SALAH

Je vous dénigre ? Je dénonce, je critique une position… En fait si j’ai bien compris, le mail en interne qu’on a vu sur l’abaya, les camarades de je sais pas quelle union, qui disaient que c’était pas normal la prise de position de Sophie Binet [en faveur de l’interdiction de] l’abaya, ça s’appelle « dénigrer la CGT » ? Donc ces gens-là ils ont été excommuniés…

 SOPHIE

C’était en interne.

 SALAH

C’est en interne. Et alors, j’ai publié une lettre ouverte, j’ai fait quoi ? On est en interne. [Note : la pétition sur la Palestine a été initiée en novembre 2023 comme une lettre interne, et n'est devenue une lettre ouverte qu'en février 2024, après avoir une réponse décevante de la Confédération]

 MARIE

On parle du Bureau en fait. Si tu veux, moi je suis pas d’accord de tout ce que font les camarades, mais je vais pas leur chier dessus. Je vais pas dans les trucs Whatsapp dire « C’est nul ce que vous faites ». Je vais pas dire… Je vais pas envoyer un mail en disant… Je leur chie pas dessus. On est dans le Bureau ensemble, je leur chie pas dessus.

Encore une fois, il est clairement dit que le « point saillant », c’est tout ce que je disais sur Whatsapp au sujet de la Palestine et des positions de la CGT, qui est considéré comme du dénigrement du syndicat. Parmi les centaines de signataires de la pétition que j’ai initiée, qui affirmait tout ce que j’avais esquissé sur Whatsapp et davantage, et qui a été rendue publique, combien de responsables et adhérents de la CGT ont été exclus de leur syndicat, puisqu’il s’agirait de dénigrement impardonnable ? Est-ce que les 7 syndicats CGT signataires à titre collectif ont été désaffilliés ? Soit dit en passant, faire une critique sur le groupe Whatsapp de la CGT Educ’ 63 serait « dénigrer », « chier dessus », mais quant à voter une motion en AG pour dénoncer l’Union Départementale CGT et la diffuser à toutes les organisations CGT du Puy-de-Dôme, ce serait tout à fait normal… Une des nombreuses preuves qu’à la CGT Educ’ 63, nous sommes tous égaux, mais que certains sont plus égaux que d’autres…

Enregistrement n° 3 (au sujet de ma mise à l’écart du Congrès de l’UD, des « valeurs » et d’Amnesty)

10 novembre 2023

SALAH

Quand j’en ai parlé à Fred juste après, il m’a pas dit « Tu l’as pris contre toi » [à tort], il m’a dit « T’es minoritaire » Ca veut dire « Bon ben t’es minoritaire, c’est normal qu’on te mette à l’écart parce que t’es minoritaire ».

SOPHIE, ironique

Oui mais t’as raison.

SALAH (à Frédéric)

Quand je t’ai demandé est-ce que c’est normal, ça, tu m’as dit « T’es minoritaire »…

FREDERIC

Quand tu m’as dit là-haut « Fred, pourquoi est-ce que je suis mis à l’écart du Bureau », je t’ai dit « Il y a trop d’écart de valeurs ». D’accord ? C’est ça que je t’ai dit. On a un conflit de valeurs entre ce que tu portes, et ce que nous on porte. Et ça, je vais te le démontrer. Tu vois, sur la Palestine, je vais revenir dessus, parce que j’ai pas eu le temps de finir, tu dis « Amnesty International, le rapport a été fait dans la précipitation » Moi je te dis Salah, camarade, enfin je sais pas si je peux t’appeler « camarade » d’ailleurs. Le rapport lis-le quand même, parce que c’est pas vrai. Ce que tu dis c’est un mensonge. Amnesty International, qu’est-ce qu’ils ont fait ? Ils ont pris les vidéos du Hamas. Ils ont pris les vidéos de l’armée israélienne. Ils ont examiné, parce qu’ils ont les moyens de faire ça. Toi t’as pas les moyens, moi j’ai pas les moyen de faire ça. Eux ils ont les moyens, ils connaissent, ils ont les fichiers, ils ont les gens, etc. Donc ils ont analysé, ils ont analysé les vidéos, ils ont analysé qui fait quoi. Ils ont ensuite, Amnesty International, des correspondants. Nous, à la CGT Educ’action, on n’a pas de correspondants. Yves, ils ont un petit peu des correspondants. Mais ils ont pas de correspondants qui ont été témoins directs des massacres du Hamas. Amnesty ils en ont. Ils ont interrogé des correspondants d’Amnesty sur place qui ont vécu le massacre, d’accord ? Et c’est sur cette base-là, sur cette base-là qu’Amnesty a écrit le rapport et ils ont matérialisé les crimes de guerre du Hamas. Après, on peut être d’accord pas être d’accord, mais le Hamas ne dit pas qu’il n’a pas commis des crimes ce jour-là. Il dit pas ça le Hamas.

SALAH

Oh que si.

FREDERIC

Non.

SALAH

Toi tu comprends pas l’arabe, moi je comprends l’arabe, je te dis que si.

FREDERIC

Amnesty en tout cas, c’est ce qu’ils ont écrit, c’est sur le rapport. Et quand t’associes Amnesty à l’ONU, mais c’est pas vrai, tu peux pas dire ça. Amnesty, c’est pas l’ONU. Amnesty, c’est une ONG, une Organisation non gouvernementale. Si on veut là, demain, on peut fonder un groupe Amnesty… D’ailleurs, j’ai de très bons copains à Amnesty, hein. Je suis pas d’accord avec tout ce que fait Amnesty, mais j’ai de très bons copains à Amnesty, je regarde ce qu’ils font de très près, parce que c’est quand même une base documentaire sur laquelle on se base notamment quand on veut régulariser les camarades sans-papiers, tu vois. On est sur Amnesty, on lit ce qu’ils écrivent, et aujourd’hui, c’est quand même Amnesty International qui documente le mieux le massacre – enfin le mieux, je sais pas, on va pas tirer les lauriers – mais en tout cas c’est une organisation qui documente de manière très précise le massacre à Gaza aujourd’hui.

SALAH

Tu sais que la seule liste des victimes qui existe, elle était pas parue au 12 octobre.

SOPHIE

T’as tort.

SALAH

Et que la liste qui existe aujourd’hui, la moitié, c’est des soldats, c’est des soldats qui servaient dans un corps [d’armée].

SOPHIE

C’est faux.

CORINNE

C’est pas la peine. C’est pas la peine. On peut pas discuter.

