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Accueil du site > Tribune Libre > Dix mille raisons heurtées

Dix mille raisons heurtées

Réponse à un article nommé "10 choses que pensent vraiment les méchants capitalistes"

Dans cet article : 10 choses que pensent vraiment les méchants capitalistes (contrepoints.org) nous obtenons un précieux amalgame d'idées reçus à combattre. Euh non je veux dire, il en va de la dignité humaine, de la recherche de la vérité, et de l'intelligence de se montrer le plus courtois possible avec des arguments qui, en définitive, et comme à chaque fois, coïncident avec les aspirations les plus légitimes qui puissent être, à ceci près que le langage, les concepts et les croyances doivent obligatoirement être débattues avec impartialité, étant donné combien il est observable que les conclusions qu'on en tire, s'opposent.

Souvent je suis déçu de découvrir dans la bouche de l'ennemi, euh je veux dire des gens de Droite, des faits historiques niés par ceux de Gauche. C'est vraiment contreproductif et ça laisse une marge de manoeuvre à l'imbécilité et la cruauté pour venir empoisonner les débats.

Et eux ils font pareil évidemment. Je dirais même que c'est leur vocation mais bon.
Mais d'abord, il faut définir succinctement ce qu'est être de Droite et de Gauche. Je le fais avec mes outils et moyens, du moins j'essaie de faire que ça sonne juste :

(Bon, tout le monde sait qu'au départ, en 1791, à Droite de l'Assemblée se tenaient ceux qui voulaient mettre un terme à la Révolution, et à gauche, ceux qu'on a présenté comme des réactionnaires, parce qu'ils réagissent aux discours vertueux de la Droite avec des arguments complexes et philosophiques, quasiment inaudibles, et dont il est facile de se moquer.

(c'est difficile de ne pas échouer à être impartial)

Les premiers définissent « la Raison » comme la défense de la vertu et du bon sens, et les seconds (la pratiquent) interrogent ce qui est vraiment du bon sens, et ce qui est vraiment de la vertu... pour arriver à la triste conclusion que les discours vertueux sont nerveusement motivés par l'étroitesse d'esprit, l'égoïsme, ce qui du coup saborde leur propre discours...
Finalement ceux de Droite ont eu tort, (l'histoire à prouvé que les révolutionnaires avaient raison) mais faute de les avoir clairement psychanalysés, ils sont toujours au pouvoir aujourd'hui !

Les gens de droite sont prompts à s'approprier ce que la conscience a fraîchement acquit, mais uniquement dans un but utilitaire, tandis que de l'autre côté, ils ne font rien pour acquérir plus de conscience.

Une définition la plus générique semble être celle donnée par une sorte d'ésotérisme dualiste (c'est super-contradictoire comme terme) : ceux qui sont tournés vers Autrui, sont de Gauche, et ceux qui sont tournés vers eux-mêmes, sont de Droite. C'est une question d'énergie cinétique de l'âme (appelée « primal motor » par Léo de Vinci). Il va sans dire que les premiers sont considérés comme « plus évolués » que les seconds, puisque le chemin évolutif passe par la compréhension que le bien d'Autrui est le moyen le plus direct pour obtenir le bien de Soi. Lao Tseu dit : « Plus le sage donne aux autres, plus il possède », et après il ajoute de façon espiègle « c'est pour ça qu'il n'est pas fou ! ».

Et cela va plus loin, pour les philosophes c'est une manière de se juger les uns par rapport aux autres, et même ça pourrait presque déterminer deux races humaines bien distinctes, tant le dialogue est rendu impossible, et les névralgies affûtées de part et d'autres, contre un ennemi qui insiste avec arrogance à ne pas prendre en compte les arguments pourtant décisifs qu'on ne cesse de lui expliquer, de la façon la plus simple possible pour qu'il comprenne, jusqu'à ce qu'il se sente insulté qu'on lui parle comme à un enfant, et rejette ces arguments en raison de leur pauvreté... tout en ne sachant pas s'exprimer autrement qu'au moyen d'un langage absolutiste, fondamentaliste, extrémiste, dont la cause est clairement la déficience de la logique utilisée, selon laquelle ce qui n'est pas vrai est forcément faux, et où donc, ce qui n'est pas « ainsi » est forcément « le contraire », sans que personne ne se soucie jamais de l'axe dans lequel on trace ces diamètres.

