Ce « billet de banque » s’inspire de l’histoire, observe le présent et propose de nous mettre en recherche-action sur quelques utopies.
Certaines s’incarnent en continu (jury citoyen des cours d’assises du pouvoir judiciaire populaire), d’autres par épisodes (monnaies complémentaires à analyser), d’autres encore pourraient le faire avec une évolution mentale (revenu universel de sécurité pour tous. L’absence de revenu est encore pire que l’absence d’emploi).
Les pays (y compris la Grèce) ne doivent pas d’argent à des nécessiteux mais à des grandes banques d’affaires. Tout commence bien : les banques centrales ont l’air de créer la monnaie (ce fut le pouvoir du roi) mais elles la brade (moins de 1%) à des big-banques commerciales. Cet argent usurpé à l’intérêt général dès sa source, est en somme "blanchi" par les déjà grandes fortunes qui, jouant les bienfaitrices, achètent les dettes d’États. Contre intérêts Mesdames et Messieurs (minimum 3%) : sans rien faire, c’est déjà plus que la culbute ! Le tout "à la tête du client" ou si vous préférez, en fonction du jugement souverain que "les marchés" (et les agences de notation qu’ils paient) portent sur les projets allemands, grecs ou autres.
Le bon sens commun, répété dans tout média, est de payer ses dettes et j’en suis d’accord. Pourtant, ici, ne pas payer, "faire défaut" devant de telles factures serait la seule attitude digne pour nos États qui s’affichent dé-mo-cra-ti-ques.
Car le "travail" des voleurs de souveraineté consiste à acheter des soutiens (par lobbying) en arrosant du beau linge qui en arrosera (du moins beau) sous lui. Ainsi se forme une omerta pyramidale basée sur le mensonge : "Votre argent travaille pour vous" (sous-entendu : je vous évite d’avoir à travailler ou entreprendre).
Mais l’argent n’a jamais travaillé ! Derrière toute production (biens ou services) il y a toujours quelqu’un qui travaille ou a travaillé. L’or, l’argent et autres papiers-monnaie ne sont pas la richesse mais sa représentation stockée que la banque gère (Le chef d’aéroport ou de gare n’est pas propriétaire des avions ou des trains qui transitent sous sa responsabilité).
Aussi ripostons :
- Reprise de la création publique de monnaie (100% money) par des banques centrales indépendantes des financiers... mais aussi des gouvernants ( et là, les Allemands ont raison).
En démocratie véritable, la responsabilité de la création de la monnaie appartient (d’une façon ou d’une autre) à la population (Plus bas un début de solution appuyé sur du réel).
- Annulation progressive mais déterminée et générale* des dettes d’États (Progressive : les habitudes sont invétérées. Comme des enfants peu conscients, il faut avertir les “drogués du détournement” et leur laisser un temps pour se plier et obéir).
Ainsi la pompe du vol initial (celui qui donne l’exemple et semble autoriser mimétiquement les sous-fifres !) sera désamorcée.
Les banquiers qui travaillent effectivement (comptabilité, mise en relations, prise de risques, ...) sont livrés à leur propre corporation prédatrice ou plongent à leur tour dans une spéculation qui nuit aux entreprises. Ils ne peuvent s’en sortir seuls. Ils ont statistiquement failli et s’apprêtent à récidiver par intérêts à court terme. Moins la corporation bancaire comprendra, plus nous serons obligés pour limiter les dégâts de créer momentanément des monnaies complémentaires de défense, voire de survie. Ce sera l’occasion de poser la question d’un revenu pour tous, quel que soit son âge, indépendamment de son emploi remunéré. Car l’absence de revenu est encore plus dramatique que l’absence d’emploi.
L’histoire des élections démocratiques depuis plus de cent ans a déjà montré que les politiciens élus (toutes tendances confondues) ne réussissent pas non plus à gérer seuls, équitablement, la monnaie et la distribution des richesses. Il y en a toujours qui craquent devant l’argent. Cela renforce l’injustice en fragilisant tout début de démocratie.
La conduite de la monnaie, l’orientation des crédits et l’équité nécessitent un nouveau pouvoir des citoyennes et des citoyens : un pouvoir monétatif après l’exécutif, le législatif et le judiciaire. Un pouvoir supplantant celui historique des rois et celui présent de la corporation financière et renforçant sans le confondre le pouvoir parfois ambigü des élus.
Depuis des décennies, des jurys de citoyens tirés au sort et accompagnés de juges professionnels remplacent plus qu’honorablement un roi ou des juges uniquement professionnels pour des décisions de justice extrêmement éprouvantes (Tout citoyen peut être convoqué).
De même, des panels de citoyens, complétés par des techniciens de l’argent (issus du fisc et de la banque) élus par leurs collègues de travail pourraient se "coller" à chaque institution financière et infléchir son fonctionnement de façon équitable. De proche en proche, des jurés non rééligibles orienteraient autrement le système monétaire (tout en obtenant des emplois... difficiles ! Liberté : les tirés au sort pourraient refuser la charge. Parade : l’autorité responsable tirerait une liste complémentaire).
Dans ces conseils, les votes ne seraient pas censitaires, c’est-à-dire liés à l’importance de la fortune (ou du nombre "d’actions") de l’un ou de l’autre, mais respecteraient enfin courageusement le principe démocratique du suffrage universel : un être humain égale une voix**.
Aurons-nous des volontaires pour accepter ces charges ? Sincèrement je le crois.
* (Pas seulement celles du Tiers-Monde !) Depuis 1973, année de la trahison monétaire en France, la nation a payé en intérêts quasiment l’équivalent de sa dette publique actuelle !
** C’est l’oubli de ce principe qui a précipité le "Crédit Agricole" vers l’abandon de la mutualité coopérative dont il était né en 1945.
Le même oubli est à l’oeuvre en 2010, dans la transformation actuelle des Caisses d’Épargne espagnoles en banques commerciales.
Des menaces similaires pèsent sur toute banque coopérative. Je le sais, je suis à la NEF.