Ce long passage sur Amnesty démontre, encore une fois, le caractère central et omniprésent de mes positions sur la Palestine, mais c’est surtout sur le début de l’enregistrement que j’attire votre attention, quand ma mise à l’écart est justifiée par un « écart de valeurs » allégué. On ne parle plus d’être seulement mis à l’écart du Bureau, mais de tout le syndicat, puisque l’invitation pressante à être délégué au Congrès était adressée à tous les syndiqués, la CGT Educ’63 n’ayant jamais pu avoir assez de volontaires pour assister à cet événement long et lourd. Il est intéressant de voir que des vues sur la Palestine relèvent, selon Frédéric C. et le Bureau, d’une différence de « valeurs », et non d’une simple divergence d’opinion, de vues différentes sur des faits allégués. Et il est intéressant de voir que parce que je critique un rapport d’Amnesty, on se demande si je suis encore un camarade…

Mais le plus intéressant est évidemment cet aveu : je suis bel et bien mis à l’écart des activités du Bureau, que ce soit pour aller au Congrès ou pour tout le reste, à cause de cet « écart de valeurs » allégué. Est-ce qu’il est acceptable qu’un élu soit privé de ses droits (y compris des droits de tout syndiqué comme celui d’assister à des formations ou à un Congrès), de ses prérogatives d’élu, à savoir participer à la vie du syndicat, juste parce qu’il n’est pas d’accord avec ses camarades ? On a le droit de mettre au placard un élu « minoritaire » (et issu des minorités) ? C’est ça, la conception de l’égalité, de la démocratie et de la lutte contre les discriminations à la CGT ? Bien sûr, dans la bouche de Frédéric, « minoritaire » ne voulait pas dire explicitement « issu des minorités ». Mais d’une part, mes convictions sont indissociables de mon identité d’arabo-musulman. Et d’autre part, toutes les discriminations sont interdites, qu’elles soient raciales ou religieuses, politiques ou idéologiques. De telles discriminations ne sont pas seulement interdites par les Statuts de la CGT, elles sont réprouvées et punies par la loi. Et au cas où certains estimeraient qu’il y a une confusion dans mon propos entre les questions politiques et idéologiques (la Palestine), le racisme et l’islamophobie, je dirais que seul un aveugle peut ignorer que le mépris occidental pour la Palestine est intrinsèquement lié au racisme et à l’islamophobie, car on considère les Palestiniens comme arriérés dans les ténèbres de l’Islam et de l’arabité, et les Israéliens comme porteurs des lumières de la civilisation occidentale dite « judéo-chrétienne ». Les mentalités et préjugés issus de l’époque coloniale restent très présents, de même qu’aux Etats-Unis le racisme est hérité de l’époque de l’esclavage. C’est pour ça qu’on parle de racisme systémique, et j’en reparlerai.

Enregistrement n° 4

10 novembre 2023

Ma position sur la Palestine exprimée publiquement sur le groupe Whatsapp a été présentée comme un grave danger pour la cohésion de la CGT. Sophie B. a dit (3 extraits différents) :

SOPHIE

« Faut se dire quand même que grâce à toi, on a perdu 3 personnes dans le syndicat dans le groupe Whatsapp parce qu’ils en ont ras le cul de tes prises de parole où tu monopolises des choses, où tu dis des choses où ils sont pas d’accord. Moi j’ai eu des camarades qui m’ont appelé en me disant « C’est quoi ce camarade qui me représente ? Il me représente pas, je vais me barrer du syndicat. » Aujourd’hui, tu es un problème dans le syndicat, parce que ce que tu portes au nom du syndicat, au nom du Bureau, tu représentes que toi. Tu représentes que toi. Et moi, j’ai l’habitude de travailler avec des gens qui sont pas en accord avec moi, et qui sont des camarades, sauf que là, comment tu te comportes, comment tu écris, comment tu nous… tout le temps en train de nous solliciter, tout le temps en train de me dire « Il faut, il faut, il faut », comment tu nous réponds, limite en nous traitant d’oligarques, d’islamophobes, etc., moi, franchement, tu n’es pas mon camarade du coup. Je ne peux pas travailler avec un camarade qui m’insulte. » […]

C’est un ras-le-bol ! Et franchement, franchement, j’ai jamais exprimé autant d’énervement envers une personne qui est à la CGT. J’ai beau avoir des désaccords avec des camarades, j’ai jamais outrepassé ma parole en insultant des gens comme je suis en train de le faire aujourd’hui parce que je n’en peux plus ! Et j’ai même dit à un camarade, franchement, si Salah reste au Bureau, je sais pas si je vais rester ! Tu me rends dingue ! C’est plus possible de travailler avec toi Salah. Donc là on te propose gentiment… Y a même plus de gentiment ! Salah, s’il te plait, est-ce que tu veux bien partir du Bureau, parce que tu n’as plus rien à y faire ! Et tu as démontré que tu n’as plus rien à y faire ! Tu ne respectes pas tes mandats ! Tu nous craches sur la gueule en permanence. Tu craches sur la CGT en permanence ! Qu’est-ce que tu veux de la CGT ? Sérieusement ? Qu’est-ce que tu veux y faire ? […]

Parenthèse : Je ne respecte pas mes mandats ? Parce que je dis, sur le groupe Whatsapp, que je ne suis pas d’accord avec la CGT ? Quand est-ce qu’en tant que représentant de la CGT j’ai manqué à mes obligations ? C’est quand même de la folie d’affirmer que si on exprime un désaccord, on est un traitre, et encore une fois de la part du Bureau qui a lancé des accusations graves à l’encontre de l’UD CGT 63 et les a diffusées au sein des syndiqués de la CGT Educ’ et de tous les autres syndicats CGT locaux…

SOPHIE

Juste une question. Tu sais mes convictions à moi ? Tu sais les convictions à Sabrina ? Tu les connais toi ? Est-ce que je te fais chier avec les miennes ? Est-ce que je te dis moi le Ramadan, moi on est musulmans, est-ce que moi je t’ai fait chier avec ça ?

SALAH

Moi j’ai fait ça quand ?

SOPHIE

Tout le temps ! Tout le temps !

SALAH

Mais c’est pas vrai ! C’est que par rapport à ce qu’on me reproche, par rapport aux écoles confessionnelles, par rapport à la Palestine, c’est sur des points précis dont il est question [au sein de la CGT, pendant les réunions, etc.], si il en était pas question, j’en parlerais jamais.

SOPHIE, furieuse

Mais non, tu nous traites d’islamophobes. Tu nous le dis dans un texte. Tu nous l’as répété encore aujourd’hui. Tu viens de nous le répéter tout de suite à l’instant. Arrête. Arrête. Est-ce qu’on te fait chier ?

SALAH

Personne, personne d’autre que moi… On parle sur ce ton à personne, si on est furieux, on parle pas sur ce ton à un autre que moi. On serait pas furieux avec un autre que moi.

