Dominique de Villepin, le candidat fantôme
Le maintien d'une candidature vouée à l'échec relève-t-il de l'orgueil ou de la faute ?
Jusqu'où descendra Dominique de Villepin ?
S'il possède deux sous d'amour propre, alors sa candidature à la présidentielle se transforme en un vrai chemin de croix. D'une part il ne décolle pas dans les intentions de vote, stagnant dans le marigot des candidats négligeables crédités de moins de 5 % des intentions de vote, mais d'autre part sa campagne est inaudible et peu suivie.
Plus un instant crédible, y compris auprès des quelques journalistes désignés d'office par les rédactions (et qui le suivent sur les marchés en trainant les pieds) le voilà donc seul avec son destin providentiel, auquel seuls quelques amis croient ou feignent de croire encore...
Dernière manifestation la semaine dernière de son isolement quasi-total : L'ancien Premier ministre présente pompeusement Jean Claude Carrière, âgé de 80 ans, comme celui qui « coordonnera le projet » de sa campagne présidentielle... Au détail près que le scénariste et écrivain l'ignorait !
Jean-Claude Carrière, venu « par amitié » lundi au QG du candidat, découvre en même temps que les journalistes que son nom figure dans l’organigramme. Interrogé aussitôt, il déclare dans un silence gêné qu'il n’est même « pas sûr » de voter Villepin. Le lendemain l’homme de lettres se fait encore plus précis : « C'est absurde ! Je ne suis pas un homme politique.
Comment peut-on imaginer que je puisse coordonner un projet ? » déclare-t-il officiellement.
Invité sur France Inter ce vendredi matin 20 Janvier, Dominique de Villepin a répondu crânement, lorsqu'on lui a demandé s'il rassemblait les gens sans leur demander leur avis : « J'ai sollicité Jean-Claude Carrière car c'est un ami de longue date. [...] Il a accepté de m'accompagner dans cette réflexion. Je ne demande pas aux gens qui m'entourent un brevet partisan, ce n'est pas l'esprit de la maison. »
Bref, Carrière est là sans être là.
Plus consternant encore que la péripétie ici narrée, et son explication tirée par les cheveux, l’agenda du candidat, consultable sur le site de son micro-mouvement République Solidaire, n’est composé que de rendez-vous médiatique (presse, télé radios) : il n’y a bien entendu aucun déplacement ou meetings, et pour cause, puisque Villepin ne dispose, en réalité, ni de troupes, ni de financements, ni de soutiens – les centristes filent à la queue leu leu chez Bayrou, qui a le vent en poupe.
Au fond, de Villepin restera dans l’épopée 2012 comme un candidat virtuel, invité par les médias on ne sait trop pourquoi, sans doute à cause d’un passé politique fugace mais prestigieux, à présent lointain.
Quand s’arrêtera cette étrange cavalier seul ? Probablement avant l’échéance du dépôt des 500 signatures, sauf si l’aveuglement, ou un entêtement absurde, s’emparait de celui qui fut longtemps le dauphin proclamé de Chirac - ce qui ne suffit pas à fabriquer un destin.
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