Enfin, bon.
Il faut quand même s'y coller.

-

Alors je découvre ce texte d'un gars de droite, publié sur un site ultra-libéral, dont les grands titres me donnent la même nausée que celle que j'aurais eue en voyant naître le fascisme à l'époque où personne ne jugeait que cela était « mal ». J'ai bien plus qu'un sixième sens pour ces choses-là, je suis un bon médium. Leur slogan c'est « le nivellement par le haut » (incroyable d'oser avouer un tel sentiment de supériorité). L'odeur épouvantable que ça suscite, est possible à démontrer, mais face à un tel édifice de croyances irrationnelles, et sachant avec quelle rage ils sont prêts à nier la vérité, incapables d'incorporer les accords précédents, méfiants et prompts à entrer en guerre psychologique, possédés par leur système limbique noyé par des défenses psychologiques qui refusent à tout prix le moindre changement parce que ça leur fait trop mal... on est vite tentés d'abandonner.

Ce clivage gauche-droite existait bien avant d'avoir obtenu une nomination officielle, par exemple on peut se dire que les Mousquetaires étaient de Droite. La noblesse était fraîchement ravie de voir parmi les citoyens des gens intelligents se mettre au service de la vérité et de la justice (« la patrie »), exercer la politesse, et les récompensaient royalement. Ensuite ils pouvaient refiler une pièce d'or ici et là à des manants, sans jamais se poser la question de ce que deviendrait le monde si à long terme il continuait de fonctionner comme cela, sans jamais se soucier le moins du monde de « droits de l'homme » ou de toute autre revendication révolutionnaire.

Ainsi on peut définir les gens de Droite comme ceux qui ne se soucient pas de ce qu'ils ne connaissent pas, et qui ne font entrer en considération que ce dont ils sont sûrs et certains, là où le philosophe est capable d'aller dénicher la vérité cachée (cachée mais pas moins vraie), et où le révolutionnaire fait de l'utopie, qui découle de la philosophie, une nouvelle réalité.

Même la pensée scientifique est de Droite, quand elle ne peut pas considérer l'inexistant comme ayant potentiellement une influence réelle sur des observations pourtant tragiquement loin des théories. Ils se sentent toujours obligés de d'abord tordre les lois existantes jusqu'au mensonge grossier pour expliquer le réel, et même pire, préfèrent souvent ne pas en tenir compte, jusqu'à ce qu'un nouveau paradigme issu d'une lointaine gauche finisse par être possible à raccorder à l'existant, et que l'idée ait fait son chemin dans les méandres compliquées de leurs cerveaux prêts à se défendre contre toute attaque extérieure, après de nombreuses années, au moins suffisamment pour qu'on ait oublié qu'ils aient dit que c'était « impossible ».

-

Daniel Hannan, politicien de Droite, dit :

« J'ai papoté avec quelques manifestants du mouvement « Occupy »

Déjà, par rapport au groupe social auquel il s'identifie, il a fait l'effort presque touristique d'aller « papoter », sans aucune idée préconçue, en toute ouverture d'esprit.

« j'ai été frappé de voir à quel point ils se plantaient »

Évidemment, l'était d'esprit initial a très vite été rattrapé par les guerriers des défenses psychologiques qui fondent tout ce qu'il est et comment il se défini. Ça n'a pas manqué ! Ses potes l'auraient pourtant prévenu que ce n'était même pas la peine d'y aller.

N'ont-ils pas un peu raison quand même ?
Leur motivation tient-telle uniquement aux petites bribes de « choses » dont il a été témoin, et qu'il peut réfuter sans avoir à faire aucun effort ?

« Dans l'intérêt d'une compréhension approfondie, voici 10 choses que -faites moi confiance- pense la fange conservatrice que je fréquente. »

OK, très bonne initiative. Je relève le défi ! Le but est « une compréhension approfondie » mais méfiance, il ne s'agit pas de convaincre l'un que l'autre a raison, il s'agit d'échanger, accepter, prendre sur soi, et surtout détecter le dénominateur commun qui fera avancer les « choses ».
C'est ça qu'il faut faire ! Ce n'est que ça que la politique devrait faire.