SOPHIE, même jeu

Arrête, arrête. On est furieux parce que tu nous insultes. Tu nous insultes dans ce qu’on a de plus cher. Tu nous insultes dans ce qu’on a de plus cher.

SALAH

La CGT, c’est ta mère la CGT ? Si je suis pas d’accord avec une position, c’est insulter ?

SOPHIE, même jeu

C’est même mon père ! C’est même mon père ! C’est ma vie ! Je donne ma vie… Je donne ma vie à la CGT.

SALAH

Ben dans ce cas-là, c’est un catéchisme. On est des fanatiques et on veut pas les hérétiques. Je suis un hérétique, on veut pas de moi, c’est juste ça.

SOPHIE, faisant un doigt d’honneur

Va te faire foutre ! Va te faire foutre !

Ce qui est le plus intéressant dans ce dernier extrait, ce n’est pas le fait que la camarade qui me dit « Va te faire foutre » et me fait un énième doigt d’honneur, un comportement très digne de la part d’une enseignante et syndicaliste, co-secrétaire de la CGT Educ’ 63, me disait plus tôt « Je ne peux pas travailler avec un camarade qui m’insulte », mais le fanatisme et le sectarisme exprimés (Sophie prétend qu'elle irait jusqu'à donner « sa vie » en martyre pour la CGT) alors que c'est moi qu'on accuse de sectarisme et de fondamentalisme, culminant dans une crise d’hystérie collective causée par le seul fait que je refuse de démissionner. Aux yeux de mes « camarades », ma démission s’impose, puisque je ne suis pas d’accord avec les positions de la CGT sur la Palestine ou sur d’autres questions, ce qu’on me reproche fondamentalement. Il est également intéressant de voir que selon mes camarades, je parle « tout le temps » de ma religion, alors que je n’ai jamais rien dit si cela ne faisait pas partie des choses dont on discutait, sur lesquelles il fallait voter, ou autre, comme ma position sur les écoles confessionnelles ou ma relation à l'alcool, qui sont assez indissociables de ma foi. Mais l’hostilité « laïcarde » à la religion est telle qu’en parler ne serait-ce qu’une fois, c’est trop, et ça déchaine les haines, comme je l’ai vécu le premier jour du Congrès (9 juin 2023) sur cette question des écoles confessionnelles. Soit dit en passant, ce jour-là est d’une certaine manière le plus violent de tous ceux que j’ai vécus, parce que vraiment, je ne m’attendais pas au torrent d’hostilité à cause du simple fait que je ne voulais pas condamner (et encore moins « asphyxier », comme cela était préconisé) les parents qui mettent leurs enfants dans les écoles confessionnelles, ni les priver de ce droit. J’avais dit ça très brièvement, très sobrement, ce n’est que le lendemain que j’ai lu l’argumentaire développé en défense du droit à l’existence des écoles confessionnelles que mon indignation m’avait amené à préparer, et qui figure dans les Annexes. Bien sûr, d’autres réunions ont été bien plus violentes que le Congrès, mais à partir du moment où je savais où je mettais les pieds et que je m’y attendais, ça faisait d'une certaine manière moins de dégâts, même si ça en faisait quand même beaucoup, comme une gifle à laquelle on ne s’attend pas peut faire plus mal qu’un ou dix coups de poing auquel on s’attend (je parle de la violence due à l’effet de surprise). Une preuve que j’ai compris dès le début que je savais où je mettais les pieds, c’est que j’ai fait voter un amendement à nos Statuts le dernier jour de notre Congrès :

Article 29 • En cas de manquement grave et d’atteinte aux intérêts matériels et moraux du syndicat ou de l’un·e de ses adhérent·es ou d’actes contraires aux présents Statuts, le Conseil syndical ou le Congrès peuvent, sur proposition de la CE, décider de sanctions graves pouvant aller jusqu’à l’exclusion d’un·e syndiqué·e...

J’ai fait ajouter la partie soulignée pour que ce ne soit pas le seul syndicat qui soit protégé, mais également ses adhérents, prévoyant qu’on pourrait vouloir me nuire, y compris auprès de mon employeur, à cause de mes convictions et de la haine qu'elles pouvaient susciter. J’ai par la suite invoqué cet article contre le Bureau, en vain, et ils l’ont retourné contre moi dans un « contre-kems » couronné de succès – jusqu’à présent.

Enregistrement n° 5

10 novembre 2023

FREDERIC

C’est pour ça, quand je te dis « J’ai pas confiance », non j’ai pas confiance. Parce que je vois ce que t’écris, si on écrit demain sur le site de la CGT « Le massacre de Gaza il a pas eu lieu », voilà, si on écrit ça sur le site, en le démontrant avec les meilleurs arguments du monde que t’as trouvés sur différents sites, etc., moi je te dis, demain, on a la moitié des adhérents qui se barrent. Voilà. Et encore, la moitié je suis gentil.

SALAH

Mais moi, Fred, t’as vu comment je fonctionnais. T’as vu que j’écrivais pas un mot, pas une lettre sans te la faire valider. Le fait que tu dises que t’as pas confiance en moi alors que t’as vu comment je fonctionnais, ça je vais te dire, c’est une insulte gratuite. C’est une manière de te désolidariser de moi, et t’as pas le droit de faire ça, moralement t’as pas le droit de faire ça parce que t’as vu comment je fonctionnais, t’as vu que je suis tellement excessivement prudent, c’est-à-dire que quand je représente la CGT, je veux pas écrire un seul mot qui soit pas validé par la CGT…

CORINNE, ironique

Mais on l’a vu comment tu as représenté la CGT Educ’action…

SALAH

Mais quand est-ce que j’ai représenté la CGT Educ’action, c’est dans mon collège que je représentais la CGT. Donc tout ce que j’ai fait, même un petit mail privé, fallait qu’il soit validé par Fred, et là tu dis que je ferais des choses dans le dos, là c’est de la calomnie. Moi je te dis c’est de la calomnie.

FREDERIC

 T’as pas compris. C’est que quand t’es sur le Whatsapp 63 en fait, t’écris pas qu’au Bureau là en fait, t’écris au cinquantaine de camarades. Une cinquantaine de syndiqués CGT.

SOPHIE

Et qui sont pas au même niveau d’implication, et…

FREDERIC

Et quand tu fais ça, tu nous désavoues, pas publiquement, mais dans l’orga en fait.

CORINNE

Tu nous calomnies.

FREDERIC

Donc si tu veux ça pose problème quoi, tu comprends ?

SALAH, affirmatif

Donc ne pas être d’accord avec une position de la CGT, c’est un problème ?

