Doit-on « penser » les attentats du 13 novembre ?
Les derniers jours ont été riches de débats et discussions afin de tenter d'apporter des réponses quant aux causes et aux raisons des attentas du 13 novembre. Nombreux intellectuels, politiques, chroniqueurs et autres spécialistes se sont évertués à penser ces évènements qui défient l'entendement pour bon nombre d'entre nous, et ont essayé de les expliquer, selon leur sensibilité idéologique, au travers des prismes de la religion, de l'économie, de la géopolitique, du racisme, etc.
Et si les véritables causes des attentats ne résidaient pas dans les hautes sphères de la pensée intellectuelle, mais à un niveau beaucoup plus terre-à-terre, celui des rouages administratifs de notre système judiciaire et de police ?
L'ancien juge anti-terroriste Marc Trévidic apporte au cours de ses récentes interviews un certain nombre d'éclairages sur les coulisses de ce système, au final assez éloigné de la machine bien huilée que le citoyen ordinaire serait en droit d'imaginer.
On apprenait déjà après les attentas de Charlie Hebdo et de l'Hyper-Casher que l'interpellation de certains jihadistes de retour de Syrie et d'Irak devait patienter parfois plusieurs mois, faute d'officiers de police judiciaire en nombre suffisant pour procéder aux arrestations. De nombreux dysfonctionnement étaient par ailleurs longuement relatés dans la presse (on pourra par exemple consulter cet article du Figaro).
Avant cela il y a plus d'un an maintenant, on apprenait que des djihadistes identifiés et recherchés comme tels, en provenance d'un état hors espace Schengen - la Turquie en l'occurence - pouvaient franchir les contrôles dans les aéroports Français (cf. cet article du Monde).
On découvre aujourd'hui stupéfait que des personnes condamnées pour avoir tenté de partir au moyen-orient et dont les papiers d'identités avaient été confisqués ont pu finalement s'y rendre... simplement en déclarant leurs papiers volés et en s'en faisant refaire (cf. l'émission de ce jour sur France Inter - le passage concerné se situe à partie de 11m25s) !
Bien sûr, défendre que la cause principale des attentats réside dans le fait que n'ont pas été traités des dysfonctionnements importants dans notre système de prévention et de répression, pourtant dénoncés de longue date, ne présente qu'un intérêt très faible pour les esprits passionnés de débats philosophiques et sociétaux profonds. En effet, discuter de l'organisation au sens large de la police et de la justice - c'est-à-dire en terme d'effectifs, de procédures de contrôle, de reporting, de communication inter-services, d'organisation managérial, etc - afin d'en améliorer la performance ne suscite que peu d'enthousiasme au pays des Lumières, habitué à plus de hauteur intellectuelle.
Cependant peut-on écarter le fait que, sans ces dysfonctionnements, les attentats auraient peut-être pu être évités ? Rien n'est moins sûr, et les débats et reflexions de ces derniers jours n'auraient alors pas eu lieu, ou du moins pas sous cette forme de toute évidence.
Pour conclure, sur un ton il est vrai plus polémique : cessons de philosopher, et attachons-nous à ce que les systèmes que nous avons mis en place fonctionnent de manière efficace.
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