Diviser plus pour régner plus
La politique de la division nationale du chef Sarkozy n’est que la continuité de la tactique électorale consistant à créer de la dissension dans les camps adverses, autrement dit chez tous ceux qui ne sont pas "avec moi". Mais pourquoi faut-il que la chance vienne apporter en plus son coup de main ? Je veux parler du vote dissident de Jack Lang qui a fait voler en éclats la belle unité retrouvée du PS. Ce parti sur le déclin n’avait vraiment pas besoin de cela. Mais, plus grave, le principe "diviser plus pour régner plus" de Sarkozy s’insinue sournoisement dans la société française.

Le principe "diviser plus pour régner plus" a d’abord été appliqué au Parti socialiste, Sarkozy désignant Mme Royal comme son adversaire aux présidentielles, contre les autres prétendants, puis promettant des postes et des avantages à quelques-uns. Un pseudo-gouvernement d’ouverture est venu placer la cerise sur le gâteau du rabattage racoleur. La tactique a également fait beaucoup de dégâts au centre qui a éclaté en une myriade de courants. Le MoDem cependant n’a pas disparu malgré les départs nombreux, honorables ou moins, vers le cercle d’influence de Sarkozy. Il reste le seul parti d’opposition crédible (non gouvernemental, affichant un nombre de militants conséquent), cohérent et audible dans les médias grâce à son leader qui ne joue pas un rôle autoritaire contrairement au chef de l’UMP, Nicolas Sarkozy.
Mais désormais c’est à toute la société que la devise "diviser plus pour régner plus" s’applique. Ne soyons pas dupes. C’était déjà le cas avant, les égoïsmes étant très forts et difficiles à canaliser. Mais la grande nouveauté, c’est que l’on ne cherche plus à juguler ou maîtriser ces divisions. Au contraire, on en joue à son profit ! La division nationale est aujourd’hui un moyen de politique, une politique volontaire !
Trois exemples : la stigmatisation de certaines catégories ou parties de la population, l’attribution des prébendes, de parts de marché - la publicité télévisuelle - ou décision judiciaires de complaisance - Tapie -, etc.), l’introduction du mérite dans la carrière des fonctionnaires.
Pour ce qui est des reconnaissances honorifiques, comme la Légion d’honneur, le président de la République UMP a créé une nouvelle catégorie pour "ceux qui m’ont aidé moi-même personnellement", pour parodier à peine le style si voltairien et si peu égotiste du chef de l’Etat. C’est ainsi qu’il décore le juge qui a prononcé son divorce avec Cécilia, pour récompenser sa grande discrétion (voirLibération). Après tout, un divorce, cela se fête ! Et comme si les autres fonctionnaires manquaient, eux, à leur obligation de discrétion ! Quelle méconnaissance du travail et du sérieux de l’ensemble des fonctionnaires français qui accomplissent chaque jour leur tâche dans le plus grand respect du service public !
Etonnamment, Sarkozy - "Monsieur Bling-bling" - aime la discrétion ! Mais si ! et il le prouve encore en décorant son riche et discret ami canadien (voir Rue89) qui, dit-il, l’a porté à l’Elysée. Décidément, l’argent fait et défait les gouvernements assez facilement dans cette démocratie soi-disant rénovée et victorieuse...
Le précieux ruban est aussi décerné à Jacques Séguela pour avoir organisé à son domicile le repas au cours duquel Nicolas Sarkozy a rencontré Carla Bruni. Séguela ce héros ! Sarkozy, une force qui ne vous laisse pas tranquille.
Le président Sarkozy a décoré des femmes : Céline Dion, Ingrid Betancourt. La raison ? Remplir un quota ! En effet, en janvier, Nicolas Sarkozy a interdit la publication au Journal officiel des promus de La légion d’honneur le 1er janvier, pour cause de sous-représentation des femmes (voir JDD). Il s’est donc mis en quête de femmes à décorer, d’où la magistrate qui a "célébré" son divorce.
Si encore ces attributions diverses résultaient d’une idée de méritocratie, mais ce n’est pas le cas. D’abord, parce que la méritocratie a pour fondement l’égalité des chances. Or, on en est loin et on va s’en éloigner davantage avec les écarts grandissants entre riches et pauvres, et avec le plan de rigueur que les pauvres et classes moyennes devront financer. Ensuite, parce qu’en fait de méritocratie, c’est plutôt une ploutocratie et une aristocratie qui s’établissent et prospèrent. Le mérite enfin, c’est ce dont on est digne par ses efforts. Mais dans la conception de Sarkozy, le mérite s’évalue au nombre des millions en banque. C’est à ce critère qu’il reconnaît ce qu’il appelle "les meilleurs". Le mérite sarkozien ne sert qu’à justifier les inégalités et à diviser davantage.
Diviser plus pour régner plus, régner plus pour gagner plus.
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