« 1. Les partisans du marché libre n'ont pas apprécié le sauvetage des banques. »

En effet, je ne le savais pas, cette distinction m'avait échappée. Les banques font perdurer un système injuste, leur effondrement est souhaitable, cependant elles tiennent le système dans un semblant de vie, c'est pourquoi elle n'ont pas le droit de faillir. Certainement on aurait trouvé des solutions, mais ça aurait causé énormément de dégâts entre temps. Dès lors, pourquoi ne pas s'y mettre dès maintenant, à imaginer quelles auraient été les solutions si elles avaient été arrêtée, mises en faillite ?
La loi du marché, le capitalisme, n'arrive jamais à être ce qu'il voudrait être dans toute sa pureté. Pourquoi ? N'est-ce pas parce que la théorie est trop éloignée de la pratique ?

« nous sommes après tous, contre les subventions étatiques et les nationalisations »

Euh oui, mais là quand même ce n'est pas une nationalisation. Cela aurait été presque mieux que ça en soit une, mais en fait il ne s'agit que de faire peser sur le contribuable les dettes de ces machins privés à but lucratif qui ne peuvent pas faire faillite. Même soutenues par les états, elles restent non nationalisées, c'est quand même un comble !

« les commentateurs [...] prennent nos convictions en faveur d'une concurrence ouverte et du libre échange, pour une croyance en la ploutocratie. Il y a une différence du tout au tout, entre être pro-marché, et pro- monde des affaires. »

Cette distinction n'est ni frappante, ni pertinente.
Le fait est que dans la pratique, le libre échange fini par générer une ploutocratie, aussi curieux que celui puisse paraître pour un esprit rigoriste et dogmatique. Si il y avait « un vrai » « libre-échange », dans la théorie capitaliste, est-ce que cela voudrait dire que la richesse pourrait s'écouler de façon plus fluide dans tous les recoins de la société ? La pratique a clairement démontré que ce n'était pas le cas.

« Si vous souhaitez que les riches payent davantage, créez un système fiscal avec moins de tranches et plus simple »

Ben oui, ça fait des années que j'explique qu'il faut confier cela à des algorithmes. De cette manière, on peut juguler avec précision ce qui paraît juste, mais surtout, la même méthode peut ensuite être appliquée à de très nombreux autres systèmes de répartition.
Mais ce n'est pas à vous, au pouvoir, de demander au peuple de le faire !

« Principalement, cependant, c'est une question de ramener le taux d'imposition à un niveau où l'évasion fiscale ne se justifie plus. »

Chez nous, on réserve cette démonstration au fait de créer un système social par rapport auquel le vol, la cupidité et les guerres ne se justifient plus.
Dans votre monde, pour que l'évasion fiscale ne se justifie plus, il faudrait donc s'aligner sur les plus basses impositions existantes dans le monde ? C'est quasiment du sophisme, de l'arnaque !
Et tien, c'est intéressant, il ne s'agit plus, tout d'un coup, de respecter des lois en étant soumis à leur autorité non questionnée, mais que ces lois soient justes. Avec cela, on ne peut qu'être d'accords.
Mais ici on le voit, les lois ne peuvent pas être justes, de la même manière que le capitalisme n'arrive jamais à être ce qu'il voudrait être (dans son acception vertueuse). Dès lors n'est-il pas temps de questionner le cadre dans lequel tout ceci s'opère, à savoir « le système » ?

« Le résultat ? Les 1% les plus riches, qui payaient 19,5% de toutes les taxes auparavant, en assurent désormais 40%. »

Ahahaha ! Quelle bonne blague ! Quelle injustice !
Mis à part de devoir diviser par deux le nombre de ses yoaths (avec des piscines d'eau potable), par quelle extraordinaire justification peut-on être aussi riches ? N'est-ce pas là encore une autre preuve que ce système produit des aberrations, et que compenser ces aberrations ne fait qu'augmenter les frictions ?
La vraie aberration, c'est qu'il y ait des gens aussi riches ! Ne croyez pas que cala va continuer ainsi ! Et ils le savent bien (à Goldman&Sachs), c'est pour ça qu'ils mettent le monde à feux et à sang, dans l'espoir d'en profiter encore un peu, du moins le temps de leur propre vie.