On a vu le sens très large que le Bureau de la CGT Educ’ 63 donnait au mot « valeurs », on voit maintenant ce qu’ils appellent « calomnie », dénigrement, etc. Est considéré comme du dénigrement et de la calomnie le simple fait d’avoir un désaccord majeur et de l’exprimer, sans invective, contrairement à ce qui a été dit, puisque j’ai été le seul destinataire d’insultes et de dénigrement, de manque de respect, etc.

Mais cette peur de perdre des syndiqués et d’être désavoué auprès des camarades reste prégnante. Il me semble évident que plusieurs membres de la CGT Educ’ aient cédé à l’opération de « terreur médiatique » pro-israélienne et aient vu ma voix dissidente comme un danger à éliminer. Que ça vienne du Bureau, soucieux de garder sa crédibilité auprès des adhérents et/ou de la Confédération (le « dispensateur de budgets  ») et incapable de me répondre sur un sujet que je maitrisais bien mieux qu’eux (la Palestine), ou de certains de nos adhérents, soucieux de ne pas être assimilés à un réfractaire au matraquage médiatique sur le 7 octobre, on n’exclut pas un camarade parce qu’il ne respecte pas la doxa politico-médiatique, mais seulement s’il commet des fautes graves et des violations des Statuts, tant de choses dont j’accuse la partie adverse et qu’on ne saurait me reprocher sans me calomnier.

Enregistrement n° 6

10 novembre 2023

FRANCOIS-XAVIER

Moi tu vois ce qui me gêne… J’étais pas à la dernière CE, je sais pas ce qui a été décidé par la CE sur la Palestine. Moi, ce qui me gêne, c’est dans tes écrits. La première chose qui m’a gêné, c’est que tu as fait référence à un article d’un… Je sais plus comment il s’appelle [Norman Finkelstein].

Moi je me mets en faux vis-à-vis de cet article, mais complètement en faux. Je peux pas comparer ce qui s’est passé le 7 [octobre] en Israël avec le Hamas – que tu le contestes ou que tu le contestes pas, moi je le conteste pas ce qui s’est passé donc c’est mon avis – mais je peux pas comparer ce qui s’est passé là avec ce qui s’est passé… ce que lui compare en disant voilà c’est ce qui s’est passé à Varsovie dans le ghetto de Varsovie. (Avec indignation) Je suis désolé. Moi, mes grands-parents ils se retourneraient dans leur tombe s’ils entendaient ça. Parce que mes grands-parents ils étaient au ghetto de Varsovie.

SALAH

Ben ses parents aussi ils étaient [au ghetto de Varsovie).

FRANCOIS-XAVIER

Non laisse-moi finir, je ne t’ai pas coupé, laisse-moi finir. Ce qui s’est passé dans le ghetto de Varsovie, effectivement, il y a eu peut-être… il y a eu des prises d’otages, oui, il y a eu des morts, oui, mais les morts, quand les personnes du ghetto de Varsovie se sont retournées, elles se sont retournées contre une armée. Elles ont pas tué d’innocents, elles ont pas tué d’enfants. Effectivement, elles ont tué, et là on peut dire que c’était une réplique à une agression militaire, mais contre des militaires, pas contre des civils. Là ce qui s’est passé c’est contre des civils. Moi tu vois, euh, je… Ca c’est la première chose qui m’a choqué.

La deuxième chose qui m’a choqué, c’est un truc qu’il y a eu sur Whatsapp, il faut que je le retrouve parce que ça… sur le fait que tu veuilles… que tu contestes une décision qui a été prise par la Conf’. Tu as même dit que tu allais leur écrire comme quoi tu étais pas d’accord avec eux. Qu’on soit pas d’accord avec ce qui est dit, entre nous, même entre nous c’est normal qu’on soit pas d’accord, on peut pas tous avoir la même vision des choses. Et c’est pas pour ça, parce qu’on est pas d’accord, qu’on va exclure quelqu’un qui est pas d’accord avec nous. Ca, ce serait une dictature… 

Par contre moi ce qui me gêne aussi, ce que j’ai peur, c’est que ce discours que tu tiens par moments sur Whatsapp, en tant que membre du Bureau de la CGT Educ’action 63, c’est que tu représentes la CGT Educ’action 63. Si tu tiens ce discours ailleurs, là ça me gêne. Là ça me gêne. J’ai aucune certification… Tu vois, autant avant j’avais confiance, je me disais quoi, tu as fait du beau travail à [nom de mon collège précédent], ce que t’as fait c’était très bien, mais après je me dis voilà. Quel discours tu tiens à l’extérieur ? Tu dénigres un texte qui a été voté au CE national. C’est pas une personne qui l’a voté, la CGT elle fonctionne pas [comme ça]… C’est pas une personne, c’est pas le Secrétaire général, c’est pas Sophie Binet qui décide…

Mon calomniateur (c'est François-Xavier qui a affirmé que je l'avais traité de mécréant) a le mérite de dire les choses franchement : ce sont bien mes positions sur la Palestine (l’article de Norman Finkelstein dont il parle avait été traduit par mes soins et adressé au Bureau), et en particulier ma volonté d’écrire à la Confédération pour dénoncer leurs positions qui est jugé inacceptable. Que François-Xavier ne se rende pas compte qu’il se contredit en disant qu’on ne va pas exclure quelqu’un à cause de ses positions lors de la réunion dont le seul but est de m’exclure est une autre preuve d’inconséquence, pour ne pas dire d’hypocrisie, mais ce n’est pas le sujet.

Enregistrement n° 7

10 novembre 2023

SOPHIE

Moi, Salah, je vais te dire un truc. Pendant que tu nous casses la tête avec tes mails, avec tes trucs, tes virgules, tes liens hypertexte, on avait un camarade qui luttait dans son lycée contre l’islamophobie [David se rengorge comme un paon à ce compliment], pendant que t’es en train de nous désavouer sur la question palestinienne, il y a des camarades qui sont impliqués, qui ont organisé des manifestations pour mobiliser, et pour faire en sorte qu’il y ait une parole qui se passe dans la rue massivement. Donc moi je veux bien que tu te fasses plaisir à écrire. Fais-toi plaisir. Mais tu nous craches dessus au quotidien avec ton putain de texte sur la abaya. Très bien, tu l’as écrit, on l’a publié, t’en veux quoi de plus ? Par contre, on avait des camarades sur le terrain en train de faire des choses sur la Palestine, et on nous dit comme quoi on est les amis d’Israël ? Désolé, moi je s*ce pas des b*tes à Benyamin Netanyahou, c’est pas mon kif. Et quand je me prends la tête toutes les vacances à organiser des manifs, à faire des mises en page de tracts, à faire des mises en page d’affiches, et que je lis tes putains de messages où on me compare à des amis d’Israël, eh ben ça me met grave les glandes. Et je t’entends après dire « Moi on m’y reprendra pas à aller à ces manifs-là où les gens ils sont en train de dire ça. » Ah ouais ? Tu sais qui c’est qui les a organisées ? C’est notre camarade Yves qui est de la CGT, c’est Fred, c’est moi, c’est des gens comme nous…Ouais ! Y a de quoi s’énerver. Y a de quoi s’énerver. C’est pour ça que je suis énervée.

