Dominique Strauss-Kahn mis en cause dans une vaste affaire d’escroquerie
Le 3 juillet dernier, comme rapporte l’Express, l’ex patron du FMI a été auditionné par le Service National de Douane Judiciaire et entendu par la juge d’instruction Charlotte Bilger. A cheval entre un statut de « témoin » et une mise en examen en bonne et due forme, l’homme de 70 ans a été mis en cause comme témoin assisté dans la scandaleuse et tentaculaire affaire « LSK ».

Une faillite à 104 millions d’euros
L’affaire LSK fait référence à la société Leyne Strauss-Kahn et Partner. Cette entreprise née d’une collaboration entre Thierry Leyne et Dominique Strauss-Kahn, ambitionnait de lancer un fonds d'investissement destiné aux grandes fortunes de la planète et de devenir une banque d'affaires susceptible de réunir plus de 1,4 milliard. En octobre 2014, une ombre vient ternir ce beau tableau. En effet, Thierry Leyne, associé franco-israélien de DSK se suicide en se jetant du 23e étage d'une tour de Tel Aviv.
Quelques jours après, Dominique Strauss-Kahn révélait son départ de l’entreprise. Dans Le parisien du 30 novembre 2014, l'ancien ministre de l’économie, des finances et de l’industrie explique cette décision par le fait que : « Thierry Leyne avait contracté une série d'emprunts excessifs » qui l’emmenait à conclure qu’il avait « probablement perdu » son investissement dans la société.
LSK connait elle aussi une chute vertigineuse. L’entreprise annonce dans un bref communiqué, rapporté dans latribune : « Les membres du conseil d'administration de la société LSK ont découvert des engagements supplémentaires au sein du groupe dont ils n'avaient pas connaissance et qui aggravent sa situation financière délicate ».
L’entreprise fait ainsi de nombreuses victimes dont Jordan Trajkov, chef d'entreprise macédonien et le couple Urbach, retraités vivant à Marseille. Ils ont respectivement investi 400 000 euros d'obligations, et 1 140 000 euros pour une augmentation de capital de LSK.
Le tribunal de commerce de Luxembourg prononce la faillite de la société deux jours après que l’entreprise se soit déclarée en cessation de paiement.
Les pertes sont énormes. Dominique Strauss-Kahn refuse d’ailleurs de payer 75 000 euros réclamés par le fisc luxembourgeois. Pour son avocat Me Jean Veil, cette opposition est plus que normale dans la mesure où son client qui ignorait les irrégularités commises par Thierry Leyne aurait lui-aussi perdu près de 1,2 million d'euros dans cette affaire.
« J’aurais dû me méfier »
Alors que le scandale semble somnoler, une plainte vient d’être déposée à Paris visant les anciens administrateurs de LSK, dont Dominique Strauss-Kahn à l’époque président du conseil d’administration de la société. La plainte est de Jean-François Ott. Ce français dirigeant d'une société chypriote installée à Prague ne fait lui-même pas l’unanimité dans le petit monde de la finance. Il aurait souscrit à une augmentation de capital, pour 500.000 euros, via sa société Roxannia. LSK lui aurait alors remis différents documents, soit un calcul de l’actif net réévalué et un business plan, évoquant un net retour à la profitabilité de la société dès 2015. Pourtant, la perte mentionnée pour 2013 est inférieure à celle du projet de comptes que Roxannia s’est procuré par la suite, les comptes définitifs n’ayant pas été publiés.
Son document évoque des soupçons d’escroquerie et demande à ce que les responsabilités soient définitivement situées dans cette affaire. Répondant à certaines interrogations, Mathieu Croizet son avocat explique sur les échos que : « La plainte a été déposée auprès du Procureur de la République de Paris, et non au Luxembourg où était basée LSK dans la mesure où plusieurs personnes soupçonnées résident en France ».
L'information judiciaire menée pour abus de biens sociaux, escroquerie en bande organisée, blanchiment, abus de confiance et exercice illégal de la profession de banquier est donc relancée. Elle avait été conduite par trois juges du pôle financier, Claire Thépaut, Charlotte Bilger et Renaud Van Ruymbeke en coopération avec les justices luxembourgeoise, suisse, monégasque, belge et israélienne (pays où LSK et ses filiales étaient installées).
Strauss-Kahn nommément visé par les plaintes des parties civiles a été placé sous le statut de témoin assisté. Il se présente toujours comme une victime de feu Thierry Leyne. En 2017, il avait regretté en se confiant au Vanity fair : « J'aurais dû me méfier, j'ai été con, je me suis fait avoir comme un bleu ».
Son conseil lui, se réjouissait après avoir confirmé l’information dans l’Express : « Que mon client n'ait pas été mis en examen, c'est une bonne nouvelle puisque cela prouve que rien dans le dossier ne permet de le faire ».
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