« 4. Ceux de nous qui croient en un gouvernement qui soit moins puissant, ne sont pas motivés par le désir de rendre les riches plus riches. »

Cela est évident, cette accusation était fallacieuse, cependant elle est parlante d'une vérité indéniable, c'est que l'application du capitalisme dans sa plus pure acception produit pourtant ces effets.
Il serait intéressant de revenir sur le rôle des états, à quoi ils servent, et en quoi ils empêchent le monde d'évoluer. On peut aussi se demander pourquoi les états sont si pressés de satisfaire ceux-là même qui souhaitent leur dissolution.
L'état, dans sa forme qui consiste à récolter des impôts pour générer des biens et services publics, est une bénédiction, qui est venue pour pallier à une déficience grave du système social. Cette déficience, on ne peut la nier, et dès lors, l'existence des états est justifiée par l'incapacité du système capitaliste à générer des biens publics et gratuits. Oh oui je sais, le capitalisme social arrive à grand renforts de pubs, en créant des terrains de baskets sponsorisés par Carrefour, mais il est évident qu'ils ne reverseront jamais 100% de leurs bénéfices aux bonnes oeuvres.
Pourtant, cela est souhaitable, même si pour obtenir cet effet, ce n'est pas ainsi qu'il faudrait procéder.

« Nous croyons que la liberté économique va enrichir le pays dans son ensemble. »

Oui donc j'avais raison, vous croyez que la monnaie est assez fluide pour aller « occuper » tous les recoins de la société, si le capitalisme est pratiqué dans toute sa pureté, alors pourtant que ça a toujours été impossible en pratique, et que ces injustices, ces failles du système, sont directement imputable à ce même capitalisme.
Désolé, mais habité à souffrir de cela, je détecte comme une arnaque !
Cependant, je suis sûr que ce n'est pas une arnaque consciente.
C'est de l'inconséquence, parce que la vie des gens est en jeu.
Mais en fait, je ne comprends pas de quelle « liberté » l'économie ne profite-elle pas ? Quelles sont les entraves à l'économie ? N'est-ce pas le fait que l'argent manque toujours à tout le monde ?

« 5. Nous ne sommes pas contre l'égalité. En général, nous reconnaissons les avantages d'une homogénéité à la scandinave : la criminalité tend à être plus basse, les gens moins stressés, etc. Notre objection n'est pas que l'égalitarisme est indésirable en soi, mais que les politiques nécessaires pour l'imposer impliquent une perte disproportionnée de liberté et de prospérité. »

Ma démonstration est encore prouvée : pallier les inconvénients d'un système injuste engendre de nouvelles injustices en plus grand nombre, c'est pourquoi il n'est pas seulement injuste, il est aberrant.
Si tout le monde est d'accord pour viser l'homogénéité des richesses, ne serait-il pas temps de s'y appliquer, tout en ne rejetant aucune méthode pourvu qu'elle fonctionne, je veux dire !

« l'augmentation récente de l'écart de richesse s'est déroulée dans une époque où l'État contrôle, plus que jamais, une grande part des richesses nationales. »

On dit les inégalités, plutôt que « écart de richesse », car cette façon de dire impute à la seule possession d'argent l'étalon de ce qui rend les gens égaux. Or il n'y a pas que cela, même si clairement, le compte bancaire est déterminant dans la politesse à laquelle on a droit.
Vous et moi pouvons le déplorer, cela relève de la psychologie sociale, mais n'a-t-elle pas été bâtie sur les préceptes du capitalisme ? En fait j'avais établi cette théorie, de la pureté capitaliste, selon laquelle l'être intelligent, fait des choses utiles pour Autrui, et dès lors, en retire des richesses, ce qui par la suite, permet d'associer cette fortune au Bien qu'il a fait pour Autrui. Cette mentalité a subsisté bien au-delà de ce que toute raison peut espérer, au point que les gens veulent l'argent facile parce que c'est la marque d'un succès, qui signifie le bien fait à Autrui, à ceci près qu'aucun bien n'est fait à Autrui, l'argent manque toujours, ne suffit jamais, les riches se plaignent des impôts, considèrent les pauvres comme des boulets, etc etc... (enfin bon, je passe sur les clichés).
Finalement on est tentés de balancer des pierres sur les voitures des Riches, et eux veulent faire disparaître les pauvres en les exterminant (quelle charité), de même que l'impérialisme s'attaque exclusivement aux pays faibles incapables de se défendre. Tout cela, relève de cette même psychologie enfantée par le capitalisme.