En plus de l’aveu on ne peut plus clair que c’est ce que j’ai dit sur la Palestine qui a mis le feu aux poudres et qui justifie la volonté d’éviction, il y a là l’aveu que ce n’est qu’avec une énorme réticence que mon second texte a été publié sur le site de la CGT Educ’ 63, manifestement parce que le Bureau de la CGT Educ’ se sentait visé par les accusations d’islamophobie (assumée ou inconsciente) que je lançais à tous les partisans de la traque de l’abaya, comme Sophie Binet. L’une des membres du Bureau avait dit, à ce sujet, que les collégiennes et lycéennes stigmatisées par cette mesure étaient quand même mieux en France qu’en Afghanistan… Même le premier texte que j’ai proposé avait été reçu de manière frileuse, une section « Expression militante  » ayant été spécialement créée pour moi afin de me faire endosser exclusivement la responsabilité de mes articles et d’en dédouaner le syndicat en tant qu'entité.

Réponse du Bureau à ma saisine 

6 décembre 2023

Le message de Salah sur whatsapp du 6 novembre nous paraît donc confirmer nos doutes quant à sa capacité, en tant que membres des instances dirigeantes du syndicat, à faire abstraction de ses propres convictions pour défendre l’intérêt commun et les décisions collectives : « J’ai assisté à la première manif et entendu la plupart des intervenants rivaliser de zèle dans leur condamnation des « atrocités du Hamas » comme si tout avait commencé de là, on ne m’y reprendra pas. » Et quand il écrit à propos des positions de la Confédération CGT que « L’histoire se souviendra de tous ces "amis" de la Palestine qui rivalisent de zèle pour répandre la propagande de l’armée israélienne », nous faisons nôtre la réponse de Fred : « Ne nous trompons pas d’ennemis. Non je n’ai pas honte de la position de mon organisation qui a permis de réunir des milliers de personnes dans tout le pays pour une paix juste et durable, pour un cessez le feu immédiat, en soutien au peuple palestinien… Le rassemblement à Jaude samedi, malgré la pluie a été une réussite. Nous avons scandé, toutes et tous ensemble, des slogans pour libérer la Palestine et la bande de Gaza. » Bien sûr, personne ne force qui que ce soit à se rendre à une manifestation sous prétexte que le syndicat y appelle, mais ne pas invectiver les camarades qui œuvrent dans le cadre de leur mandat est la moindre des choses.

Encore une fois, ces échanges Whatsapp et mes positions sur la Palestine sont présentées comme centrales. Et encore une fois, chacun peut juger qui ne fait qu'exprimer un désaccord, certes virulent mais argumenté sur le fond, et qui invective les camarades…

Réquisitoire du 12 avril

Enfin, je rappelle que le réquisitoire du Bureau réussit le tour de force d’affirmer que je mens en disant que mes positions sur la Palestine sont en cause dans mon exclusion, et de citer quand même ces positions, ainsi que d’autres qui relèvent du délit d’opinion (écoles confessionnelles, thématiques IVG/LGBT) :

Nous sommes actifs dans le mouvement unitaire clermontois en soutien au peuple palestinien, ce que, d’ailleurs Salah nous reproche : « J’ai assisté à la première manif et entendu la plupart des intervenants rivaliser de zèle dans leur condamnation des ‘atrocités du Hamas’ comme si tout avait commencé de là, on ne m’y reprendra pas  ». Ce qui est faux : à Clermont comme partout ailleurs, les positions étaient loin d’être unanimes aux lendemain du 7 octobre. Et à propos de la Confédération, parce qu’on avait publié le Communiqué confédéral sur notre site, voilà ce que disait Salah : « L’histoire se souviendra de tous ces ‘amis’ de la Palestine qui rivalisent de zèle pour répandre la propagande de l’armée israélienne »).

Soit ces questions sont hors sujet et il est inutile de les mentionner, soit elles sont au cœur de la volonté d’exclusion, et dans ce cas on comprend pourquoi la place qui leur est accordée dans ce réquisitoire est si significative.

Tous ces documents soulignent de manière indubitable le caractère politique de ce procès, qui vise à éliminer une sensibilité minoritaire au sein du syndicat. Une telle démarche est en contradiction flagrante avec les principes de la démocratie syndicale, qui devraient garantir la liberté d'expression de toutes les voix, même celles qui sont « minoritaires » ou dissidentes.

Il est profondément regrettable que, par hostilité voire par haine envers des convictions découlant de mon identité et de ma foi, le syndicat ait renié ses principes et se soit privé de ma contribution potentielle à la défense des droits des travailleurs, pour laquelle j'avais fait mes preuves (voir les Annexes IIIIIVIV bisVVIVI bis et VI ter). En fermant toutes les portes à ma volonté d’investissement au sein du Bureau, la CGT Educ’action 63 s’est non seulement privé d’un défenseur syndical (comme en témoigne le dossier médical d’accident de service que j’ai monté et qui a été validé par le Rectorat sans contre-expertise), mais m’a également contraint à déployer une énergie considérable pour me défendre au sein de la structure censée me protéger. De plus, le syndicat a mobilisé ses ressources pour m’exclure, ce qui l’a détourné de sa mission première qui est de lutter contre de tels abus, non de les perpétrer en interne.

J’appelle l’UNSEN à défendre les principes plutôt que les intérêts personnels. En fermant les yeux sur ces pratiques et en « défendant les copains », la CGT ressemblerait à l’IGPN, une institution décriée parce que son seul rôle est de couvrir les policiers auteurs d’abus dans le cadre de leurs fonctions. A l’heure où l’appel général est à la lutte contre l’extrême droite, je considère pour ma part que c’est contre leurs idées et pratiques qu’il faut lutter partout, surtout au sein des institutions qui prétendent les combattre. En ce qui me concerne, en tant qu’enseignant et syndicaliste, Arabe et musulman, les pires abus que j’ai subis (arbitraire, racisme et/ou islamophobie, violences...) viennent de mes camarades de la CGT Educ’action du Puy-de-Dôme, et non de la hiérarchie ou de militants du RN. Je vous appelle à être à la hauteur des valeurs proclamées par nos Statuts, que j’ai rappelées en introduction.

