Et le chantier qui l’attend n’est pas de tout repos. C’est même le chantier de tous les dangers. Guerres, finance exsangue, éducation, santé et - qui sait - peine de mort ?
Cette attente gigantesque que les médias ont provoqué autour de sa personne risque fatalement d’amener des déceptions. D’ici quatre ans, nombreux seront ceux qui diront "Et moi, et moi" ou en Afrique "Et nous, et nous...", c’est pourquoi le discours messianique de certains Africains à son propos m’attriste par anticipation.
Cette attente est en même temps inévitable, non seulement parce qu’il propose une alternative réconciliante au lendemain de l’ère Bush, W&G, père et fils, non seulement parce que son programme social est infiniment plus ressemblant à celui en vigueur dans les démocraties évoluées de ce monde, mais aussi parce que, à son corps défendant, sa peau a une certaine couleur, un peu plus foncée que celle de son adversaire, le pâle McCain. C’est l’aspect "racial" de cette élection, qu’on le veuille ou non.
Même s’il est vrai que B. Obama n’a pas été élu juste parce qu’il est noir, mais (ai-je l’impression) parce qu’il a une autorité intellectuelle indiscutable et semble avoir compris les enjeux économiques, écologiques, sociaux, stratégiques qu’affrontent son pays
(lire son discours sur la race ici même traduit).
Et justement, le monde arabe et la communauté noire mondiale (si elle existe) aura à cœur d’observer ses faits et gestes, tant l’identification est grande, tant la personnalisation de la politique est grande dans l’esprit du quidam télévisé aux deux bords de l’Atlantique.
Faisons une supposition peu en phase avec l’esprit de fête qui règne en ce moment :
Imaginons que la situation économique, les délocalisations, le chômage aux Etats-Unis, progresse et de façon régulière durant son mandat, que le camp républicain, pressé de revenir aux affaires, savonne la planche de M. Obama au Moyen-Orient, que les Russes cherchent des noises aux bases militaires américaines situées en Europe, que la Chine s’amuse à menacer de reprendre ses 2 milliards de dollars/jour investis dans l’épargne depuis dix ans, que sais-je, mais imaginons que les States se retrouvent dans un sale état d’ici quatre ans. Les plus racistes des Américains viendront persifler "c’est la faute du Black", "ces gens-là nous amènent la poisse, etc." Et là, ce sera terminé pour lui et pour l’espoir qu’il aura suscité.
Et pourtant, ce n’est pas parce qu’il a un père noir qu’il est obligatoirement moins excusable de se tromper, c’est-à-dire moins humain, si l’erreur est humaine...
Situation rêvée d’un Barack Obama dirigeant l’Amérique, mais situation à double tranchant.
Mais soyons OBtimistes : Obama ne peut pas faire pire que W. Bush. D’ailleurs est-ce possible ?
- être élu grâce au détournement de bulletins de vote en 2000 ;
- mentir à ses concitoyens pour les forcer à voter un budget militaire pharaonique ;
- envahir l’Irak contre tout respect des conventions internationales ;
- ouvrir une prison secrète en zone de non-droit, à Abou-Grahib ;
- en ouvrir une autre à Guantanamo ;
- etc.
Bref, G. W. Bush mérite la Cour pénale internationale de La Haye.
Alors bon vent M. Barack, bon vent à nous tous et au diable les dictateurs bien pensants.