Pour en revenir à l'affirmation selon laquelle l'état est responsable des inégalités en raison de ce qu'il contrôle plus de richesses, à part les biens publics je ne vois pas de quelles richesses il s'agit, mais là, je sens que c'est moi qui ai des lacunes. En tous cas ça me paraît bizarre.
J'ai plutôt l'impression, plus simplement, que l'argent est un fluide qui se comporte de façon magnétique, et qu'il a une tendance naturelle à s'agglutiner, et plus l'amas est gros, plus il aspire le reste. Cette notion de physique élémentaire colle beaucoup à l'observation. Les biais et les propiétés qui font qu'il en est ainsi, sont certainement bien plus nombreux et complexes que le seul fait que « l'état contrôle une grande part des richesses nationales ».
A mon avis l'avidité doit aussi y être pour quelque chose ; connaissez-vous une seule entreprise qui se dise assez riche, et qu'il est inutile de vouloir attraper d'autres marchés ?

« 7. Arrêtons l'idée reçue selon laquelle être de gauche signifierait être du côté des gens ordinaires, et être de droite signifierait défendre les élites privilégiées. »

Il existe de nombreux autres clivages, mais en tous cas ça « nous » paraît évident que c'est l'apanage des gens de droite que de commettre des amalgames, qui consistent à associer des faits et des jugements, et de rétro-définir les faits en fonction des jugements, qui eux sont hâtifs.
En fait on se demande pourquoi les classes moyennes votent à droite, et on estime probable que l'ambition d'appartenir au camp des plus forts soit déterminant. Ainsi, même en n'étant pas riches, et même en subissant les inconvénients, ils préfèrent se croire riches, peut-être dans l'espoir de le devenir. Car voter contre la droite, c'est quand même abandonner définitivement tout espoir de ressembler un jour à ces gens plein d'assurance et de certitudes.

« Il est difficile de penser à une seule taxe, ou bien à une seule règlementation, qui ne finissent pas par privilégier certains intérêts au détriment de la population. La raison est la suivante : les gouvernements continuent à croître à cause des « gains dispersés et des coûts concentrés » : les gens sont généralement plus conscients des gains qu'ils perçoivent que des taxes qu'ils payent. »

Difficile à lire mais très intéressant. (accroche-toi, lecteur !)
Je ne vais pas examiner l'affirmation ou le rapport que ça a avec le reste (je peux pas), mais c'est intéressant cette notion de « gains dispersés et des coûts concentrés ». J'imagine que ce développement doit effrayer les puristes du capitalisme, qui pensent en termes d'unités, d'individus, de comptes bancaires, de profits... et de sensations liées à ces notions.
C'est vraiment avec cette notion que commence l'intérêt de s'attacher à la notion de richesse collective, qui est supérieure à la somme des richesses individuelles. Jamais le capitalisme n'arrivera à bout de tous les embranchements qui devraient normalement être rémunérés dans la création de n'importe quel objet. L'état, lui, collecte de nombreuses miettes pour obtenir de gros magots. Tous les business fonctionnent comme cela. Le micro-crédit a été inventé dans cette optique d'enrichissement sur le dos des pauvres, en leur vendant de l'espoir, en échange de l'argent dont l'absence court-circuitera ce même espoir.
On aurait pu attendre, pour le vendeur de microcrédits, que sa comptabilité assume le fait que les gains soient dispersés et les coûts concentrés, mais on voit bien comme la mentalité vient s'en mêler. Il est impossible de nier que de toute évidence, dans tout commerce, le but est de payer le moins possible et de gagner le plus possible, et donc de rechigner à payer, et d'être content de recevoir. (Ceci ne parait-il pas toxique, nocif pour la psychologie ?) Vous semblez vous plaindre que la satisfaction n'est pas à la hauteur des attentes, malgré ce qu'affirme la compta. Dans tout commerce, il y a des coûts fixes, les machines, les coûts des marchandises elle-mêmes, et enfin les coûts subsidiaires, que personne n'a pu prévoir, et qui justifie qu'il faille dégager une marge de manoeuvre, un bénéfice, pour s'en sortir grosso-modo. C'est comme cela que fonctionne tout le système : « grosso-modo ».