IV. Appel à faire la lumière sur les accusations calomnieuses

Je demande à l’UNSEN de faire la lumière sur les accusations calomnieuses et infamantes dont j’ai été victime, en particulier le qualificatif de « mécréant » qu’on m’a accusé d’avoir proféré à l’encontre d’un camarade et collègue de travail. Ces accusations ont porté atteinte à ma dignité et à mon intégrité professionnelle : je rappelle que le 7 mars, j’ai adressé les pièces du dossier aux syndiqués de notre section depuis mon mail personnel, et que le lendemain, le 8 mars, mon adresse mail professionnelle a été mise en quarantaine, ce qui laisse à croire qu’un « camarade » (pour ne pas dire un corbeau) a transmis un ou plusieurs éléments du dossier au Rectorat. Je demande donc à l’UNSEN de réparer les torts commis par mon syndicat, qui m’a mis durablement en danger par ses calomnies.

Le fait que j’affirme, dans les pièces du dossier, que je suis victime de calomnies, ne suffit pas, une enquête interne doit l’établir : je l’ai appelée de mes vœux à plusieurs reprises, dans des messages à la CGT Educ’ 63 et à l’UNSEN, où j’affirmais qu’il suffisait de demander un témoignage, oral ou écrit, aux participants à la réunion du 10 novembre, pour que toute la lumière soit faite [voir « De "terroriste" à "mécréant" : à la CGT, l'intimidation et la calomnie comme méthodes »]. La Commission de médiation de notre CE a catégoriquement refusé de le faire. Le fait que j’aie publié l’enregistrement de la réunion en question ne suffit pas non plus à m’innocenter, car on pourrait m’accuser d’avoir coupé le passage où j’aurais employé le mot « mécréant » : seule une expertise judiciaire peut démontrer que l’enregistrement que j’ai publié est intégral (j’ai publié la totalité de l’enregistrement en interne, mais quand je l’ai rendu public, j’ai dû faire des micro-coupes chaque fois que les patronymes des camarades ou leur lieu de travail étaient mentionnés, afin de ne pas être accusé de doxxing). Il est impératif que l’UNSEN prenne dès maintenant des mesures pour établir la vérité sur ces faits et pour rappeler que de telles calomnies, collectives de surcroit, sont propres à l’extrême droite et inacceptables au sein de la CGT. Lorsque, le 13 février, j’ai demandé à un membre de la Commission de conciliation de la CGT Educ’ 63 de poser la question aux camarades qui se trouvaient en face de lui, est-ce que oui ou non j’avais prononcé le mot de « mécréant », il a refusé au prétexte qu’il était juge et partie, et qu’il ne savait pas si les Statuts lui permettaient de poser la question. Ce n’est que dans un parti sectaire voire totalitaire qu’on a peur de poser des questions, mais évidemment, le « camarade » en question savait qu’il était là pour préparer le terrain à mon exclusion, et non pour embarrasser le Bureau. J’attends donc que l’UNSEN pose cette question aujourd’hui, et demande que la réponse et ma réhabilitation figurent dans un document écrit qui me sera communiqué (PV ou autre), sans quoi l’UNSEN se rendrait complice de ces calomnies.

Je pose en particulier 5 questions :

1/ Est-ce qu’au vu de mon énergie et de mon engagement, l’UNSEN considère, comme la mascarade de Commission de conciliation, que je n’ai été victime d’aucune discrimination, et que le fait qu'en 7 mois de présence à la CGT Educ’ 63, tout ce qu'on ait trouvé à me faire faire face à mes demandes instantes d'être intégré aux activités quotidiennes du Bureau, est de m'envoyer représenter la CGT Educ’action à deux réunions où personne n’était disponible, est bien suffisant pour me sentir traité à égalité ?

2/ Est-ce que ce qui s’est passé à la réunion du 10 novembre, où 9 personnes ont essayé de forcer un « dissident » à démissionner de ses fonctions électives par les moyens les plus déloyaux, vous parait conforme aux valeurs de la CGT ?

3/ Est-ce que l’UNSEN considère que les élections du 17 novembre improvisées en moins d’une semaine, sur fond de calomnie infamante, pour m’évincer du Bureau, sont conformes à l’exigence de démocratie ?

4/ Est-ce que les calomnies dont j’ai été victime, à savoir avoir traité un camarade de mécréant en présence de 8 membres du Bureau, et avoir conservé des heures de décharge de mon ancien syndicat après mon élection en CE et au Bureau (une des Annexes que j'ai publiées démontre que ces heures m'ont été retirées avant même mon adhésion à la CGT), accusations bien plus graves que les 6 motifs ridicules avancés pour m’exclure, mais ne figurant étrangement sur aucun écrit, sont établies en tant que calomnies ?

Pour ceux qui excuseraient l’inexcusable en disant que les camarades se sont laissés emporter le 10 novembre, parce qu’ils étaient fatigués, etc., ce que je trouve pour ma part inadmissible en toutes circonstances de la part de syndicalistes, je rappelle que ce qui s’est passé la semaine suivante, de sang-froid, était bien pire : la calomnie collective qui m’a mis en danger dans un contexte particulièrement sensible, celui des inculpations abusives pour apologie du terrorisme de camarades qui ont des vues sur la Palestine comparables aux miennes. Tous les membres du Bureau se sont ligués pour me calomnier, François-Xavier par son accusation, les autres par leurs efforts concertés et actifs pour m’empêcher de faire la lumière sur ces faits. Avec dans l’esprit la volonté de me neutraliser, par l’intimidation judiciaire, la menace d’une délation calomnieuse et d’un procès, et de tous les désagréments que cela peut entrainer : dans ce contexte, un enseignant qui traite son collègue de « mécréant » sera certainement mis à pied, muté d'office dans le meilleur des cas, voire révoqué.

Enregistrement n° 9 (calomnie collective)

CE du 17 novembre 2023

FRANCOIS-XAVIER

Tu m'as traité quand même de mécréant, d'ailleurs je suis en train de regarder si je peux porter plainte...

[Avec les 2 extraits suivants (n° 1n° 2) où les autres témoins apportent leur caution à cette calomnie]

Je rappelle que tant le « camarade » qui m’a menacé de me frapper que celui qui m’a calomnié le plus activement exercent dans mon établissement. Cela n’est pas un accident, puisqu’il s’agissait de me broyer, y compris sur mon propre lieu de travail. Des défenseurs syndicaux agissent comme ça. Je n’ai pas les mots pour dire à quel point je trouve ce comportement ignoble, et je suis curieux de savoir ce que vous en direz.

Diffusion de l’enregistrement n° 10 (où je suis conspué par tous et que Frédéric menace de me frapper si je ne démissionne pas)

10 novembre 2023

FREDERIC

Après Salah, après Salah, je vais te dire un truc, ce que tu fais là, ce que t’es en train de faire là… Et c’est là où je vais, je vais plus du tout être [agréable ?]. Là tu es en train de nous foutre en l’air.

