Dominique Voynet, la candidate des droits de l’homme
Dominique Voynet arrive en tête avec 67 points sur 70, soit 19,14 /20, devant Olivier Besancenot (19/20), José Bové (15,71/20) et Ségolène Royal (12,14/20). Nicolas Sarkozy obtient moins de 1/20, un vrai cancre.
La Ligue des Droits de l’Homme a "noté" mercredi huit candidats à la présidentielle après leur avoir adressé un questionnaire sur les droits de l’homme, le candidat UMP Nicolas Sarkozy étant le plus mauvais élève de ce test et Dominique Voynet la meilleure.
La LDH avait adressé cinquate-cinq questions à huit candidats après avoir exclu Philippe de Villiers et Jean-Marie Le Pen ainsi que "les candidats de lobbies Nihous et Schivardi", sur la démocratie directe, les questions internationales, les droits sociaux ou encore les droits des femmes. Les questions étaient affectées d’un barême en fonction de leur importance pour mesurer "leur degré d’engagement réel sur les questions de libertés", notamment "d’abrogation des lois sécuritaires votées depuis 2002 ; arrêt de la militarisation de l’emploi de la police et instauration d’une police de proximité ; restauration de la présomption d’innocence et des droits de la défense, d’égalité (professionnelle ; droit de vote aux élections locales pour les résidents étrangers non communautaires ; abrogation du CNE et lutte contre les contrats de travail précaires ; rétablissement de l’égalité territoriale dans les " quartiers " et dans les zones rurales ; etc.)"
Nicolas Sarkozy, grand défenseur des "droits-de-l’hommistes" devant l’éternel, n’a bien sûr pas répondu à ce questionnaire et la LDH a donc jugé ses positions par rapport à ses discours publics. Arlette Laguillier n’a précisé que sa position sur la votation citoyenne, arguant qu’elle n’est présente dans cette campagne que pour parler de "la situation des classes laborieuses par rapport à celle des classes possédantes", elle n’a donc pas répondu à ce questionnaire.
On peut toutefois se demander comment s’est établie cette notation, car sur bien des questions les candidats restent flous sur les mesures concrètes. A la question des mesures pour "assurer l’effectivité d’un contrôle indépendant sur les établissements pénitentiaires", Olivier Besancenot répond que "pour changer les choses, il faut un regard extérieur et, pour le coup, « indépendant » sur l’univers carcéral". Pas très éclairant...
La palme du flou revient bien à Ségolène Royal, qui ne prend même pas la peine de répondre précisément sur les questions européennes et internationales, ce qui reste une preuve du trou noir de ses conceptions dans ce domaine en se privant de l’aide des éléphants. La plupart des autres réponses, se sont résumées par "Je prendrai ensuite toutes les orientations qui s’imposeront au regard de ces principes fondamentaux." Circulez, y a rien à voir avant les débats citoyens... Elle pourrait avoir son avis et laisser les Français trancher, mais non...
Pour José Bové, outre les fautes ("la loi LSQ, dite de sécurité intérieure", etc.) la personne qui a répondu trouve que la prison "reste pour le moment irremplaçable en particulier dans les cas les plus graves". Et les alternatives que la CNCDH, comme le commissaire européen aux droits de l’homme, demande de développer selon un plan très précis ? Puisqu’il a séjourné en prison, on peut se demander si José pense vraiment lui-même qu’elle lui a été très utile...
Olivier Besancenot a une position un peu décalée qui nous en apprend beaucoup sur sa conception du développement durable : "On ne peut pas se lamenter sur les délocalisations vers les nouveaux entrants et leur refuser les moyens matériels du développement. [...] Ce n’est qu’une fois cet effort accompli que l’on peut exiger de tous les pays le respect de normes sociales et environnementales." D’abord on pollue, puis ensuite on reconvertira l’économie en une économie non-polluante...
La LDH appelle "les citoyennes et les citoyens à prendre en compte, dans leur choix, cette mesure de l’importance donnée aux droits de l’homme dans les positions réellement prises par les candidats" : on ne fera pas d’écologie sans les écologistes, on ne protégera pas les droits fondamentaux sans leurs défenseurs...
La LDH appelle les électeurs à réclamer notamment "l’abrogation des lois xénophobes votées depuis 2002 ; la régularisation des parents d’enfants scolarisés ; des mesures concrètes pour mettre en oeuvre le droit au logement opposable, notamment en contraignant les communes riches à construire des logements sociaux" : que des combats de longue date pour les Verts... Quelques exemples plus en détail :
La CNDS
Les Verts connaissent bien le rôle de la Commission nationale de déontologie de la sécurité. Selon Bayrou, elle "doit pouvoir fonctionner en toute indépendance et dans la transparence pour garantir le respect des personnes", mais tel n’est pas son problème s’il avait pris la peine de lire son dernier rapport. Dominique Voynet est là encore la plus précise : "La CNDS doit avoir davantage de moyens (financiers et humains), davantage de visibilité. La saisine de cette instance doit être directe et ne plus passer par un parlementaire (c’est une sorte d’exception « culturelle » en France, car cela se passe beaucoup plus simplement chez nos voisins. De plus, je trouve que les missions de médiation entre les citoyens et la police devraient être confiées à la CNDS, et cela n’est possible qu’avec des moyens adéquats. Elle devrait intervenir dans les formations en déontologie tout comme les associations pour améliorer les pratiques."
La HALDE
C’est bien la cerise sur la gâteau, ce qui montre à quel point les discriminations sont importantes pour nos candidats alors que la HALDE vient de sortir son dernier rapport. Bayrou n’en parle même pas, Ségolène Royal propose que "le champ d’action de la HALDE ainsi que ses moyens se voient renforcés" : comment ? On l’ignore... Dominique Voynet est très précise sur les missions de recherche et de promotion de l’égalité, notamment la HALDE "doit s’engager fermement dans l’évaluation des politiques publiques et mettre au point des grilles d’évaluation précises pour aider très concrètement les employeurs à s’orienter." Cela sous-entend l’utilisation des statistiques ethniques pour savoir si ces politiques fonctionnent ou pas. "Pour les plaintes, il lui faut augmenter son pouvoir de sanctions (et aligner leurs montants sur les lois existantes). Enfin, il faut évidemment que là encore la saisine soit directe et même que la HALDE puisse aussi s’auto-saisir."
Et la Tchétchénie ?
Quelles mesures entendez-vous prendre pour que la France et l’Union européenne fassent entendre leur voix sur le respect des droits de l’homme en Tchétchénie ?
Ségolène Royal, comme José Bové, ne répondent pas à cette question, tandis qu’Olivier Besancenot pense qu’il faut "appuyer l’exigence du respect des droits de l’homme, du retrait des troupes russes et du respect de la souveraineté nationale du peuple tchétchène par des pressions internationales (diplomatiques et économiques) sur la Russie." Comment ? Impossible de le savoir et seule Dominique Voynet reste la plus crédible en revenant sur les énergies renouvelables : « On le voit, c’est une urgence avec toutes ces conséquences désastreuses "collatérales". Sans cette indépendance énergétique, tous les pays européens resteront dans l’incantatoire puisque prisonniers de la Russie. »
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