« 8. Le capitalisme, avec toutes les imperfections qu'il comporte, est le système le plus équitable jamais essayé. »

On nous la ressort à chaque fois, cet adage, mais le capitalisme permet-il d'en essayer d'autres ? Demandez à Noam Chomsky le nombre de tentatives qu'il a pu trouver qui ont toutes été sabordées par des libéraux qui craignent, plus que tout, qu'un autre système ne marchent mieux que celui-là. C'est évident, même le plus basique des systèmes, à savoir mettre tous les comptes en banque sur une même base de données, marcherait mieux. Qui est prêt à investir, pour promouvoir une solution à partir de laquelle, il ne sera plus en mesure de donner son avis sur quoi que ce soit, à moins de passer par des comités populaires ? Si vous voulez mon avis, le capitalisme est le pire de tous les systèmes existants, et l'échec des alternatives tient uniquement au fait de ne pas avoir su s'affranchir directement de ce qui est le plus ancré et le plus vicieux dans le capitalisme, à savoir le désir de posséder, le besoin de justifier ses actes par l'argent que ça engendre, et l'horrible habitude de toujours vouloir obtenir plus qu'on ne donne, qu'on soit plombier ou banquier.
En introduisant le concept de richesse collective, on concentre la production de richesse sur des domaines utiles à Autrui, ce par quoi ensuite seulement, on peut en retirer une gratification, non monétaire, mais beaucoup plus utile, surtout à long terme.

« Dans un système basé sur les droits de la propriété et des contrats librement consentis, les gens réussissent en fournissant un service honnête aux autres. »

(Ben pas moi en tous cas !)
Les droits de propriété ont été émis en raison du risque de se faire dépouiller de ce qu'on possède, mais regardez les choses en face, cela a-t-il été suffisant ? Que possède-t-on, et de quoi avons-nous été dépouillés ? De la Terre, de la nature non polluée, de la promesse que ses compétences soit utilisées à bon escient, de la science qui ne sert qu'à faire des armes, de la paix, de l'avenir... Mohammed Bouazizi s'est-il immolé pour la propriété privée dont on l'a dépouillé, à savoir quelques tomates ?

A partir de ce « droit à la propriété », alors pourtant qu'on avait été prévenus par une civilisation plus avancée (les indiens d'Amérique) qui disaient que l'eau, l'air et la terre étaient à tout le monde, vous et votre clan de fondamentalistes les avez dépouillez de ce qui semblait impossible de se voir défait. Suite à cela, aurait-il inventé « le droit à la propriété », et ensuite, toutes les constructions qui sont venues se superposer à cela, comme la liberté de contrat, la république, la démocratie... ?
Non seulement ces règles sont incompètes et caduques, car elles appartiennent à une époque lointaine où l'arnaque était plus facile, mais qui plus est, vous ne les appliquez que quand cela vous arrange.

En terme général, quand on est poussés à devoir expliquer les choses comme à un enfant qui ne veut pas faire rentrer dans sa têtes de telles évidences aussi dogmatiques et lourdes, c'est, peut-être,
parce que viennent interférer des conceptions nouvelles qui n'arrivent pas à être prises en compte.
Ça m'énerve les gens qui récitent des choses d'une aussi assommante banalité et d'une aussi vide spiritualité.

« Bill Gates est devenu riche en enrichissant des centaines de millions d'entre nous : je suis en train de taper ces quelques mots en utilisant l'un de ses programmes. »

Et ça vous rend plus riche ? Vous n'aviez qu'à pas dépenser votre argent aussi sottement ! Il fallait les craquer le temps qu'apparaissent les logiciels libres.
Et là c'est très important de noter un truc, en passant : toutes ces évolutions, la technologie, les logiciels, la science etc.... ne sont pas le fait du capitalisme, c'est le fait des Humains. Dans n'importe quel système social, en proportion de la chance qu'on leur donnera, les humains seraient tout autant productifs, et l'intérêt majeur collectif, tout autant enrichi.
Pensez donc, seulement, à tout ce que vous n'avez pas, et que vous auriez pu avoir.