 SALAH

 Moi je suis en train de vous foutre en l’air ?

 FREDERIC, hurlant et se levant très menaçant, comme s’il allait frapper Salah

 Attends, tu me laisses finir maintenant, tu me laisses finir, ok.

 SALAH

 Tu cries pas sur moi. Tu veux me faire peur ou quoi ? Tu veux me faire peur ou quoi ?

 FREDERIC, même jeu

 Là je suis resté calme, mais là tu me laisses finir.

 SALAH

 Tu fais quoi, tu vas me frapper ou quoi ?

FREDERIC, menaçant

Je sais pas.

SALAH

Tu vas me frapper ou quoi ?

FREDERIC

Je sais pas.

SALAH

Il faut se calmer là… Ça c’est des menaces. Ça c’est du mépris.

SOPHIE

Tu pousses à bout les gens. C’est toi qui pousse les gens à bout.

SALAH

Tu m’as interrompu 1000 fois. Je suis la personne qui a été le plus interrompue.

FREDERIC, complètement furieux, peut-être de manière préméditée, pour intimider physiquement

Tu me laisses finir, moi je t’ai pas interrompu tu me laisses finir, là, d’accord ? Tu me laisses finir. Là t’es en train de nous pourrir. T’es en train de nous pourrir. Pas quitter alors qu’on te le demande, t’es en train de nous pourrir, donc si tu nous pourris, c’est plus possible, d’accord ? Parce que là, qu’est-ce qu’on fait ? On passe 1 h en Bureau. A la CE, qu’est-ce qu’on va faire alors que je t’ai dit, on a des milliers de choses à traiter, importantes, on va y passer 1 h encore. D’accord ?

SALAH

Là t’es hystérique toi aussi. (Se racle la gorge)

FREDERIC, hurlant

Ouais. Oui, si tu veux.

SALAH

Et t’es menaçant.

FREDERIC, vociférant

Mais maintenant, ça suffit, d’accord ? (S’en va avec componction)

SALAH

Eh ben écoutez…

SOPHIE

C’est bon ta gueule ! Ta gueule ! C’est bon, t’es en train de pousser les gens à bout, on n’a jamais vu Fred s’énerver comme ça, j’ai jamais vu Fred s’énerver comme ça.

SALAH

Tout le monde est témoin, hein… Qui a été agressif…

SOPHIE

C’est ce que tu cherches en vrai, c’est ce que tu cherches, tu aimes bien foutre ta merde. En vrai t’es un fouteur de merde ! Ferme ta gueule !

MARIE-CATHERINE

Ta parole elle a une puissance phénoménale, et tu le sais. La parole, elle a une puissance phénoménale

CORINNE

Tu nous calomnies. Tu nous calomnies.

MARIE-CATHERINE, méprisante

Moi j’a assisté à plein de réunions, plein d’AG. Tout le monde est d’accord, il y a qu’avec toi qu’on a ça…

SALAH

Il y a un agresseur, et il y a un agressé.

CORINNE

On a trois points à régler. On a d’autres points à régler. Je voulais dire à tout le monde que je suis allée au collectif parce que personne le sait. Je suis allée au collectif [contre l’] extrême droite hier…

En voyant ces méthodes de voyou, on se demande pourquoi Emmanuel Macron s’embête à dissoudre l’Assemblée nationale et à organiser de nouvelles élections, sans même avoir essayé de prendre les députés « dissidents » à 9 contre 1 pour les intimider, les menacer, les forcer à la démission. La référence à l’extrême droite qu’on entend dans cet extrait est d’une ironie remarquable : on prétend combattre à l’extérieur ce qu’on réalise à l’intérieur (violence, menaces, discriminations...).

C’est là le dernier enregistrement, car je n’ai pas eu le temps d’en faire davantage. J’ai déjà dû faire une énième nuit blanche de mercredi à jeudi pour préparer ceux-là, mais je peux vous dire d’ores et déjà que cette réunion du 17 novembre comporte d’autres « perles », de même que l’AG du 9 février, et que la réunion la plus violente est celle du 13 février, où j’ai été suspendu de la CE. C’était la dernière « chance » du Bureau de me briser pour que je me mette en retrait et n’aille pas plus loin, et ils ont mis le paquet. J’ai le cuir épais, et je savais à quoi m’attendre, mais je suis sorti de cette réunion en lambeaux, au point que j'ai failli être mis en arrêt maladie (mais je me suis forcé à aller au travail le lendemain, quasiment sans voix, pour ne pas donner de satisfaction à la partie adverse qui avait affirmé que je ne tiendrais pas...).

Un petit spoiler : le 13 février, Frédéric a notamment insisté sur le fait que j’avais « bien plus à perdre » qu’eux si je m’efforçais de faire valoir mes droits, référence à peine voilée à ma révocation, voire à de la prison ferme. C’est pour ça que je lui ai dit, le jour de la CSD, qu’il ne veut pas seulement me livrer au Rectorat, mais à la police, avec une accusation d’apologie du terrorisme à la clé. Tout cela était de toute façon évident au vu des éléments connus de tous les membres du Bureau, à la fois la situation nationale et mon histoire à Tremblay-en-France, où j’ai été accusé de « terroriste », mais l’entendre le dire de vive voix est très révélateur de l'absence totale de scrupules de certains preux défenseurs des droits des travailleurs, capables de reproduire en interne les pires excès des hiérarchies les plus autoritaires.

J’espère que je pourrai me reposer pendant cet été, car j’en ai grand besoin, mais si l’affaire doit se poursuivre et que je doive passer mes vacances à transcrire et publier de nouveaux enregistrements, et continuer à écrire et dénoncer, je le ferai sans aucune hésitation. Il en va de ma sécurité et de ma dignité.

5/ Est-ce que l’UNSEN considère que le CSD du 12 avril qui a voté mon exclusion, où toute discussion contradictoire à été bannie, est conforme au droit ? Il me semble que le principal rôle d’un observateur est celui-là, vérifier la conformité au droit. [Cette question n'a pas été posée, car l'UNSEN ayant imposé le même type de procédure, leur réponse était évidente.]

V. Conclusion

En conclusion, je vous demande de bien vouloir considérer mes arguments avec la plus grande attention et de comprendre que mon exclusion n’est pas seulement une injustice personnelle, mais une atteinte aux valeurs démocratiques et syndicales que nous sommes censés partager et défendre. Il est crucial pour l’UNSEN de montrer qu’elle défend réellement les principes de justice, d’égalité et de liberté d’expression pour tous ses membres, sans discrimination.

Si j’ai donné à cette triste affaire l’écho qu’elle méritait, à savoir celui d’une affaire locale, il va sans dire qu’en cas de confirmation nationale de cette éviction, je suis déterminé non seulement à saisir la Confédération, puis les instances judiciaires le cas échéant, mais également à faire tout ce que je pourrais pour donner à cette affaire un bien plus grand retentissement que celui, somme toute modeste, qu’elle a aujourd’hui.

Je considère que ceux qui entachent l’image de la CGT, ce ne sont pas ceux qui, comme moi, dénoncent des manquements et des abus, mais ceux qui les perpètrent en premier lieu, et en second lieu ceux qui, avertis en amont, avaient le pouvoir d’arrêter les frais ou de réparer les torts et préjudices mais n’ont rien fait.

J’estime avoir fait tout ce que je pouvais pour préserver les intérêts moraux de la CGT, jusqu’au point où mes propres intérêts, et avant cela même ma dignité, n’étaient pas compromis. Si certains considèrent que c’est moi qui salis la CGT par mes publications, comme une « camarade » considérait que je « salis sa religion  », alors ils considèrent certainement que si une camarade dénonçait un viol survenu dans les locaux de la CGT, ce serait sa dénonciation publique qui entacherait la CGT, et non pas l’acte de viol lui-même, qui aurait eu le « mérite » d'avoir lieu à huis clos. J’ai comparé la situation que je vivais à celle d’une femme qui se plaindrait de sexisme et qui serait exclue en moins d’une semaine de la structure où elle aurait été victime de ces abus, avant toute enquête : on sait à quel point il est difficile de dénoncer du harcèlement ou autre, mais si cela nous exposait à des représailles immédiates, personne ne le ferait.

Je conclus sur un dernier enregistrement récent de Rima Hassan, intéressant à plus d’un titre. Alors qu’elle a été mise en avant durant les élections européennes du fait du caractère central de la cause palestinienne dans les consciences, elle n’était même pas prévue dans les tours de parole ce jour-là, c’est Mathilde Panot qui lui a cédé la parole pendant son intervention, et voilà ce qu’elle a dit  :

« L’antiracisme a besoin de voix et de visages incarnés et non pas de porte-paroles éloignés de ses réalités. Cette époque du porte-parolat est révolue. Nous la voulons derrière nous car tout ce qui est fait sans nous est fait contre nous. C’est pourquoi dans cette quête d’union, nous n’avons pas le droit de négliger, d’invisibiliser ou d’oublier les voix politisées concernées par le racisme et les discriminations. »

Parler de racisme systémique tout en dénigrant l’arabo-musulman qui se plaint d’être discriminé, en l’accusant de se victimiser et en l’excluant pour avoir essayé de faire valoir ses droits, c’est un comble d’hypocrisie. Prétendre porter une lutte progressiste tout en brimant les minorités à l’intérieur du syndicat est une imposture. Faire passer un musulman pour un fanatique qui traite les autres de « mécréants » revient à alimenter le même amalgame entre musulman et terroriste, si cher à l’extrême droite. Au lieu de se croire « immunisé contre l’islamophobie », comme l’a affirmé une de nos co-secrétaires, on ferait mieux de se demander pourquoi 24 % des adhérents et/ou sympathisants de la CGT ont voté pour le Rassemblement National aux européennes.

Illustration 4

Il est temps pour la CGT de se montrer à la hauteur de ses prétentions égalitaires, ou bien d’avouer que certains combats ne sont investis que par récupération, voire de se révéler comme de simples beaufs, à l’image de Fabien Roussel, qui essaie de doubler la droite sur les questions identitaires et va manifester avec les syndicats policiers factieux. Si les partis politiques et la CGT ne prennent pas au sérieux ces problèmes pour évoluer radicalement de l’intérieur, s’ils ne mesurent pas l’ampleur du sursaut populaire de la jeunesse occidentale pour la Palestine, et des bouleversements mondiaux qui se produisent contre l’Occident et ses préjugés et réflexes impérialistes et colonialistes, ils finiront complètement discrédités et n’auront plus aucune place dans le monde de demain.

Pour ma part, je continuerai à œuvrer pour l’égalité, l’émancipation et les droits aux côtés des forces authentiquement engagées dans ces combats, et contre ceux qui ne courent qu’après nos voix tout en nous méprisant.

Je vous remercie de votre attention et j’espère que vous saurez mesurer la gravité de cette situation pour rétablir l’équité et la justice au sein de notre syndicat.

***

Si ce n’est déjà fait, je vous invite à signer et à faire largement circuler cette pétition sur change.org, qui appelle à ma réintégration à la CGT, d’où j’ai été exclu le 12 avril pour avoir initié une pétition dénonçant les positions ambigües de la Confédération suite au 7 octobre et demandant un soutien authentique à la cause palestinienne (que vous pouvez également lire et signer ici). L’UNSEN (Union Nationale des Syndicats de l’Education Nationale de la CGT) a confirmé mon exclusion après une audience d’appel tenue le 21 juin, sur laquelle je reviendrai prochainement. Un pourvoi auprès de la Confédération est en cours.

Lire également :

Jean-Pierre Page : à Gaza, la CGT a renoncé à l'internationalisme

Lettre de démission à la CGT suite à l'exclusion discriminatoire d'un syndicaliste

Lettre ouverte à la CGT suite à l’exclusion d’un syndicaliste pro-palestinien

Lettre à un syndicaliste menacé d’exclusion

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2 réactions à cet article    


  • titi titi 6 octobre 2024 01:00

    @L’auteur

    Rappelez moi... le rôle d’un syndicat n’est il pas de défendre les salariés adhérents ?

    Il me semble que c’est l’esprit du congrès d’Amiens de 1906.

    En quoi prendre position sur la Palestine, aide les salariés adhérents, ou améliore leurs conditions de travail ?


    • mmbbb 7 octobre 2024 09:45

      Les syndicats sont souvent sur une ligne dogmatique .

      Et en l occurrence la CGT .

      et in fine les syndicats maintiennent leurs bastions dans les secteurs publics à statut.

      et il existe une forme « de franc maconnerie » un esprit de loge.

      et en complement de Titi, il est vrai que beaucoup de syndicats passent le plus clair de leur temps dans des combats qui ne sont pas les leurs.

      politique problème sociétaux  !

      Ceci explique le faible taux de syndiques dans ce pays .

      PS sur un tract de la CGT apres les élections, une envolée lyrique sur le barrage fait à l « extrême droite »

      Il est vrai que ce syndicat est tellement pétri d idélogie que les militants ne font l effort de comprendre que la gauche s est détourné de la base populaire .

      A l auteur , article survolé , les syndicalistes , je l ai connais , il est évident que beaucoup s engagent par opportuniste et entre la profession de foi et réalité, il existe un écart !

      J avais entame un discussion avec un syndicaliste de Solidaire sur l enseignement .

      Dialogue impossible ,


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