« 9. En parlant d'équité, [...] Pourquoi ne pas être équitable avec l'enfant qui abandonne l'école à 16 ans, commence à payer ses impôts et celui-ci qui, grâce aux subventions, va à l'Université ? Pourquoi ne pas être équitable avec les chômeurs, que les entreprises ne peuvent pas se permettre de recruter à cause de la protection sociale dont jouissent les employés en place ? »

Aucun commentaire, ça me fatigue !

« 10. N'oublions pas non plus l'éthique. [...] Il y a des preuves qui suggèrent que, quand les impôts et taxes augmentent, et que l'État restreint l'espace disponible pour la société civile, les gens donnent moins pour des bonnes causes. »

Les bonnes causes, comme vous dites, ne vous paraissent-elles pas nettement plus importantes à rendre possible que vos petites affaires, suite auxquelles, selon votre humeur, vous accordez quelques piécettes ?
C'est tout le système, et toute la mentalité qui en découle qui sont à revoir.
La révolution actuelle, à laquelle vous êtes allé assister en tant que touriste légèrement intrigué, c'est justement de faire que les derniers soient les premiers.

-

En conclusion,
Non, on ne peut pas accuser les libéraux, de droite ou de gauche, intelligents ou bêtes, d'être spécifiquement mal intentionnés.
Ceux qui ont vraiment un impact négatif sur la marche du monde sont uniquement des gens à qui on accorde beaucoup trop d'importance, alors pourtant qu'ils n'en n'ont pas les moyens intellectuels et moraux. Dans la plupart des cas il s'agit simplement d'inconséquence, expliquée par une berlue, des croyances irrationnelles, et surtout, nul ne peut le nier, par l'appât du gain érigé en summum de l'objectif de leur vie, sans aucune autre considération pour les conséquences, et aucune réflexion philosophique sur l'intérêt qu'il y a à pourchasser cet objectif.

On l'a vu, l'homogénéité est recherchée par tous, alors maintenant il faut mettre à lat les méthodes pour y parvenir, et donner leur chances aux méthodes révolutionnaires, étant donné que toutes les autres ont été testées sans succès.

Le chemin à suivre consistera à remettre en cause toutes les définitions sur lesquelles s'appuient ceux qui conduisent ce monde à sa perte.
Eux ils se voient très bien continuer comme ça ad vitam aeternam,
Mais pas nous !

-

Ah oui pour moi, les conservateurs sont des choses qu'on met dans les boîtes de conserve. Si on mettait des révolutionnaires, elles seraient immangeables ! Alors pensez donc, si il s'agit de confier le destin du monde à l'un d'eux, je préfère autant que cela le soit aux révolutionnaires, parce que pour l'instant ce monde est... indigeste, impropre à répondre aux attentes humaines légitimes.

http://philum.info/60636


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5 réactions à cet article    


  • Robert GIL ROBERT GIL 3 décembre 2011 09:58

    Il faut moraliser le capitalisme.... si tu dit ça a un cheval de bois, il te met un coup de pied !


    • 8119 3 décembre 2011 12:01

      Bonjour, (j’adore vos articles !)
      Il n’est absolument pas question dans cet article de moraliser le capitalisme,
      l’un pense qu’il est déjà foncièrement moral, et qu’il en faut plus,
      et la réponse exige que si on veut atteindre des buts nobles, alors au moins qu’on laisse essayer d’autres solutions, puisque selon toute évidence les palliatifs à ses failles sont plus nombreux, compliqués et problématiques que si on régissait directement un système qui commence par résoudre ces failles dès le départ.


    • Robert GIL ROBERT GIL 3 décembre 2011 12:47

      c’était plus une réflexion globale, qu’une reflexion sur votre article....un coup de gueule en quelque sorte !


    • Robert GIL ROBERT GIL 3 décembre 2011 12:49

      « qu’une reflexion sur votre article ».

      pardon : qu’une réaction a votre article


    • 8119 3 décembre 2011 13:20

      c’est parce que les gens lisent le commentaire avant l’article !
      j’ai utilisé cette même image récemment pour comparer le capitalisme et l’autre alternative à côté de laquelle on passe. Passant du manège à l’avion de chasse certains voudront certainement conserver le cheval de bois, mais on leur dira non !

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